3/77/ /ft
i
I i
HISTOIRE
NATURELLE
DES SERPENS.
Par M. le Comte DE LA CEPEDE,
éGa Rï)E du Cabinet du Roi-, des Académies 8c
Sociétés Royales de Dijon, Lyon, Bordeaux,
Touloufe, Metz, Agen, Stockolm, Hefle-
Hombourg , Heffe-Caflel , Munich , &c.
TOME QUATRIÈME.
A PARIS,
HOTEL DE THOU, RUE DES POITEVINS.
M. D C C. X C.
sous LE tmiLEGl DE L'ACADEHIE RQTALE DES StlSNCES.
TABLE
DES ARTICLES
Contenus dans ce Volume,
La Sombre ,
La Saturnine ,
La Carenée ,
La Décolorée,
Le Pélie ,
Le Fil,
La Cendrée,'
La Muqueufe;
La Bleuâtre ,
L’Hydre ,
La Cuiraflée,
La Dione ,
Le Chapelet,'
Le Cenchrus ,
L’Afiatique ,
La Symétrique J
La Jaune & bleue ;
Page I
3
4
7
IQ
H
H
17
19
21
24
2I
■27
4'*' T A
La Trois-raies,
Le Daboie ,
Le Situlcj
Le Tyrie,
L’Argus ,
Le Pétole ,
La Domeftique ,
L’Haje ,
La Maure ,
Le Sibon ,
La Dhara ,
La Schokarr ,
La Rouge-gorge
L'Azurée ,
Nafiqiie ,
l>a Grofle-tête ,
iCa Courefle ,
La Mouchetée ,
La Camufe ,
La Striée,
La Ponétuée ,
Le Bluet,
Le Vampum,
Le Cobel ,
La Tête-noire,
L’AnnelIée ,
L’Aurore ,
DES’ ARTICLES. $
I.e Dard ,
Page 85
La Laphiatî ,
86
La Noire & fauŸe ,
88
La Chaîne ,
89
La Rubannée ,
91
La Mexicaine ,
9î
Le Sipède ,
96
La Verte & bleue ,
97
La Nébuleufe ,
99
Le Saurite ,
loi
Le Lien ,
103
Le Sirtale ,
106
La Blanche & brune J
107
La Verdâtre,
109
La Verte,
III
Le Cenco ,
112
Le Calmar,
114
L’Ovivore ,
115
Le Fer-à-cheval,
H7
Llbibe,
H9
La Chatoyante ,
121
La Suifle ,
123
L’ibiboca ,
126
La Tachetée ,
128
Le Triangle ,
130
Le Triple-rang ,
131
La Réticulaire,
132
6 TABLE
La Couleuvre à zones ,
Page 134
La Roufîe ,
136
La Large-tête ,
157
Second genre. Serpens qui
ont de gran-
des plaques fous le corps & fous la
queue. Boa ,
140
Le Devin ,
Hid.
L’Hipnale ,
188
Le Bojobi ,
I9I
Le Rativore,
196
La Broderie,
198
Le Groin ,
201
Le Cenchris,
205
Le Schytale ,
204
L*Ophrie ,
205
L’Enydre ,
206
Le Muet,
207
Troifièrne genre. Serpens
à foiînettes.
Le Boiquira,
209
ibid.
Le Miliet,
243
Le Dryinas ,
24s
Le Durifius,
246
Le PiRivore ,
248
Quatrième genre. Anguis
, 250
L’Orvet ,
2SS
L’Eryx
265
DES ’ARTICLRS^ 7
I/a Peintade , Page 267
Le Rouleau , 269
Le Colubrin , 27 1
Le Trait , 272
Le Cornu , 273
Le Miguel , 274
Le Réfèau , 275
Le Jaune & brun , 276
La Queue-lancéolée 278
Le Rouge ^ 279
Le Long-nez , 283
La Plature , 285
Le Lombric, 287
Cinquième genre. Ampbilbènes , 292
L’Enfumé , ibid^
Le Blanchet, 3OO
Sixième genre. L’Ibiare , 301
Le Vifqueux , 303
Septième genre. Langaha 3O4
Le Madégaffe, ibid.
Huitième genre. Acrochordes j 308
Accrocborde de Java , ibid.
Des Serpens monftrueux , 3 1 1
Additions à l’Hiftoire Naturelle des Qua-
drupèdes ovipares , 327
Variété de la Tortue Grecque, 328
La Tortue à boîte , 329
8 TJ£LE DES MATIERES.
Addition à l’article du Lézard gris i
Page 3 31
Le Lézard cornu , 333
Le Lézard Tête-rouge 335
Le Lézard Qu etz-Paléo, 337
Addition à l’article de la. Salamandre
terrcftre , 340
La Grenouille écaiileure, 345
Table des Matières , 363
histoire
HISTOIRE
NATURELLE
DES SERPENS.
LA SOMBRE fa;.
Suivant M. Linné cettè Couleuvre
a beaucoup de rapports , par fa eoii-
formation , avec le Boiga *, mais fes
couleurs font auflî fombres & auffi
(aj Le Sombre. M- d*Aubenton y Encydopidit
méthodique» *»
Cül. Fufcus. Limu amphlb. Serpent.
Muf Ad. fr. i ,p. 32 J, tai. iq , fig. i-
Serpens , Tome IV ^ A
l HiJIoire Naturelle j
rtionotones que celles du Boîga font !
Érillàntes & variées. Elle eft d’un cendré ‘
mêlé de brun , & derrière chaque œil ,
on apperçoit une tache brune & alongée.
Elle a ordinairement cent quarante-neuf
grandes .plaques & cent dix-fept paires
de petites. , \ .i.
3
des Serpens,
LA SATURNINE (a),
■La couxEUH.^ de cette Couleuvre eft
comme nuageufe & mêiée de livide 8c
de cendré-, la tête eft couleur de plomb,
fes yeux font grands, & elle a ordi-
nairemeut cent quarante-fept grandes
plaques 8c cent vingt paires de petites.
Nous ne pouvons rien dire des ba*
bitiides naturelles de ce Serpent ; nous
lavons feulement qu’il habite dans les
Indes.
(a) Le Saturnin. M. d’Juhentoti , Encyclopédie
méthodique.
Coi. Saturninus* Lîuu» amphih» Serpent*
Muf, Ai. fm ^ P* $2 i îab. 9 , !•
Natrix Saturnina- 154, Laurenh^ Specimen Me-,
dieum.
4 Hlfcoire Naturelle
LA CARENEE
Cette Couleuvré reflemble beaucoup
à;Ia Saturnine 3 par les diverfes nuances
qu’eile pré fente. Chacune des écailles qui
garnifîentle deflus de fon corps eft cou-
leur de plomb & bordée de blanc-, le
deflbiîs de fon corps eft blanchâtre.
Elle habite dans les Indes, comme la.
Saturnine y mais un de fes Caraétèrés
diftinékifs eft d'avoir le dès relevé en
carène -, & dc-là vient le nom que lui
a donné M. Linné. Elle a communément
çent cinquante-fept grandes plaques &
cent quinze paires de petite^.
(a) Le Caréné. M* d*Auèenton ^ Encyclopédie
méthQiiqüe>
Col. Carinatus» Linn* amphih. Serpent.
Miif. Ad- fr- p.
des Serpens.
f
LA DÉCOLORÉE (a).
Cette Couleuvre rcffemble beaucoup
au Borga par fa conformation , ainfî
que la Sombre *, mais elle n^a point,
non plus que cette dernière , les couleurs
éclatantes ni la riche parure du Boiga.
Ses nuances font cependant agréables ;
elle eft duin bleu clair mêlé de cendré,
& les écailles qui recouvrent fes mâ-
choires font blanches. On la trouve
dans les Indes , de même que le Borga
& la Sombre. Elle a ordinairement
cent quarcante-fept grandes plaques &
cent trente-deux paires de petites.
faj Le Décoîoré* M» à*Jabsnton,. Encyclopédie
méthodisue,
CoL Exoîetus. Liniu amphih* Serpent.
Mrif Ad. fr. l , p- , tah- lo, f.g. i-
Natrix Exoîeta, 160, Laurenti, Spedmeu Me-
dicum.
A îij
Hijîoire Naturelle
6
LE PÉLIE (4
M. Linné a fait connoître cette cfpccc
de Couleuvre , dont un individu faifoit
partie de la çollçÉtron de M. le Baron
de Géer. Elle eft brune derrière le
fommet de la tête & les yeiix^ & noire
dans le. relie du delîus du corps *, îe
deflbus du ventre eft vert & bordé de
chaque côté d'une ligne jaune. Ce
Serpent préfente donc une diftributron
de couleurs différente de celle que Ton
remarque dans la plupart des autres
Couleuvres, dont les nuances les plus
brillantes parent la partie fupérieure
de leur corps. Le Pélie fe trouve dans
les Indes , il a. ordinairement cent
quatre- vingt-fept grandes plaques , &
cent trois, paires de petites.
fa) Le Pélie iVf» d^Juhenton , Encyclopédie méthù"
diqut,
CoU Peiias. Llnn* amphîh Serpent
csa
des Serpens,
7
LE FIL (a).
Ce Serpent eft un de ceux dont îë
corps eft îe plus délié ; auffi fe roule-t-ii
avec facilité autour des divers arbres ,
& parcourt-il avec vîtefle les branches
les plus élevées •, on le trouve dans les
Indes, tant orientales qu’occidentales,,
& on l’f voit fouvent dans les bois
de palmier , fe fufpendre aux rameaux ,
en diftérens feus , s’étendre d’un arbre à
l’autre, ou fe coler , pour ainft dire , Il
intimement contre le tronc qu’il entoure,
qu’on l’a comparé aux lianes qui s’at-
tachent ainft aux arbres & aux arbrif-
féaux , & qu’un individu de cette efpèce
a été envoyé au Cabinet du Roi, fous
le nom de Serpent à liane , d’Amériqtie,
(^a) Le Fil d'juhenton , Encyclopédit mi*
thoâique»
Col. Fiîiformîs, LZ/m. amphih, Serpenu,
Ad* fr* 36, tab* iq ^ fig* 2.
Natrix Fiiitbrmis ^ 159, Lauranij Spécimen Me*
dlcum-
A iv
s liljîoire 'Naturelle
Ses yeux font gros , il n'a point de
crochets mobiles , & n'eft dangereux en
aucune manière le deffus de fi tête
qui eft très-grofîe , à proportion du
corps , eft garni de neuf grandes écailles,
& celles de fon dos font en îofange ,
& relevées par une arête.
Si la forme de cette Couleuvre eft
fvelte & agréable , fes cduleurs ne font
pas brillantes *, le deffus de fon corps eft
iioir, ou d'un livide plus ou moins
foncé, & le defîoiis blanc ou blanchâtre.
Il a ordinairement cent foixante-cinq
grandes plaques, & cent cinquante-huit
paires de petites. L'individu que nous
avons décrit, a un pied fix lignes de
longueur totale , & quatre pouces fîx
dignes , depuis l'anus jufqu'à l'extrémité
de di' queue.
M. Laurent a vu une Couleuvre qu'il
a' regardée, avec raifon, comme une
variété de cette efpèce , & qui n'en
.différait que par deux raies brunes qui
partcicnt des yeux, & s'étendoient fur
le dos, où elles devenoiént deux rangées
de petites taches obliques.
C'eft peut-être aiifli à la Couleuvre
des Serpens. 9
h Fil, qu’il faut rapporter le Serpent
de la Caroline, figuré dans Catefby
(vol. 2, pl. 54). Ce Reptile (a) eft
d’une couleur brune, parvient quel-
quefois à la longueur de plufieurs
pieds , reffemble beaucoup au Fil , par
fa conformation , a de même le corps
très-menu j & a été comparé à un fouet ,
à caufe de fa forme très-déliée, & de
îa vîtefle de fes mouvemens.
(a) Anguis FlagelUformis. Catesiy fVol. 2)pag. 54.
The Coach-W&ip Snake.
10
Hijlotfe Naturelle
LA CENDRÉE
On PEUT fe repréfenter bien aifément
îes CQulciirs de cette Couleuvre , elle
cft grife , avec le ventre blatic , & les
écailles de la queue font bordées d'iuie
couleur qui approche de celle du fer*.
C'cft M. Linné qui Ta fait connoitreî
elle habite drais les Indes. 5. 8c elle
a - cominunément deux cens grandes*
plaques, & cent trente-fept paires Je
petites.
CaJ Le Cendré. M* d'Juhcîmn , Eucycîopiàlf
mith&diqu&.
Coi. Cinereus. Limu amphih, Strptnt*
Mup Ad. fr. 1 J 37.
des Serpetis.
tt
LA MUQUEUSE (a).
Cette Couleuvre eft du grand
nombre de celles que M. Linné a fait
connoître v & > fuivant ce grand Natu-
raiifte> elle fe trouve dans les Indes,
Sa tête eft bleuâtre^ & les angles en
font très-marqués. Elle a de grands
yeux-, Ton voit de petites rares noires
fur les écailles qui couvrent Tes mâchoires ^
& le deflus de fon corps prélente des
raies tranfverfaies j placées obliquement ^
& comme nuageufes. Elle a ordinaire-
ment deux cent grandes plaques^ &
cent quarante paires de petites^
faj Le Muqueux. M. d*Juhenton ^ Encychpédit
méthodique.
Coi. Mueufous. Linn. amphlb. Serp».
Mnf- Ai. fr. l , peg. 37 , tab. 32 , fig. I.
Natrix Mucoia, 3 5<J, LauTînti, Spicimea Mt-
diCtiUU
Av
1 2 HiJIoire Naturelle
A
LA BLEUATRE (aj.
Cette Couleuvre a deux cent quinze
grandes plaques, & cent foixante-dix
paires de petites*, c"eft une de celles qui
en 'a le pins grand nonabre, & ccr
pendant il s"en faut de beaucoup que
ce foit une des plus grandes. C^eft que
la largeur des grandes & des petites
plaques varie beaucoup , dans les
Reptiles , non-feulement fuivant les
efpèccs 5 mais même fuivant lage ou le
fexe des individus -, & voilà pourquoi
deux Serpens peuvent avoir . le même
nombre de grandes & de petites plaques ,
ribn-feiilement fans préfenter la même
longueur tptale, mais même fans que
la même proportion fe trouve entre
(a) Le Bleuâtre* M. à*AühentOtt^ Encydoj^àU
Vïétiïodique»
Coi. CaeruîefcôRS, Li/ï//. amphib. Serpent,
Natrix CærufefceRS* L57 , Launnti , SpeeimeM
des Serpens. i 3
la longueur du corps, & celle de la
queue.
Le nom de la bleuâtre défigne la
couleur du deffus de fon corps, qui
ordinairement ne prérente pas de tache,
& qui eft garni d’écailles unies j fa tête
eft couleur de plomb -, c^eft des
Indes que cette Couleuvre a été ap-
portée.
, Hijîoire Naturelle
L’HYDRE (a).
X>'est a M. Pallas que nous devons
k defcription de cette Couleuvre, dont
ies habitudes rapprochent , pour ainfi
dire. Tordre des Serpens de celui des
poiflons. L'Hydre iTa jamais été vue,
en effet, que dans Teau , fuivant le fa vaut
Naturalifte de Péterfbourg , & Ton doit
préfumer , d'après cela, qu'elle ne va
à terre que très-rarement, ou pendant la
nuit pour s'accoupler , pondre fes œufs ,
ou mettre bas fes petits , & chercher la
nourriture qu'elle ne trouve pas dans
les fleuves. C'eft aux environs de la mer
Cafpienne qu'elle a été obfervée, &
elle habite non-feulement les rivières
qui sy jettent, mais les eaux mêmes de
cette Méditerranée. Elle ne doit pas
(a) Coî. Hydrus* Voyage de M. Pallas en
différentes ProviuQei de CEmpue de RttJJie , vol, i ,
appeüdiXf
dès Serpens. i f
Bè^ncoup s’éloigner des rivages de cette
mer, quelquefois très-orageufe , non-
feuleraent parce qu’elle ne pourroit
pas réfifter aux efforts d’une violente
tempête , mais encore , parce que në
pouvant pas fe pafler de refpirer affez
fréquemment l’air de l’athmofphère , &
par conféquent, étant prefque toujours
obligée de nager à la furfacè de l’eau,
elle a fouvent befoin de fe repofer
fur les divers endroits élevés au-deffus
des flots.
Elle parvient ordinairement à la lon-
gueur de deux ou trois pieds •, fa tête
eft petite*, elle n’a point de crochets
mobiles*, fa langue eft noire & très-
longue, & l’iris de fes yeux jaune*,
le deffus de fon corps eft d’une cou-
leur olivâtre, mêlée de cendré, & pré-
fente quatre rangs- longitudinaux de
taches noirâtres, difpofées en quinconce :
on voit auflî, fur le derrière de la
tête, quatre taches noirâtres, alongées,
& dont deux fe réunifient, en formant
un angle plus ou moins ouvert. Le
deffous du corps eft tacheté de jaunâ-
tre & de noirâtre qui domine vers
ï (j mjloire Naturelle
' Tanns , & fur-tout au-dçflous de la
^iteue. Eile a cent qviatre-viugt grandes
plaques ( fans compter quatre écailles
qui garnifîent le bord antérieur de l’anus)
èc foixante-fix paires de petites.
des Serpens.
17
LA CUIRASSÉE (aj.
Cette Couleuvre , que M. FaMas a
décrite, a beaucoup de rapports avec
la Couleuvre à collier, non-feulement
par fa conformation, mais, encore par
fes habitudes. Elle pal& fouvent un
temps très-long dans i'eaii , ou fur le
bord des rivières, mais elle fe tient
aufïï très-fouvent fur les terres sèches
& élevées. C'cft fur les bords du Jailc,
fleuve qui fépare la Tartarie du Tur-
keftcîn, & qiîi fe jptte dans 1% mer
Cafpienne, qu'elle a été obfer/ée. Elle
parvient quelquefois à la longueur de
quatre pieds elle n'a point de crochets
mobiies , Vins de fes yeux paroît
brun 5 tout le defliis de fon corps eft
noir & le deffous , qui eft de la
même couleur , préfente des taches
d’un jaune blanchâtre, prefqiie quarrées.
faj Coî. Scutatus. Fbyoge déjà ciîéde M. PalUi}
voL 1 , appeudix.
I 8 Hijîoire Naturelle
placées alternativement à droite & à
gauche , & en très-petit nombre fous
la quelle. Les grandes plaques qui recoin
vrent fon ventre font au nombre de cent
quatre-vingt-dix 5 leur longueur eft affez
confidérablc pour qu’elles embrallent
prefque les deux tiers de la circonfé-
rence du corps 5 & voilà ’ pourquoi
M, Pallas a donné à cette Couleuvre
Tépithete de Scutata , que nous avons
cru devoir remplacer par celle de Cui-
nilféè ^ les grandes plaques formant en
ed'et comme les lames d’une longue
cuirafle qui revêtiroit le ventre du
Se^Deiit.
^ * La queue préfente la forme d’une
Ï pyramide triangulaire très-alongée j &
e deflbiis en eft garni ordinairement
de cinquante paires de petites plaques.
des Serpéns. 19
LA DIGNE (a).
Il semble que c’eft à la déeffe de la
beauté que M. Pallas a voulu, pour
ainfi dire, confacrer cette Couleuvre,
dont il a le premier publié la defcrip-
tion-, il- lui a donné, en effet , un
des noms de cette Déeffe, & cette dé-
nomination étoit due, en quelque forte,
à l’élégance de la parure . de ce Ser-
pent, à la légèreté de fes mouvemens,
& à la douceur de fes habitudes. La
çotilçur dn deffus du çgrps de la Dionc
eft d’un gris très-agréable à la vue ,
dit M. Pallas, & qui fouvent appro-
che du bleu*, elle eft relevée par trois
raies longitudinales d’un blanc très-écla-
tant, que font refîortir des raies brun.es
placées alternativement entre les raies
Coî. Dione» M. Pallas , voU 2 j
(jpfendix»
Ak-Dshifen J par piafieurs Peuples de P Empire de
20
Hijîoire Naturelle
blanches, & les diverfes teintes de ces
couleurs doivent être bien afîorties ,
puirqiïc M. Pâllas, en faifant allulîon
à fes nuances, donne à la Dione Té-
pithète de très-élégante {elegantijjiina).
Le deiîoiis de fon corps eft blanchâtre
avec de petites raies d’un brun clair,
& fouvent de petits points rougeâtres.
La Dionei, parvient à la iongiieur
totale de trois pieds, & . alors fa queue
a communément fix pouces de longueur.
Son corps eft délié *, le deiTus de fa
tête eft .couvert de grandes écailles *,
elle ne contient aucun venin , & elle
èft aiîfli douce & aiiffi peu dangereufe
que fes . coiueurs font , belles . à voir.
Êile ^ habite les environs ; de la .mer
Cafiaienne;, on la trouve dans les dé-
ferts; qui énvirpnnent cette mer*, &
dont la terre eft, pour ainfi dire, im-
prégnée de fel. Elle fe plaît auffi fur
les collines arides & filées qui font près
de firtish {a).
fa) La Diane a ordinairement depuis cent
quatre-vingt-dix jufqiVh deux cent fix grandes
plaques, & depuis cinquante-huit jurqu'à Ibixante-
lîx paires de petites.
PI. l. A
<&■
J. LE CHAI’ELET.a. le CEXCHRUS
des Serpens. ' 1 1
LE chapelet (nj.
ï . . _ :i:- .c‘.n;;no
^.. 'id fi: lu. .«
JN cN-SEULSMENt iès co^Ieürs di^ Çh^
pclft ibfit très-ag^éa]^I^f4i)^9ff
1 entent i-es nuaçjces
mais elles offrent encore ;un arrange*^
ment & une fymmétrie que > eft
tenté de prendre pouf un iopy^ager:;C^
i'art, ^ qui fuffiroieiit feul^:p9uit^^^f^
reconnoître ^ cette Coiileuvre. ■ Le dçffgj^
de fqn corps eft bleu ;& ■ pré fentp^tr^
raies îongitiidinalcsy le§;j(^einc ,raiç$ 4<?g
côtés font blanches, celiie: du milieu
eft noire Sc chargée -4e: petites .taçhe?
blanches parfaiteipenf pvalçs , & aJtçrT
nativement- meléès avec . des ypoints
blancs. De chaque., côté^^ de L tête on
\ - - - -u^ -.y - :>i->
fy 11 ne faüt pas confondre ce Serpenft avec
une Couleuvre de la Caroiine , ^ iaqueUe/Cac^sby
a donné le nom de Chapelet, & dont nous, par-
lerons, dans cet Ouvragé,''£ous le rio'm‘*üe Côaï-
leiivre fmuchetée. •- i • b - j ,
2 2 Hijioire Naturelle
voit trois & quelquefois quatre taches
S- peu-près de ia grandeur des yetix ,
& formant une ligne longitudinale dont
ie prqlongemçnt pade par Tendroit de
ces organes. Le defliis de la tête offre
auffi des taches d\in bleu clair boçj
dées-^ de noir êl: trèS'l^mmétriquemeht
placées. L6'*'déflbus dit corps èft blanc ^
êc à Tèxtréthité de chaque grande pla-
qué ’ • bn Vbit' un très-petit point noir ,
ce qui formé deux rangées de points
noirs fous le ventre.
Telles font les couleurs de la Cou-
leuvre à Chapelet V fon corps eft d’ail-
leurs très-délié : lé$ écailles qui garniflent
fon dos font unies & en lofange; neuf
grandes écailles couvrent le fommet de
îa tête, qui eft grande en proportion
du corps, &' aplatie par-defflis ainfi que
par les côtés. ' Le Chapelet n’a point
Hé crochets mobiles. Nous avons dé-
crit cette elpèce j fur^ laquelle nous n’a-
vons trouvé aucune obfervation dans
les Naturaliftes, d’après un individu
confervé au Cabinet du Roi. Ce Ser-
pent a cent foixante-fix grandes pla-
ques, cent trois paires de petites, u»
des Serpens. 25
pied cinq pouces fix iignes de longueur
totale, & cinq pouces fix lignes de-
puis i’anus jufqu’à rextréraité ; de la
queue.
2 4 Ilifiotre Naturelh
LE CE NC HR US.
v>*EST fous ce nom que cette Couleuvre
a été envoyée au Cabinet du Roi*, elle
fe trouve en A(îe*, elle n^a point de
crochets mobiles, le delîiis de A tête
eft couvert de neuf grandes écailles
placées fur quatre rangs , le dos feft
de petites écailles unies & hexagones*,
le deffiis du corps, marbré de brun & de
blanchâtre, préfente des bandes tranf-
verlales^ irrégulières, étroites & blan-
châtres*, & le delîôiîs eft varié de blan-
châtre & de brub, Lindtvidu que nous
avons décrit a deux pieds de longueur
totale, trois pouces fept lignes depuis
Tanus jufqif à Textrémité de la queue ,
cent cinquante-trois grandes plaques &
qiiarante-fept paires de petites.
L’ASIATIQUE.
des Serpens. 2j
L’ A S I A T I Q U E.
C’est de l’Asie , & peut-être de l’ifle
de Ceylaii., que l’on a envoyé cette
Couleuvre au Cabinet du Roi. Des
raies, dont la couleur a été altérée par
î’efprit-de-vin , dans lequel on a confervé
l’animal, s’étendent le long du dos de
ce Serpent •, les écailles qui garnilîent le
deiïus de fon corps , font bordées de
blanchâtre rhomboïdales & unies. Le
fommet de fa tête eft couvert de neuf
grandes écailles*, il n’a point de crochets
mobiles ; fa Jonglieur totale eft d’un
pied , & celle de fa queue de deux
pouces trois lignes •, il a cent quatre-
vingt-fept grandes plaques, & foixante^
feize paires de petites. H paroît, par
des notes manufcrites envoyées avec ce
Reptile ,' qu’il a reçu dans plufîeurs
contrées de 1 Inde, le nom de Malpoloriy
qui y a été donné à plulîeurs efpèces
de Serpens, & que nous avons confervé,
avec M. d’Aubenton, à une Couleuvre
dont nous avons déjà parié»^
Serpens , Tome IV. B
l6 Hyiolre Naturelle
LA SYMMÉTRIQ'UE.
Le nom de cette Couleuvre défigne
l’arrangement très-régulier de fes cou-
ieurs. Le defîus de fon corps eft brun ,
& de chaque côté du dos , l’on voit
une rangée de petites taches noirâtres,
qui s’étend jufqu’au tiers de la longueur
du corps. Le deflbus de la queue eft
blanc-, le deftous du ventre eft de la
même couleur , mais préfente des bandes
& des demi-bandes tranfverfales & bru-
nes, placées avec beaucoup de lymmétrie.
Cette Couleuvre n’eft pas venimeufe i
elle a neuf grandes écailles fur la têtes
& des écailles plus petites , unies &
ov^des , garnilTent fon dos -, l’individu
que nous avons décrit , & qui fait
partie de la colleétion du Roi , a cent
quarante-deux grandes plaques, & vingt-
fix paires de petites {a).
On trouve la fymmétrique dans l’ille
<de Ceylan.
(a) La longueur totale de cet individu eft d"un
pied cinq pouces fix lignes, & ççlie de U queutt
de deux pouces trois lignes^*
des Serpens,
27
LA JAUNE ET BLEUE (a).
C’est une très-belle, 8c en même-
temps très-grande Couleuvre de Tille
de Java-, les habitans de cette Ille la
nomment Oularfawa, Serpent des champs
de Rii , apparemment parce quelle
fe plaît dans ces champs. Elle y par-
vient jufqiTà la longueur de neuf pieds i
lirais les individus de cette efpèce, qui,
au lieu d’habiter dans les baffes plan-
tations, préfèrent de demeurer dans les
bois touffus, & fur les terreins élevés,
ont une grandeur bien plus conlîdérable,
& leur longueur a été comparée à la
hauteur d’un arbre. Lorfqué la Jaune
& Bleue a atteint ainli tout fon déve-
loppement, elle eft dangereufe par la
force , quoiqu’elle ne contienne aucun
poifon -, & non-feulement elle fe nourrit
^rt^OuIar-Sawa, par les habitans de l’ifle ie Java
Grande Couleuvre de l’Ifie de Java. Mémoire
de M. U Baron de IVurrnb , dans leux de la SociéU
Âe Batavia , ^
B y
2^ Hijîelre Naturelle
d oifeaux , ou de rats & de fouris ,
mais des animaux même affez gros ne
peuvent quelquefois échapper à fa
pôurfuite , & deviennent fa proie. Sa
tête eft plate & large, le fommet en
éft garni de grandes écailles , & il
paroît 5 par la defcriptioxi qui en a été
donnée dans les Mémoires de la Société
de Batavia , que ces écailles font au
nombre de neuf, & dilpofées fur quatre
rangs , comme dans la Verte & Jaune.
Les mâchoires ne font pas armées de
crochets mobiles , mais de deux rangs
de dents pointues, recourbées en arrière,
& dont les plus grandes font le plus
près du mufeau. Ce très-grand Serpent
a riris jaune*, le defliis de fa tête eft
d^in gris mêlé de bleu *, Ton voit deux
rares d\in bleii foncé commencer der-
rière les yeux, s'étejtidre au-defllis du
cou , & S y réunir en arc , à un pouce
de diftaiîce de la tête. Une troifième
raie de la même couleur, règne depuis
le mufeau jufqifà Tocciput , où elle fe
divife en deux pour embrafter une taphe
jaiin^, chargée de quelques points bleus.
' Le deifus du corps préfente des efpèces
des Serpens* 2'9
d*e Gbmparttmens très-agréables vil patoît
comme divifé eh un très-grand nombre
de carrèarjx , & repréfente un treillis
formé par plufieurs raies qui fe croifent.
Ces raies font d’un bleu éclatant, êc
bordées d’un jaune couleur d’or. Le
milieu des carreaux eft , Utr le dos
d’un gris changeant en jaune , en bleu
& en vert , fuivant la manière dont il
réfléchit la lumière •, il efi: d’un gris plus
clair fur les côtés du corps , ainlî que
liir la queue, où les carreaux font plus
petits que fur le dos *, & chaque côté
du corps préfehte une rangée longitu-
dinale de taches blanches , placées aux
endroits où les raies bleues fe croifent.
Il eft ai-fé de voir , d’après cette deb
cription , que les couleurs qui dominent
dans ce beair Serpent , font le bleu &
le jaune*, & c’eft ce qui nous a fait
préférer le nom que nous avons cru
devoir lui donner. Il a quelquefois trois
cent douze plaques , & quatre-vingt-
treize paires de petites.
'%Jf
B iij
Hijioire Naturelle
3^
LA TROI.S-RAIES.
^otrs DONNONS ce nom à une Cou-
ïeuvre d’Afrique , dont ie deffiis du
corps préfente , en effet , trois raies,
longitudinales elles partent du mufeau ,
& s’étendent jufqu’au-deflus de la queue v
ia couleur du fond, qu’elles parcourent,
cft d’un roux plus ou moins clair..
Neuf grandes écailles garniffent le
fommet de la têtej les mâchoires ne
font pas armées de crochets mobiles ,
& les écailles du dos font en lofange
Sc unies. Un individu de cette efpèce,
confervé au Cabinet du Roi , a un pied
cinq pouces fix lignes de longueur
totale , deux pouces huit lignes , depuis
l’anus, jufqu’à l’extrlmité de la queue,
cent foixante-neuf grandes plaques , &
trente-qiiatre paires de petites.
I. LA TROIS -RAIES . ;2. . LE DABOIE
des Serpens,
3*
LE DAB OIE (a).
V^oici une de ces efpèces remarquables
de Serpent , que la fuperftition a divi-
nifées. C’eft dans le Royaume de Juida,
fur les côtes occidentales d’Afrique , ou
elle eft répandue en très-grand nombre,
qu’on lui a érigé des autels -, & il femble
que ce n’eft pas la terreur qui courbe
la tête du Nègre devant ce Reptile,
puifqu’il n’eft redoutable , ni par fa
force, ni par aucune humeur venimeufe.
Selon plufieurs Voyageurs , le Daboie
eft remarquable par la vivacité de fes
couleurs & par l’éclat de fes écailles.
Le deflus du corps eft blanchâtre , &
couvert de grandes taches ovales , plus
ou moins rouftes , bordées de noir ou
de brun , & qui s’étendent fur trois
rangs, depuis la tête jufqu’au-defrus de
la queue. Suivant le Voyageur Bofman,
fa) Le Serpent Idole. Defiriftion du Cabinet ii
Dufdcy pax.Liknhurg, 1755.
B iv
3 l Utjîoire NatureUe
Je Daboîe cft rayé de blanc ^ de jaune
& de brun •, & fui van t des Marchais ,
le dos de ce Serpent préfentc un mé-
lange agréable de blanchâtre qui en
fait le fond , & de taches ou de raies
jaunes , brunes & bleues , ce qui fe
rapproche beaucoup des teintes indiquées.
par Bofman , & ce qui pourroit bien
ii'être qifune mauvaife exprellîon d’une
diftribution , & de nuances de couleurs
très-peu différentes de celles que nous
Venons d’indiquen
La tête du Daboie eft couverte d’é-
cailles ovales , relevées par une arête y
Sc fembkbles à celles du dos (^2), il
parvient quelquefois à la longueur de
plufieiirs pieds (b) ^ rindividu que nous
fa) Nous avons déjà remarqué dans d’autres
articles , que le Daboie , quoique dépourvu de
crochets mobiles, avoit, comme le plus grand
nombre de Serpens venimeux , le fommet de fa
tête couvert d’écailles femblables à celles du dos,
fèj Defcriptîon du Cabinet royal de Drefde^ par
Lilenhurg^ 1755- -Au refte , il a dCi être afiez dif--
fteile, pendant long temps , d’avoir des Daboie en
Europe i les Rois Nègres, par rerpeét pour ces Rep-
d^es Se f péris, 3 j
avôns décrit , & qiii eft confervé au
Cabinet du Roi , a trois pieds cinq
pouces de longueur totale , & la queue,
cinq pouces neuf lignes ( a ).
Les habitudes du DaBoie fon:t d’au^
tant plus douces, qu’il n’eft prefque
jamais obligé de fe défendre. Il a
peu d’ennemis à craindre dans un pays
où il eft fervi avec un refpeét religieux,
8c d’où l’on tâche d’écarter tous ceux
qui pourroient lui nuire. Les animaux
même qui feroient les plus utiles , font
exclus des contrées où l’on adore le
Serpent DaBoie , à caufe dè la guerre
qu’ils lui feroient -, le cochon parti-
culièrement , qui fait fa proie de plu-
lîeurs efpèces de Reptiles, & qui attaque
impunément, fuivant quelques Voya-
geurs, les Serpens les plus venimeux , eft
pourfuivi , dans^ le Rcyaume de Juida,
■ 1111 1 .1 I I ^
tiîes , ayant dëfendu , fous peine de mort, à îeuts^
fujets, de tranfporter ces Serpens hors de PAfri-
que , ou de livrer leur dépouille aux étrangers.
(a) Nous avons compté cent foixante - neuf
grandes plaques lous le ventre de çet individu ^
& quarante-fix paires de petites plaques fous iGi.
queuer
B ^
;5 4 Hijioire Naturelle
Comme un- ennemi public-, &, malgré
tous les avantages que les Nègres
pourroicnt en retirer, ils ne voient y
dans cet animal , que celui qui dévore
leur Dieu.
Bien loin de chercher à nuire
l’homme , le Daboie eft fi familier,
qu’il fe laide aifément prendre &
manier, & qu’on peut jouer avec lui,
fans courir aucun danger. On diroit
qu’il réferve toute fa force pour le
bien de la contrée qui le révère. Il
n’attaque que les Serpens venimeux,
dont le Royaume de Juida eft infefté;
il ne détruit que ces Reptiles funeftes ,
& les infeéles , ou les vers qui dévaftent
les campagnes. C’eft fans doute ce fer-
vice qui i’a rendu cher aux premiers
habitans du pays où on l’adore -, on
n’aura rien négligé pour multiplier ,
ou du moins conferver une efpèce auffi
précieufe j on aura attaché la plus grande
importance aux foins qu’on aura pris de
cet animal utile -, on l’aura regardé com-
me le fauveur de ces contrées, fi
fouvent ravagées par des. légions
d’infcétes, ou des troupes de Reptiles
des S erp en s. $f
Venimeux •, & bientôt la fuperftition,
aidée du temps & de l’ignorance, aura
altéré l’ouvrage de la feconnoilîance , &
celui du befoin {a).
fa) _On pourroit croire auffî que quelque éve'-
Rement extraordinaire aura léduit l'imagination
des Nègres & enchaîné leur raifon , & voici ce
que rapporte à^cefujet le Voyageur des Marchais*
♦1 L'armée de Juida étant prête à livrer bataille k
>> celle d'Ardra > ü tbrtit de celle-ci un groS’
Serpent qui fe retira dans l’autre ; non-feuie-
» ment fa forme n’avbit rien d'effrayant, mais
» ii parut fi doux & fi privé, que tout le monde
» fut porté à le carefi^r. Le grand Sacrificateur î®
prit dans fes bras & le leva pour le faire voir
à toute i'armée-'La vue de ce prodige fit tombef
tous les Nègres à genoux ; ils adorèrent' leur
» nouvelle Divinité, & fondant fur leurs ennemis
n avec un redoublement de courage , ils rem-
» portèrent une victoire complète. Toute la nation
ne manqua point d'attribuer un fuccés fi me-»
» morable à la vertu du Serpent : il fut rapporté
n avec toute forte d'honneurs; on lui bâtit un
J5 Temple , on alïigna un fond pour fa fubfi fiance,
I) & bientôt ce nouveau Fétiche prit i'afcendant
fi fur toutes les anciennes Divinités : fon culte ne
fit enfüite qu'augmenter k proportion des faveurs
ij donc on fe crut redevable à fâ protection. Les
y» trois anciens Fétiches avoient leur départemenc
a féparé : on s'adreflbit à la mer pour obtenir
n une heureufe pêche, aux arbres pour la fancéy
3^^ Hijîoire Naturelle
Le culte des animaux qui ont infpîre
une vive terreur , n'a été que trop fou-
vent fangurnafre , on n'a facrifié que trop
fouvent des hommes dans leurs Temples*,
îe Serpent-Dieu des Nègres, n'ayant ja**
mais fait éprouver une grande crainte,
n'a obtenu que des facrifices plus doux ,
mais que fes Prêtres ne ceffent de com-
mander avec une autorité defpotique.
L'on n'immole point des hommes devant
le Serpent-Daboie , mais on livre à fes
JMLiniftres les plus belles des jeunes
» & à PAgoye pour fes confeifs; mafs le Serpenr
» préfide au commerce, à la guerre, à l’agricuî-
99 ture, aux maladies, à fa ftériiité, &c. Le pre-
99 mier édificé qu’on avoir bâti pour fe recevoir
99 parut bientôt trop petit; on prit le parti de fui
99 élever un nouveau Tempfe, avec de grandès
99 cours & des appartemens fpacieux ; on établit
99 un grand Pontife & des Prêtres pour le fervir.
w Tous fes ans, on choifit quelques belles fillès
99 quP fui font confacrées. Ce qu’il y a de plus
99 remarquable , c’eft que les Nègres de Juidà
99 font perfuadés que le Serpent qu'ils adorent
99 aujqiKd’fîui , elt le même qui fut apporté par
99 îe>!fs ancêtres, & qui leur fit gagner une gîo-
99 neufe viétoire. 99 Hlfioire générale des V^oyages^
liv* 10, édit* in- 12, tom^ 14; 3^9 o* fuiv^
des Serperrs. 5 f
fîlïes du Royaume de Juida. Le prétendit
Dieu , queTon nomme le Serpent Fétiche^
ce qui fignifie l’Etre confirvateur , a
un Temple auffi magnifique que le peut
être un bâtiment élevé par l’art greffier
des Nègres ( U ). Il y reçoit de riches
offrandes •, on lui préfente des étoffes de
foie, des bijoux, les mets les plus
délicats du pays , & même des trou-
peaux ■, auffi les Prêtres qui le fervent',
jouiffent-ils d’un revenu confidérable',
pofsèdent-ils des terres immenfes', & com-
mandent-ils à un graadnombred’efclaves.'
Afin que rien ne manque à leurs
plaifirs, ils forcent les Prêtrefles à
parcourir, chaque année, & vers le
temps où le mais commence à verdir,
la ville de Juida , & les bourgades
voifines. Armées d’une grolTe mafllie ,.
& fécondées par les Prêtres , elles
afîommeroient fans pitié ceux qui
oferoient leur réfifterv elles forcent les
Négrefles les plus jolies à les fuivrë
dans le Temple & le poids de la
5 s Hijîoire Naîufelïe
crédulité rupeiftitieufe pèfe fi fort fiif
la tête des Nègres , qu’ils croient
qu’elles vont être honorées des ap'
proches du Serpent proteéleur , & que
e’eft à fon airour qu’elles vont être
livrées. Ils reçoivent avec refpeét cette
fav eiir lîgiiaiée & divine. On commence
par inftruire les jeunes filles à chanter
des hymnes 5 & à danfer en l'honneur du
Serpent, & lorfqu elles font près du-
temps oiï elles doivent être admifes
auprès de la prétendue Divinité, on
les foumet à une cérémonie douloureuse
6 barbare , car la cruauté naît prefque
toujours de la fiipeiftition. On leur
imprime fur k peau, dans toutes les
parties du corps , & avec des poinçons
de fer, des figures de fleurs^ d'animaux,
& fur-tout de Serpens les PrêtreiTes
les eonfacrent ainfi au fervice de leur
Dieu 5 & c'efi: envain que leurs mal'*
heureiifes vidimes jettent les cris les
plus plaintifs que leur arrache le
tourment qu elles éprouvent , rien n'ar-
rête leur zèle inhumain. Lorfque la
peau de ces infortunées eft guérie ,
elle reffemble , dit-on , à un fatin noir
des Serpens. jff
à fleurs , & elle les rend à jamais
l’objet de la vénération des Nègres.
Le moment où le Serpent doit
.recevoir la Négrefle favorite arrive
enfin -, on la fait delèendre dans un
fouterrain obfcur , pendant que les
Prêtreffes & les autres jeunes filles
célèbrent fa deftinée par des danfes &
des chants quelles accompagnent du
bruit de plufieurs inftrumens retentiffans.
Lorfque la jeune Négrefle fort de
l’antre facré , elle reçoit le titre de
Femme du Serpent ^ elle ne devient
pas moins la femme du Nègre qui
parvient à lui plaire, mais auquel elle
infpire à jamais la fonmiffion la plus
aveugle , ainfi que le plus grand-
refpeéi.
Si quelqu’une des femmes du Ser-
pent trahit le fecret des plaifirs des
-Prêtres, en révélant les myftères du
fouterrain , elle eft auffitôt enlevée &
mife à mort ,& l’on croit que le grand
Serpent eft venu lui-même exercer fa
vengeance, en l’emportant pour la faire
brûler. Mais , arrêtons-nous -, l’hiftoire
de la fuperftitioH n’eft point celle de
4© Hîjîoire Naïurdîe
ia nature. Elle eft trop lice cepentiant
avec les phénomènes que produit cette
nature puiflante & merveilleufe, pour
être tout - à - fait étrangère à l’hiP
toire des animaux qiii en ont été-
l’objet.
des Serpens.
41
LE SI T U LE (a).
Ce Serpent fe trouve en Egypte , où
il a été obfervé par M. Haflelqriifl; i
la couleur eft grife , & il préfénte une
bande longitudinale , bordée de noir.
Il a communément deux cent trente-fix
grandes plaques J & quarante-cinq paires
de petites.
(a) Le Situle. M, d'Aubinton , Encyclopédie me-.
Aodiqut-
Col. Situla. Linn. amphib’ Serp»
Muf. Ad. P’ 2 , p.
HiJIoire Naturelle
41
LE T Y RIE CaJ.
Les terres de l’Egypte, périodique-
ment arrofées par les eaux d’un grand
fleuve, & échaudées par les rayons d’un
foleii très-ardent, préfentent auxdiverfes
efpèces de Serpens, au moins pendant
une grande partie de l’année , cette
humidité chaude , qui convient fi bien
à la nature de ces Reptiles. Nous ne
devons donc pas être étonnés qu’on y
en ait obfervé un grand nombre. Parmi
ces Serpens d’Egypte nous devons
compter le Tyrie, que M. Haflelquift
a fait connoître j il a ordinairement
deux cent dix grandes plaques & quatre-
vingt-trois paires de petites •, il n’eft
point venimeux, & le deflus de fon
^ corps, qui eft blanchâtre, préfente trois
Le Tyrie. M. d*Auheuton , Encyclopédie mé^
ihodigtie.
Cof. Tyria. Limu amphih» Serpenta
yiufi Ad. fr, 2 J pag, 45.
des Serpens. 4 ^
rangs longitudinaux de taches rhomboï-
daies & brunes.
li paroît que c’eft au Tyrie qu’il
faut rapporter îe Serpent que M. Forskal
a décrit fous ie nom de Couleuvre
mouchetée {Col. Guttatus) (a), qu’il
a vu en Egypte, & que les Arabes
nomment Tce Æben.
(a) Col., Gutta'.us, 7 , Dtfcriit. animal. Pctà
Forskal. Amphibia.
44
WJIoire Naturelle
L’ A R G U S (a).
Ce Serpent d’Afrique eft reiuarqüàbîe
par la forme de fa tête 5 le derrièi'e
de cette partie eft relevé par deux
efpèces de bofles ou d'^émineiices très-
fenfibles. Les écailles, qui garniflenfle
dos de ce Serpent , préfeiitent chacune
une tache blanche*, mais d'aiircurs- on
voit fur fon corps plufieurs rangs de
taches blanches , rondes , rouges dans
leur centre , bordées de rouge , ref-
femblant à des y eux y & c'eft ce qui
lui a fait donner le nom d' Argus , par
les Naturaliftes (^)..
('aj L*Argu5* M* â^Jubenton ^ Encyclopédie mé-
Modique*
Coî. Argus. Linn. amphlb> Serp,
Séba , muf 2 , tab* 103., i*
(b) Gn ne connoît point le nombre des grande^
ai des petites plaques de cette Couleuvre.
des Serpens.
4f
LE PET OLE fa/.
G'est au milieu des contrées ardentes
de TAfrique , que Ton trouve cette
Couleuvre , la couleur du deffus de
fon corps eft ordinairement d'un gris
livite, relevé par des bandes tranfverfales
rougeâtres*, le deffous du corps eft d'iiii
blanc mêlé de jaune, & préfente quel-
quefois des bandes tranrverfales , d'une
eouleiir rougeâtre ou très-brune. Le
fommet de la tête eft garni de neuf
(a) Le Pétole. M. d*Aahenton^ Encyclopédie mé^
thodiqui*
Col. Petoîa. Linth ampJùh Serpent*
Coluber Scutis abdominalibus , 208 ; Squamis
caudaiibus , 90. Luu Ammit, Surin. grilL p. 505 ^
Cofuber Scutis abdominalibus , 207; caudaîibas,
85.' Id. amphib. Gylknb. p. 534, 8»
Anguis Scutis abdominalibus , 209 ; Squamis
caudaiibus, 90. Idem. Muf. Priuc. p, ^ 36.
Coronella Petola, 189, Laurenti, Speciiim
dicunj.
:Séb^^ muf. Ij îah 54, 4»
Hijloirt Naturelle "
grandes écailfes , & le dos d'écaîlles
ovales & unies. Cette Couleuvre n'a
point de crochets mobiles : on ignore
quelles font fes habitudes ^ elle a le
plus fouvent deux cent neuf grandes
plaques , & quatre-vingt-dix paires de
petites.
dts Serpens.
47
LA DOMESTIQUE (a).
Le nom de cette Couleuvre aj>nonce
ia douceur de fes habitudes j c’effc en
Barbarie qu’on la trouve, & e’eft dans
les maifons qu’elle habite -, elle 7 eft
dans une elpèce d’état de domefticité
volontaire, puifqu’eîle n’y a point été
amenée par la force, & qu’elle la’y eft
retenue par aucune contrainte ; c’eft
d’elle-même qu’elle a choifi la demeure
de l’homme pour fon afyle. L’on voudroit
qvt’une forte d’afFeélion l’eût ainfi con»
duite fous le toit qu’elle partage ;
qu’une forte de fentiment l’empêchât
de s’en éloigner , & qu’elle montrât
' fur ces côtes de Barbarie , fi fouvent
arrofées de lang , le contrafte fingulier
d’un Serpent aulïï affeéfcionné , auflî
fidèle,' que doux & familier, avec le
Cl Le Serpent Domeftique. M- d’Aubenlon
Elticyclopédie méthodique.
Çol. Dgmeftiçus. Liiuit amphib,
4^ Hijîoire Naturelle
fpedtacle cruel de rhommq gémÜTaut
fous les chaînes dont l’accable fon
femblabl^. Mais le befoin feul attire la
Couleuvre domeftique dans les maifons ,
& elle n’y demeure , que parce qu’elle
y trouve , avec plus de facilité , les
petits rats & les infpéles dont elle fe
pourrit. Sa couleur eft fouvent d’un
gris pâle , avec des taches brunes j elle
a entre les deux yeux une bande qui
fe divife en deux, & préfente deux
taches noires. Ses grandes plaques font
ordinairement au nombre de deux cent
quarante-cinq •, & elle a quatre-vingt-
quatorze paires de petites plaques.
L’HAIT.
des Serpens.
L’ H A J E (a).
Cette Couleuvre devient très-gnindej;
fiîivant M. Linné -, elle fe trouve en
Egypte , où elle a été obfervée par
M. Haffelquift. Ses couleurs font le noir
& le blanc-, la moitié de chaque écaille
eft blanche V il y a d’ailleurs, fur le
dos , des bandes blanches, placées obli-
quement-, tout le refte du deffus du
coi'ps eft noir (b).
Ce Serpent n’étant pas venimeux ,
félon M. Linné, ne doit pas être con-
fondu avec une Couleuvre d’Egypte ,
qui porte auffi le nom d’Haje , & qui
contient un poifon très-aélif. La force
(a) L’Haje- M. i'AnbenîQv ^ Encyclopédie mé^
thodiqm,
Cot^ Haje Liiw* ampkih. Serpenta
Coiuber Scutis abdominalibus , 206, Squamîs
caudalibiis, 60. HaJJèfqwJîy ir.. g 12, 7/.® 62.
fkj M. Linné a écrit que l^Haje avoit deux cent
fept grandes plaques 5 & cent neuf paires ds
petites.
Serpens , Tome /El
C
jO Hijîoire Naturelle
de ce venin a reconnue par
M. Forskal *, mars ce Naturaiifte n"a
point donné ia defcription de THaje ,
dont ii a parlé [a)*
(a) Coluber Haje-Nafcher , j7ar /es Def-
crijftiones animoLium F? Forskal, amphib, 8^
5*
des Serpens.
LA MAURE (a).
Elle a ^té ainsi appell^e , à caufe
de fes couleurs , & parce qu’elle fe
trouve aux environs d’Alger, M. Brander
envoya à M. Linné un individu de cette
efpèce. Le deffùs de fon corps eft brun,
avec deux raies longitudinales', plufieurs
bandes tranfverfales & noires s’étendent
depuis ces raies , jufqu’au-deffous du
corps , qui eft noir.
La Maure n’a point de crochets
mobiles -, on voit fur la tête neuf
grandes écailles , & fur fon dos , des
écailles plus petites & ovales : ces écailles
du dos font relevées par une arête ,
dans un individu de cette efpèce, qui
fait partie de la colleâion de Sa
Majefté (/»).
’ " ■ '""ï “ "" ' - ■
Le Maure. M. Auhuxtm ^ EncyclopédU me-
thodique*
Col. Maurus. Linn* amphib. Serp,
(b) QtVit Couleuvre a commune'ment cent cîn-o
quante-deux grandes plaques & foixante-fix paires
de petites.
C ij
j Z Hijiôirâ Naturelle
LE S IB O N (a:).
Les Hottentots ont nommé ainfi uti
Serpent qui fe trouve dans ie pays,
qu’ils habitent , arnfii que dans plufieurs,
autres contrées d’Afrique. Le defliis du
corps de cette- Couleuvre eft d’une
couleur brune , mélée de bleu ; & le
deflous eft blanc , tacheté de brun. Des<
écailles rhomboïdales garnirent fon dosj
fa queue eft courte & menue. Cette
Couleuvre a ordinairement cent quatrsT
vingt grandes plaques , & quatre-vingt-
cinq- paires de petites.
■ ■ J. ^ : I - - ■ I I . - -r . - .,1.»,
(a) Le Sibon* M* d^Auhenton, EncydopédU mé*
tkodiqae.
Coi. Sibon* Lîiw, amphlb, Serp,
Lin. Ama^nit- Mnf. Princip- p.
Coluber Sibon* 210. Laurmti ^ . Spécimen
dicum. ^
Le Siben* Diàiounaire d*hifl* mtur^ par M* Vcdmont
ie Bomare,
‘$éba<^ inuf 1 9 tab’ 14 7^^. 4.
dès Serpcns,
H
i n nii ■■ ii »
L A DH ARA (a).
C EST dans îa partie de l'Arabie , qu’oli
a nommée heureufe, c’eft dans les fertiles
contrées de l'Yémen , que fe trouve
cette Couleuvre. Sa tête eft couverte
de neuf grandes écailles, dilpofées fur
quatre rangs •, fon mufeau eft arrondi j
fon corps eft menu -, & toutes fes pro-
portions paroifieut aulîî fveltes qu’elle
eft innocente & douce. Elle n’a point
de couleurs brillantes , mais celles qu’elle
préfente , font agréalîles. Le delTus de
fon corps eft d’un gris un peu cuivré;
toutes les écailles font bordées de blanc ;
& c’eft aulîî le blanc qui eft la cou-
leur du deftoiis de fon corps. M. ForskaI
l’a fait connoître : l'individu qu’il avoit
obfervé , n’avoit pas deux pieds de
(a) Dhara , par les Arabes.
Coîuber Dhara. ' Dafcriptioues animalium Pétri
Ferskal Amphibia.
Ç iij
5!4 Hijîoire Naturelk
longueur -, mais le Vojageur Danois
ibupçonna que la queue de cet animal
avoit été tronquée ; il compta deux cent
trente - cinq grandes plaques , 6c qua-
rante-huit paires de petites fous le corps,
de cette Couleuvre.
I
des Serpens, j j
LA SCHOKARI (aj.
Cette CoxJ L E uvRE fe trouve dans
i’Yémen ainfi que la Dliara*, elle.fc
plaît dans les bois qui croiffent fur
les lieux élevés. Sa morfure n’eft point
dangereufe , êc M. Forskal, qui Ta
décrite , n’a vu fes mâchoires garnies
d’aucun crochet mobile. Son corps eft
menu -, elle parvient ordinairement à
la longueur d’un ou deux pieds , & fa
queue n’a guère alors que la longueur
de cinq ou fix pouces •, fa tête eft cou-
verte de neuf grandes écailles , dif-
pofées fur quatre rangs. Le deffus de
fon corps efl: d’un cendré brun , &
préfente de chaque côté deux raies
longitudinales blanches , dont une eft
bordée de noir. On voit quelquefois ,
fur le milieu du dos , des grands
fa) y par les Arabes*
Col. Schpkari. Dejcriptiones animalium Pétri
Forskal y amphibia,
C iv
jô Hijioire Naturelle
individus, une efpèce de petite raie;
conipofée de très-petites taches blanches.
Le deffous du corps eft blanchâtre ,
mêlé de jaune , & pointillé de brun
vers îe gofier. La Schokari , a cent
quatre-vingt-trois grandes plaques, &
eent quarante-quatre paires de petites.
Nous joignons ici la notice de trois
Couleuvres dont il eft fait mention
dans rOuvrage de M. Forslcal , à la
fuite de la Schekari , mais dont la
delcription eft trop peu détaillée pour
que nous puiffious décider à quelle
efpèce elles appartiennent.
La première fe nomme Bœtæn ;
elle eft tachetée de blanc & de noir j
elle a un pied de longueur , & près
d’un demi-pouce d’épailTeur •, elle eft
ovipare , & cependant, ditM. Forskal,
fa morfure donne la mort dans un
inîrant.
La fécondé , appellée Hojleik , eft
toute rouge -, fa longueur eft d’un pied -,
elle pond des œufs plus ou moins
gros-, fa morfure ne donne pas la mort,
mais caufe une enflure accompagnée
de beaucoup de chaleur ; les Arabes
des Serpens. 57
©nt cru que fon haleine feule pouvoit
faire pourrir les chairs fur lefquelles
cette vapeur s’étendoit.
La troifième , nommée Hàtinarck
^ÆJîiced J eft toute noire , ovipare , &
de la longueur d’un pied, ou environ.
Sa morfure n’eft pas dangereufe, mais
produit un peu d’enflure -, on arrête^
par des ligatures la propagation da
venin-, on fuce la plaie-, on emploie
diverfes plantes comme fpécifiques ,
& les Arabes racontent gravement que
ce Serpent entre quelquefois , par
un côté , dans le corps des chameaux ,
qu’il en fort par l’autre côté , &
que le chameau en meurt, fi on ne
brûle pas la bleflure avec un fer
rouge.
Nous invitons les Voyageurs qiu
iront en Arabie , non-feulement à
décrire ces trois Couleuvres, mais même
à rechercher l’origine des contes
d’Arabes , auxquels elles ont donné
lieu , car il y a bien peu de fables
qui n’aient pour fondement quelque
yérité.
5? îîijîoire Naturelle
LA ROUGE-GORGE (a),
O N PEUT reconnoître aifément cette
Couleuvre , qui fe trouve eu Egypte.
Elle eft touté noire, excepté la gorge
qui eft couleur- de fang^ elle a com-
munément cent quatre - vingt - quinze
grandes plaques , & cent deux paires
de petites. M. Haflelquift l’a obr
fervée.
(a) Le Rouge-gorge. M. i’Aubenton , Encyclopédie
tnéthodiqm.
Col. Jugularis. Linn, ampJiib^
Muf Ad, fr. 2^ p. 45.
des Serpens,
L’ A Z U R É E.
On trouve cette Couleuvre aux
environs du Cap Vert. Son nom
indique fa couleur-, elle eO; d’un très-
beau bleu, quelquefois foncé fur le
dos , très-clair , & prefque blanchâtre
fous le ventre & fous la queue. Elle
n’a point de crochets mobiles -, le
fbnimet de la tête eft garni dê neuf
grandes écailles, difpofées fur quatre
rangs -, êc celles que l’on voit fur le
dos , font ovales & unies. Un individu
de cette efpèce, confervé au Cabinet
Roi , a deux pieds de longueur totale ,
cinq pouces trois lignes, depuis l’anUs
jufqu’à l’extrémité de la queue , cent
loixante - onze grandes plaques , ëc
ioixante- quatre paires de petites.
C V j
i.
6 O Hi/îoire Naturelle
LA N ASIQUE (a).
Nous DONNONS ce nom à une Cou-
leuvre, dont le miifeaii eft en effet
très-alongé, & qffil eft très- facile de
diftinguer par-là des Serpens de fon
genre , connus jufqu à préfent. Elle a
le devant de la tête très-alongé, très-
étroit , très-aplati , pardeffus 8c. par-
deffous, ainfi que des deux côtés, 8c
terminé en pointe de manière à
repréfenter une petite pyramide à quatre
faces , dont les arêtes feroient très-
marquées. Le deffus de la tête efb
Cà) Le Nez-retrouffé* M. i'^Aahenton , Emy*
tlopédit mèthodiqm.
Col* Myderizatîs Linn, amphib, Serpt,
Muf. Ad. fr» 1 y p, zi tab, ^ ^ ^9^
fs- I-
Séba y muf. 2 , tabu. 23 , fig» 2.
Gronovius y muf z^p, 59, iV.'^ 19.
Catesbyj Carol, 2 , p- 47, tab> 47.
Watrix Myderizans , 162 ; Natrix Flagellé
Fermis* Laumtty Specimm
des Serpens. 6î
recouvert de neuf grandes écaillés ,
placées fur quatre rangs. La mâchoire
inférieure eft arrondie plus large 8c
plus courte que la fupérieure’, les yeux
font gros, ronds , & placés fur les
côtés de la tête •, & l’on voit , à l’ex-
trêmité du mufeau , Un petit prolon-
gement écailleux , un peu relevé , &
compofé d’une feule pièce qui paroît
comme, plilfée. C’eft apparemment de
ce prolongement , que Catefby a voulu
parler , lorlqu’ii a dit que le Serpent
dont il eft ici queftion , avoit le nez
, retroulTé i & c’eft peut-être en faifant
allufion à l’air fihgulier, que cette
conformation donne à ce Reptile, que
M. Linné l’a défigné par le nom de
Myciérifans , qui ngnifie moqueur.
Les deux mâchoires font garnies de
fortes dents , qui ne diftillent aucun
poifon , fuivant Gronovius ; Catefby dit
aufli que la Nalrque n’eft point dan-
gereufe , & nous n’avons trouvé de
crochets mobiles dans aucun des in-
dividus de cette efpèce que nous avons
examinés. Cependant nous devons
prévenir que M, linné a écrit qu’elle
6 1 HiJIoire Naturelle
étoît veiîimeufe. Le deffous de îa tête
blanchâtre, & toutes les autres parties
de ce Serpent, préfentent communément
une couleur verdâtre , relevée par
quatre raies blanchâtres , qui s'étendent
de chaque côté du corps , prefque
jufqu'à iextrémité de la queue , & par
deux autres raies longitudinales placées
fur le ventre {à}* Les écailles du dos font
rhomboïdales & unies ordinairement
la queue n'eft pas aufîî longue que là
moitié du corps, qui eft très-mince en
proportion de fa longueur. L'individu
que nous avons décrit, & qui eft canfervé
au Cabinet du Roi , n'avoit , en quel-
ques endroits de fon corps , que cinq
ou fix lignes de diamètre , & cependant
il avoit quatre pieds neuf pouces ' de
longueur (b). Nous avons compté cent
foixante-treize grandes plaques fous
fon corps , & cent cinquante - fept
paires de petites plaques lous fa
queue.
(aj lï paroït que îa diftribution des couleurs-
de ia Nalique varie aflez fouvent.
(b) La queue étoit io’jgue d"un pied onze
pouces..
des SerpenS^ j
On a écrit que , malgré fa petiteffe ^
îa Nafique fe nourriiîoit de rats ( <2 ) j
mais quoique fon go fier & fon eftomac
piiiflent s’étendre aifément , ainfi que
ceux des autres Serpens , nous avons
peine à croire qu’elle puifle dévorer
des rats , même les plus petits *, elle doit
vivre de fcarabées ou d’autres infeétes ,
dont on a dit en effet quelle faifoit
fa proie •, & elle les faifit avec d’autant
plus de facilité , que , fuivant Catefby ,
elle pafîe la vie fur les arbres, cachée
fous les feuilles & entortillée autour des
rameaux, qu’elle peut parcourir avec
rapidité. Elle n’attaque point l’homme ,,
&: on la trouve dans l’Ifle de Ceylan,
en Guinée , ainfi que dans la Caroline
& plufieurs autres contrées chaudes
,du nouveau Monde.
(a) Siba pol- 2 , pi- 24.
^4 Mijloire Naturelle
LA GROSSE^TÉTE.
Nous DONNONS ce nom à une Cou-
ieuvre d’Amérique qui , en effet , a
la tête beaucoup plus greffe que la.
partie antérieure du corps. Elle n’a
point de crochets mobiles-, neuf grandes
écailles , difpofées fur quatre rangs ,
couvrent le lommet de fa tête, & celles
qui garniflent fon dos font ovales &
unies.
Un individu de cette elpèce , con-
fervé au Cabinet du Roi , a deux pieds
cinq pouces fix lignes de longueur
totale, & fix pouces trois lignes depuis
l’anus jufqu’à l’extrémité de la queue,
qui fe termine par une pointe très-
déliée.
Nous avons compté cent quatre-
vingt-treize grandes plaques & foixante-
dix-fept paires de petites.
Le deflus du corps, de la Grofle-
tête eft d’une couleur foncée, relevée
par des bandes tranfiverfales & irré-
’ ifeve^ Jel'i C^Hautitard'
i. LA éKOSSE - TLTE , 2 LA COURESSE
ny.JJ^.
■■ -v • - J 1> -.1 if.-.
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... ... ...... ....U
:■''< î'VM
' Sâ'; ,
des Serpens. 6^
giiîières d’une couleur plus claire -, mais
i’individu que nous avons décrit étoit
trop altéré par Tefprit - de - vin , dans
lequel H avoit été confervé, pour que
nous puiffions rien dire de plus
relativement aux couleurs de cette
elpèce.
Hijloire Naturelle
■".■U Ml, II" .Iii.r.....iw
LA COURESSE.
C EST de la Martinique que cette Cou-
leuvre a été envoyée au Cabinet du
Roi 5 par feu M. de Chanvalon. Ses
couleurs font belles, le deflus de fon
corps eft verdâtre , préfente deux rangées
longitudinales de petites taches blancÉes
& alongéesy le dçflous & les côtés du
corps font blanchâtres#
Cette Couleuvre n^a point de cro-
chets mobiles. Le fommet de fa tête
eft garni de grandes écailles, & le dos
Teft d' écailles ovales & unies. L^indi-
vidu que nous avons décrit, avoit deux
pieds dix pouces fept lignes de lon-
gueur totale, neuf pouces fept lignes^
depuis Tamis jufqiTà Textrémité de la
queue y cent quatre-vingt-cinq grandes
plaques, & cent cinq paires de pe-
tites.
La Courefte eft auflî timide que peu
dangereufe*, elle fe cache ordinairement
lorfqu'elle apperçoit quelqu^in , ou s'en-
dts Serpens. 6 j
fuit avec tant de précipitation que
c'eft de-là que vient fon nom de Cou-
rejfet ou Courerejfe (û).
(à) Rochifort ^ hijl* iu Aittiîlit, Lyw « l66j f
vol* I i ap4.
6 8 HiJÎQire Naturelle
LA MOUCHETÉE (a).
C’est un très-beau Serpent , & dont
les habitudes diffèrent beaucoup de
celles de la Nalique, du Boiga , &
d’autres Couleuvres qui fe tiennent fur
les arbres : il paffe fa vie dans des
trous fouterrains , où il trouve apparem-
ment, avec plus de facilité qu’ailleurs,
les vers & les infeétes dont il fe nour-
rit. C’eft dans la Caroline qu’il a été
obfervé par MM. Catefby & Garden,
& iorfqite , dans les mois de Septembre
& d'Oéfobre, on fait,' dans cette con-
trée, la récolte, des patates on le
trouve, fouvent dans des cavités auprès
(«) Le Moucheté. M, d’Aubenton, Encychpéiit
ViéthodiquQ.
Cel. Guttatus. Linn. amp/ilh* Ssrpetit,
Le Serpent à Chapelet. Catesby^ hifl. natur, ie
la Caroline^ vol, 2 , planche 6c. Nous avons déjà
prévenu qu^ilné faüoit pas confondre cette et'pèce
avec celle à iaqtielie nous avons donné ie nom de
Chapelet,
/
des Serpens.
âcs racines de ces plantés qui, peut-être,
fervent de nourriture à û petite proie
Son corps eft cependant très-menu en
proportion dé fa longueur , & il eft
en tout conformé, de manière à pou-
voir parcourir les rameaux des arbres
les plus élevés , avec autant de rapidité,
que la plupart des Couleuvres qui vi-
vent dans les forêts & fur les plus hau-
tes branches, tant il eft vrai que les
habitudes des animaux font le réful-
tat , nonrfeiilement de leur conforma-
matîon^ mais de plufîeurs circonftances
qif il eft fouvent très-difticiie de devi--
ner.
Le deffus du corps de la Mouchetée ,
eft d\m gris livide , & préfente de
grandes taches d'un rouge très- vif,
arrangées longitudinalement -, on voit dé
chaque côté un rang de taches jaunes,
qui eorrefpondent aux intervalles des
taches rouges, & fouvent une bande
longitudinale noire. Le deiîous du
corps préfente des taçhes noires, quar^
Opw ,1 iiii I I
faj Çates^/ p vol* 2 p 6o,
JO HiJIoîre Naturelle
rées , & placées alternativement à droite
& à gauche.
Cette efpèce n^’eft pas venimeufe;
elle a ordinairement deux cent vingt-
fept grandes plaques, & foixante paires
de petites.
/
des Serpens,
7*
LA CAMUSE (a),
M. tE Docteur Garder a fait con*
noître cette efpèce , qu’il a obfervée
dans la Caroline, & dont il a envoyé
un individu à M. Linné. Elle a la tête
arrondie , relevée en bofle , & . le mu-
feau court, ce qui l’a fait nommer par
M. Linné , Coluher fimus , Couleuvre
Camufe. On voit, entre les yeux de
ce Serpent , une petite bande noire &
courbée fur le fomraet de fa tête ,
paroît une croix blanche, marquée au
milieu d’un point noir. Le deflus du
corps eft varié de noir & de blanc,
avec des bandes tranfverfales de cette
dernière couleur, & le deflous du corps
eft- noir.
Cette efpèce à cent vingt-quatre gran-
des plaques & qaàranterfix paires de
petites.
Le Camus. M, d” Aubenton , EHcydojiédie
thodiqtie.
Coi. Simus. Liiiii. (impUb. Serpentes,
HiJIoire Naturelle
LA STRIÉE (a).
Nous NE coNNoissoNS ccttc Coiileuvre
que par ce qu’en a dit M. Linné’, le
nom qu’elîe porte lui a été donné à
caufe des diverfes ftries que préfente fon
dos , & qui doivent être produites
par la forme des écailles , relevées vrar-
femblablement par une arête longitu-
dinale. Ce Serpent ne parvient point à
une grandeur confidérable le deffus
de Ton corps eft brun & le deflbus
d’une couleur pâle ’, fa tête eft couverte
d’écailles liftes. On le trouve à la
Caroline, & c’eft M. le Dofteur Garden
qui a envoyé à M. Linné des individus
de cette efpèce ( b ).
Il fe pourroit qu’on dût regarder
(fl) Le Strié. M. EncyclopéiU mé^
thodiqut.
Coi* Strialuîus. Litm» amphip. Scrp»
(b) La Striée a cent vingt- fîx grandes pîaques &
qjLiarante'Cinq paires de petites.
comme
des Serpens. 75
fomme une Couleuvre Striée , un Ser-
pent de la Caroline figuré dans Catelby
(vol. 2, planche 46) (û)f ce Serpent
a, en effet, les écailles du dos relevées
par une arête , le fommet de fa tête
•garni de neuf grandes écailles liffes , le
rieflus de fon corps brun, & le dclî'ous
d'un roüge de cuivre , altéré par l’ef-
prif-de-vin nu par quelqu’autfe caufe »
peut aifément devenir , après la mort
'de l’animal , la couleur pâle indi-
quée par M. Linné pour le délfous du
corps de la Striée. Ce Serpent figuré
dans Catesby , - fe tient fouvent dans
reau, &, fuivant ce Naturalifte, doit
fe nourrir de poifîons •, il dévore aufïï
les oifeaux & les autres petits animaux
dont il peut fe rendre- maître; fa har-
‘dielîe eft 'aufîi grande que fes mouve-
mens font agiles.; il entre dans les baf-
fe-cours,‘y mange la Réunie volaille,
& y fuce les œufs , mais il n'eft point
venimeux.
(a) The Copper-Belly Snalce. Serpent à ventre
couleur de cuivre. Çausby, hift. naiHu de la Caro-
litiCy uol. 2 , pag» 46-
Serpens, Tome IV. D
74 Hifoit*e Naturelle
LA PONCTUÉE
Cette CotTLEt7VB.E préfente ordinaire?*
ment trois couleurs*, le deflus de fon
corps eft d\iH gris cendré , le deffous
jaune , & , fous le ventre , on voit
neuf petites taphes ou points nops;
difpofés fur trois rangs de trois points
chacun. Cette efpèce habite la CarOf
line, OÙ elle a été obfervée par M. le
Dofteur Cardin.
La Ponétuée a cent trente- lïx grandes
plaques , & quarante-trois paires des
petites, ■
■l-ii I. ( I *11 I l W I» Mil
(a) Le Ponctué. M. d* Jabenton , Encyclopédie
méthodique»
Col* Punétatus* Lîmu amphihia Scrp^
15
des Serpens.
LE B LUE T (a).
G"e$t en Amérique qu'on trouve ce
Serpent, dont les couleurs préfentent
un aflortîment agréable &, pour ainfî
dire, élégant. Le defllis de fon corps
eft blanc, & les écailles qui garniiTent
le dos de cette Couleuvre, font ovales
& prefque mi-parties de blanc & de
bleu, le fommet delà tête eft bleuâtre;
ïa queue , très-déliée , fur-tout vers foa
extrémité, d'une couleur bleue, plus
foncée que celle du corps, & fans au^.
cune tache (b).
fa) Le Bluet. M, d'Auhcnton, Encyclopédie mâ*
thodique.
Qo\, CdCï\x\Qm. Limi. amphih. Serpent,
Amæih acad. p> 585, 31.
Sélfa , 2 » tab- 13 , pg» 3.
(b)Lt Biueta cent foixante-cinq grandes pîaqnes
jSî vingt-quatre paires de petites*
D if
7 (S Hijîoire Naturelle
LE VAMPUM (a).
Tel est le nom que ce Serpent porte
dans la Caroline & dans la Virginie,
füivant Catcfby, & il a été donné à
cette Couleuvre, à caufe du rapport
que les nuances & la difpofition de
fes couleurs ont avec une monnoie des
Indiens , nommée JVampwn. Cette
monnoie eft compofée de petites co-
quilles taillées d’une manière régulière,
& enfilées avec un cordon bleu &
blanc. Le deflus du corps du Serpent
eft: d’un bleu plus ou moins foncé ,
& quelquefois prefque noir fur le dos,
avec des bandes blanches tranfverfales ,
& partagées en deux fur les côtés-, le
deflbus du corps eft d’un bleu plus
clair , avec une petite bande tranf-
(a) Le Vtmpum* M- d*Aubenton, Encyclopédie
méthodique^
Col. Fafcîatus. Lînn. amphih» Serpent*
Cüicsèy , vol* planche 58*
des Serptns. 77
verfale brune fur chaque grande pla-
que *, & de toute cette difpofition de
couleurs, il réfulte des efpèces de ta-
ches , dont la forme approche de celle
des coquilles taillées, qui fervent de
iiionnoie aux Indiens.
La Vampum parvient jufqu’à cinq
pieds de longueur -, il n’eft point veni-
meux, mais vorace, & il dévore tous
les petits animaux , trop foibles pour
lui rélîfter. Sa tête eft petite, en pro-
portion de fon corps', elle eft couverte
de neuf grandes écailles, & celles du
dos font ovales & relevée par une
arête (a).
(a) Le Vampum a cent vingt- huit grandei
plaques & foixante-fept paires de petites. Un jeune
individu de cette eipèce , confervé au Cabinet
du Roi, a un pied dix pouces de longueur totaJe,
& fa queue eft longue de fix pouces.
7 8 Hijîoire Naturelle
LE CO B E L (a).
Cetts Couleuvre fe trouve en très-*
grand nombre en Amérique. Elle eft
d\in gris cendré , & prélente un grandi
nombre de petites raies blanches, &
placées obliquement , relativement à
3’épine du dos. Quelquefois elle pré-
sente aufli des bandes tranfverfales &
fjlanchâtres. Le deflous du corps eft
blanc*, le ventre traverfé par un grand
.nombre de bandes noirâtres , & iné-
égaies, cpiant à leur largeur*, & bon
:Voit derrière chaque œil , une tache
r
fa) Le Cobe!« M. d^Auhùnton^ Encyclopédie, mi’*
^jdujuC'
Cüi. Cübella* Linn. amphih^ Serpefît.
Jmanit. jead. 505, 14 ; 531-, 4 , 583,
£8.
Cerafies Cobella , 172, Laurenti , Spteimm Me-
iicum»
ies Serpens.
S’une couleur un peu livide, & placée
obliquement comme les petites raies
du dos. ■
Le fommet dé la tête eft couvert
de neuf grandes écailles difpofées fur
quatre rangs, & cette Couleuvre a
cent cinquante grandes plaques , Sc
cinquante-quatre paires de petites. Un
individu de cette efpèce , que nous
avons décrit , avoit un pied quatre
pouces neuf lignes de longueur totale,
& fa queue étoit longue de trois pou^
•es dix lignes.
P 17
s 6 Hiftvire Naturelle
LA TÊTE-NOIRE (a).
Ce Serpent a , en effet , la tête noire ,
& le deflus du corps brun -, il préfente
quelquefois des taches blanchâtres, Sc
placées tranfverfalement. Le defllis du
corps eft varié de blanchâtre, & d'une
couleur très-foncée, par taches , dont
la plupart font placées , tranfverfalement
& ont la forme d’un parallélogramme.
Les écailles qui couvrant la tête , font
grandes au nombre de neuf, & difpo-
lées fur quatre rangs. Celles qui gar-
niflent le dos, font ovales & unies.
La Tête-Noire fe trouve en Amérique,
& elle a ordinairement cent quarante
grandes plaques, & foixante-deux paires
de petites (b).
(a) La Têce-nofr£- M. d’Aubenton , Encyclopédit
mcthodiïjuff*
Col. Melanocephalus. Linih amphib. Serp*
Muf, Jd- fr- I, 24, tabu, 15 ,fig*
(b) Un individu de cette efpèee, confervd au
Cabinet du Roi, a deux pieds un pouce fept
lignes de longueur totale , & quatre pouces iîx
lignes depuis Panus jufqiEà l’extrémité de
queue*
des Serpens.
îi
JL’ANNELLÉE
Cette. Couleuvre habite la Caroline,’
ainh que Saint-Domingue , d’oû xui
individu de cette efpèce a été envoyé
au Cabinet du Roi. Ces noms de di-
verfes parties de l’Amérique, voi fines
des Tropiques, retracent toujours l’image
de terres fécondes, qu’une humidité
abondante & les rayons vivifiants du
folcil couvrent fans celle de nouvelles
prodiK^ions bien plus précieufes & moins
funeftes , que les métaux trop recher-
chés quelles cachent dans leur fein.
L’art de l’homme ne doit , pour airiiï
dire, dans ces terres fertiles, que mo-
dérer les forces de la Nature. Ce qui
■appartient à ces climats favorifés, atti-
rera donc toujours l’attentiony, nous
n’avons pas befoin de chercher à i’en-
(aj L’Anneilée. M, d'/iuèenton Sncyclojiâis
mièthodiqui.
4Iol. DcJiatus. Limh amphibn Serp,
D T
8 2 Hijîoire Naturette
yironner d'ornemens étrangers 5 pour
faire defîrer de îe connoître, & les
perfonnes même qui n'auront pas ré-
foiu de fuivre THiftoire naturelle ]\\C-
ques dans fes petits rameaux/ feront
toujours bien aifes d'obferver, en quel-
que forte 5 de près tous les objets que
î'on rencontre dans ces belles & loin-
taines contrées.
L'Anneliée eft d'un blanc ordinaire-
ment affez éclatant , & préfente des
bandes trahfverfales noires, ou prefqiie
noires, qui s'étendent fur le ventre,
& forment des anneaux autour du
corps*, mais la partie fupérieure & la
^partie inférieure de ces anneaux ne fe
correfpondent pas exaélement. Quel-
quefois une petite bande longitudinale,
d'une couleur très-foncée , règne le
long du dos *, le cou eft blanc , le
deifus de la tête^ prefque noir, &
garni de neuf grandes écailles & le
dos eft couvert d'écailles unies & en
lofange. Un individu de cette efpèce,
qui fait partie de la colleétion du
Roi 3 a fept pouces quatre lignes de
longueur totale , & un pouce cinq
ies Serpens, S 3
îignes depuis l’anus jufqu’à l’extrémité
de la queue.
L’Annellée n’a point de. crochets
mobiles {a).
(a) Elle a le plus fouvent cent foixante quatre
grandes plaques & quarante-trois paires de petites*
s 4 HiJIoire Naturtïïe
LVAURORE (a).
ILes couiEURS de cette Couleuvre
peuvent la faire diftinguer de loin ;
aine bande longitudinale , d’un beau
jaune , règne au - deflus de fon corps ,
Sc paroît d’autant plus vive, que le
fond de la couleur du dos eft d’un
gris pale, & que fouvent, chaque écaille
«comprife dans la bande , eft bordée
d’orangé. Le deflus delà tête eft jaune,
avec des points rouges , & -c’eft ce
mélange d’orangé , de rouge & de
jaune, qui a fait donner à la Cou-
îeuvre Aurore le nom qu’elle porte.
Ce Serpent fe trouve en Amérique,
& a cent foixante-dix-neuf grandes
plaques , & trente-fept paires de pe-
tites.
(a) L’Aurore- Af- d' Aubenton , Encydoféiie ntt-
^hoiiquz-
Goî. Aurora- Lirui> amphih» Serpent»
Muf, Ai» fr» Pt 25, tab. ï.
Ceraftes Aurora. 169, Laurenti ^ Specimen Me-
Æcum^
J.aculu^ ^éba^ muf 2, tab» 78 , fig» g-
des s erpens.
LE DARD (a).
Cette Couieuvre a beaucoup de rap-
ports , fuivant M. Linné , avec la
rayée. Elle eft d’un gris cendré, avec
une bande noirâtre, dont les bords font
d’un noir foncé , & qui s’étend au-
deffus du dos , depuis le nuifeau jufqu’à
l’extrémité de la queue. Une bande
femblable , mais plus étroite , règne de
chaque côté du corps , dent le deflbus
eft blanchâtre. Ce Serpent a été vu à
Surinam {b). Il eft bon d’obferver que
ce nom de Dard ( Jacuius ) a été donné
à plufieurs Serpcns , tant de l’ancien
que du nouveau Monde , à caufo de la
faculté qu’ils ont de s’élancer , pour
ainfî dire , avec la rapidité d’une flèche.
(a) Le Dard. M. i’Aahmtm , Encyclopédie mé-
tàodique*
Co!. Jacuîatrix., Linn. amjjhib. Serj)ejit*
Gronov» muf 63 9 iV.° 26.
Xequipües. Séèa^ muf 29 tab* 1 9 figo 9*
QJ Le Dard a cent foixante-trois grandes plaque*
& ibixante-dix-fept paires de petites.
Hijioire Naturelle
Î6
LA LAPHIATI (a).
Tel est Le nom que Ton a donné,
dans rAmérîque mérîdionale y à cette
Couleuvre du Bréfil , dont les couleurs
font très-belles , fuivant Séba. M. Linné
qui fa décrite, lui en attribue de moins
brillantes mars , peut-être , les nuances
de rindividu qu'il a cbfervé , avoient-
elles été altérées; Selon ce Naturalifte,”
la Laphiatf eft grife, avec des bandes
tranfverfales blanches , qui fe divifcnt
en deux de chaque côté. Si les quatre
extrémités de ces bandes fe réuniflent
avec celles des bandes voifines , la
diftribution de couleurs indiquée par
M. Linné , fera à-peu-près femblable
à celle dont parle Séba : mais ce
(a) La Lofange. M. d*Jubentoii , Encychpéik
thodigue»
Col. Auîicus. Liim. amphib. Serp.
Muf AdoL fr. p. Î29 , tabu. 12 , fig, 2.
Natrix Aulica, 148 , Laurenti Specimm
Séba, mitf, i , tab, 91 > 5»
des Serpens, 8 7
dernier Auteur fuppofe du roux à k
place du gris ^ & du jaunâtre à k
place du blanc.
Le fommet de k tête de k Laphiati
efl blanc. Cette Couleuvre a cent quatre-
vingt-quatre grandes plaques , & foixante
paires de petites^
5 8 Hyîotrc Naturelle
LA NOIRE ET FAUVE (a).
Le nom de cette Couleuvre défigne
fes couleurs > fon corps eft entouré ,
en effet, de bandes traûfverfales noires,
ordinairement au nombre de vingt-deux,
& d'autant de bandes fauves , bordées
de blanc ^ & tachetées de brun , placées
-alternativement. Le mufeau , & la partie
fupérieure de la tête , font quelquefois
noirâtres. La queue de ce Serpent eft
très-courte, & n'a guères de longueur,
que le douzième de la longueur du
corps. On trouve la Noire & Fauve à
la Caroline , ou elle a été obfcrvée
par M. Garden. Elle a deux cent dix-
huit grandes plaques , & trente-une
paires de petites {b).
(a) Le Noîr & Fauve- M. d* Aubtnton Eacyclo^
,pédie méthodique,
îÆaî. Fulvus. Linn. amp hlL Serpent.
(b) Le fommet de fa tête eft garni de neuf
grandes écailles^ fon dosl’eft d’écailles hexagones
ék unies. Une Noire & Fauve confervée au Cabinet
du Roi , a un pied onze pouces de longueur totale ^
& .fa queue eft iongue de deux pouces.
des Serpens.
«9
LA CHAINE (aj,
Catesby a donné la figure de ce Ser-
pent qu’il a vu dans la Caroline , &
qui y a été enfuite obfervé par M. le
Doéteur Garden. Le defl’us du corps
de cette Couleuvre eft d’un bleu prefque
noir, avec des bandes jaunes tranfvcrfales
très-étroites , & compofées de petites
taches , qui leur donnent l’apparence
d’une petite chaîne. Le deflous du
corps eft de la même couleur bleue ,
avec de petites taches jaunes , prefque
quarrées.
La longueur de la queue de ce
Serpent n’eft ordinairement qu’un cin-
quième de celle du corps j l’individu
faj La Chaîne. M. i‘Aubtnun , Encytlojpidit mi-
thediquê.
CoL Gctuîus- Limu amphib» Serpent*
The Chain Snake> Serpent à chaîne- Cateshy^
ioL 2 , planche 50-
5 O Mijîoire Naturette
décrit, pat Catefby , avoit à-peu-prés
deux pieds &: demi de longueur
totale {a)*
(a) La Ch^ne a «ieux cent quinae grandtl
plaques & quarante paires de petites*'
àes Serpens,
^ ï
LA RUB ANNÉE (a).
Plusieurs raies en forme de rubans ,
& d\ine couleur noire, ou très-foncée,
s'étendent aiudefllis du corps de cette
Couleuvre , fur un fond blanchâtre •,
les grandes plaques qui revêtent le
deffous du ventre , font bordées de
brun -, & l'on voit , fous Ir queue ,
une petite bande longitudinale blanche
& dentelée. La tête eft noire , avec de
petites lignes blanches & tortiieiifes ;
elle eft d'ailleurs très-alongée , large
parderrière , 8c femblable , en petit , à
la tête d'un chien , de même que celle
du molure, de la Couleuvre Double-
fa) Le Moqueur. M» d^Aubenton , Encyclopédie
méthodique.
Cof« Vittatus. Lîm. amphïb> SerpenU
Muf Aâ< fr< P* 26 , tab, l8 , 2.
Groiiovius j miif^ 2 > iV.^
Natrix Vittata. 147. Laurenti^ Specimen Medieim^
Séba, muf 2, tab. 45, fig. 5^ 6» tak* 6®, 2^
^ 3*
9 1 Hijîoire Naturelle
Tache , & de plufieurs Boa. Les écailles
qui recouvrent ie dos , font ovales &
petites {a).
La Rubannée fait entendre un lïf-
flement plus fort que celui de plufieurs
autres Couleuvres , lorfqu’elle eft effrayée
par la préfence foudaine de quelque
objet *, c’eff ce fifïlement que quelques
Voyageurs ont appellé une forte de
rire moqueur , ou l’expreflion d’un defir
affez vif d’être regardée & admirée
pour ïes couleurs {b)\ & c’efl: pour
indiquer quelle efpèce avoit donné lieu
à cette erreur , que M. d’Aubenton a
appliqué à la Rubannée , le nom de
Serpent moqueur , dont on s’étoit déjà
fervî pour défigner plufieurs Serpens.
La Rubannée fe trouve en Amérique,
& peut-être auffi en Afie.
(a) Cette Couleuvre a ordinairement cent qua^
rante-deuat grandes plaques 3e foixante-dix-huit
paires de petites.
(bj Séha, 2, fag.
des S erpens.
m
LA MEXICAINE fûj.
M. Linné a nommé ainlî une Cou-
leuvre dont il a parlé le premier. Elle
fe trouve en Amérique, & vraifembla-
blement au Mexique. Elle d®it, comme
les autres petits Serpens , y fervir de
proie à l’hoazin , efpèce de faifan ,
qui habite les contrées de l’Amérique
feptentrionale , voifines des Tropiques ,
& qui fait la guerre aux Serpens , de
meme que les aigles , les ibis , les
cigognes , & plufieurs autres oifeaux.
Dans les pays encore très-peu habités,
où une chaleur très-forte , & des eaux
ftagaantes , fources de beaucoup d’hu-
midité , favorifent la multiplication des
divers Reptiles , il efl: avantageux ,
fans doute, que les Serpens venimeux,
& dont la morfure peut donner la
('aj Le Mexicain. M. J^jiuéeneortf Encyclopiâit
méthodique.
Col* Mexicanus. Lian* amphiL Scrp^
P 4 Hi/!oire Naturelle
mort 5 foient détruits en très-grand
iionibre-, on devroit dcfirer de voir
anéantir ces efpèces funeftes ^ & il n"eft
point furprenant que les oileaux qui
en font leur pâture , que les ibi$ , en
Egypte ^ les cigognes^ dans prefquc
toutes les contrées , & particulièrement
'en Theflalie {a) y aient été regar'dés
comme des animaux tutélaires, & que
îa Religion & les Loix fe foient réunies
pour les rendre , en quelque forte ,
facrés. Mais pourquoi ne pas laifler
fubfifter les efpèces, qui, ne contenant
aucun poifon, & ne jouiflant pas d'une
grande force , ne peuvent être dange-
reufes ? Pourquoi ne pas les laifler mul-
tiplier^ fur-tout auprès des campagnes
cultivées , qu'elles délivreroient d\in
grand nombre d’infeétes nuifibles, 8c
où elles ne pourroient faire aucun
dégât , puifqu'elles ne fe nourriflent
pas des plantes qui font l'efpoir des
Cultivateurs ^
Parmi ces efpèces , plus utiles qu'on
ne l'a cru jufqu'à préfent , l'on doit
(aj Plim, Uv- ïo, chap. ^3,
des Sefpens.
tbmpter la Mexicaine, puifqite, fuîvant
M. Linné, ellè n’eft point venimeufe,
& qu'elle ne parvient pas à une grandeur
confldérable. Elle a cent trente-quatre
grandes plaques , foixante-dix-fept
paires de petites. C'eft tout ce que
M. Linné a publié, de la conformatioa
de ce Serpent,.
HiJIoire Naturelle
LE SIPÈDE (a).
Ce Serpent a été obfervé par M. Kalm ,
dans l’Amérique feptentrionale. Sa cou-
leur eft brune, & il a ordinairement
eent quarante-quatre grandes plaques,
& foixante-treize paires de petites.
(aj Le Sipède* M> d* uhenton , Encyclopédie
thodicjm»
Cal. Sipedon. Linn. amphïhuu Scrp.
I;
LA VERTE ET BLEUE.
des Strpens.
LA VERTE ET BLEUE (a).
Cette C oul eut re refTemble beau-
coup 5 par fa conformation , an Boiga;
elle en a les proportions légères*, mais
elle n’en préfente pas les couleurs bril-
lantes. Celles qu’elle ofîte , font ce-
pendant très-agréables. Le deffus de fou
corps eft d’un bleu foncé fans aucune
tache ^ &Je deflous , d’un vert pâle.
Ce Serpent ne parvient pas ordinai-
rement à une longueur coniidérable.
Sa longueur totale eft communément
de deux pieds, & celle de fa queue,
de fix pouces. II a le fommet de la
tête gani’ de grandes écailles , le dos
couvert d écaillés ovales & unies, cent
dix-neuf grandes plaques, & cent dix
paires de petites.
fa) Le Vert & Blçu. M, d*J[uhent9ii , Encych%
pidk méthodique*
CoL ÇyaneuSi Lbm* amphih. SerpenL
Lit!* Am.ttuL Surinam* grill* ic.
Séb* Jiwf, 2 , tab. 43 ,^0 2.
Sepens. Tome IV. E
^8 Hijïoire Naturelle
On trouve la Verte & Bleue en
Axnérique. M. Linné l’a placée par-
mi les Couleuvres qui n’ont pas de
venin.
des Serpens,
99
LA NÉBULEUSE (a).
Les couleurs de cette Couleuvre ne
font pas très-agréables, & c’eft une de
celles que Ton doit voir avec le moins
de plaifir. Elle a le defliis du corps
nué de brun & de cendré, le délions
varié de brun & de blanc. C’efl; donc
le brun qui domine dans les couleurs
qu’elle préfente , fans qu’aucune diftri-
bution fymmétrique , ou qu’aucun con-
trafte de nuances , compenfe l’elFet des
teintes obfcures que l’on voit fur ce
Serpent.
La Nébuleufe habite l’Amérique ;
& elle a ordinairement cent quatre-vingt-
cinq grandes plaques , & quatre-vingt-,
une paires de petites.
fa) Le Nébuleux. M^ d* A ub ai ton , EncyclopédU
méthodique.
Coi. Nebuîatus. Limu amphib^ Serpent*
Muf Jd*fr.p* 32, ta b. 24, I.
Ceraftes Nebuiatus, 174, Laureuti Sptcimcn
dicum*
Eij
loo Hijfeire Naturelle
Elîe n’eft point venimeufe , fiiivant
M. Linné-, mais il arrive quelquefois,
que lorfqu’on pafle trop près d'elie,
& qu’on l’excite ou l’effraie, ellç fe
dreflê, s’entortille autour des jambes,-
& les ferre aflez fortement (a).
(a) Voyez, à ce fujet, Laurent, à l’endiçài
cité,
dès Sejfms4
to^
LE S A U RITE (û)4
Ce Se rpînt a beaucoup de rapports
avec les lézards gris & les lézards verts ^
non-feulement par les nuances de fes
couleurs 5 mais encore par fon agilité^
& voilà pourquoi il a été nommé
Saurite , qui vient du mot grec Sauras
(lézard). Son corps ell très-délié; les
proportions font agréables , & on doit
le rencontrer avec d'autant plus de
plaifîrj> qu'étant très-aélif, il réjouit la
vue par la rapidité & la fréquence de
fes mouvemens.
Le Saurite eft d'un brun foncé avec
trois raies lonaitudinaîes blanches ou
vertes , qui s’étendent depuis la tête
jufqu au-defîus de la queue-, il a le
("nJ Le Saurite. M. d*Juhentoii , Encyclopédie ni^
thodique,
GoL Saurita» Linn, amphib* Serpent*
Catesbyy yoL 2 , planch* 52*
lOi
Hijloire Naturelle
Ventre blanc, cent cinquante-fix grandes
plaques , & cent vingt-&-une paires de
petites.
On le trouve dans la Caroline", il
n’eft point venimeux.
iîs Serpens,
iô3
LE LIEN (a).
C/ETtE ESPÈCE de Serpent eft très^
répandue dans la Caroline , & dans la
Virginie , où elle a été obTervée par
MM. Catefby & Smyth. Elle a le def-
fus du corps d’iin noir très-foncé &
très-éclatant ; le deflb us d’une couleur
bronzée ou bleuâtre , quelquefois la
gorge blanche, & les yeux étincela ns.
Cette Couleuvre parvient à la longueur
de fîx ou fept pieds. Elle n’eft point
venimeufe , mais très-forte, fe défend
avec obftination lorfqu’on l’attaque ,
faute même contre ceux qui l’irritent ,
s’entortille autour de leur corps ou
de leurs jambes, & les mord avec
^aj Le Serpent Lien. M. d*Aubenton^ Èncyelo-
pèdie méthoiique*
Col* Conftriétor. Liiiih ampklb* Serpent-
Catesby , Carol. 2, planche 48.
Kaim, it* ^ , p. 136.
S y tlu Voyage dans les Etats 'Unis de l* Amérique
feptentrionak^
E iv
104 Hijloire Islûturelîe
acharnement y mais fa morfiire n’eü:
point dangereufe. Elle dévore des ani-
maux aflez gros , tels que des écureuils*,
elle avale même quelquefois les petites
grenouilles tout entières , & comme
elles font très- vivaces, on la vue en
jrejeter en vie (a). Elle fe bat avec
avantage contre d'autres efpèces de
iSerpens aflez grands, & particulière-
ment contre les Serpens à fonnettes,
auxquels elle donne la mort , en fe
pliant en fpirale autour de leur corps,
fe contraftant avec force, & les fer-*
Tant julqu à les étouffer.
La Couleuvre Lien fait auflî la guerre
aux rats & aux fouris, dont elle pa-
roît fe nourrir avec beaucoup d'avi-
dité , & qu'elle pourfuit avec une très-
grande vîtefle , jufques fur les toits
des maifons & des granges. Elle eft
par-là très-utile aux habitans de la
Caroline & de la Virginie *, elle fert
même plus que les chats à délivrer
leurs demeures des petits animaux
deftruéleurs qui les dévafteroient , parce
{^ij M, Sinythy à V endroit déjà
des Serpens. lo^
que fa forme très-alongée, & fa fou*
plefle , lui permettent de pénétrer dans
ies petits trous , qui fervent d’afyle
aux fouris ou aux rats. Auffi plufîeurs
Américains cherchent-ils à conferver ^
& même à multiplier cette efpèce {a).
(aj Le Lien a cent quatr-e-vingt-fix grandes
plaques, & quatre-vingt-deux paires <le petites.
Et
ïO(? Hijloirc NûturtlU
LE SIRTALE (a).
M. Kai.m a obfervé, dans !e Canada,
Cette efpèce de Couleurre, dont les
Couleurs, fans être très-brrllantes , font
allez agréables, & relîemblent beau-
coup à celles du Saurite^ elle a le
delîus du corps brun , avec trois raies
longitudinales, d’un vert changeant en
bleu. Le dos paroît légèrement ftrié,
fuivant M. Linné, ce qui fuppofe que
les écailles qui le couvrent, font rele-
vées par une arête.
Le Sirtale a cent cinquante grandes
plaques , & cent quatorze paires de
petites. *
(a) Le Sirtale. M. d’Juhmm , Encychpidit mé-
ihod'ique,
Ct)i*,SirtaUs. Linn. amphib. Serpent,
des Serpens. 107
LA BLANCHE ET BRUNE {d).
Cette Couleuvre habite rAmérique.
Le deffiis de fon corps eft d\ine cou-
leur blanchâtre, avec des taches bru-
nes , arrondies , & réunies deux ou
trois enfemble , en plufieurs endroits ;
on en voit deux derrière les yeux. Le
deflous de fon corps eft d’un blanc ,
tirant plus ou moins fur le roux. Elle
a le fommet de la tête garni de neuf
grandes écailles, difpofées fur quatre
rangs, le dos couvert d’écailles liftes &
ovales , cent quatre-vingt-dix grandes
plaques, & quatre-vingt-feize paires de
petites.
La Blanche & Brune n’a point de
(a) Le Bai-rouge. M. d’Jubenm , F.ncyclofiik
méthodique.
Ccîi. Annulîatus. Linu> amphib. Serpent,
Id, Amxnit- amphlb. Gilleiib. p, 534 ? 9} muf^^
jprâc. 586, 34.
Séba , o',uf. 2 , tab. 38 j fg. 2.
E vj
loâ lîi^mre Naturelle
crochets mobiles. Un individu de cette
cfpèce , confervé au Cabinet du Roi ,
a un pied fix pouces de longueur to-
tale, & fa queue eft longue de quatre
pouces fix lignes.
des Serpens. 105
A
LA VERDATRE (a).
Leî couleurs de cette Couleuvre
font très-agréables, mais fa douceur eft
encore plus remarquable. Le defloiis de
fon corps cft d\in vert plus ou moins
clair, ou plus ou moins mêlé de jaunes
le defîiis eft bleu, fuivant M. Linné (^)5
& vert, fuivant Catefby , qui Vz
obfervée dans le pays quelle habite.
C'eftdans la Caroline qu'on la rencontre.
Auffi déliée, aiiffi agile que le Bcaiga,
elle peut , comme lui , parcourir les
plus légers rameaux des arbres les plus
élevés •, & c'eft fur les branches qif elle
paiîe fa vie, occupée à pourfiiivre les
(a) Le Verdâtre. M. d' Aubenton , Encyclopédie
méthodique»
Côl. Æftivus. Limi, amphih. Serpent.
, The Green Snake,le Serpent vert. Catesby^
CaroL 2 ^ planche 57*
(i) M. Linné cite, au fujet de cette Couîeuvre:,
M. le Doéteur Garden^ qui l a vue dans la Ca-
roline*
I I O Hijîoire Naturelle
mouches & îes petits infedes dont elle
fe nourrit Elle eft fi familière , & l'on
fiit fi bien, dans la Caroline, combien
peu elle eft dangereufe, que, fuivant
Catefby, on fe plaît à la manier, &
que plufieurs perfonnes la portent fans
crainte dans leur fein. N'étant vue
qu'avec plaifir , on ne cherche pas à
la détruire *, auffi eft-eile très-commune
dans la plupart des endroits garnis
d arbres ou de^ buifibns-, & ce doit
être un fpeétacle agréable, que de voir
les innocens animaux qui compofent
cette efpèce , entortillés autour des
branches , fufpendus aux rameaux ,
& formant, pour ainfi dire, des
guirlandes animées au milieu de la
verdure & des fleurs , dont Téclat
ii’efFace point celui de leurs belles
écailles.
La Verdâtre a cent cinquante -cinq
grandes plaques , & cent quarante-
quatre paires de petites. La longueur
âe la queue eft ordinairement un tiers
de la longueur du corps -, & les écailles
du dos ne font point relevées par
une arête.
des Serpens.
ï 1 1
LA VERTE (a).
CjE nom défigne très-exaélement îa cou-
leur de cette Couleuvre , dont le deflus
& le deflous du corps font en effet d’un
beau vert , plus clair fous le ventre que
fur le dos. Ce Serpent a le fommet de
la tête couvert de neuf grandes écailles ,
difpofées fur quatre rangs -, le delfus
du corps garni d’écailles ovales & unies;
deux cent dix-fept grandes plaques, &
cent vingt-deux paires de petites. Ses
mâchoires ne font point armées de
crochets mobiles, & un individu de cette
efpèce , confervé au Cabinet du Roi,
a deux pieds deux pouces neuf lignes
de longueur totale , & fept pouces une
ligne depuis l’anus jufqu’à l’extrémité
de la queue.
(a) Le Vert. JM. â*Auhentofi , Encyclopédie mé^
thodiq^e
Col. Viridiflimus. Lhin. amphth. Serp.
Nuf Ad. fro 2, p.
i î i HiJIoire Naturelle
LE CE NC O (a).
Ce Serpent a la tête tres-groffe à
proportion du corps : elle eft d'ailleurs
prefque globiileufe , fe angles étant
peu marqués, & la couleur de cette
partie eft blanche , panachée de nôîr.
Le Cenco parvient quelquefois à la
îongueur de quatre pieds , fans que fon
corps , qui eft très-délié , fort alors
beaucoup plus gros qu'une plume de
cygne* La longueur de la queue eft
ordinairement ég le au tiers de celte
du corps* Le Cenco a le fommet de latcte
couvert de neuf grandes écailles^ le
dos garni d'écailles ovales & iixnes,
îe deffus du corps brun , avec des taches
(a) Le Cenco* M. d^Auhenton , Eticydo^dik *««-
Modique.
Col. Cenchoa. Linn, amphlh» Serpent*
Id, Amicnit^ p. 588 ^ 37.
Cencoatl , Teconde efpèce. Dictionnaire d*àifi*
ftatuT. P T M. Valmont de Bomare,
Séba^ miif. 2, (aô, 16 y fig. 26* 3,
(û) Il â deux cent vingt grandes plaques ^ &
cent vingt quatre paires de petitts»
blanchâtres , ou d'üii brun ferrughieuxs
accompagnées, dans quelques individus 5
d'autres taches plus petites , mais de la
même CGiileur , & quelquefois avec
plufieurs bandes tranfverfales & blanches.
Î1 le trouve en Amérique , & il y vit
de v^ers & de fourmis (a).
I I 4 Hîjtoire Naturelle
LE CALMAR (a).
Cette Cox.ti,Eüvii.E eft d’une couleur
livide, avec des bandes tranfverfales
brunes , & des points de k même
couleur, difpofés de manière à former
des lignes. Le deflous de fon corps
préfente des taches brunes , comme les
points & les bandes tranfverfales , pref-
que carrées, & placées fymmétriquement.
On voit fur la queue une raie lon-
gitudinale, & couleur de fer.
Ce Serpent qui n’eft remarquable,
ni par fa conformation , ni par fes
couleurs , habite en Amérique , & a
cent quarante grandes plaques , &
vingt- deux paires de petites.
(û) Le Calmar^ JSL d* J ah ton , Encyclopédu
méthodique.
Col. Calamarius. Lîun, amphib. Scrpenu
Muf Ad. fr, 1% p, 23 ^ îab. 6, fis;. 3.
Anguis Calamaria , 127, Launnti , Spedmen Mc-
ilcum*
des Serpens. 1 1 j
L’OVIVORE (a).
M. Linné a donné ce nom à une
Couleuvre d’Améj-îquc , dont il n'a fait
connoître que le nombre des plaques*,
elle en a deux cent trois, & foixante-
treize paires de petites. II cite, au fujet
de ce Serpent , Kalm , faas indiquer au-
cun des Ouvrages de ce Naturaiifte , &
Pifon , qui , félon lui , a nommé
l’Ovivore Guinpuaguara , dans Ton
Ouvrage intitulé : Medicina Brajilienfis.
Pifcn y dit, en effet, que Ton trouve,
dans l’Amérique méridionale , un Ser-
pent qui fe nomme Guinpuaguara i
mais on ne voit, dans Pifon, ni dans
Marcgrave, fon Continuateur, aucune
defcription de ce Reptile , ni aucun
détail relatif à lés habitudes. M. Linné
(a) Le Guimpe. M. d^Jubenm , Encycîopéiie
méthodique*
Col. Ovivorus. Lim^ amphib* Serp,
1 1 d Hyioire Naturelle
a vraifemblableilientjîomirié cette Coiï-
leuVre Oyivoie ^ pour montrer <ju’eîîe
fe nourrit d'œufs , ainfî que piuiîeurs
autres Serpens & quelle en eft même
plus avide.
dts Serpens,
117
LE FER-A^CHEVAL
On voit, fur le corps de cette Cou-
ieiivre , un grand nombre de taches
ronfles, difpofées fur un fond de cou-
ieur livide. Le defîus de la tête pré-
fente des taches en croiffant , l’entre-
deux des yeux une bande tranfverfale
& brune , & l’occiput une grande
tache en forme d’arc ou de fer -à-cheval.
Telles font les couleurs de ce Serpent
d’Amérique , qui a deux cent trente-
deux grandes plaques & quatre-vingt
paires de petites.
L’on cenferve, au Cabinet du Roi,'
une Couleuvre qui a beaucoup de
rapports avec le Fer-à-cheval. JElle a
(a) Le Pep-à“çhevaî» Mf d^jiuhenten y Encyclof édit
méthadique»
Col. Hipp ocrepis. Xin«. Serpent.
Mujl Jd. fr- l , P* 36 , tabf l6 , fig* 2*
Nâuix Hippocrepis , 155* Laurent^ ^ Specimm
Medicum^
1 1 8 Hijîolre Naturelle
ic fommet de la tête garni de neuf
grandes écailles*, le dos couvert d^écailles
rhomboïdales & unies *, le deffus du
corps livide avec des tacSies brunes*,
quatre taches noirâtres & alongées de
chaque côté de la partie antérieure du
corps *, quatre autres taches noirâtres,
également alongées, placées fur le cou,
& dont les deux extérieures font
inclinées & fe rapppchent vers Toc-
ciput *, un pied dix pouces de longueur
totale •, quatre pouces fix lignes depuis
î’anus jufquà Textrémité de la queue*,
deux cent quarante-une grandes pla- i
ques , & foixante-dix-neuf paires de
petites -, elle n’eft pas venimeufe non
plus que le Fer*à-chevaL
des Serpens.
iip
L’ I B I B E (a).
Nous CONSERVERONS à ccttc Couleiivrc
îe nom à’ibibe qui lui a été dpnné
par M, d’Aubenton , & qui eft une
abréviation du nom Ibiboca^ fous le-
quel elle eft décrite dans Séba. Ce
Serpent a été obfervé, dans la Caro-
line, par MM. Catefby & Garden -, il
eft d’un vert tacheté, iuivant Catefby,
& bleu, fuivaut M. Linné, avec des
taches noires comme nuageufes. On
voit, de chaque côté du corps, une
rangée, de points noirs, placés ordi-
nairement à l’extrémité des grandes
plaques & quelquefois une raie d’un
vert foncé , ou , au contraire , d’une
{cl) L'Ibibe* M* aAnhenwij Encyclopédie mé^
thodique»
Coi» Ordinatus. Lum, amphih* Serp-
Camby^ Carol. i^p:p;^ ytab* 53,
Gronovins ^ muf. 37*
^éba , muf, z , tab. 2Q , 2-
X2Q HifiOire Naturelle
couleur aflez claire , s'étend le long
du dos.
Ulbibe a le fommet de la tête garni
de neuf grandes écailles-, le defliis du
corps couvert d’écailles ovales, & re-
levées par une arête -, cent trente-huit
grandes plaques , & foixante- douze pai-
res de petites.
Un individu de cette efpèce , qui
fait partie de la colleétion de Sa Ma-»
jefté, a deux pieds de longueur totale,
& fa queue eft longue de quatre pou-
ces dix lignes. La difpofition des gran-
des écailles, qui couvrent le dedous
de fa queue , n'eft pas la même que
dans les autres efpèces de Couleuvres-,
il préfente quatre grandes plaques en-
tre fanus ôc les premières paires de
petites.
Llbibe n’eft point venimeux-, il fe
glide quelquefois dans les bafle-cours ,
il y caffe & fuce les œufs, mais il
n'eft pas ordinairement aflez grand pour
dévorer même la plus petite voUille,
LA CHATOYANTE.
des Servtns, i i î
i
LA CHATOYANTE (a).
M* LE Comte de Rasoümowsky
nomme ainfi une petite Couleuvre, qui
fe trouve aux environs de Laufanne.
Eile parvient à un pied & demi de
longueur , & a la grofleiir d’une plume
d’oie ou de cy'gne-, elle eft luifante
comme fi elle étoit enduite d’huile;
le defTus de fon corps eft d’un gris
cendré, avec une bande longitudinale,
brune , formée de petites raies tranf-
verfales, & dilpofées en zig-zag; les
grandes & les petites plaques font d’ua
rouge brun , tachetées de blanc &
bordées de bleuâtre du côté de l’ex-
trémité de la queqq,^iCç$ plaques font
chatoyantes au graf|d|[jp,ft ; & produifent
des reflets d’un be^'^bleu. Les écailles
du dos le font aufîî , mais beauccàp
(aj L2l Chatoyante* HiJI* natur, du Jorat 6* de Je%
enuirons^par U Comte de Rafoumowsky, Laufanne f
1789 J voU I , pag* 122 y planche 6 , lettres a ht
&q>eiis , Tome IV, F
12 2
Hijioire Naturelle
moins. Une tache brune, un peu en
forme de cœur, eft placée fur le fom>
met de la tête, qui eft couvert de
neuf grandes écailles (a). Les yeux font
noirs , petits , animés , & l’iris eft
rouge.
On a rencontré la Chatoyante auprès
des eaux ou dans des foliés humides,
M. le Comte de Raloumowslcy ne la
regarde pas comme venimeufe.
('aj La Chatoyante a depuis cent cinquante-fix
jufqu’à cent foixante-une grandes plaques, Sç cent
treixe paires de petites.
des Serpens, 1^5
LA SUISSE (d).
C’est M. LE Comte de Rasoumowsky
qui a fait connoître cette Couleuvre ;
ii l’a nommée Couleuvre vulgaire; mais,
comme cette épithète de vulgaire a été
donnée à plufieurs efpèces de Serpens,
nous avons cru ne pouvoir éviter toute
confusion, qu’en défignant, par un
autre nom, le Reptile dont nous trai-
tons dans cet article. Nous l’indiquons
par celui du pays où il a été obfervé.
Il eft d’un gris cendré, avec de petites
raies noires fur les côtés; & l’on voit
fur le dos une bande longitudinale ,
compofée de petites raies tranfverfales,
plus étroites & d’une couleur plus pâle ;
le deflous du corps eft noir avec des
taches d’un blanc bleuâtre, beaucoup
(a) La Couleuvre vulgaire. Uijî- imtur. du Mont-
Jorat £5* de fes environs , par M, ie Comte de Rafoii-
mQumky , tom» i , p* 121 , ^ p- 288-
F ij
124 Hijloire Naturelle
plus grandes fous le ventre que fous la
queue [a).
La Couleuvre Suifîe parvient jufqu’à
trois pieds de longueur -, elle paroît ai-
mer îe voifinage des eaux & les om-
bres épaifles-, on la trouve dans les
foliés & dans les huilions qui croit-
fent fur un terrain humide i & on la
rencontre aulïi dans les bois du Jorat.
Elle dépofe fes œufs , en été , dans des
endroits chauds, & fur-tout dans du
fumier où elle les abandonne^ on a
alTuré à M. Rafoumowsky qu’ils étoient
attachés enfemble , & au nombre de
quarante-deux ou plusj ils font renfer-
més dans une membrane blanche ,
mince comme du papier, & qui fe
déchire facilement. Lé ferpenteau eft
plein de force & d’agilité en fortant
de l’œuf-, il a quelquefois alors plus
d’un demi-pied de longueur, & fes
couleurs font plus claires que celles des
(a) Les écailles du dos de la Couleuvre SuilTe
font ovales & relevées par une arête; elle a juf-
qu’à cent foixante-dix grandes plaques , & cent
vingt-fept paires de petites-
des ôerpens. î2j
Couïelîvi'es Siiifîes adultes. Le peuple
regarde ces Serpens comme venimeux (a) *,
mais ils , n’ont point de crochets mobi-
les leur mâchoire fupérieure eft
garnie de chaque côté d’un double
rang de petites dents aigues & fer-
rées. Ib).
fa) Hifi. natUT. du Mont’Jmt , f. 125'
(ij ldm,ibid-
Il 6 Hijloire Naturelle
L’ I B I B O C A (a).
Ce nom d’Ibiboca a été donné pat
ïes voyageurs & les Naturaliftes à plu-
fieurs efpèces de Serpens , très-différentes
Tune de l’autre ; nous le réfervons à
la Couleuvre dont il eft qpieftion dans
cet article, & qui a été envoyée fous
ce nom au Cabinet du Roi. C’eft dans
le Bréfil qu’on la trouve-, elle n’eft
point venimeufe , & nous allons la dé-
crire d’après l’individu qui fait partie
de la colleélion de Sa Majefté.
Elle a le deflus de la tête garni de
neuf grandes écailles y le dos couvert
d’écailies rhomboïdales , unies, grilatres
&■ bordées de blanc {b)--, cinq pieds
einq pouces fix lignes de longueur to-
tale-, un pied fept pouces une ligne
depuis l’anus jufqu’à l’extrémité de la
(a) Cobra de Corais, au Bréfil*
(^Zr^Lesécaüfesdudos font, en plufieurs endroits^
un peu réparées les unes de» autres.
des Serpens, itj
queue, cent foixante-feize grandes pla-
ques 5 & cent vingt-&-une paires de pe-
tites 4^).
/a) L’individu du Cabinet du Roi étoit m^le;
i! avoit été mis dans Pefpriude-vin pendant qut
fes deux verges fortoient par fon anus : chacune
eft longue de fix lignes & a fix lignes de dia-
mètre; lorfqu’elle s-épanouit, l’extrémité, qu’on
pourroit comparer à une fleur radiée, préfente
cinq cercles concentriques de membranes piiiTées
6c frangées , autour defquels on voit quatre autres
cercles de piquans de nature un peu écailleufe &
longs de deux lignes : la furface extérieure eû
bériflée de petits piquans prefqu’imperceptiUes,
'• in r
F ir
12 8 Hijioire Naturelle
LA TACHETÉE.
N ou s DONNONS cc nom à une Cou-
leuvre de îa Louifiane, dont le defllis
du corps eft blanchâtre , îtvec de grandes
taches en forme de lofange, quelque-
fois irrégulières , d’un roux plife ou
moins rougeâtre, & bordées de noir
ou d’une couleur très- foncée. On voit
fouvent, depuis le cou jufqu’au quart
delà longueur du corps, une double
rangée de ces taches , difpofées de
manière à former une raie en zig-zag-,
le ventre eft blanchâtre & quelquefois
tacheté.
Cette Couleuvre n’eft point veni-
meufev elle a neuf grandes écailles fur
le fommet de la tête j des écailles
hexagones, & relevées par une arête
fur le dos -, cent dix-neuf grandes
plaques & foixante-dix paires de
petites {a).
/aj Une Couieuvre Tachetée , confervée au,
des Serpens. 129
II paroît qu’elle eft de la même
elpèce que . le Serpent figuré dans
Catefby (tom. 2, planche 55). Ce
Reptile fe trouve dans la Virginie &
dans la Caroline, où on l’appelle
Serpent de, hledj à caufe de la ref
femblance de fes couleurs avec celles
d’une efpèce de maïs ou de bled d’Inde,
& ou il pénètre quelquefois dans les
bafîe- cours pour fucer les œufs.
Cabinet du Roi, a deux pieds de longueur totale,
& la queue eft Ipngue de cinq pouces quatre
lignes.
îjo Hijloire Naturelle
LE TRIANGLE.
Nous NOMMONS ainfi cette efpèce de
Couleuvre , parce qu'on voit fur le
fommet de fa tête , qui eft garni de
neuf grandes écailles , une tache
triangulaire , chargée, dans le milieu,
d’une autre tache triangulaire plus
petite , & d’une Couleur beaucoup
plus claire ou quelquefois plus foncée.
Des écailles unies & en lofange cou-
vrèrtt le delîùs du corps qui eft blan-
châtre , avec des taches rouffes , irré-
gulières , & bordées de noir. On voit
un rang de petites taches de chaque
côté du dos, & une tache noire ,
alongée , & placée obliquement der-
rière chaque œil.
Le Triangle fe trouve en Amérique j
& n’eft point venimeux. Un individu
de cette efpèce , envoyé au Cabinet du
Roi, a deux pieds fept pouces deux
lignes de longueur totale, trois pouces
depuis l’anus jufqu’à l’extrémité de la
queue , deux cent treize grandes plaques,,
& quarante - huit paires de petites.
LE TRIPLE-RANG.
Le nom que nous avons cru devoir
donner à cette Couleuvre défigne la
difpofîtion de fes couleurs. Le deffus
de fon corps eft blanchâtre, avec trois
rangées longitudinales de taches d’une
couleur foncée j & le defîous eft varié
de blanchâtre & de brun. Elle n’eft
point venimeufe-, elle a neuf grandes
écailles fur le fommet de la tête , des
écaillés ovales , & relevées par une arête
fur le dos j cent cinquante grandes
plaques, & cinquante-deux paires de
petites ( â ) •, elle habite en Amérique.
faj Un îndividu de cette efpèce , envoyé au
Cabinet du Roi, a un pied dix pouces de longueur
totale, & la <|ueue eft longue de quatre pouces^
Hifioire Naturelle
IJZ
LA RÉTICULAIRE..
Cetté CoutEUVRE de îa Louifiane
reflemble beaucoup par fes couleurs à
ribiboca i les écailles que l’on voit fur
îa partie fupérieiire de fon corps, font
blancMtres , & bordées de blanc ^
comme les bordures fe touchent, elles
forment une forte de réfeau blanc au
travers duquel on vérroit le corps de
l’animal -, & voilà pourquoi nous l’avons
nommée la Réticulaire. Elle eft dil^
tinguée de l’Ibiboca par plufieurs carac-
tères, & fur-tout par le nombre de fes
plaques , trop différent de celui des
plaques de ce dernier Serpent , pour
que ces deux Couleuvres appartiennent
à la même elpèce. Parmi les Rétir
cuîaires que nous avons décrites ,
nous en avons vu une qui eft confer-
vée au Cabinet du Roi , & qui a
trois pieds onze pouces de longueur
totale , & dix pouces depuis l’anus
I
m.jr. FLir. Pc^ ■ .
.A RETlCUIAmE a LA COITLEUVRE^ TROIS RATTOS
/
(
J.
v1
jufqii’à
la queue
Les mâchoires de fa Réticuîaire ne font
point armées de crochets mobiles; eife a fa tête
couverte de neuf grandes écaiiles; ie dos gar
d’écaiifes unies ëc en lofange; detix cent dix-hi
grandes plaques, & quatre-vingt
1^4 Hijioire Naturelle
LA COULEUVRE
A ZONES.
Ce Serpent eft blanc par-deiïus ic
par-deflous , avec des bandes tranfver-
Taies plus ou moins larges, d’une cou*
leur très -jfoncée qui , comme autant
de Zones , le ceignent &: font le tour
de fon corps. On voit , dans les inter-
valles blancs , quelques écailles tache-
tées de rouflitre à leur extrémité -, &
toutes celles qui garniffent les lèvres
ou le deffus de la tête , font blan-
châtres , Sc bordées de roux ou de
brun.
La Couleuvre à Zones a beaucoup
de rapports avec l’Annellée , Sc avec
la Noire & Fauve •, mais , indépen-
damment d’autres différences , elle eft
féparée de la première par la difpoff-
tion de fes couleurs , & de la fécondé
par le nombre de fes plaques.
des Serpens.
JEIIe n’eft pas venimeufe (a).
(aj Une Couleuvre à Zones, qui fak partie de
la colledtion du Roi, a neuf grandes écailles fur îe
fommet dn la tête, des écailles rhomboïdales Ss
unies fur le dos, un pied de longueur totale,
un pouce fix lignes depuis Panus jufqu^à
^extrémité de la queue , cent foixante-cinq grandes
plaques > & trente-cinq paires de petites^
tj 6 Hijîoire Naturelle
LA ROUSSE.
Cette Couleuvre a îe deflus du corps
d’un roux plus ou moins foncé , &
îe deffous blanchâtre^ c’eft de la cou-
leur de Ton dos que vient le nom que
nous avons cru devoir lui donner, elle
n'eft point venimeufe^ mais nous igno-
rons quelles font Tes habitudes naturel-
îes. Nous avons décrit cette efpcce d’a-
près un individu confervé au Cabinet du
Roi, & qui a un pied einq-pouces
quatre lignes de longueur totale , &
trois pouces depuis l'anus jufqu'à Tex-
trémité de la queue.
La Rouffe a neuf grandes écailles
fur la partie fupérieiire de la tête, le
dos couvert d’éca^lles rhomboïdales &
unies, deux cent vingt-quatre grandes
plaques & foixante-buit paires de peti-
tes. Nous lie favons pas quel eft le
pays où on la trouve.
â»s Serpms.
137
LA LARGE-TÊTE.
Nous NOMMONS ainfi cette Couleuvre
parce que fa tête , un peu aplatie par-
defîus &' par-deffous , eft très-large à
proportion du corps. C’eft M. Dombey
qui Ta apportée de l’Amérique méri-
dionale au Cabinet du Roi.. La couleur
du delîus du corps de ce Serpent eft
blanchâtre, avec de grandes taches irré-
gulières, d’une couleur très -foncée,
&: qui fe réunifient en plufieurs en-
droits le long du dos , & fur-tout vers
la tête ainfi que vers la queue; le
defîous du corps eft également blanchâ-
tre, mais avec des taches plus petites, plus
éloignées l’une de l’autre , & difpofées
longitudinalement de chaque coté du
ventre.
Le mufeau de cette Couleuvre eft
terminé comme celui de plufieurs Vi-
pères venimeufes, par une grande écaille
relevée, prefque verticale , pointue par
le haut , & cchancrée pai' le bas, ; ce-
I 5 8 Uijîoire Naturelle
pendant elle n’a point de crochets mo-
biles J & le fommet de fa tête eft garni
de neuf grandes écailles •, celles qui re-
vêtent le dos font ovales , unies , & un
peu féparées l’une de l’autre vers la tête
comme fur le Naja.
L’individu que nous avons décrit avoit
quatre pieds neuf pouces de longueur
totale , fept pouces depuis l’anus juf-
qu’à l’extrémité de la queue , deux cent
dix-huit grandes plaques , & cinquante-
deux paires de petites.
Avant de palfer au genre des BoUj
il nous refteroit à parler de quinze
Couleuvres dont Gronovius a fait
mention {a)\ mais, comme il n’eft
entré dans prefque aucun détail rela-
tivement à ces Reptiles , & que nous
ne les avons pas vus , nous avons cru
ne devoir pas en traiter dans des articles
particuliers, ic ne pouvoir meme rien
décider relativement à l’identité ou à li
diftérence de leurs efpèces avec celles
que nous avons décrites. Nous nous
fommes contentés de les placer à leur
(aj Gnnof- muf’
des Serpens. 139
rang dans notre table méthodique, en
y rapportant le petit n&mbre de carac-
tères indiqués par Gronovius, en ren-
voyant aux planches qu'il a citées, en
délîgnant uniquement ces Couleuvres
par le numéro des articles de Gronovius
où il en eft qucftion , & en ne leur
donnant aucun nom jufqu'à ce qu’elles
foient mieux connues.
140 Hifioiré Naturelle
SECOND GENRE.
SERPENS
Qui ont de grandes plaques fous
le corps & fous la queue.
BOA,
^
L E D E V I N (a).
Nous AVONS CONSIDÉRÉ à la tête da
genre des Couleuvres , les (Jiverfes
efpèces de Vipères , ces animaux fu-
faj Le Devin, au Mexique.
Xaxathua, Xalxalhua , VEm^txz\xx ^imkm^
/ 1^0 .
reve,Del^\
LE DEVIT^
Jp^jcicrcicuv, S zzel.
», L'HIPNALE 2^1^. iâ3.
des Serpens, 1 4 1
nettes & d’autant plus dangereux que ,
diftillant fans ceiîe ie venin le plus
Tamacuiiîa huilia, dans autres contrées deVAmi-^
rique,
Caçadora ou Couleuvre chafTeufe , aux environ^
de V Orenoqu^e.
Jurucucu , dans le BrefiU
Boiguacu^ Giboya ou Jiboya, & fa Reine des
Serpens, ainû que Jauca Acanga, au BréfiL
La manda , qui veut dire Roi des Serpens ,
à Jaua»
Mambaifa & Poionga, à Ceyïatu
Ciarende.
Gerende^
Gorende.
Fedagofo & Co^ra de Vcado j par les Portugais,
Serpent Impérial.
Dépone, dans plujïeurs contrées»
Le Devin. M. d*~Aubeiitoii , Encyclopédie mi^
$hodique.
Boa conftricftor. Linn. amphih. Serpent^
Cenrhris. Gronop* muf, 2 , p. 69, n, 43-
L^Empereur* Séha, muf 1 , tab^ 36 > fig- 5,
tah. 53^ I , tab- 62 , % I , 2 ; G' muf. 2,
tah. 77^ 4 iy 5, îab^ 98, fe- I , taS. 99 ,
I > 2 , tah, lOO, I, tah. 104, fig, l.
Con(triétor formofiffimus , 235. Confîriftor ReX
Serpentum, 236. Confîri<ftor Aulpex , 237. ConG
triétor Diviniïoquus, 238* Laurent f Specimen Mc-
dicum.
Job, Ladolphn Comtnmtdr, ad hifioriam Æthiopicam^
foL j66*
141 Hijîoire Naturelle
fubtil , ils ' mafquent leur approche ,
déguifent leurs attaques , le replient
en cercle , fe cachent , pour ainlî dire,
en eux-mêmes , comme pour dérober
leur préfence à leurs viâimes, s’élancent
fur elles par des fauts auflî rapides
qu’inattendus , ne parviennent à les
vaincre que par leurs poifons mortels,
& n’emploient que cette arme traîtrelîe
qui pénètre comme un trait invilîble ,
& dont la valeur ni la puilTance ne
peuvent fe garantir. Nous allons parler
maintenant d’un genre plus noble i nous
allons traiter des Boa , des plus grands
& des plus forts des Serpens, de ceux
qui, ne contenant aucun venin, n’at-
taquent que par befoin , ne combattent
Draco* Divus Hyeroiiimus in vità fanÔti HUaridnis,
Boiguacu , Ray, Synopjis Strptntini generis^ p, 325.
Xaxathua & Boiguacu. Af- Valmont dt Romare*
Serpens Peregrinus. Car, Clujias^ txoticorum , lib.
5, p. 113, ei/. 1605. .
' Amphitheatrum Zootomkum Micb, Bern, Valentin,
iaè> ^5 8-
Boiguacu. Pifon^ de meâicina BrafiUenfi, lié» 3*
/(?/. 41.
Boiguacu. Georg* Marcgram^ hift* rtium naturalium
Mrajîli<ey lib* 6, cap^ 2 19.
des Serpens. 145
qii’avec audace, ne domptent que pa/
leur puiflance \ & contre lefquels on
peut oppofer les armes aux armes , le
courage au courage , la force à la
force , fans craindre de recevoir , par
une piqûre infenfîble , une mort auflî
cruelle qu imprévue.
Parmi ces premières efpèces , parmi
ce genre diftingué dans l'ordre des
Serpens, le Devin occupe la première
place- La Nature l'en a fait Roi par
la fupériorité des dons qu'elle lui a
prodigués. Elle lui a accordé la beauté,
la grandeur , l’agilité, la force, l'in-
duftrie *, elle lui a en quelque forte
tout donné , hors ce funefte poifon
départi à certaines efpèces de Serpens ,
prefque toujours aux plus petites , &
qui a fait regarder l’ordre entier de
ces animaux comme des objets d'une
grande terreur.
Le Devin eft donc parmi les Serpens,
comme l’Eléphant ou le Lion parmi
les Quadrupèdes. Il furpafle les animaux
de fon ordre, par fa grandeur comme
le premier , & par fa force comme le
fécond -, il parvient communément à
144 Hijioire Naturelle
îa longueur de plus de vingt pieds-,
&, en réunifiant les témoignages des
Vopgeurs, il paroît que c’eft à cette
efpèce qu’il faut rapporter les individus
de quai:ante ou cinquante pieds de
îong , qui habitent , fuivant cès mêmes
yoyageurs , les défer ts brûîans où
l’homme ne pénètre qu’avec peine [a).
(ja) Gronovins avoit dans fon Cabinet , une
dépoüiiïe d'un Serpent Devin qui avoit fix pieds
de iongueur ; il a écrit en avoir vu dans plu-
lieurs Cabinets, dont la longueur étoit de vingt
pieds. P* 70, Mufœum Grouomi , Leyde j 1754,
iH'-folio* Sans. parler du fameux Serpent de Nor-
vège, qui, fuivant Olaüs Magnus (//p. 21, chap*
4g ), avoit plus de deux cens pieds de longueur
avec une épaifleur de vingt pieds, & dont il faut
ranger fhiftoire parmi les fables, l'on peut citer,
entre plufieurs témoignages , celui de George
Anderfon , qui , dans le fixiéme chapitre de fou
Voyage en Oiient, dit que, dans iqiîe de Java,
il y a des Serpens allez grands pour avaler des
hommes entiers. Le Voyageur Iverfen tua lui-
même un Serpent de vingt-trois pieds de longueur;
voyez fon Voyage dans les contrées orientales,
chapitre 4.'^ Baïdæus , dans fa defcription de Pifle
de Ceyian , chap. 22 , dit qu'on y trouve des
Serpens de huit, neuf & dix aune^de long, mais
qu'il y en a de plus grands dans l'Ifle de Java ,
ainfi que dans celle de Banda; qu'on y en avoit
C’eft
des Serpens. 14 j
C’eft aufli à cette efpèce qu’appar-
pris un qui avoit dévoré un cerf ^ & un fecoiiit
qui avoit englouti une femme tout entière.
€t Nous üfons qu^auprès de Batavia, Etabiif^
» fement HoIIandois dans fes Indes orientales, il
y a des Serpens de cinquante pieds de Ion-
M gueur» fi Ejjay fur r/iljîoire naturelle des Serpens f
par Charles Ow en. Londres , i’]^2^pag» 15.
Dans Plfle de Carajan on voit, fuivant Mare
Paul, /iV- 2 , ch» 40, de très-grands Serpens qui
ont dix pas de longueur & une épaifîeur de dix
palmes.
Nous croyons devoir auffi rapporter le paflage
fuivant, extrait de îa Defcription du Mufeumdu
P. Kircher, dans laquelle il elt queltion de Devins *
de quarante palmes de longueur,
** Ilium (Serpentem) in paludibus Braliliæ in-
colse venantur ad vefcendum , licuti itaü an-
f* guillas. Palmor um duodecim longitu dine m æq u a
fed ad palmos g uadraglnta hiijuLmodi Serpentera
♦» eXtendi jdiquando fenificavit noftræ Societatis
» Mîlïionaxius in Braûiïâ, & in fpiras contortum
t» vitulum dev incire , . quem fuétu paulatim devo^
« rat, ut Bufones aîiqui Serpentes degfutiunr.
w Cæterum veneno caret, & dentibus minutif.*
f* fimis ejus os munitur. Coîlum. anguftum elt,
n & caudam verfus paulatim in anguftum con-
n trahitur. Tota peilis fquamis teéta ferie pulchrâ
difpofîtis, pronâ parte minortbus, fupinâ ma-
rr joribus, coîorum varietateeleganti ; nam dorfunt
9i à capite ad extremam caudam conrinuo ordine
» fecundûm longitudinem nigricantibus, qu.,-^
Serpens, Tome IV. G
I4<î Uijloire Naturelle
tenoit ce Serpent énorme dont Pline à
99 cîypeîformibns maculis ornatur ; extrema vero
99 cauda ovalis formæ maculis nîgricantibus dif-
99 tinda ; iatera alterius formæ macufis, inftar
« foliorum mali, depida funt fpecie venuftû ,
99 colore fubfufco. Talem Serpeutem fub nomine
99 Serpentis Americaui retuiitWormius, pag. 263,
99 Illîusetiam mentionem fecit Andréas Cleyerus^
99 in obrerv. 7^ decuriæ 2,tom. 2 , Ephemerid.
99 Germanicarum , pag. 18. (Voyez les notes lui-
99 vantes. ) Qui ilium ait degere in Ambona Mo-
99 lucarum. Infula. In Braülia I^oiguacu vocsid aiunt,
99 atque inprimis in eo Regno nafcuntur fimiles
99 Serpentes» »
Hujus J vel fimiiis Serpentis mentionem fecit in
fuo Commentario ad hiitoriam Æthyopicam Jobus
Ludülphus, pag. 166 ,aitqueillnm in Italiaquoque
olim notum 5 lcribente Plinio, lib* 8 , cap. 14.
Aluntur primo hôuii la&is ftidiu , undà nomen
traxere. D. tamen Hyeronimus in vitâ fandi Hiîa-
rionis : Draco inquit , miræ magnkudinis ( qnos
Géntili fermone Boas vocant), ab eo, quod tara
grandes fint, ut boves glutire foleant , omnem
iate vaftabat Provinciam , &c. Mufxum Kirçheria-^
imm^ Romœ, 1773 ? clajjis feçunda , foi» 33.
if les Couleuvres qiPon appelle Cacadoras on
99 chalfeules, font de la grolTeur des Bujos( aux-
99 quels i’Auieuv attribue une longueur de huit
99 aunes ou environ ) ; mais elles for^tplus longues
99 de plulieurs aunes ; & l'on ne peut voir , fans
t> étonnement , la légèreté avec laquelle elles
>9 courent après la proie qu'elles ont apperçue.,
. des s erpens, 147
parlé, & qui arrêta, pour ainfî dire
w & qu’eîles attrapent fans qu^eîfe puifTe leur
w échapper, »> HiJIoifc naturelle de i*Orénoque^ par
le P. Jofeph Gumilla^ traduite de l*Efpagnol pat
Èidous. Jinpnon , 1758 , voh 3 , pag. 75*
« Dans le Royaume de Congo , il y a des
f5 Serpehs de vingt-cinq pieds de long qui avalent
w une brebis ; ils s’étendent ordinairement au
5? foleil pour digérer ce qu’ils ont mangé : lorfque
V) les Nègres s’en apperçoivent , ils les tuent,
»> leur coupent la tête & la queue , les éventrent
& les mangent ; on les trouve ordinairement;
gras comme des cochons. » Colledt, acaiém»
partie étrange volume 3 , p^ 4^5*
U Suivant le Voyageur Artus, les Serpens de la
w Côte d’Or ont ordinairement vingt pieds de lon-
»> gue.ur , & cinq oif hx de largeur ( apparemment de
99 circonférence ) , mais il s’en trouve de beaucoup
fl plus grands. Il en vit un qui, fans avoir plus
» de trois pieds de longueur,, étoit afléz gros
99 pour faire la charge de fix hommes, f» Hifl,
générale des Voy- édit, in- 12 , vol, 14 ^ p, 213.
«< Bofman s’étend comme Artus, fur la grandeur
f) des Serpens de la Côte d’Or : le plus monf-
}> trùeiix qu’il ait vu n’âvoit pas moins de vingt
f>‘ pieds de longueur; mais il ajoute qu’il s.’en
f» trouve de beaucoup plus grands dans l’intérieur
» des terres. Les HoUandois, dit-il^ ont fouvent
f> trouvé dans leurs entrailles, non-feulement des
99 animaux, mais des hommes entiers. » Idem,
page 214. V Les Nègres d’Axim tuèrent un Ser-f
y peut long de vingt-deux pieds , dans le ventre
148 Hijloire NaturiU&
l'armée Romaine auprès des côtes fep-
M duquel on troura un daiih entier. Vers îe mémo
temps on trouva dans un autre , à Boutriji
Jés re^es d’un Nègre qu’if avoit dévoré.
Id^m ‘i pag^ 216.
Pluüeurs Serpens du Royaume de Kayor ont
#♦ jufqu^k vingt-cinq pieds de long fur un pied
9* Ik demi de diamètre. » Voyages du Jîenr Bme»
Hifl. ^éitér^ des Voyages , édiu in^ia , vqU 7 ^
460.
Mr Sur îa rivière de îCurbalî , auprès des côte»
9» occidentales de PAfrique y on voit des Serpens
»• de trente pieds qui feroient capables d^avaleç
n un bœuf, n Voy* de Lahaty vol* p* 249.
On trouve aux Mofuques, de grandes Cou-<
»♦ îeuvres qui ont plus de trente pieds de long, &
»» qui font d^une groffeur proportionnée ; elles
H rampent pefamment ; on n^a jamais reconnu
»# qu^elfes loient venîmeufes* Ceux qui les ont
ï» vues alTurent que , lorfqiPcIles manquent de
nQurriture, elfes mâchent d'une certaine h erbo
#» dont elles doivent la connoïfîance à I’inftin<â de
M fa Nature ; après quoi elles montent fur les
*» arbres au bord de la mer, où elles dégorgent
w ce qu^elies, ont mâchéj auflS-tôt divers poilfons
9t Pavaient, ôc, tombant dans une forte œivreffe
>• qui les fait demeurer fms mouvement fur la
f» furface de Peau , ils deviennent la proie des
9» Couleuvres.» Hiftoire natux. des Moluquesy Hif*
tsire, des Voyages y édit* in-ia , kv. ly touu 31,
loy»
^4* L'animai îe plus rate & fe plus finguliar d«
des Serpenst 145
tentrîonales de rAfrique ( a ). Sans
doute il . 7 a de l'exagération dans I#
longueur attribuée à ce monftrueuX
animal -, fans doute il n'avoit point cent
vingt pieds de long comme le rapporte
leNaturalifte Romain ^ mais Pline ajoute
que la dépouille de ce Serpent demeura
long-temps fufpcndue dans un Temple
de Rome 5 à une époque allez peu
éloignée de celle où il ccrivoit ; & à
moins de renoncer à tous les témoi-
gnages de Thiftoire, on eft obligé d'ad-
mettre Texiftence d'un énorme Serpent,
qui, preffé par la faim , fe jetoit flir les
f9 genre des Reptiles, eft un grand Serpent am-
'ff phibie de vingt-cinq ou trente pieds deîong,&
%9 de plus d^un pied de grofleur, que les Indiens
» nomment Ÿticti-Mama , c^eft-à-dire , Mère dû
99 Veau , & qui habite ordinairement , dit-on ,
« les grands lacs formés par l’épancHement dcâ
99 eaux du fleuve au-devant des terres. «
naturelle des euplrons dû V Amazone , Hifi. genér, dês
Fayages, tom. 53 , p- 445.
(a) « Nota eft, in punicis beliis, ad fîumen
w Bagradam , à Regulo Imperatore baîfiftis, tor-
99 mentifque , ut oppidum aliquod , expugnata
99 Serpens 120 pedum iongitudinis. Pellis ejus
99 maxillseque iifquè ad beîiuni Numantinusn du-
H ravere in tempio. Pim y liy^ 28, cha^^ 14.
î J ô Hijîoire Naturelle
foldats Romains lorfqu'ils s^écartoîènf
de leur camp , & qu'on ne put mettre
à mort qu'en employant contre lui un
corps de troupes , & en Técrafant fous
les mêrnes machines militaires qui fer-
voient à ces vainqueurs du monde à
renverfer les murs ennemis. C'étoit au-
près des plaines fablonneufes d'Afrique
qu'eut lieu ce combat remarquable , le
Serpent Devin fe trouve aufli dans cette
partie du monde , & comme c'eft le
plus grand des Serpens, c'eft un indi-»
yidu de fon efpèce , qui doit avoir luté
contre les armées Romaines. Ce mot dé
Rome antique, défigne toujours la piirf-
fance & la vidoire-, c'eft donc la plus
grande preuve que l'on puiffe rapporter
en faveur de la force du Serpent dont
nous écrivons Thiftoire , que d'expofer
les moyens employés par les conquérans
de la terre , pour le foumettre & luF
donner la mort.
Le Devin eft remarquible par la
forme de fa tête , qui annonce , pout
ainfi dire^ la fupériorité de fa force,
& que l'on a comparée, avec alTcz de
raifon , à celle des chiens de chafle ,
des Serpe ns. i 5 r
appelés chiens couchans {a). Le fommet
en eft élargi -, le front élevé & divifé
par un fillon longitudinal ^ les orbites
font Taillantes, & les yeux très-gros-,
le niufeau eft alongé , & terminé par
une grande écaille blanchâtre , tachetée
de jaune, placée prefqtie verticalement,
& échancrée par le bas pour laifler palier
la langue-, l’ouverture de la gueule tr^-s-
grande-, les dents font très-longues (^),
(fl) Séùa, — M. Laurent^ &c*
(b) « J^ai vu des Couleuvres Chafîeufes ( des
J) Devins) vivantes, & d’autres mortes, & leur
w ai trouvé des dents aulli grofies que celles du
9f meilleur levrier Quelles armes plus
99 redoutables que leur vîtefle , jointe à l’ûpi-
99 niâtreté avec laquelle elles mordent ? Dan*
99 le temps que j’étois en Amérique, une de
99 ces Couleuvres faifit un Laboureur par le
99 talon & la cheville du pied , comme ri dtoit
99 homme de courage, il fe failit du premier arbre
99 qui fe préfenta, & rembrada du mieux qu’i£
w put en jetant des cris horribles ; on accourut
M pour le fecourir, & le Serpent le voyant preO^,
99 ferra les dents, lui coupa le talon, & s’enfuit
avec la vîtefle d’un trait. » Hift» dt l'Orénoqut^
déjà citée, voU 3 , 76*
Cleyerus , ( Lettre déjà citée ) rapporte que ,
eberchant à avoir le fquelette d’un de ces grand*
Serpens^ fes domeftiques en firent cuire les chairs
G iy
ï 5 Z Hijîoire Naturelle
mais îe Devin n"a point de crrocîieB
mobiles*, quarante-quatre grandes écailles
couvrent ordinairement la lèvre fupé-
rieure & cinquante-trois la lèvre infé-
rieure *, la queue eft très-courte en prt5-
portion du corps qui eft ordinaircmenf
neuf fois auffi long que cette partie 5
mais elle eft très-dure 3c très-forte {a)*
dans de l’eau où l’on avoit mis de la chaux vîvcu
Un d’eux voulant nettoyer fa tête du Serpent
dont la cuifTon avoit détaché les chairs , fe blcfla
au doigt contre les grolTes dents de l’animal Cet
•aecident fut fuivi d*une enflure avec inflammation
dans la partie affeétée^ d^une fièvre continue &
de délire, qui ne cefsèrent qu’après qu’on eut
employé les remèdes convenables, & partieuHè-’
rement une compofition appellée lapis Serpeminus^
& que les Jéfiiites faifoient alors dans l’Inde^
Toute véjicule & toute chair avoient été emportées
par la chaux vive , obferve l’Auteur ; par con-
féquent on ne doit attribuer à aucune forte ds
venin les accidens dont il parle ; & ce fait ne
peut pas détruire les obfervations plufieurs fois
répétées , qui prouvent que le Devin n’eft point
venimeux : d’aiileurs iîous venons de voir que fa
gueule nè renferme point de crochets mobiles, ainfi
que nous nous en fbmmes affurés nous-mêmes.
(a) Le fommet de la tête du Devin eft couvert
d’écailJes hexagones , petites > unies & femblables à
Celles du dos^ deux rangées longitudinales degrandes
à^s Serpens. 15 5
Ce Serpent énorme eft d’ailleurs aiifli
diftingué par la beauté des écailles qui
ie couvrent & la vivacité des couleurs
dont il efè peinî, que par fa longueur
prodigieufe. Les nuances de ces couleurs
s’effacent bientôt lorfqu’il eft mort. Elles
dilparoiffent plus ou luoins, fuivant la
manière dont il eft confervé , & le degré
d’altération qu’il peut fubir. -Il n’eft pas
lurprenant d’après cela qu’elles aient
été décrites li diverfement par les Au-
teurs, Sc qu’il ait été repréfenté dans
des planches , de manière que les difîérens
individus de cette elpèce aient paru former
jufqu’à neuf efpèces différentes (a). Mais
ily a plus : les couleurs du Serpçnt Devin
varient beaucoup fuivant le climat qu’il
habite, & apparemment fuivant iage, le
fexe , &c. Aufïï , croyons-nous très-inutile
de décrire, dans les plus petits détails.
écailles s’étendent de chaque côté des grandes
plaques, qui font moins longues que dans fa
plupart des Couleuvres , & dont on compte deux
cent quarante-lix fousie corps & cinquante-quatre
Ibus la queue.
(ij _Siba , à l’iüitoit iéj4 cité,
G y
I J 4 Uijlaire Naturelte
celles dont il eft paré. Nous penfon*
devoir nous contenter de dire qu’il ^
communément fur la tête une grande
tache , d’une couleur noire ou rouffe
très-foncée, qui repréfente une forte de
croix dont la traverfe eft quelquefois
fupprimée. Tout le deilus de fon dos
eft parfemé de belles & grandes taches
ovales qui ont ordinairement deux ou
trois pouces de longueur , qui font
très-fouvent échancrées à chaque bout
en forme de demi-cercle , & autour
defquelles l’on voit d’autres taches plus
petites de différentes formes. Toutes
font placées avec autant de fymmétrie,
& la plupart font fî diftînguées du
fond par des bordlires fombres qui ,
en imitant des ombres , les détachent
& les font refîbrtir que , lorfqu’on voit
la dépouille d’un de ces Sei'pens , on croit
moins avoir fous les yeux un ouvrage
de la Nature qu’une produélion de
l’Art Gompaflee avec le plus de foin.
Toutes ces belles taches , tant celles
qui font ovales que les taches plus
petites qui les environnent, préfentent
ics couleurs les plus agréablement
des Serpens. ij |
fiées & quelquefois les plus rives,. Les
taches ovales font ordinairement d’un
Lui ve doré, quelquefois noires ou rouges
& bordées de blanc -, 8c les autres d’un
châtain plus ou moins clair , ou d’un
rouge très-vif, femé de points noirs ou
roux , offrent fouvent , d’efpace en ef-
pace, ces marques brillantes que l’on
voit refplendir fur la queue du paon
ou fur les ailes des beaux papillons , &
qu’on a nommées desyeux , parce qu’elles
font compofées d’un point entouré d’un
cercle plus clair ou plus obfcur.
Le deffous du corps du Devin eff
d’un cendré jaunâtre , marbré ou tacheté
de noir.
On a allez rarement l’animaî entier
dans les coileélions d’Hiftoire naturelle i
mais il n’eft guère aucun Cabinet ou la
peau de ce Serpent , féparée des plaqites
du deffous de fon corps , ne foit éten-
due en forme de larges bandes. On leur
a donné divers noms fuivant la grandeur
des individus, les pays d’où on les a
reçus , les variétés de leurs couleurs , 8c
les différences qui peuvent fe trouver
(JuiS les petites taches placées autour
I j 6 Hijloire Naturelle
des taches ovales. Mais quelques foient
ces variétés d’âge , de fexe ou de pays ,
c’eft toujours au Serpent Devin qu’il
faudra rapporter ces belles peaux \ &
jiifqu’à préfent on ne connoît point
d’autre Serpent que ce dernier qui foit
doué d’un taille trcs-confidérable , &
qui ait en même - tems fur îe dos des
taches ovales femblables à celles que
nous venons d’indiquer.
Lorfque i’on confidère la taille dé-
mefiirée du Serpent Devin , l’on ne
doit pas être étonné de la force pro-
digieufe dont il jouit. Indépendamment
de la roideur de fes mufcles, il eft aifé
de concevoir comment un animal qui
a quelquefois trente pieds de long ,
peut 5 avec facilité , étouffer & écrafer
de très-gros animaux dans les replis mul-
tipliés de fon corps dont tous les points
agifîent , de dont tous les contours fai-
fiflent^la proie 3 s’appliquent intimement
à fa furfâce, & en fiiivent toutes les
irrégularités.
Cette grande puilTance 3 cette force
redoutable, fa longueur gigantefque ,
i’éclat de fes écailles 3 la beauté de fes
des Serpens, 157
couleurs ont infpiré une forte d'admi-
ration 5 mêlée d'effroi, à plufieurs peuples
encore peu éloignés de l'état lauvage v
& , comme tout ce qui produit la ter-
reur & Tadmiration , tout ce qui paroît
avoir une grande fupériorité fur les
autres êtres eft bien près de faire naître 5
dans des têtes peu éclairées , l'idée d'un
agent furnatiirel , ce n'eft qu'avec une
crainte religieufe que les anciens habi-
ta ns du Mexique ont vu le Serpent
Devin. Soit qu'ils aient penfé qu'une
maffe confidérable , exécutant des mou-
vemens auffi rapides , ne pouvoit être
mue que par un fouffle divin , ou qu'ils
n'aient regardé ce Serpent que comme
un miniftre de la toute puiflance célefte ,
il eft devenu l'objet de leur culte. Iis
Tont fuï'Aommé Empereur défigner
la prééminence de fes qualités. Objet
ds leur adoration , il a dû être celui de
îeiir attention particulière ^ aucun de
fes mouvemens ne leur a , pour ainff
dire , échappé , aucune de fes aétions
ne pouvoit leur être indifférente ils
if ont écouté qu'avec un frémiflement reli-
gieux les fifflmens longs & aigus qu'il
158 HiJIoire Naturelle
fait entendre, iîs ont cru que ccs fiffle-
mens , que ces fignes des diverfes affec-
tions d'un être qu'ils ne voyoient que
comme merveilleux & divin dévoient
être liés avec leur deftinée. Le hafard
a fait que ces fifflemens ont été fouvent
beaucoup plus forts ou plus fréquens
dans les tems qui ont précédé les grandes
tempêtes , les maladies peftilentielles ,
les guerres cruelles ou les autres cala-
mités publiques -, d'ailleurs les grands
maux phyfiques font fouvent précédés
par une chaleur violente , une féche-
refle extrême, un état particulier de
l'atmofphère , une éleékricité abondante
dans l'air qui doivent agiter les Serpens ,
& leur faire pouffer des fîfïlemens plus
forts qu'à l'ordinaire ; auflî les Mexicains
n'ont regardé ceux du Serpent Devin
que comme l'annonce des plus grands
malheurs , & ce n'eft qffavec confier-
nation qu'ils les ont entendus.
Mais ce n'eft pas feulement un culte
doux & pacifique qu'il a obtenu chez
les plus anciens habitans du nouveau
monde. Son image y a été vénérée ,
non -feulement au milieu des nuages
des Serpsns. i j 9
dVncens , mais même de flots de fang
humain ^ verfé pour honorer dieu
auquel ils Favoient confacré, & qiFiis
avoicnt fait cruel {a). Nous ne rappel-
ions qiFen frémifl'ant le nombre im-
menfe de viéiimes humaines que la
hache fanglante d"iin fanatifme aveugle
& barbare a immolées fur les autels de
la divinité qiFil avoit inventée. Nous
ne penfons qu'gavée horreur aux mon-
ceaux de têtes & de triftes offemens ,
trouvés par les Européens autour des
temples où le Serpent fembloit parta-
ger les hommages de la crainte {h) , & tant
il faut de tems dans tous les pays pour que
la raifon brille de tout fon éclata la ftp-
perftition qui a , pour ainli dire y divi-
(û) LaDîvinîté fuprême (îesMexîeaîns ,iiômiBée
Vitxilipuxüi ^ étoit repréfentée tenant dans fa maia
droite un Serpent, par iequei nous devons croire,
d'après tout ce que nous venons de dire> qu’ils
vonioient défigner l’efpèce du Serpent Devin- Les
Tempies & ies Autels de cette Divinité , à iaquelle
ils faiioient desfacrifices barbares, offroient i'imag.e
da Serpent, ifij?* V^oyaÿss ^ édit* in-isfej
t<0me 48.
/éj ibid.
i6q Hijîoire Naturelle
nifé le Devin, n"a pas feulement régné
en Amérique. Aulïi grand , aulîî puiflant ,
auflî redoutable dans les contrées ar^
dentes de TAfrique, il y a infpiré la
même terreur , y a paru aullî merveil-
leux , y a été également regardé par des
cfprits encore trop peu élevés au-deffus de
la brute, comme le fouverain Difpenfateur
des biens & des mawx. On fy a éga-
lement adoré , on en a fait un dieu fur
les côtes, brûlantes du Mozambique,
comme auprès du lac de Mexico, & il
paroît même que le Japonois s'eft prot
terné devant lui. {a).
Mais fi Topinion religieufe ne Ta pa^
fait régner fur Thomme dans toutes les
contrées équatoriales , tant de Tancien
que du nouveau continent , il n"en eft
prefque aucune où il n"ait excercé fur
îes animaux Tempire de fa force. Il
habite en effet prefque tous les pays
©ù il a trouvé aflez de chaleur pour ne
rien perdre de fon aétivité;, aflez de proie
pour fe nourrir , & aflez d’efpace pour
{aj Simon de FrUs, cité dans
des Serpens. i€i
lî'être pas trop fouvent tourmenté par
fes ennemis -, il vit dans les Indes orien-
tales & dans les grandes ifles de TAfie ,
ainfî qtae dans les parties de l’Amérique
voilines des deux Tropiques (a) il paroît
même qu’autrefois il habitoit à des lati-
tudes plus éloignées de la ligne , & qu’il
vivoit dans le Pontj lorlque eette con-
trée , plus remplie de bois , de marais
& moins peuplée , lui préfentoit une
furface plus libre ou plus analogue à
fes habitudes & à fes appétits. Les relâi-
tions des Anciens doivent donner une
bien grande idée de l’haleine empeftée
qui s’exhaloit de fa gueule , puifque
Métrodore a écrit que l’immenfe Ser-
fa) Il fe pourroit que îe Serpent de la Jamaïque
déiigné dans Brown par la phrafe Suivante, Ce/i-
chris tariigrada major lutta , maculis aigris mtata ;
cauââ briviori & cr (fiori , appelle en Anglois the
Yellow Suake^ 8c qui parvient ordinairement à îa
longueur de feize ou vingt pieds , fut de l’efpèce
du Devin ^ & qu^on ne lui eût donné Tepithète
de lent (^tardigrada) que parce qu’on l’auroit vu.
dans le temps de fa digeftion, ou dans un eom'*
mencement d’engourdiliement. Brown ^ Hijl, natur*
ât la Jamaïque , 46
1 6i Hijîoire Naturelle
pent qu'il a placé dans cette contrée du
Font 5 & qui devoit être le Devin , avoit
lepouvoir d'attirer dans fa gueule béante^
les oifeaux qui voloient au-deflus de fa
tête 5 même à une alfez grande hau-
teur (^2), Ce pouvoir n'a confifté fans
doute que dans la corruption de i'haleine
du Serpent qui ^ viciant l'air à une très-
petite diftance ^ & l'imprégnant de miaf-
ines putrides & délétères ^ a pu , dans
certaines circonftances , étourdir des
oifeaux , leur ôter leurs forces , les
plonger dans une forte d'afphixie , &
les contraindre à tomber dans la gueule
énorme , ouverte pour les recevoir ;
mais quelque exagéré que foit le fait
rapporté par Métrodore , il prouve la
grandeur du Serpent auquel il Ta attri-
bué , & confirme notre conjeélure au
fujet de l'identité de fon efpèce avec
celle du Devin.
D'un autre côté , peu de temps avant
(a) « Metrodorus circa rhyndacum am-
M nem in Ponto , ut iuper volantes quamvis a!te
perniciterque alites hauûa raptas abforbeaat,
Pàiic, 28; 14*
des Sêrpens. 16}
«eîui ou PIme a écrit , & fous l’empire
de Claude, on tua, auprès de Rome,
fuivant ce Naturalifte , un très-grand
Serpent du genre des Boa , dans le
ventre duquel on trouva le corps en-
tier d’un petit enfant , & qui pouvoit
bien être de l’elpèce du Devin (a). J’ai
fouvent oui dire auflî à plufieurs habi-
tans des provinces méridionales deFrance ,
que dans quelques parties de ces pro-
vinces, moins peuplées, plus couvertes!
de bois , plus entrecoupées par des
collines , d’un accès plus difficile , &
préfèntant plus de cavernes & d’anfrac-
tuofités, oir avoit vu des Serpens d’une
longueur très-confidérable , qu’on auroit
dû peut-être rapporter à refpèce ou du
moins au genre du Devin (b).
fa) « Faciunt his fidem in Icaüa appeüatæ
» Boæ; in tancam •ainpiitudinum exeuntes ut
y> divo Claudio Principe , occifæ in Vaticano fo-
»» iidus in al vo fpeétatus fit infans. » Pliiie,lif~2Zf
thap. I 4.
(4) Schwenckfeld dit, dans fon hiftoire des
Reptiles de la Siléfie , qu’un homme digne de
foi lui avoit affiiré qu’on trouvoit dans cette
Province, des Serpens longs de huit coudées & de
1(^4 Hijîoire Naturelle
Mais c'eft fur-tout dans les défert§
brulans de i'x4frique , qu'exerçant une
domination moins troublée , il parvient
à une longueur plus confidërable. On
frémit lorfqu'on lit , dans les Relations
des Voyageurs qui ont pénétré dans
rintérieur de cette partie du monde, la
manière dont l'énorme Serpent Devin
6'avânce au milieu des herbes hautes &
des brouiîailles , ayant quelquefois plus
de dix-huit pouces de diamètre , & fem-
la groffeur du bras; il les appelîe Bea^ Natrlx
iomêflicaj Serpais palujtris ^ Serpens sguatilis , Angms>
Boa^ Draco Serp&ns» H eft dit dans les Mémoires
des Curieux de îa Nature, pour tannée 1682,
que peu de temps auparavant on avoit pris ,
auprès de Laufanne en Suifîe ^ un fi grand Serpent,
que fa circonférence égafoit celle de deux atiÿès très-
grojjès. La relation ajoutoit que ce Serpent étoit
monftrueux, & qu’il avoit des oreilles; & if elt
à remarquer que , dans prefque tous les récits
vagues & peu circonfianciés^que Ton a faits con-
cernant les énormes Serpens des Provinces méri-
dronales de France, ©n leur a toujours fuppofé
des oreilles , quoiqu’aucune efpéce de Serpent
îi’ait même d’ouverture apparente pour l’organe
de l’ouïe- Voyez les Mélanges des Curieux de la
Nature de Vienne, Décnr» 2, an* 1682, oèfery^
de Char! Offr&di, p* 317»
des Sefpens,
feiable à une longue & groflê poutre qu’on
reraueroit avec vîteffe. On apperçoit de
loin , par le mouvement des plantes
qui s’inclinent fous fon paflage , l’ef-
jjèce de (illon que tracent les diverfes
ondulations de fon corps; on voit fuir
.devant lui les troupeaux de gazèles &
d’autres animaux dont il fait fa proie;
& le feul parti qui refte à prendre
dans ces folitudcs immenfes pour fe ga-
rantir de fa dent meurtrière & de fa
force funefte , eft de mettre le feu aux
herbes déjà à demi-brâlées par l'ardeur
du foleil, Xe fer ne fujïît pas contre
ce dangereux Serpent , lorfqu’il eft par-
venu à toute fa longueur, & fur-tout
lorfqu’il eft irrité par la faim. L’on ne
peut éviter la mort qu’en couvrant un
pays immenfe de flammes qui fe pro-
pagent avec vîteffe au milieu de végétaux
prefqu'entiçfement defléchés , en exci-
tant ainft un vafte incendie,. & en éle-
vant , pour ainli dire , un rempart de
feu contre la pourfuitc de cet énorme,
animal. Il ne peut être, en effet, arrêté
ni par les fleuves qu’il rencontre, ni par les
Jjras de mer dont il fréquente fojuveat ïei
ï66 Hijîoire Naturelle
bords, car il nage avec facilité, même
au milieu des ondes agitées {a) -, & c’efl:
envain , d’un autre côté , qu’on voudroit
chercher un abri fur de grands arbres
(a) U Le Paraguay a ^es Serpens qu’on nomme
ChüjjcuTs ( c'eft Pefpèce du Devin, à JaqutHé
»» on a donné ce nom en plufieurs contrées
qui montent fur les arbres pour découvrir ieur
î» proie, & qui s’élançant deflus quand elfe s’ap-
>9 proche, la ferrent avec tant de force ,'*qu’e Hé
ne peut fe remuer , & la dévorent toute
vivante: mais lorfqu’ils ont avalé des bêtes en-
tiéres, ils deviennent li pefans , qui! ne peu-
vent plus fe traîner...... Pluliéurs dé ces
•n monftrueux Reptiles vivent de poiffbny & le
Pere de Montoya raconte qu’il vit un jour une
Couleuvre dont la tête étoit de La^roflTeur d’un
» veau , de qui pêchoitfur le bord d’une rivière;
» elle commençoit par jeter de fa gueule beau-
>1 coup d’écume dans Peau , enfuite y plongeant
>> la tête , & demeurant quelque temps immo-
5» bile, elle ouvroit tout-d’un-coup , la gueule
?» pour avaler quantité de poitTbns que i’écumé
?» fembloit attirer. Une autrefois le même Mif-
?» fidnnaire vit ifn Indien- de la plus grande taille;
>» qui, étant dans Peau jufqu’à la ceinture, oc-
?f cupé de la pêche,, fut englouti par une Cou-
?» leuvre qui , le lendemain , le rejeta tout'entier. m
Nijioire générale des Voyages^ édit» in-I2, tom, 55/
y an» 420 '6* fuiv»
des Serpens. i6j
il fc roule, avec promptitude, jufqu’à
^extrémité des cimes les plus hautes {à) ;
aiiffi vit-il fouvent dans les forêts. En-
veloppant les tiges dans les divers replis
de fon corps , il fe fixe fur les arbres
à différentes hauteurs , & 7 demeure
fouvent long-temps en embufcade , at-
tendant patiemment le paâàge de fa
proie. Lorfque , pour Tatteindre ou pour
fauter fur un arbre voifîn , il a une trop
grande diftance à franchir , il entortille
fa) M. Saimon nous apprend que, dans Plfîe
V deMacaffar, il y a des linges, auffi féroces que
»> !es chats fauvages, qui attaquent les voyageurs y
fur- tout les femmes , & les mangent après
9^ les avoir mis en pièces ; de forte qu’on eft
99 obligé , pour s’en défendre , d’aller toujours
99 armé. Il ajoute que ces finges ne craignent
99 d’autres bêtes que les Serpens, qui les pour-
99 fuivent avec une vîteffe extraordinaire & vont
99 les chercher jufques fur les arbres, ce qui les
99 oblige d’aller en troupes pour s’en garantir ,
99 ce qui n’empêche pas qu’ils ne les attaquent
M & ne les avalent tout en vie , lorfqu’ils peuvent
99 les attraper. »» Hifi* vatuu de FOrenoque, vqU 3 ,
fag, 78. Les récits des autres Voyageurs nous
portent à croire que l’efpèce de Serpent dont a
parlé M. Saimon eit celle du Devin.
1^8 Hijîoire Naturelle
fa queue autour d’une branche , 8c ruf
pendant fon corps alongé à cette efpèce
d’anneau , fe balançant & tout d’un
coup , s’élançant avec force , il fe jette
comme un trait fur fa viétime, ou contre
Tarbrc auquel il veut s’attacher.
Il fe retire auflî quelquefois dans les
cavernes des montagnes, 8c dans d’autres
antres profonds où il a moins à crain-
dre les attaques des ennemis, & où il
cherche un afyle contre les températures
froides , les pluies trop abondantes , &
les autres accidens de l’atmofphère qui
lui font contraires.
Il efl: connu fous le nom trivial de grande
Couleuvre y fur les rivage* noyés de la
Gtiyanne : il y parvient communément
à la grandeur de trente pieds, & même,
dans certains endroits , à celle de qua-
rante. Comme le nom qu’il y porte y
eft donaé à prefque tous les Serpens qui
joignent une grande force à une lon-
gueur confidérable, & qui, en même-
terns , n’ont point de venin , & font
dépourvus des crochets mobiles qu’on re-
marque dans les Vipères *, on eft alfez em-
ifearralîé pour diftinguer parmi les divers
faits
des Serpens. i (Çp
faits rapportés par les Vofâgeurs, tou-
chant îes Serpens , ceux qui convieii-i
nent au Devin. II paroît bien conftaté
cependant qu’il y jouit d’une force aflez:
grande, pour qu’un feul coup de fa
queue renverfe un animal aflez gros , &
même l’homme le plus vigoureux. Il y,
attaque le gibier le plus difficile à vaincre;
on l’y a vu avaler des chèvres & étoiifler
des cougars , ces repréfentans du tigre
dans le nouveau monde. II dévore quel-
quefois , dans les Indes orientales, des
animaux encore plus Confîdérables , ou
mieux défendus, tels que des porc- épies,
des cerfs & des taureaux (a) •, & ce fait
(a) if Ces Serpens (ceux dont parle icil’Auteur
»» font évidemment des Serpens Devins) ont pFus
» de vingt cinq pieds de longueur; & quoiqu’ils
>» ne paroiffent pas pouvoir avaler de gros ani-
« maux , l’expérience prouve le contraire- l’ache-
** tai d’un chafîéur un de ces Serpens , que jé
*» dill'équai, & dans le ventre duquel je trouvât
>1 un cerf entier de moyen-âge & revêtu encorè
>» de fa peau; j’en achetai un autre qui avoit dé-
»» voté un bouc fauvage , malgréle? grandes corne*
« dont il étüit armé; & je tirai du ventre d’uit
» troifième, un porc-épie entier & garni de fes
»» piquans. Da’’S l’ifle d’Amboi.ne, une. femme
Serpens , Tome IV, H
170 Hijloire Naturelle
effrayant étoit déjà connu des An-
ciens (^2). *
Lorfqu’il apperçoit un ennemi dange-
reux , ce n’eft point avec fes dents qu'il
commence un combat qui alors feroit
trop défavantageux pour lui y mais il fe
précipite avec tant de rapidité fur fa
maiheureufe viélime , l’enveloppe dans
tant de contours , la ferre avec tant de
force , fait craquer fes os avec tant de
violence , que , ne pouvant ni s’échapper ,
ni ufer de fes armes , & réduite à pouffer
de vains mais d’affreux hurlemens , elle
eft bientôt étouffée fous les efforts mul-
tipliés du monftrueux Reptile.
Si le volume de l’animal expiré eft
trop confidérable pour que le Devin
puiffe l’avaler, malgré la grande ouve»-
ture de fa gueule , la facilité qu’il a dç
j> grofle fut un jour avalée toute entière par un
5» de ces Serpens. » Extrait d’une Lettre d’Jndri
Cléyerus , écrite de Batavia à Mentiélius , Ephémiridei
des Curieux delà Nature. Nurembergy 1684, Décade 2,
an. 2, 1683 , p. 18.
(a) Megafthenes feribit, in India Serpentes in
tantam magnitudinem adolefcere, ut lolidos hau-
ïjant cexvQS taurofque. Pline, liv 28, chap. 14-
des Serpens, tyi
Vagraiidir , & rextenllon dont prefqué
tout fon corps eft filfceptible , il con-
tinue de prefîer fa proie liaife à mort -,
il en écrafe les parties les plus cora-
paéfces-, & , lorfqu il ne peut point les
brifer avec facilité, il l’entraîne en fe
roulant avec elle auprès d un gros arbre ,
dont il renferme le tronc dans fes replis j
il place fa proie entre l’arbre & fou
corps -, il les environne l’un Sc l’autre
de fes nœuds vigoureux -, Sc, fe fervarit
de la tige noueufe comme d’une forte
de levier , il redouble fes efforts , &
parvient bientôt à comprimer en tout
îens , 8c à moudre , pour ainfi dire , le
corps de l’animal qu’il a immolé {a).
liorfqu’il a donné ainfi à fa proie
("aj Lettre d' André Cléyerus, déjà citée* UAuteur
^oute : « dans le Royaume d^Aracan , fur les
confins de celui de Bengale, on a vu un Serpent
?» ( un Devin ) démefuré fe jeter , auprès âes bords
?? d’un fleuve , fur un très-grand urus ( bœuf
?» fauvage^, de donner un fpeètacle affreux par fou
n combat avec ce terrible animal ; on pouvoit
entendre , à la diftnnce d^une portée de canon
d’un très-grand calibre , le craquement des os.
diel’urus, brifès par les efforts. de fon ennemû^a®?
Hi*
?»
ff
172 Hijloire Naturelle
toute ia fouplefle qui lui eft néceffaire ,
il Talonge en continuant de la prelîer,
& diminue d’autant la grofleur-, il l’im-
bibe de fa faiive ou d’une forte d’humeur
analogue qu’il répand en abondance •,
il pétrit , pour ainfi dire , à l’aide de fes
replis , cette malle devenue informe ,
ce corps qui n’eft plus qu’un compofé
confus de chairs ramollies & d’os con-
calîés (^2). C’eft alors qu’il l’avale , en la
prenant par la tête , en l’attirant à lui ,
& en l’entraînant daps fon ventre par de
fortes afpirations plulieurs fois répétées *,
mais , malgré cette préparation , fa proie
eft quelquefois lî volumineufe qu’il ne
peut l’engloutir qu’à demi •, il faut qu’il
ait digéré au moins en partie la portion
qu’il a déjà fait entrer dans fbn corps,
pour pouvoir y faire pénétrer l’autre 5
8c l’on a fouvent vu le Serpent Devin
la gueule horriblement ouverte, & rem- 1
plie d’une proie à demi-dévorée, étendu
à terre , & dans une forte d’inertie qui
(a) Note communiquée par M* de la Bordç^ Çonef*
pondant du Cabinet du Roi,
h^ttve d* André CUyeru&s
des Serpens. if$,
accompagne prefqiie toujours fk di»-
geftion (a).
Lorfqu'en effet il à affouvi fon appéttt
vioient , & rempli fon ventre de, la
nourriture nécelîaîre à Tentretien de ïa
grande maffe , il perd , pour un temps ,
fon agilité & fa force*, il eft plongé dans
une efpèce de fommeil ^ il gît fans mou-
vement, comme un lourd fardeau , le
corps prodrgieufement enflé *, & cet en-
gourdiffement , qui dure quelquefois
cinq ou fix jours, doit être aflez pro-
fond j car , malgré tout ce qu’il faut
retrancher des divers récits touchant
ce Serpent, il paroît que, dans différens
pays , particulièrement aux environs de
l’Iftme de Panama en Amérique , des
Voyageurs , rencontrant le Devin à
demi - caché fous l’herbe épaiffe des
forêts qu’ils traverfoient , ont plufieurs
fois marché fur lui dans le temps où la
digellion ie tenoit dans une efpèce de
torpeur. Ils fe font même rèpofés
. a - 1 - on écrit , fur fon corps giffant k
terre , & qu’ils prenoient , à caufe des
(d) Laurenti , Svecinieu Medicum^
H iij
174 Naturelle
feuilkges dont il étoit couvert , pour
un tronc d'arbre renverfé , fans faire
faire aucun mouvement au Serpent ,
afloupi par les alimens qu'il avoit avalés ,
ou peut-être engourdi par la fraîcheur
de la faiforr. Ce n'eft que , lorfqu'allu-
mant du feu trop près de l'énorme ani-
mal , ils lui ont redonné , par cette cha-
leur^ affez d'aéfcivité 5 pour qu'il recom-
mençât à fe mouvoir , qu'ils fe font
apperçus de la préfence du grand Rép-
tde 5 qui les a glacés d'effroi , & loin
duquel ils fe font précipités {a).
fa) « On ne fera pas furpris que ces fortes Je
» Couîeuvres ( les Couleuvres Chaffeufes ou les
w Devins) parviennent à une grofieur fi démefu-
» rée , fi l’on fe rappelle que ces pays font déferts
& couverts de forêts immenfes. . .... Le Père
» Simon rapporte que dix-huit Efpagnols étant
arrivés dans le bois de Coro , dans la Province
^ ih de VtmxudcLy & fe trouvant fatigués de fa
99 marche qu^ils avoient faite , ils s’aflirent fur une
de ces Couleuvres^, croyant que ce fût un vieux
99 tronc d'arbre abatu^ôt que lorfqu'ils s’y atten-
99 doient le moins , Pànimal commença à marcher ,
99 ce qui leur caufa une furprife extrême, w Itft.
mtur. de l^Oreuoque y par le P, Gfimilla , vol. 2 ,
pag. 77.
« On trouve encore une efpèce de Serpen»
des Serpe fis, 17/
Ce long état de torpeuf a fait croire
fort extraordinaires, longs de quinze U vingt
99 pieds, & fi gros , qu’ils peuvent avaler ua
55 homme* Ils ne paflfent pas cependant pour les
55 plus dangereux , parce que leur monftrueufe
55 grolTeur les fait découvrir de loin & donne plus
55 de facilité à les éviter. On n’en rencofitre guère
55 que dans les lieux inhabités^ Delion en vit
55 plufieurs fois de morts, àprès de grandes inon-
55 dations qui les avoient fait périr , & qui les
55 avoient entraînés dans les campagnes ou fur le
>5 rivage de la mer ; k quelque difiance on les
» auroit pris pour des troncs d’arbres abattus ou
55 defféchés. Mais il les peint beaucoup mieux
^5 dans le récit d^un accident dont on ne peut
55 douter fur fon témoignage , & qui confirme
w ce qu’on a lu dans d’autres relations fur {a
>5 voracité de quelques Serpens des Indes*
55 Pendant la récolte du riz, quelques Chré-
>5 tiens qui avoient été Gentils , étant ailé Cra^
^5 vailfer à fa terre , un jeune enfant qu'ils avoierrt
>9 laifie feul & malade à lamaifon, en fortit pour
» s’aller coucher à quelques pas de la porte, fuè
1» des feuilles de palmier, où il s’endormît jufjÉjl
n qu’au foir- Ses pare ns ^ qui revinrent fatigué^^
99 du travail^ le virent dans cet état ; mais^
w ne penfant qu’à préparer leur nourriture, ils
99 attendirent qu’elle fût prête pour l’aller éveiller.
99 Bientôt ils lui entendirent pouflor des cris à
99 denti-écouffés qu’ils attribuèrent à fon indif-
” pofition ; cependant, comme il continuoit de
99 fe plaindre , quelqu’un fortit & vit , en s^api
H iy
ï J 6 ITiJloire Naturelle
à quelques Voyageurs que le Serpent
prêchant , qu^une de xes greffes Couîeuvres
J» avoit commencé à Pavaler. L'embarras du père
^ & de la mère fut âufii grand que leur douleur;
9 on n’ofoit irriter fa Couleuvre , de peur qu'avec
i» fes dents elle ne coupât l'enfant en deux , ou
» qu'eîfe n'achevât de l'engloutir ; enfin , de
pfulieurs expédiens , on préféra celui de fa couper
par fe milieu du corps, ce que le plus adroit
» & fe plus hardi exéciua fort heureufement d'un
feul coup de fabre ; mais comme elfe ne
mourut pas d’abord , quoique féparée en deux^
» elle ferra de fes dents le corps tendre de
l^enfant & il expira peu de momens
après.
V Schouten donne h ces monftres affamés, le
9^ nom de Polpogs. Us ont, dit-il, la tête affreufe
ny & prefque femblabl cà celle du fanglier ; leur
^ gueule & leur gofier s'ouvrent jufqu'à l'èfto-
yy mac , lorfqu'ils voyent une groffe pièce à dé-*
9y vorer ; leur avidité doit être extrême, car ifs
99 s'étranglent ordinairement lorfqu'ils dévorent
99 un homme ou quelqu'animal. On prétend
d'ailleurs que l'efpèce n’eft pas venimeufe. U
yy eft vrai que nos foidats, prelfés de la faim,
yy en ayant quelquefois trouvé qui venoient de
yy crever pour avoir avalé une trop grofle pièce,
yy tel qu'un veau, les ont ouverts, en ont tiré la
yy bête qu'ils avoient dévorée, fans qu'il leur en
yy foit arrivé le moindre mal. »» Defeription du
Malabar t g/nér* des Voyages^ édit» in-ia
roi- 45 J 545'
des Serpens. 177
Devin avaloit quelquefois des animaux
d'un volume Ci confîdérable qu'il étoit
étouffé en les dévorant Sc c'eft ce
temps d'engourdiflement que choififlent
les habitans des pays qu'il fréquente ,
pour lui faire la guerre, & lui donner
la mort. Car , quoique le Devin ne con-
tienne aucun poifon , il a befoin de tant
confommer, que fon voifinage eft dan-
gereux pour l'homme, Sc fur-tout pour
la plupart des animaux domeftiques &
utiles. Les habitans de l'Inde , les Nègres
de l’Afrique , les Sauvages du nouveau
Monde fe réuniffênt plufieurs autour
de l'habitation du Serpent Devin. Ils
attendent le moment où il a dévoré La
proie, Sc hâtent même quelquefois cet
inftant , en attachant auprès de l'antre
du Serpent quelque gros animal qu'ils
facrifient, Sc fur lequel le Devin ne
manque pas de s’élancer. Lorfqu’il efl: *
repu' il tombe dans cet affaiflement &
cette infenfibilité dont nous venons de
parler ; Sc c’eft alors qu’i's fe jettent fur
lui , Sc lui donnent la mort fans crainte
comme fans danger. Ils ofent , armés
d’un (impie lac, s’approcher de lui -^80
178 Hifioire Naturelle
rétranglcr, ou iîs Taflomment à coups
de branches d'arbres (a). Le defîr de fe
{aj Lettre André CUyerus,
Nous croyons qu’on verra ici avec plàifir îe
récit de îa manière dont, fuivant Diodore de
Sicile, on prit, en Egypte & fous un Ptolomée,
un Serpent énorme qui, à caufe de fa grandeur,
ne peut être rapporté qu’à l’efpèce du Devin.
Plufieurs chalfeurs, encouragés par îa muni-
ficencé de Ptolomée, réfolurent de îui amener
y» à Alexandrie un des plus grands Serpens. Get
9} énorme Reptile, long de trente coudées^ vivoit
ip fur îe bord- des eaux, il y demeuroit immobile,
couché à terre & fon corps replié en cercle;
99 mais lorfqu’iî voyoit quelqu’animat approcher
79 du rivage qu’il habitoit , il fe jettoit fur lui
99 avec impétuofité, le faifilToit avec fa gueule,
99 ou l’enveloppoit dans les replis de fa queue.
99 Les chalfeurs l’ayant apperçu de loin, imagi-
99 nèrent qu’ils pourroient aifément le prendre
99 dans des lacs & l’entourer de chaînes ; iis s’avan-
99 cèrent avec courage, mais lorfqu’ils furent plus
.99 près de ce Ssrpent démefuré, l’éclat de- fes
99 yeux étinceîans y fan dos hérilfé d’écailies, le
V ÎDruit qu’il faifoit en s’agitant, fa gueule ouverte
î9 & armée de dents longues & crochues, fon
99 regard terrible & féroce , les glacèrent d’effroi C
99 ils osèrent cependant s’avancer pas à pas , &
,79 jeter de forts liens fur fa queue; mais à peine
.99 ces liens eurent-i's touché le monftrueux ani-
99 mal, que fe retournant avec vivacité, & faifanx
91 entendre des iifflemens, aigu^ , il d !Vora le
des Scrpens. 179
délivrer d’un animal deftruéleur , n’eft
9) chafFeur qui fe trouva îe plus près de lui, en
»» tua un fécond d'un coup de fa queue , & mit
» îes autres en fuite* Ces derniers ne voulant
9» cependant pas renoncer à la récompenfe qui
>> les attendoit ÿ & imaginant un nouveau moyen ^
9» firent faire un rêt compofé de cordes très-
99 grofles , §£ proportionné à la grandeur de l'an.t-
9» mal : ifs le placèrent auprès de la caverne du
99 Serpent y & ayant bien obfervé le temps de
99 fa fortie & de là rentrée , ils profitèrent de
99 celui où l^énorfiie Reptile étoit allé chercher
99 fa proie , pour boucher avec des pierres l'en-
99 trée de fon repaire- Lorfque le Serpent revint,
99 iis fe montrèrent tous-à-la-fois avec plufieurs
9» hommes armés d'arcs & des frondes , plufieurs
^9 autres à cheval , & d'autres qui faifoient ré-
99 fonner à grand bruit des tromipettes & d'autres
99 initrumens retentiifans ; ce Serpent fè voyant
99 entouré de cette multitude ^ fe redrefîbit &
99 jetoit l'effroi, par fes horribles fifflemens , parm][
9> ceux quil'environnoient; mais effrayé lui-même
99 par les dards qu'on lui lançoit, la vue des
99 chevaux , le grand nombre de chiens qui
99 aboyoient., êt le bruit aigu des trompettes ^
99 il fe précipita vers l'entrée ordinaire de
99 caverne; la trouvant fermée , toujours trou-r
99 blé de plus en plus par le bruit des trompettes
99 des chiens ôc des chaffeurs , il fe jeta dans \%
99 rêt, où il fit entendre des fifflmens de rage 5
V mais tous fes efforts furent vains , & fa fore»
fi cédant à tous ks coups dont on l'aflaillit, & à
1 8 O îJiJloire Naturelle
pas îe feûl motif qu’on ait pour en faire
îa chafle. Les habitans de Tifle. de Java ,
îes Nègres de la Côte d’Or & plufîeurs
autres peuples mangent fa chair, qui efc
pour eux un mets agréable {a) dans
toutes îes chaînes dont on îe îiâ, on le con-
yy duifit à Alexandrie, où une longue diète apaifa
99 fa férocité, m
U Les Nègres de îa Côte d^Or mangent
99 îa chair de ces grands S^pens , & îa préfèrent
99 à îa meilîeiire volaiüe. « génér. des Voyages ^
édit. in-ï2, vol. J4> pag* ‘ai^»99 Quelques do-
99 meftiques Nègres de lîofman apperçurent ,
99 près de Mauri (fur la Côte d'Or)> un Serpent
99 de dix-fcpt pieds de long & d’une grolfeur pro^
99 portionnée. I! étoit au bord d’un truu rempli
99 d’eau , entre deux porc-épics, avec lefquels
99 iî s’engagea un combat fort animé
99 Les Negres terminèrent la bataiiîe en tuant îes
99 trois champions à coups de fufii ; ils îes ap-
99 portèrent à Mauri^ où, raflfemblant leurs ca-
99 marades , ils en firent enfemble un feftin dé-
99 licieux 99 Ibid, pag 216.
« Lopez parie d’un Serpent d’excefiive gran-
99 deur qui a quelquefois, dk-iî , vingt-cinq
empas de long fur cinq de large, & dont fa
99 gueule & îe ventre font fi vaftes , qu’it eft
99 capable d’avaler un cerf entier. Les Nègres
99 î’appeifent , dans leur langue , le grand
99 Serpent d’eau , ou îe grand Hydre. Il vit,
99 en eîfet, für les rivières, mais ii cherche fa
des Serpens, i § i
d’autres pays , fa peau fert de parure ;
les habitans du Mexique fe revêtoient
» proie fqr terre, & monte fur quelque arbre,
99 d’où il guette les beftiaux; s’il en voit un qu’iï
99 puilTe failir, il fe iailTe toniber delfûs, s’entor-
99 tille autour de lui, le ferre de fa queue, &
99 Payant mis hors d’état 'de fe défendre, il le
99 tue par fes morfures, enfuite il le traîne dans
99 quelque lieu écarté, où il le dévore à fon alTe ;
99 peau , dit l’Auteur, os & cornes. Lorfqu’ii s’elt
99 bien rempli,il tombe dans une efpèce de ftupidité
99 OU de fommeil fi profond , qu’un enfant feroit
99 capable de le tuer. Il demeure dans cet état
99 l’efpace de cinq à fix jours, à la fin defquels
99 il revient à lui-même. Cette redoutable efpèce
99 de Serpent change de peau dans la faifon
99 ordinaire, & quelquefois après s’être monf-
99 trueufement raflafiée. Ceux qui la trouvent ne
99 manquent pas de la montrer en fpedacîe. La
99 chair de cet animal palfe, entre les Nègres,
99 pour un mets plus délicieux que la volaille,
w Lorfqu’il leur arrive de mettre le feu à quelque
99 bois épais , ils y trouvent quantité de ces Serpens
tout rôtis, dont ils font un admirable feftin>>
99 Ce récit eft confirmé par Carli; il raconte qu’un
99 jour , étant à fe promener fous des arbres , près
99 de Kolumgo, les Nègres de fa compagnie dé-
99 couvrirent un grand Serpent qui traverfoit la
99 rivière de Quanza; ils s’efforcèrent de le faire
» retourner fur fes traces en pou fiant des cris
« & en lui jetant des mottes de terre, car il
99 ne fe trouve point de pierres dans le pays ;
99 mais rien ne put l’empêcher de gagner le rivage
1 8 Z Hijloire Naturelle
de fa belle dépouille -, & dans ces temps
antiques où des monftres de toute efpèce
Xâvageoient des contrées de Tancien con-
tinent , que Tart de rhoiiime eommen-
çoit à peine d'atracher à la nature , com*
biert de héros portèrent la peau de
grands Serpens qu'ils avoient mis à
» & de prendre pofte dans un petit bois afîez
« près de fa maifon. Il fe trouve de ces Serpens,
dit le même Auteur, qui ont vingt-cinq pieds
>> de long & qui font de la grofleur d’un poulain*
Ils ne font qu’un morceau d’une brebis auffitôt
» qu’ils l’ont avalée , ils vont faire leur digeftion
» au foleil ; les Nègres ^ qui connoiffent leurs
V5 ufages,. apportent beaucoup de foin à les ob-
w ferver, & les tuent facilement dans cet état,
» pour le feui plaiûr d’en manger la chair. Us
>9 les écorchent & ne jettent que la queue, la
tête & les entrailles. Ce Serpent paroît être le
» même qui porte , fuivant Dapper , le nom
99 à^Embamma dans le Royaume d’Angola; &
99 celui de Mi/fm dans le pays de Quojas, Sa gueule,
99 aj oute cet Ecrivan , eft d'une grandeur fi extraor-
9f dinaire, qu’il peut avaler un bouc^ ou même
99 un cerf entier. H s’étend dans les chemins
99 comme une pièce de bois mort, àc d’un mou-
» vement fort léger, il fe jette fur les paflTans^
99 hommes ou animaux. *» Wfloire tiaturelle de Congn^
Angola & de Bengutla. Hifloire générale des Voyages^^
édit* in-i2,/;V, 13 , tom^ 17 , pag> 249
Serpens. 1 8 j
mort, & qui étoient vraifembiablement
de refpèce ou du genre du Devin ,
comme des marques de îetir valeur &
des trophées de leur viâoire.*
C^eft lorfque la faifon des pluies eft
paflée dans les contrées équàtoriales ,
que le Devin fe dépouille de fa peau
altérée par la difette qifil éprouve quel-
quefois , ou par raétron- de fatmolphère,
par le frottement de divers corps j St
par toutes les autres caufes extérieures
qui peuvent la dénaturer. Le plus fou-
vent il fe tient caché pendant que fa
nouvelle peau n^eft pas encore endurcie,
& qu^il n'oppoferok à la pourfuite de
fes ennemis qifun corps foible & dé-
pourvu de fon armure. Il doit demeurer
alors renfermé ou dans le pkis épais des
forêts , ou dans les antres profonds qui
lui fervent de retraite. Nous penfons ,
au refte , qif ordinairement il ne s'en-
gourdit complètement dans aucune faifon
de l'année. Il ne fe trouve , en effet ,
que dans les contrées très-voifines des
Tropiques où la faifon des pluies n'amène
jamais une température allez froide pour
fufpendre fes mouvemens vitaux. Et
î 8 4 Hîfioire Naturelle
comme cette faifon des pluies varie
beaucoup dans les différentes Contrées
équatoriales de l’ancien & du nouveau
Continent , & qu’elle dépend de la'haU'
teur des montagnes , de leur fituation ,
des vents , de la pofîtion des lieux , en-
deçà 5 ou au-delà de la ligne , &c. le
tems du renouvellement de la peau &
des forces du Serpent , doit varier quel-
quefois de plufieurs mois & même
dune demi-année. Mais c’eft toujours
lorfque le foleil du printemps redonne
Tadivité à la Nature , que le Serpent
Devin rajeuni , pour ainfi dire , plus
fort, plus agile, plus ardent que jamais,
revêtu d’une peau nouvelle , fort des
retraites cachées où il a dépouillé fa
vieill^ile , & s’avance Tceii em feu fur
une terre cmbrâfée des nouveaux rayons
d’un foleil plus aâif. Il agite fa grande
niafle en ondes finueufes au milieu des
bois parés d’une verdure plus fraîche
faifant entendre au loin fon fifflement
d’amour, redrcfiant avec fierté fa tête,
impatient de la nouvelle flamme qu’il
éprouve, s’élançant avec impétuofité, il
appelle, pour ainfi dire, fa compagne
des Serpens, i 8 j
à laquelle il s’unit par des liens fi étroits ,
que leurs deux corps ne paroiffent plus
en former qu’un feul. La fureur avec
laquelle le Devin fe jette alors fur ceux
qui l’approchent & le troublent dans
fes plaifirs , ou le courage avec lequel
il demeure uni à fa femelle malgré la
pourhiite de fes ennemis & les blelfures
qu’il peut recevoir , paroiiîent être les
effets d’une union auffi vivement fentie
qu’elle eft ardemment recherchée : point
de confiance cependant dans leur affec-
tion ; lorfque leurs defirs font fatisfaits,
le mâle & la femelle feféparenti bien-
tôt ils ne fe connoiflent plus, & la fe-
melle va feule, au bout d’un temps,
dont on ignore la durée , dépofer fes
ceufs fur le fable ou fous des feuillages.
C’efl ici fesemple le plus frappant
d’une grande différence entre la grof-
feur de l’œuf ôc la grandeur à laquelle
parvient l’animal qui en fort. Les œufs
du Devin n’ont, en effet, que deux ou
trois pouces dans leur plus grand dia-
mètre. Toute la matière dans laquelle le
fœtus eft renfermé n’eft donc que de
quelques pouces cubes -, & cependant le
1 8 5 Uijtûire Naturelle
Serpent , lorfqit’H a atteint tout fon dé-'
veloppem'ent, he cbntient-ii pas quarante
Oïl cinquante pieds cubes de matière.
Ces œufs ne font point couvés par la
femelle j la chaleur de l^atmofphère les
fait feule éclore-, ou tout au plus dans
certaines contrées comme celles , par
exemple y où l’humidité domine trop
fur la chaleur, la femelle a le foin de
pondre danÿ quelques endroits plus
abrités, & où des fubftances fermenta-
tives & ramalTées augmentent ,• par la
chaleur qu’elles produifent , l’effet <ie
celle de l’atmofjphère. On ignore com-
bien de jours les œufs demeurent expofés
à cette chaleur , avant que les petite
Serpens édofent.
La grande différence qu’il y a entré
îa petitefle du Serpent contenu dans fon
œuf , & la grandeur démefurée du Ser-
pent adulte , doit faire préfumer que
ce n’eft qu’au bout d’un temps très-
long , que le Devin eft entièrement dé-
veloppé -, & n’eft - ce pas une preuve
que ce Serpent vit" un allez grand
nombre d’années ? Le nombre de ceS
années doit eu eâet être d’autant plits
des Serpens. i S 7
eonfîdérable , que le Devin eft auflî
vivace que la plupaat des autres Serpens.
Ses différentes parties jouiffent de quel-
ques mouvemens vitaux , même après
qu’elles ont été entièrement féparées du
refte du corps {à). On a vu, par exem-
ple, la tête d’un Dévin coupée dans le
moment où le Serpent mordoit avec
fureur , continuer de mordre pendant
quelques inftans , & ferrer même alors
avec plus de force , la proie qu’il avoit
faille , les deux mâch®ires fe rappro-
chant par un effet de k contraction
que les mufcles éprouvoient encore.
Lorfque cette contraéRon eut entière*
ment ceffé y on eut de la peine à def-
ferrer les mâchoires , tant les parties
de la tête étoient devenues roides *, ce
qui fît croire qu’elle conferVoit quelque
aétion , lorfque cependant il ne lui en
refte plus aucune {b).
(a) Voyez, à ce fujet, Maregrave , à l^endrort
déjà cité.
(bj Ce fait m^a été confirmé , reîàtivement au
Devin ou à d’autre« grands Serpens, par piufieurs
Voyageurs qui étoient ailés dans l'Amérique mé-
ridionale, & particulièrement par M. le Baron dô
WiderCpach,, Correfpondànt du Cabinet du Ito#
1 8 § Hijlôire Ndturelle
L’HIPNALE (a).
C’est un assez beau Serpent qui ,
ainfi que le Devin , appartient au genre
des Boa , & a de grandes plaques fous
îa queue ainfi que fous ie corps , mais
qui lui eft bien inférieur par fa lon-
gueur & par fa force. On le trouve
dans le Royaume de Siam. Le plus
grand nombre des individus de cette
efpèce , qui ont été confervés dans les
Cabinets , n’avoient guère qu’un pouce
& demi de circonférence & deux ou
trois pieds de longueur, & telles étoient
à-peu-près les dimenfions de ceux qui
font décrits dans Séba (b). Ce Serpent
(a) L’Hipnaîe. M» (TAubenton , Encyclopédit
'méthodique*
Boa Hipnaîe. Linn* amphib. Serpent,
Séba^ muf 2 j tab* 34 , l 2.
Boa Exigua, 195. Laurenti^ Speclmea Mtiicum,
(b) Un Hipnale qui fait partie de fa coHedion
du Roi, a un pied onze pouces de longueur
totale 9 ôc fa queue e& longue de trois pouces.
des Serpens. i 8 9
eft d’un blanc jaunâtre tirant plus ou
moins fur le roux -, le deflous du corps
eft d'une couleur plus claire, & Séba
dit qu’on y remarque des taches noi-
râtres •, mais nous n'en avons vu aucun
veftige fur l'individu qui eft confervé
dans l'efprit- de-vin au Cabinet du Roi.
Le dos eft parfemé de vaches blanchâtres
bordées d’un brun prefque noir. Malgré
leur irrégularité, ces taches font répan-
dues fur le corps de i’Hipnale de ma-
nière à le varier de couleurs agréables
à la vue , & à r^préfenter aflez bien
une riche étoffe brodée. Suivant Séba,
la femelle ne diffère du mâle que par
fa tête qui eft plus large. L'un & l’autre-
l'ont allez grande fans que cependant
elle paroiffê difproportionnée. Le tour
de la gueule préfente ijne forte de bor-
dure remarquable que l’on obferve dans
plufieurs Boa , mais qui eft ordinaire-
ment plus fenfible dans l’Bffpnale à pro-
portion de fa grandeur 5 elle eft com-^
pofée de grandes écailles trèl-courbées,‘
concaves à l’extérieur & qui étant ainfi
comme creufées , forme une forte de
petit canal qui borde les deux mâchoires^
I ^ ® Hijîoire Naturelle
On a mis ce Serpent au nombre des
Céraftes (a) ou Serpens cornus \ il leur
reflemble , en effet , par fes propor-
tions, mais les Céraftes ont deux rangées
de petites plaques fous la queue, & d'ail-
leurs il n'a aucune apparence de corne^
II fe nourrit de chenilles, d'araignées,
& d'autres petits infeétes*, & comme il
eft très-agréable par fes couleurs fans être
dangereux , on doit le voir avec plaifir
venir dans les environs des habitations ,
les délivrer d'uniè vermine toujours trcp
abondante dans les pays très- chauds. II
a ordinairement cent foixante-dix-neuf
grandes plaques fous le corps , & cent
vingt fous la queue. Les écailles qui re-
couvrent fa tête font femblables à celles
du dos , mais le deffus du mufeaii pré-
fente quatorze écailles un peu plus
(fl) Séha , fl r&ndroit déjà cité»
LE BOJORI . , LA BRODERIE . 7^,
des Serpens. 191
■ LE B O J G B I (d).
{Quoique ie Bojopi n’égale point le
Serpent Devin par fa force , fa grandeur
ni la magnificence de fa parure , quoi^-
qu’il cède en tout à ce roi des Serpens ,
il n’en occupe pas moins ufie place dif-
tinguée parmi ces animaux-, & peut-être
le premier rairg lui appaxtiendroit , fi
l’efpèce du Devin étoit détruite. La
longueur à laquelle ij peut parvenir eft
affez confidérable -, & il ne faut pas en
fixer les limites d’après celles que pré-
fêntent les individus de cette efpèce,
coafervés dans les Cabinets (è). II doit ^
être bien plus grand lorfqu’il a acquis
tout fon déyeioppemeot : & s’il faiit
(d) Tetrauchoalt Tieoa.
. Le Bojobi. M, d*Aubenton , Encyclopédie méthodique^
Boa Canina, Linn, amphiL Serpent,
Séba ^muf, 0, , tab, 8 1 , 1,6’ tah. 96 , fig, 2.
Boa Aurantiaca, 194. Boa Thalaiïina, 193. Lan*
rtnti^ Spécimen Medicam,
(b) L'individu que nous avons décrit, & qui
fait partie de la colleétion de Sa Majefté, a deux
pieds onze pbuces de longueur totale, & à-peu^
près fept pouces depuis l'anus jufqu'à l'extrémité
ip la queue.
Hijioire Naturelle
rapporter à ce qu'on a écrit de ce Boa,’
fa longueur ne doit pas être très-infé-
rieure à celle du Serpent Devin. L'on
a dit qu'il fe jetoit fur des chiens &
d'autres gros animaux , & qu'il les dévo-
roit {a) \ & à moins qu'on ne lui ait at-
tribué des faits qui appartiennent au
Devin , le Bojobi doit avoir une lon-
gueur & une force confidérables pour
pouvoir mettre à mort , & avaler des
chiens & d'autres animaux alfez gros.
Ce Serpent , qui ne fe trouve que
dans les contrées équatoriales , habite
également l'ancien & le nouveau monde*,
mais il offre , dans les grandes Indes 8c
en Amérique , le figne de la différence
du climat , dans Ie$ diverfes nuances
qu'il préfente , quoique d^illeurs le
Bojobi de l'Amérique & celui des Indes
fe refîemblent par la place des taches ,
la proportion du corps, la forme de la
tête, des dents, des écailles , par tout ce
qui peut conftituef l’identité d'efpèce.
(a) M- Linné paroît avoir adopté cette opiniom
en donnant au Bojobi f’épithète de canina ^ de
même qu'il a donné celle de murina à un Boa qui
le nourrit de rats.
Le Bojobi
des Serpens. ' j. 1 1
Le BôjoBi du Bréfil eft d’un beau vert
de mer plus ou moins foncé , qui> s’étend
depuis le fommet de la tête jufqu’à l’ex-
trémité de la queue , & fur lequel font
placées, d’efpace en efpace, des taches
blanches irrégulières , dont quelques-
unes approchent un peu d’une lozangé
& qui font toutes alfez clair-femées &
diftribuées avec affez d’élégance pour
former fur le corps du Bojobi un des
plus beaux aflortimens de couleurs. Ses
écailles font d’ailleurs extrêmement polies
& luifantes (à) •, elles réfléchiffent û
vivement la lumière qu’on lui a donné ,
ainfi qu’au Serpent Devin i, le ;:pom In-
dien de Tleoa , qui veut dire Sferpeut
de feu : auffi , lorfque le Bdjbbi: brille
aux rayons du foleil , êf qu’il étale la
croupe refplendilTante d’un beau vert
& d’un blanc éclatant , on croiroit voir^
une longue chaîne d’émeraudes, au mi-
lieu de laquelle on auroit dîftrihué des
diamansj & ces nuances font relevées
par la couleur jaune du deffous de fo»;
ventre, qui , à certains alpeéls, encadre,*
(a) Ellés font rhomboïdales.
K ^rpens J Tome ÏVy ■» <1
154 NaturèUe
pour aiiîfî dire, dans de J’of:,;fe iveft =S
îe Hane ;du dos. ; - ,
Le Bojobi des grandes Iiades né prcr
fente pas iet afleinblage de vert & de
bJanc^ mais il réunit l’édat dç i’or à
celui des rubi|. Le vert eft remplacé par
de l’orangé j & les taches du dos font
Jaunâtres & bordées d’un rouge tresrvif.
Voilà donc les deux variétés du Bojobi ^
qui ont reçu, l’une & l’autre , une pamrè
éclatante d’autant plus agréable à l’œil,
que le deflêin en eft fimple & par coui
'feqUient facilement failî. j
On doit confidérer ces Serpens avec
'd’autant plus de plaifîr , qu’il parôjt qu’ils
ne fqnt point aîoiimeux , qu’ils ne crair
gtiéitriipat l'hdmme , Sc qd’ils ne cherchent
pas à lui nuire y s’ils n^ont pas une forte
de familiarité avec lui comme plufieurs
Couleuvres , s’ils ne fouffrent pas fes
câredes, ils ne fuient pas fa demeure ;
ils vont fouvent dans les habitations i ils
fie font; de mal à perfonne fi on ne les
attaque poiht 5 mais on ne les irrite
pas envain ; ils mordent alors avec force
4c même leur morfure eft quelquefois,
fuivie d’une inflammation confîdérahie
^ui , aij^mentée par la crainte du bhSèf
pfeûî , dît^on , donner Ir mort , fi oa
n Y apporte point un prompt remède ,
en nétoyant la plaie , ea coupant ia
partie mordue , &c. Néanmoins , &i-
yant les Voyageurs qui attribuent des
fuites funcftes à la morfiire du Bojobi ,
ces accidcns ne doivent pas dépendre
d^in veidn quil ne paroît pas contenir-,.
& ce n'eft que parce que fes dents font
très-acérées \a) , qu'elles font des blef-
fiires dangereufes, de meme que toutes
les efpèces de pointes ou armes trop
effilées {b),
, (a) H y a d^i\% ratîgs de 4eats à h ixiâchoîfe
fupérieure ; les plus voiüncs du mufeau font longues
& recourbées comme les crochets à venin de la
vipère, mais elles ne font ni mobiles ni creufes-
(IfJ Le Bojobi a ordinairement deux cent trojs
grandes plaques fous le corps, & foixante-dix-fept
fous la queue. Le deffus de fa tête eft garni d’écailles
femblables à celles du dos. Les deux os, qui corn-
pofent chaque mâchoire , font très-féparés Lun
de Lsutre dans la parue du mufeau, & ainfi qu'on
le voit dans la vipère commune. Les lèvres font
couvertes de grandès écailles, fur lefquelfes on
obferve un fiUon aiîez profond , & qui font com-
munément au nombre de vingt-trois fur la.
choire fupérieure, & de vingt-cinq fur Linfé'*
19^ Hijîeire Naturelle
5-1 !'!L ■■■»—?»
LE RATIVORE (a).
On trouve en Amérique , ainfi qu’aux
grandes Indes, ce Boa, dovnt k tête eft
conformée à-peu-près comme celle du
Devin , & couverte d’écarlles rhomboï-
dales, unies ainii que celles du dos >
& à-peu-près de la même grandeur* Il
nk point de crochets à venin , & fes
lèvres^^font bordées de grandes écailles*
t4f deiîüs du corps de ce Boa eft
blahcbâtre, ou d'un vert de mer, avec
cinq rangées longitudinales de taches ^
la rangée du milieu eft compofée de taches
ronfles , irrégulières , blanches dans leur
centre , placées très-près rune de l'autre,
& fe touchant en plufieurs endroits ^
les deux raies fuivantes font formées de
taches roiiiTâtres , chargées d'un demif^
{a) Le Mai’tgeur de rats. Mn i^Aubeum , &-
cyclopédit métkodiqtie*
Boa Murina^ ampbib. Serpmu
Gromieius muf* 2, p* 70, Af.° 44-
S^ba , muf, 2 , ub, tg #
âts Serpats, i fj
cercle blanchâtre, du côté de rintérieiir,
ce qui leur donne l’apparence de5 taches
appellées yeux fur les ailes des papillons;
les deux rangées extérietires préfentent
enfin des taches rouffes , qiii correfpon-
■dent aux intervalles de* rangées dont les
taches^ reffembient à des yeux. Ori voit *
fur le derrière de la tête , cinq autres
taches rondes & alongées, dont les deux
extérieures s’étendent jufqu’au yeux du
Serpent,
Le Rativore a ordinairement deux
cent cinquante- quatre grandes plaques
fous le corps , & foixante-cinq fous la
queue. Un individu de cette efpèce ,
apporté de Ternate au Cabinet du Roi ,
a deux pieds fix pouces do longueur ,
& fa queue eft longue de quatoe pouces
deux lignes.
Il fe nourrit de rats & d’autres petit»
animaux , ainfî que plufieurs autres
Serpens,
1 9 8 HiJIoîre Naturelle
LA BRODERIE, (a).
Novs NOMMONS iaitîfi le Boa dont îl eft
^neftion dans cet article , parce qu’en
effet on voit régner aii-defî’us de fon
corps & de fa quene , une chaîne de
taches de idifîérentcs formes , de dif-^
férentes grandeurs, nuées de bai-hriin,
de châtain-pourpre * & de cendré blan-
châtre , qiïi repréfentcnt une broderie
d’autant plus riche que lorfque le foleil
darde fes rayons fur les écailles lui-
fantes du Serpent, elles réfléchiffent un
éclat très-vif; Voilà pourquoi appareni-
ment ce Boa a été appellë dans la nou-
velle Efpagne , ainfi que le Devin, le
Bojobr, & pltiiieurs autres Reptiles ,
'Tkhua ou Tleoa , c’eft-à-dire , Serpent
(a) Le Parterre* M» d'Juhenm, Encyclopédie
méthodiqut, ' [
Boa Hortuîana. Linn, amphib» Serpent.
Séba t mil P 2, îab» 74, fig. I, £?* tab. 84 >
fis- I-
des Serpens. 15$
' âe Peu : mais c’éft fur fa tête qué cette
brillante broderie, eompofée dé taches
& de raies plus petites j & fouvent plus
entrelacées , prcfente nn delîein plus
varié, M. Linné , comparant éé riche
atTortiment & cette difpofitiorf agréable
de couleurs à la diffiributioii de celles
qui décore un parterre , a donné l’épi-
thète de Hortuland , au Boa dont nous
parlons (u)’, mais nous avons préféré le
uom de Broderie , comme défignant
d’une manière plus exaéte , l’arrangev
ment & l’éclat des belles couleurs de ce
Serpênt.
Il fe trouve au Paraguay dans l’Amé-
rique Méridionale, ainfi que dans la
nouvelle Elpagne. Comme il n’a encore
été décrit que dans les Cabinets , & que
fes couleurs ont dâ être pliis au moins
altérées par les moyens employés poitr
l’y conferver , on ne peut point déter*
miner la vraie nuancé du fond fur lequel
s’étend la broderie remarquable qui le
diftingue -, il paroît feulement que le
(aj M’ Linné , à l’endroit déjà tité,
I iv
tco Hijloire Naturelle
€Îps çft bleuâtre -, le ventre eft blanchâtre
& tacheté d’un roux plus ou moins foncé -,
i individu qui fait partie de ïa colleétion
du Roi , a deux pieds trois pouces fix
lignes de longueur totale , & fa queue
eft longue de fept pouces {a).
/fl/Le Boa Broderie a le deffus de la tête couver®
d’écaiiies rhomboïdales , unies & femblables à
celles du dos, deux cent quatre-vingt-dix grande»
plaques fous le corps , & cent vingt-huit fous ^
queue, li u’a point de crochets à veoia.
àes Serpent,
±ài
LE GROIN {a).
XjA forme de la tête de ce Boa , lui a
fait donner par M. d’Aubenton , le nom
que nous lut confervons ici •, ientufeau eft
en effet terminé par une grande écaille
relevée -, la tête eft d’ailleurs très-large,
très-convexe & couverte d’écailles fera-
blables à celles du dos , ainfî que dans
îe plats grand nombre de Boa.
Le Groin fe trouve dans la Caroline,
où il a été obfervé par MM. Catefby &
Garden. Ni M. Catefby, ni M. Linné,
à qui M. Garden avoit envoyé des indi-
vidus de cette efpèce , n’ont vu les mâ-
choires du Boa Groin , garnies de cro-
chets mobiles Sc à venin -, mais cependant
M. Linné dit pofilivement qu’en difTé-
(a) Le <jXom. M» d^Auhtnton , Encyclofédit mé^
thûdiqut.
Boa Contortrîx- Linn» amphilh Serpent*
The Hog-Nofe Snake-
C^tby , CmL a , tab, 56.
I ▼.
202 Hijîoire Naturelle
quant ce Serpent , il a trouvé les véfi-
lîcules qui contieurrent k- liqueur véné-
neufe.
Le deffus du corps du Groin eft cendré
ou brun avec des taches noires difpofées
régulièrement , & des taches tranfverfales
jaunes versk queue. Le deflous préfente
des taches noires., plus petites, lur urr
fond blanchâtre.
Ce Boa ne parvient ordinairement qu’à
k longueur d’un ou deux pieds , fuivant
Catcfby, & celle de k queue égale le
plus fouvent le tiers de k longueur du
corps (û)..
(a) Le Groin a cent cinquante grandes plaques,
fous le corps & quarante fous la queue. '
dés Serpens, i©}
LE CEN CHRIS (a).
Ce Boa fe trouve à Surinam : eft?
d’un jaune clair V avec des taches blan-
châtres, grifes dans leur centre, ^ qui
imitent des yeux comme, celles que l’on
voit ftir les plumes de plufîeurs ôifeaux ,
ou fur les ailes de plufieurs papillons. Il
a, fiiivant Linné , qui. eii a parlé le
premier , deux cent foixante-cinq grandes
plaques fous le corps , Sc cinquante-fep.t
fous la queue..
f'aj Le Cenchrfô. M- d^Aulenton , Encycîo-péih
méthodique.
Boa Cenchria. Linn^ amyhih* Stfpinu ,
2;o4 Hijloire Naturelle
LE SCHYTALE (a).
Ce Boa doit parvenir, à une grandeiif
très-confidérable, & jouir de beaucoup
de force ^ puifque , félon M. Linné , il
écrafe & engloutit , dans fa gueule,
des btebis & des chèvres. Le deflus de
fon corps eft d'un gris mêlé de vert y
où voit des tâches noires & arrondies
le long du dos , cTaùtfes taches noires vers
leurs bords , blanches dans leur centre ,
& difpofées des deux côtés dû corps le
Ventre en préfente d’autre de la même
couleur , mais alongées , & comme cem»-
pofées de plülieurs points noirs réunis
enfemble»
On le trouve en Amérique. Il a deux
•cent cinquante grandes plaques fous le
corps , & foixante-dix fous la queue.
fa^ Le Schytale. M- i' jimhtnton , EsteyeUfiitt
mithoiiqttt.
Boa Schytaïe- Lim. ëtnphih, Scrpmh
^chtüch. SacT, tah, 737 f fig^ !•
Gronoft. muf BS ^
âes Serptns. 26 f
L’OPHRIE (a).
Un individu de cette efpèce faifoit
partie de la colledron de M. le Baron
de Géer , & a été décrit , pour la pre-
miète fois, par M. Linné. L’Ophrie a
beaucoup de rapports, par fa confor-
mation , avec îe Devin , mais il en dif-
fère par fa couleur , qui eft brune , &
par le nombre de fes grandes plaques y
il en a deux cent quatre-vingt-une fous
ic ventre , Sc foixante-quatre fous la
queue.
(a) yOphrie. M* d*Jnhe»ton , Ençychpé£i
tMiqne,
Boa Ophrias, Lim, &mpkiè* Serpmt*
lûS Hîjîoire Nafurelté
L’EN Y DRE (^>.
L'on coNNoÎT.peu de ehofes relativement
à cette efpèce de Boa , qite M. Linné
a décrite ie premier, & dont un individu
faifoit partie de la colîeélion de M. le
Baron de Géen
L'Enydre eft d'itne couleur grife , mais
qiti préfente plufieurs nuances^ allez dif-
férentes l'une de rautre. Il paroît par
ce qu'en dit M. Linné > que les dents
de la mâchoire inférieure de ce Serpent ^
font plus longues, en proportion de fa
grandeur de l'animal 5 que dans la plupart
de autres noa.
On trouve l'Enydre en Amériques il
a deux cent foixante-dix grandes plaques
fous le corps^ , & cent quinze fous la
queue.
(a) L^Enydre* AL d*Auhenton , Ensydopédit
méthodique.
Boa Enydris. Linn- amphih* Serpent,
des Serf eus. 2©f
L EMU E T
M. liiNNE a donné ce nom à un grand
Serpent de Surinam, qui! a placé dans
ïe genre des Serpens à fonnette ,
caiife des grands rapports de confoimia-
tion qui le rapprochent de ces Reptiles ^
mais que nous comprenons dans le genv^
des Boa , parce qu’il a de grandes plaques
fous le corps & lotis la queue, comme ces
derniers , & qti’il n’a pointla queue termi-
née par une otiplufîeurs grandes pièces,
de nature écailleure , comme les Serpens
à fonnette. C eft à caufe de ce défaut de
pièces mobile^ & fonores , que M. Liniré
î’a nommé le Muet. Ce Reptile a l’extré-
mité de la queue garnie par-deffous de
quatre rangs de petites écailles dont les
angles font très - aigus. Les crochets à
venin , que l’on voit à fa mlchorre fupé-
^a) Le Muet. M. d^Aubentdn Eneycibpédie mi^
thodique»
Crotal* Mutus. Li/m» ampMb. Serpmu
\mrt Naturelle
rieure , font efFrayartS par leur grandeur-,
félon M. Linné fon dos préfente des
tacites noires rhomboïdaies & réunies
les unes aux autres •, il a deux cent dix-
fept grandes plaques fous le ventre , &
trente-quatre fous la queue.
J^OLO îhe
I, LE BOIQURA. Ser^eTi^à^Jon/i^^e^^ MILLET..^. 2^^.?
S. LE DURI S SUS .7%?'.
Ton2y>J7^
1 1. /W . . Z
êes Serpens, *09
TROISIÈME GENRE.
SERPENS
Qui ont le feutre couvert de grandes
plaques y & la queue terminée par une
grande pièce de nature écailleufe , ou
par plufieurs grandes pièces articulées
les unes dans les autres j mobiles ^
bruyantes.
SERPENS A SONNETTE.
LE BOIQUIRA (a).
Uk Voyageur égaré au milieu des
folitudes brûlantes de l’Afrique , accablé
pus la chaleur du midi , entendant de
(ûf) Boicininga & Boîcinininga*
Ecacoati. .
Cafea vela ou Cafcavel ^ par les Portugais^
11^ Miroir e Natufélte
îoiiî le nigifletiicnt du tigre en furêùif
qui cherche urie' proie, & rie Tachant
comment éviter fa dent meQrttère;^ ne
doit pas éprouver un frérriilTement plus
grand que ceux qui parcourant les im-
menfes forêts des contrées chaudes &
humides du nouveau Monde-,' féduits
par la beauté des feuillage» & des-fleurs ,
entraînés , comme par une efpèce d'en-
chantement au milieu de ces retraites
Tange^or , par les Efpagnols,
The Rattle Snake, par les Av^oU*
Le Büiqüira. M. d^Aubentoo^ Encyclopédie
îhoâiquz.
Crotal. Harridivs. Linp. ami^hïh^ Serpein^
Bradl^ Tiatuf^ tab. ‘ .
Séba, Muf, 2 , ï.
Caudifona Terrîfîca , *03, Lmrmî ^ SpetmiH
Meiumtr.
Teuhttacot Zauhqm, L e, Regina Serpentumy
tlernandei*
Vipera Caudifona > & Anguis Crotaîophorus**
Bay , Synopfis , pag» 291.
Vipera Brafdiae Caudifona. Mufœam Kircheria^
mm J fom. 1773 » 355 9» 4j*
Bokinininga. P^yo// y c/e Brafilicnfi,
/• , . . , .
Boicinininga , Eoiquira, Aÿug. Gcorg, Marcgrapi,-
hifi. rcrum naturaliam Brafilï<z , lib* 6 y p, 240.
2 1 }
Serpens.
riantes^ mais perfides, fentent, toiit-à-
coup , l’odeiîr fétide qu'exhale le Boi-
quira (a) ^ recoiïnoiffant le Émit de la
fonnette qui termiae fa queue , & Ïq
voient prêt à s^ëlaiicer fur fux.
Ce terrible Reptile renferme en effet
un poi Ton mortel*, &, fans excepter le
Naja 5 il n'eft peut-^être aucune efpèce
de Serpent, qui Gontienne un venin plus
aétif.
Le Boiquira parvient quelquefois à la
longueur de fix pieds ^. & fa circonfé-
rence eft alors de dixyhuit pouces (^).-
• fa) U .Vodeur.des Serpensà fonnette eCt très-mait-
Taife , fur-tout iorfqu’ils fe chauffent au foleif oa
f> qu^iîs font en coière; on tes fént queiquefois
» avant de fes voir & de les entendr e : lés chevaux
99 & les bœufs les découvrent par Podqrat fêc s’enr
99 fuient très-loin: mais lorfque le vent ernporte
n l’exh^aifon du Serpent vêts ïe côté oppolé à la
n route que tient le cheval ou le bœuf, celui-ci
» va quefquefois jiifques fur le Serpent mêmer
« fana eiv avoir connoilîanee. KaLnu Mém. de
Sukde Colle&> académ- part, étrangère , tome ri ,
(b) Hernandez ne lui donne que quatre pieds
de longueur ; Maregrave un peu pius de quatre
pieds y & Pifon cinq; mais Kaïm a écrit que les
/
St t i Hijïoire Naturelle
L’individu que nous avons décrit , 8c
qui eft confervé au Cabinet du Roi , a
quatre pieds dix lignes de long , en y
comprenant la queue qui a quatre pouces,
& qui, dans cette efpèce, ainfi que dans
ies autres Serpensà fonnette déjà connus,
eft très-courte à proportion du corps.
Sa tête aplatie eft couverte, auprès du
mufeau, de fix écailles plus grandes que
leurs voifines , & difpofées fur trois
rangs tranfverfaux , chacun de deux
écailles.
Les yeux paroiflent étincelans, & lui-
fent même dans les ténèbres , comme ceux
de plufieurs autres Reptiles, en laiflant
échapper la lumière dont ils ont été
pénétrés pendant le jour & ils font
garnis d’une membrane clignotante ,
éiiivant le favant Anatomifte Tyfon ,
qui a donné une defcription très-éten-
p!us gros Boiqùira qu’on ait vus dans l’Amérique
feptentrionaie étoient longs de fiX pieds. Mémoires
de l’Académie de Stotkolm, Suivant Catesby , le»
plus grands Serpehs à fonnette ont près de neuf
pieds de longueur- Hifl- nat. de la Cuolim, vol. s,
pa^.41.
des Serptens. 215
due , tai)t des parties extérieures que
des parties intérieures du Boiquira (a).
La gueule préfente une grande ou*
verture -, & le contour en eft de quatre
pouces , dans l’individu de la colleétion
du Roi., La langue eft noire , déliée ,
partagée en deux j renfermée en partie
dans une gaine , & prefque toujours
l’animal l’étend & l’agite avec vîteffe.
Les deux os qui forment les deux côtés
de la mâchoire inférieure ne font pas
réunis pardevant , mais féparés par un
intervalle affez conlidérable que le Ser-
pent peut agrandir , lorfqu’il étend la
peau de fa bouche pour avaler une proie
volumineufe. Chacun de ces os eft garni
de plulieurs dents crochues, tournées en
arrière, d’autant plus grandes qu’elles font
plus près du mufeau , & qui , par une
fuite de cette difpofition , ne peuvent
point lâcher la proie qu’elles ont faifie,
& la retiennent dans la gueule du Boi-
quira , pendant qu’il l’infeéte du venin
qui tombe de fa mâchoire fiipérieure.
C’eft, en effet, fous la peau qui re-
(9) Tranpiftms N-”
i 1 4 Hijîoire Naturelle
couvre eette mâchoire , & de chaque
côté , que nous avons vu les véficùîes oi\
îe poifon fe ramaffe. Lorfque le Serpent
comprime ces véfiçules , le venin fe
porte à la balè de deux crochets très-^
longs & très-apparens , attachés lii-de»
vant : de la mâchoire fiipérieure ^ ceS
criôchets , enveloppés en paffié dâhs une
èlpèce de gaîne", d'ou iis fortent lorfque
î’animal les redreffe , font creux dans
pref^e toute leur longueur-, lé venin
y pénètre par tpi trou dont ilsïbftt pércés
à leur bafé , au-ddfoiis dé la gaîne, & en
fort par une fente longitudinale que
l’on voit vers leur pointé ’ (û). Gette
fente a plus d’urte ligne' de longueur
dans l’individu conferyé au Cabinet du
Roi, & les çrophets font longs de fix
' (a) Lorfqu’on prefle (a racine de ces crocfaets,
il coule aboijdammeitt de leur extrémité j iiôf
matière verte quieft le venin- Xa/ra,, Mémwet df
l’Académie de Stockolm- Ce venin donne une cou-
Jeur verte au linge fur lequel on ie -répand , &
plus on leffive ce linge , & plus il devient vert.
hdamifcrit de M...GaKÙei., que, M- de Fou-
geroux de Bmiaroy , de l’Académie Royale des ^cipifcs ,
et bien voulu ine communiquer’
. des s erpms, iij
lignes. Iiidépendaiîirtjent de ces cfochetsi
qui, paroiiîent appartenir à toutes les
efpèces de Serpens venimeux -, & que
nous avons vus , en effet, dans les Vi’-
pères > JjCS . Céreftes , les Naja , &c. la
mâchoire fiiperieure eft garnie d’autres
/dents plus petites & pltis; veifines du
goffer vers, lequel .eîlJs . fpnt Itouîr
fiées , qui- fervent , ainff que celles
dé la mâchoire inférieure ^ à retenir la
viétime que les crpehets percent & im-!-
biherit de venin, ; ’ :
Les écailles du dos font , ovales &
relevées dans le. milieu par une arête
qui s’étend dans le Cens de leur plus
g^and diamètre. On a écrit qu’elles font
articulées fî librement que Tahimal ,
lorfqu’il eft en colère , peut les redreffer j
mais le mouvement qu’il leur donne
doititre peu confidérable , puifque nous
nous femmes afliirés qu’elles tiennent
à la pcâU dans prefque toute leur loru
gueur & toute leur largeur (a). Le
. (a) Chacune de ces pfaqiies eft mue par un
mufeie particulier dont une extrémité s-attachê
f}x bord fupérieur de la phque inférieure , 5^
Z i a Hijîoire Naturelle^
deflbiis du corps, ainfî que le dei-
fous de la queue , font revêtus d un
feul rang de grandes plaques comme
dans le genre des Boa -, nous én avons
compté vingt-fept fous la queue, & cent
quatre-vingt-deux fous le ventre de Tin-
dividu qui fait partie de la colle(^ion
du Roi. îl. Linné en a compté cent
foixante-fept fous le corps , & vingt-
trois fous la queue de celui qu'il a
décrit {a).
La couleur du dos eft d’un gris mêlé de
Jaunâtre, & fur ce fond, on voit s’éten-
dre une rangée longitudinale de taches
noires , bordées de blanc {b).
l'autre à-peu-près au milieu de îa face interne
de la plaque fupérieure. D’ailleurs chaque plaque
aient, partes deux bouts, à l’extrémité des côtes,
êc cette extrémité elt un ferme point d’appui fur
lequel porte la plaque, & qui fert à l’animal à
élever ou à abaiffer cette plaque avec force , par
le moyen du mufcle dont nous venons de parler.
Oifirv. d’Etiu'. Tyjon , Tranf. phi/ofij). 2V.® I44.
(aj Tyfon en a trouvé cent foixante-huit fous
le .corps & dix-neuf fous la queue du Boiquira
qu’il 3 décrit. TranfaBions philo fophiques^ JV.® 144.
(h) Le Poiâeur Tyfon a très-bien fait connoitre
Sa queue
des Serpens. 1 1 7
Sa queue eft terminée , cofmme dans
prcfque tous l^s Serpens de fon genre ,
par un affemmage d'écailles fonores qiiî
s'emboîtent les unes dans les autres, &
que nous croyons d'autant plus devoir
décrire ici en détail , que la confîdé-
ration attentive de leur forme & de
leur pofition peut nous éclairer relati-
vement à leur produélion ainfi qu'à leur
accroiflement.
Cette fonnette du Boiquira efl corn-
pofëe de plufieurs pièces , dont le nombre
varie depuis un jiifqu'à trente & même
au-delà (a). Toutes ces pièces font en-
tièrement femblables les unes aux autres,
non-feulement par leur forme , mais
fouvent par leur grandeur 5 elles font
toutes d'une matière caflante , élaftique ,
deux petites gîanJes, qui s^ouvrent dans îe rec-
tum du Boiquira auprès de l'anus, & qui con-
tiennent une liqueur un peu épaifi'e & d’une
odeur forte & très-défagréable.
(aj Pour bien entendre ce que nous allons dire,
on pourra jeter les yeux fur la pianche où nous
avons fait repréfenter une fonnette, fa coupe lon-
gitudinale, & une des pièces qui la compofent vue
feparément.
Serpens J Tome IKé K
Z I 8 Hijïoire Naturelle
demi^tranfpareiite , & de la mêaie nature
que celle des, écailles, La pièce la plus
voifine du corps , & qui le touche im-
Kiédiatement , forme , comme toutes les
autres , une forte de pyramide à quatre
faces 5 dont deux faces oppofées font
beaucoup plus larges que les deux
autres *, on peut la regarder comme
une efpèce de petit étui terminé en
pointe , & qui enveloppe les dernières
vertèbres de la queue. Elle eft moulée
fur CCS dernières vertèbres , dont elle
n'eft féparée que par une membrane
très-mince, & auxquelles elle eft appli-
quée de manière qifelle fuit toutes les
inégalités de leurs élévations. Elle pré-
fente trois bourlets circulaires qui ré-
pondent à trois de ces élévations *, leur
furfâce eft raboteufe comme celle de
ces éminences fur lefquelles ils fe font
moulés ) ils font creux , ainfi que le
refte de la pièce \ le premier boiurlet ,
c'eft-à-dire, le plus proche de Couver-
ture de la pièce, a le plus grand dia-
mètre *, & le plus petit diamètre eft celui
du troifîème bourlet.
Toutes les pièces de la fonnette font,
êks Serpens, 215
«mboîtées Tune dans l’autre , de maniéré
<jiie les deux tiers de ehague pièce font
f enfermés dans la pièce qui la fuit , à
coiiimencer du côté du corps. Des trois
bôuxlets que préfente chaque pièce j
deux font cachés par la pièce fuivante ji
le premier hourlet eft le feul qui pa-
roiîle. La pièce , fituée au bout de la
fonnette , oppofé au corps , eft la feule
dont lés trois bourlets foient vifibles,
>& qui montre fa vraie forme en fon
entier & la fonnette neft compofée ,
à l’extérieur, que de cette piète, 8c
des premiers bourlets do toutes le»
autres.
Les deux derniers bourlets de chaque
pièce , qui ne peuvent pas être vus ,
ïbnt placés fous les deux premier» de
la pièce fuivante. Ils en occupent le
creux •, ils retiennent cette pièce, & l’em-
pêchént de fe fépàrer du refte de la
fonnette -, mais , comme leur diamètre
eft moins grand que celui des premiers
bourlets de la pièce fuivante , chaque
pièce joue librement autour de celle
quelle enveloppe & qui îa retient,
l4ucune pièce , excepté la plus voifinç
2 20 Hifloire Naturelle
du corps , n’eft liée avec la peau de
ranimai, ne tient au corps du Serpent
par aucun mufcle , par aucun nerf, par
aucun vaifleau {a) , ne peut recevoir par
çonfequent ni accroiflement , ni nour-
riture , & n^eft qu’une enveloppe exté-
rieure qui fc remue lorfque Ranimai
agite Textrémité de fa queue , mais qui
fe meut uniquement , comme fe mouvroit
tout corps étranger qu’on auroit attaché,
à la queue du Serpent (b).
Cette conformation de la fonnette
femble très-extraordinaire au premier
coup^d’oèil cependant elle ceffera de
(a) On a écrit le contraire (voyez Séba) ; mais
nous nous fommes aflurés de la conformation que
nous décrivons ici-
(b) La fonnette du Boîquira eft placée de ma-
nière que fes côtés !es pfus larges font verticale-
ment lorfque le Serpent efi fur fon ventre ; elle,
ne touche pas immédiatement aux grandes plaques
qui garnilfent le défions de la queue mais entre
ces grandes plaques & le bord de la première
pièce , on voit une rangée de petites écailles fem-
blables à celles du dos. La fonnette de l’individu
cônfervé au Cabinet du Roi , a neuf lignes de
hauteur , un pouce neuf lignes de longueur ^ & efi;
f ompof^ de fix pièces.
Zll
des Serpens.
le paroître 5 fi Ion veut en déduire
avec nous la manière dont la fonnette
a dû être produite.
Les difFérentes pièces qui la compo-
fient 5 n'ont été formées que fiucceflîve-
ment*, lorfique chacune de ces pièces a
pris ion accroiflement ^ elle tenoit à la
peau de la queue \ elle n'auroit pas pu
recevoir fians cela la matière néceflaire à
fion développement , & d'ailleurs on voit
fiouvent 5 fiur les bords des pièces qui ne
tiennent pas immédiatement au corps du
Serpent , des reftes de la peau de la qüeue ,
à laquelle elles étoient attachées.
Quand uns pièce eft formée , il fie
produit au-deffous une nouvelle pièce
entièrement fiemblable à l'ancienne , &
qui tend à la détacher de Textrémité
de la queue. L'ancienne pièce ne le
fiépare pas cependant tout - à - fait du
corps du Serpent -, elle eft feulement
repoulTée en arrière *, elle laifle entre
fion bord & la peau de la queue , un
intervalle occupé par le premier bourlet
de la nouvelle pièce -, mais elle enve-
loppe toujours le fécond & le troifième
bourlets de cette nouvelle pièce , & elle
K iij
2 22
Hijloire Naturelle
joue lîbremetit autoür de cês I>oiirIett
qui lia retieiment.
LorfqiMl fe forme une troifième pièce^
elle fe produit au-deffoiis de la fcconde,
de la même manière que la fécondé au-
defidiis de la première -, elle détache
également de Textrémité de la queue
ia fécondé pièce qivelle fait reculer,
mais quelle retient par fes bourlets.
Si les- dernières vertèbres de la queue
n’ont pas grplîî pendant ^iie la fonnette
s’efc formée , chaque, pièce qui s’efl:
nioulée fur ces vertèbres , a le même
diamètre , & la. fonnette paroît d'une
égale largeur jufqu'à la pièce qui la ter-
mine; fi, au contraire, les vertèbres
ont pris de raccroifi’ement pendant la
formation de la .fonnette,. les bourlets
de la nouvelle pièce font plus grands
que ceux de la; pièce plus ancienne, &
le diamètre de la; fonnette diminue vers
la pointe. Daîis les divers Serpens à
fonnette qui font confervés au Cabinet
du Roi, la fonnette eft d’un égal dra-
mètrç vérc .f- pointe & à Ton origine;
mais , dans pluüeurs ibnnettes détachées
du corps du Serpent , & qui font aulïî
dès Serpetts. 223
partie de la collection de Sa Majefté ,
nous avons vu les pièces diminuer de
grandeur vers l’extrémité de la fonnette.
Il eft évident, d’après ce que nous,
venons de dire , qu il ne peut fe former
qifiine pièce à chaque mue particulière
que le Serpent éprouve vers l’extrémité
de fa queue. Le nombre des pièces eft
donc égal à celui de ces mues particii*»
hères, mais, comme l’on ignore jfî la
mue particulière arrive dans le même-
temps que la mue générale du corps &
de la queue , fi elle a lieu une fois ou
plufieurs fois par an le nombre des
pièces , non-feulement ne prouve rien
pour la reflembiance ou la différence
des efpèces, mais ne peut rien indiquer
relativement à Tâge du Serpent, ainfî
qu’on l’a écrit {a) Une nourriture plus
abondante, & une température plus ou
moins chaude , peuvent d’ailleurs aug-
menter ou diminuer le nombre des mues.
(^a) Voyez Séba, rHiftoire naturelle de POre**
noque, tradn&. franc- ï.yon^ 1758 , fom, 3, pag- 78,
& Kay , Synopjis quadrupedum & Serpentini generis *
pag. 281.
Kir
^14 Hijîoire Naturelle
dans la même année \ 8c voilà pourquoi ,
dans certains individus j la fonnctte eft
par-tout d’un égal diamètre , parce que,
pendant le temps de fa prodiiélion , ies
dernières vertèbres n’ont pas groflî d’une
manière fenlible , tandis que ^ dans
d’autres individus , les mues ont été
afîez éloignées pour que les vertèbres
aient eu le temps de croître entre la
formation d'une pièce & ceile d’une
autre. II pourroit donc fe faire que la
fonnette d’un individu qui , dans diffé-^
rentes années , auroit éprouvé des acci-
dens très-différens 5 fût d’un égal dia-
mètre dans quelques-unes defes portions,
& allât , en diminuant , dans d’autres.
D’un autre côté , on verroit de vieux
Serpens avoir des fonnettes d’une lon-
gueur prodigieufe , & prefqu’égales à
la longueur du corps (a) , fi les pièces
(a) « On prétend que îes anneaux qui fe
>> trouvent à la fonnette indiquent , par leur
« nombre , celui des années du Serpent. Les
w plus jeunes n^ont ordinairement qu’un feul
99 anneau, ceux que l’on tue maintenant dans les
« Colonies Angloifes en ont depuis un jufqu’à
99 douze. Quelques perfonnes âgées difent ea
des Scrpens. iif
qui les compofent ne fe defléchoient
pas promptement ; mars , comme elles
ne tirent aucune nourriture de Tanimal ,
& ne font abreuvées par aucun fuc ,
elles deviennent très-fragiles , fe brifent
& fe féparent fouvent par Tefïet d\in
frottement affez peu confidérable. Voilà
pourquoi le nombre des pièces n'indique
jamais le nombre de toutes les mîtes
particulières que ranimai peut avoir
éprouvées à l'extrémité de fa queue. Si
même, dans la mue générale des Ser-
pens à fonnette , qui doit s'opérer de
la même manière que celle des Couleu-
vres, & pendant laquelle la vieille peau
de l'animal doit fe retourner en entier
comme un gant , &: ainfi que nous l'avons
vu {a)\ fi 5 dans cette mue générale, le
dépouillement s'étend jiifqu'aux dernières
vertèbres de la queue & emporte la pre-
« avoir vu qui avoient depuis vingt jufqu^à
99 trente anneaux , & qu’on en a tué autrefois
9» qui en avoient quarante-un & plus. La deftruc-
tion que ton en fait !es empêche de vieiilir. y*
Kâlm. Mém. de V Acad, de Stockolm. Coll. Acad. ^afU
étrangère ^ tom. il, pag, 93.
Qi) Article de la Couleum d*ECculap€^
Il y
zzS JJifloîn Naturelle
iTiière pièce de la fonnette , toutes îef
autres pièces doivent être avec elles fé-
parées du corps du Reptile^ & dès-lors
îes fonnettes ne feroient jamais corn-
pofées que de pièces toutes produites^
dans irntervalle d’une mue générale à
îa mue générale fiüvante.
Toutes les parties des fonnettes étant
très-sèches; pofées lès unes aii-deflus des
autres / & a^nt aflez de jeu pour fe
frotter mutuellement lorfqifelîes font
fecouées , il n'eft pas furprenant qu^elles
prodiiifent un bruit aflez fenfihle; nous
avons éprouvé > avec plufieurs fonnettes
à-peii-près de la grandeur de celle dont
nous venons de rapporter les dimen-
fions, que ce bruit , qiiireflembleà celui
du parchemin qu"on froide , peut être en-
tendu à plus de foixante pieds de dif-
tance. Il feroit bien à delîrer qif on put
Tentendre de plus loin encore , afin
que rapproche du Boiquira, étant moins
imprévue , fût auffi moins dangereufe.
Ce Serpent eft , en effet, d'autant plus
à craindre , que fes mouvemens font
fouvent très-rapides. En un ciimd'œil ,
il fe replie en cercle , s'appuie fur fa
des Serpens. 227
quelle, fe précipite comme un refîort
qui fe débande , tombe fur fa proie ,
la blefî'e & fe retire pour échapper à la
vengeance de Ton ennemi ; auffi les
Mexiquains le défignent-iîs par le noip
d'Ecatoatl^ qui lignifie le vent.
Ce funefte Reptile habite prefqiie
toutes les contrées du nouveau Monde,
depuis la terre de Magellan jiîfqifau lac
Champîain , vers le quarante-cinquième
degré de latitude feptentrionale. II
régnoit, pour ainfi dire, au milieu de
ces vaftes contrées, où prefqif aucun ani-
mal n'ofoit en faire fa proie , Bc où les
anciens Américains , retenus par une
crainte fuperftitieiife , redoutoient de
lui donner la mort {a) , mais , encou*
ragés par fexemple des Européens y
ils ont bientôt cherché à fe délivrer
de cette efpèce terrible. Chaque jour
les arts & les travaux purifiant & fer-
tiiifant de plus en plus ces terres nou-
velles 5 ont diminué le nombre des Ser-^
pens à fonnette, & fefpace fur lequel
(a) Kahn , Mim- </« l’Àcad. de Stockolm.
li vj
22 8 Hijloire Naturelle
ces Reptiles exerçoient leur fiinefte
domination 5 fe rétrécit à mefiire que
Fempire de Fhomme s'étend par la
culture.
Le Boiquira fe nourrit de vers (a) ,
de grenouilles & même de lièvres , il
fait aufli fa proie d'oifeaux & d'écu-
reuils 5 car il monte avec facilité fur les
arbres , 8c s y élance avec vivacité de
branche en branche, ainfi que fur les
pointes de rochers qu'il habite, & ce
ifeft que dans la plaine qu'il court avec
difficulté , & qu'il eft plus aifé d'éviter
fa pourfuite.
Son haleine empeftée , qui trouble
quelquefois les petits animaux dont il
veut fe faifir , peut aufli empêcher qu'ils
ne lui échappent. Les Indiens racontent
qu'on voit fouvent le Serpent à fou-
tiette entortillé à l'cntciir d'un arbre,
lançant des regards terribles contre un
(û) M, Tyfon a trouvé un grand nombre de
vers du genre des lombrics , dans l'eftomac &
dans les inteftins d’un Boiquira On en trouve
aufif quelquefois dans ceux de la vipère com-
mune. Traiifuât, philofoph, iV.® J 44.
des Serpem. 229
écureuil qui ^ après •avoir manifefté fa
frayeur par fes cris & fon agitation ^
tombe au pied de Tarbre ou il eft dé-
voré. M. Vrofmaër y qui a fait à la Haye
des expériences fur les effets de la mor-
fure d'un Beiquira qu'il avoit en vie , dit
que îes oifeaux & les foiiris qu'on lui
jetoit dans la cage où il étoit renfermé,
témoignoient une grande terreur, qu'ils
cherchoient d'abord à fe tapir dans un
coin , & qu'ils coiiroient enfuite, comme
faifis de douleurs mortelles à la ren-
contre de leur ennemi qui ne cefToit de
fonner de fa queue (a) mais cet effet
d'une vapeur méphitique & puante , a
été exagérée & dénaturée au point de
devenir merveilleux. On a dit que le
Boiquira avoit, pour ainfi dire, la . fa-
culté d'enchanter l'animal qu'il voiiloit
(a) i* Lorfqu’il a été pris, qu’iî fe voit en-
M fermé, il refufe toute nourriture, & on dit
» qu^il peut vivre fix mok de cette manière :
)» il eft alors très*irrité; fi on lui préfente des
31 animaux , il les tue ^ mais ne les mange pas.
Kcdm, Mémoires de l' Acad- de Suède , Coll* ac^dm^
tm- Il , P a^. 95.
î 3 O Ui/loîre Naturelle
dévorer que , par îa puiflance de fou
regard, il le contraignoit de s'approcher
peU‘à>peii 5 & à fe précipiter dans fa
gueule *, que i'homme ne pouvoit ré-
lifter à la force magrque de fes yeux
ctrnceîans , & que , plein de trouble ,
il fe préfentoit à la dent enwnimée du
Boiquira , au lieu de chercher à Téviter,
Pour peu que les Serpens à fonnette
euffent été plus connus , & qu"on fe
fût occupé de leur hiftoire , on auroit
bientôt fins doute ajouté à ces faits
merveilleux , de nouveaux faits plus
merveilleux encore. Et combien de
fables n'auroit-on pas ftihftituées au
fimple effet dftine haleine fétide , qui
même n'a jamais été ni auffi fréquent ,
ni auffi fort que certains Naturaliftes
l'ont penfé ! L'on doit préfumer, avec
Kalm\, que le plus fouvent , lorfqu'on
aura vu un oifeau , ou un écureuil ou
tout autre animal fe précipiter j pour
ainfi dire, du haut d'un arbre dans la
gueule du Serpent à fonnette, il aura
été déjà mordu par le Serpent, qu'il fe
fera enfui fur l'arbre , qifil aura expri-
mé , par fes cris & fon agitation , i'rik:-
des Serpens. 231
tion violente du poifon laifTé dans fou
fang par la dent du Reptile ; que fes
forces fe feront infenfiblemenLafforbiies;
qifil fe fera laiflé aller de branche en
branché* & qu'il fera tombé enfin auprès
du Serpent ^ dont les yeux enflammés
êc le regard avide auront fuivi tous fes
mouvemens 5 & qui fe fera de nouveau
élancé fur lui, lorfquil l'aura vu pref-
que fans vie. Plufieurs obfervations rap-
portées par les Voyageurs , & par tien-
lièrément un fait rapporté par Kalm ,
paroiiîent le prouver (^2).
On a écrit que la pluie augmentoit
la fureur du Boiquira, mais il faut que
ce foit une pluie d'orage , car il ne craint
point d'aller à l'eau. C'eft lorfque le
tonnerre gronde qu'il efl: le plus redou-
table, on frémit lorfqu'on penfe à l'état
affreux & aux angoifles mrprtelies qu'é-
prouve celui qui , pourfuivi par un
orage terrible , au milieu des ténèbres
épaiifes qui lui dérobent fa route ^
cherche un afyle fous quelque roche
avancée , contre les flots d'eau qui
(a) Kalm , Ouvrage déjà cité*
2 3 i Hijloire Naturelle
tombent des nues , apperçoit , au mi-
lieu de l’obfcunté, les yeux étincelans
du Serpent à fonnctte , & le découvre
à la clarté des éclairs , agitant fa queue ,
& faifant entendre fon liifïlement fii-
iiefte {a).
Un animal qui ne paroît né que pour
détruire , devroit - il donc auffi fentir
les feux de Tamour ? Mais la même
chaleur qui anime tout fon être , qui
exalte fon venin , qui ajoute à fes
forces meurtrières , doit rendre auflî
plus vif le fentiment qui le porte à fe
reproduire.
Il ne pond qifun aflez petit tionabre
d'œufs; mais, comme il vit plufieurs
années , l'efpèce n'en eft que trop mul-
tipliée.
(a) C’eft pendant le temps couvert & pfu-
99 'vieux qu^iis font le plus à craindre ; alors H
99 eft rare que les^ Américains voyagent dans les
99 bois : iesfonnettes qui font beaucoup de bruit
99 forique le foieil luit, n’en font pas pendant
99 la pluie* C^eft peut-être parce que tes cartilages
9* mouillés font plus mous & moins élaftiques.
K dm y Mén.oirei de V Âcad» de Suède j Coll* académ. partit
étrangère^ îiim^ il , 93 fuw^
des Serpehs. 233
Pendant Thiver des contrées un peu
éloignées de ia ligne, les Boiqiiira fe
retirent en grand nombre dans des ca-
vernes ou ils font prefque engourdis &
dépourvus de force. C'eft alors que les
Nègres & les Indiens ofent pénétrer
dans leurs repaires pour les détruire ,
& même s'en nourrir , car ^ malgré
le dégoût & riiorreur que ces Reptiles
infpirent , ils en mangent , dit-on , la
chair {a) , & elle ne les incommode pas ,
pourvu que le Serpent ne fe foit pas
mordu lui - même. Voilà pourquoi ,
a-t-on ajouté , il faut tuer prompte-
ment le Boiquira , lorfqifon veut le
manger , il faut lui donner la mort
avant qu'il ne s'irrite , parce qu'alors il
fc mordroit d^ rage. Mais , comment
concilier cette aflertion avec le témoi-
Ifs mangent auffi fa graiffe , que f^on fait fondre
au ibleif, & dont on tire une huile, dit-on , contre
les meurtrilTures , & même contre les effets de fa
morfure. Kalm^ On a aufîî employé cette grailfe pour
diffiper pîufieurs douleurs, & particulièrement cel-
les de feiatique , ainfi que pour fondre les tumeurs*
Hcruaud^lj hifi* naîurelkdu Mexique y liv, 9, chap*.iq>^
2 54 Hijîoire Naturelle
gnage de ceux qui prétendent qu^oîl.
peut manger impunément les animaux
que fa morfure fait périr, de même
que les Sauvages fe nourrrffent , fans
aucun inconvénient , ciu gibier qifils
ont tué avec leurs flèches empoifonnées ?
Cette dernière opinion paroît d'autant
plus vraifemblable que le Boiquira fem-
bleroit devoir fe donner la mort lui-
même , fi la chair des animaux , percé
par fes crochets , devenoit venimeufe
par une fuite de fa morfure.
Les .Nègres faififlent le Boiquira au-
près dè la tête , & il ne lui refte pas
afléz de vigueur, dans le temps du froid,
pour fe défendre ou pour leur échapper,
îl devient aufîî la proie de Couleuvres
aflez fortes , qui doivent le faifir de ma-
nière à n'en être pas mordues {a) , &
Ton doit fuppofer la même adrefle dans
les cochons marrons ^ qui, fuivant Kaîm,
fe nourrifiènt , fans inconvénient , du
Boiquira, drefient leurs foies dès qu'ils
peuvent le fentir , fe jettent fur lui
(a). Voyez l’artide de la Couleuvre Lkfin
des Serpens. 235
tvtC avidité^ & font garantis, dans cer*
tailles parties de ieur corps , du danger
de fa morfiire , par la rudeffe de leur
poil , la dureté de leur peau , & l'épaif-
feur de leur graifle (a),
Lorfque le printemps eft arrivé dans
les pays élevés en latitude , & ha-
fcité par le Boiquira , que les neiges
font fondues, & que Tair eft réchauffé,
ils fortent pendant le jour de leurs re-
traites, pour aller s'expofer aux rayons
du foleil. Ils rentrent pendant la nuit
dans leurs afylcs , & ce n'eft que lorf-
que les gelées ont entièrement cefTé,
(a) Le Boîquîra eft très-vîvace, ainft que les
autres Serpens; M* Tyfon rapporte que celui
qu'il diflequa, vécut quelques jours après que fa
peau eut été déchirée & qvVon lui eut arraché
la plupart de fes vifeères* Pendant ce temps fe$
poumons qui^ vers le devant du corps, étoient
compofés de petites cellules , comme ceux des
grenouilles , fe terminoient par une grande veftiQ
tranfparente & forte, & avoient prés de trois
pieds de longueur, ne fe dilataient & nç fe con^
tradèrent point aiternativement , mais demeu-
rèrent enfiés &: remplis d-air jufqiPau moment où,
f animal expira» Tranf /^hilof N*'" 1^4,
t^6 Hijîoire Naturelle
qu'îîs abandonnent leurs cavernes , fc
/épandent dans les campagnes , & pé-
nètrent quelquefois dans les maifons.
On ofe obferver le temps où ces ani-
maux viennent fe chauffer au foleil ,
pour les attaquer & en tuer un grand
nombre à-la-fois.
Pendant Tété ^ ils habitent au milieu
des montagnes élevées , compofées de
pierres calcaires, incultes & couvertes
de bois , telles que celles qui font voi-^
fines de la grande chute d^eau de Nia-
gara. Ils y choififfent ordinairement les
expofitrons les plus chaudes & les plus
favorables à leurs chaffes *, ils préfèrent
ie côté méridional d"une montagne , &
îé bord d’une fontaine ou d’un ruiffeau ,
habités par des grenouilles , & où vien-
nent boire les petits animaux , dont ils
font leur proie. Ils aiment auffi à fe
mettre de temps-en-temps à l’abri , fous
un vieux arbre renverfé , & voilà pour-
quoi, fuivant Kalm, les Américains qui
voyagent dans les forêts infeftées de
Serpens à fonnette , ne franchiffent point
les troncs d’arbres couchés à terre , qui
obftrucnt qviclquefoislcpaflage : ils aiment
des Serpens. z}j
mieux en faire le tour, & s'ils font obligés
de les traverfcr , ils fautent fur le tronc
du plus loin qu'ils peuvent, Sc s'élancent
enfuite au-delà.
Le Boiquira nage avec la plus grande
agilité , il fillonne la furface des eaux
avec la vîteffe d'une flèche. Malheur
à ceux qui naviguent fur de petits hâ-
timens , auprès des plages qu'il fré-
quente ! Il s'élance fur les ponts peu
élevés (a) *, & quel état affreux que celui
où tout efpoir de fuir eft interdit, oii
la moindre morfure de l'ennemi que
l'on doit combattre donne la mort la
plus prompte, où il faut vaincre en un
inftant j ou périr dans des toiirmens
horribles.
Le premier effet du poifon eft une
enflure générale y bientôt la bouche^
s'enflamme & ne peut plus contenir la
langue devenue trop gonflée ^ une foif
dévorante confume & fi l'on cherche
à l'étancher, on ne fait que redoubler
les tourmens de fon agonie. Les cra*
(0 Voyez, h ce fujet, l’Ouvrage déjà cité*
238 Tltjloife Naturelle
chats font enfanglantés -, les chairs qui
environnent la plaie fe corrompent &
fe dilToivent en pourriture , & fur-tout'
fi c"eft pendant Tardeur de la cânicule_,
on meurt quelquefois dans cinq ou dix
minutes, fuivant la partie oii ort a été
mordu (a). On a écrit que les Améri-
cains fe ferv oient, contre la morfuré
du Boiquira , d'un emplâtre compofé
avec la tête même du Serpent écrafé.
On a prétendu auflî qu'il fuit les lieux
où croît le didame de Virginie , & l'on
a effayé dé fe fervir de ce diébme
comme d'unremède contre fon venin (b) y
mais il paroît que le véritable antidote,
que lés Américains ne vouloient pas
décoiivrir , & dont le fecret leur a été
Voyez M. Laurent.
{b) On fit ^ dans fesTranfaétioiis phifofophîcitièi ,* •
année 1665, Virginie ^ en 1657, moi*'
de Juillet , on attacha au bout d'une longue ba-'
guette des- feuilles de diét-ame que l'on avoit un
peu broyées, & qu'on les approcha du mtifeau
d'un Serpent -à fonnette, qui fe tourna & s'agita
vivement comm"é”p6uf les éviter, mai* qui" mourut
avant^ une demi-heure , & .parut n’expirçr qut
par t'elfetdé fédéur dfefès féuilhs*
des Serpens. 2, 3 9
arraché par M. Teinnint , Médecin
Ecoflois , eft le poirgale de Virginie ,
Sénéka on (poiygamaSenega) [a).
Cependant il arrive quelquefois que
ceux qui ont le bonheur de guérir ,
reffentent périodiquement , pendant une
ou deux années , des douleurs très-
vives 5 accompagnées d'enflure quel-
ques-uns même portent toute leur vie
de marques de leur cruel accident , &
reftent jaunes ou tachetés d'autres cou-
leurs.
Le Capitaine Hall {b) fit , dans la
Caroline 5 plufieurs expériences toùchanf
les effets de la morfure du Boiquira fur
divers animaux *, il fit attacher à un
piquet un Serpent à fonnette , long
d'environ quatre pieds. Trois chiens en
furent mordus , le premier mourut en-
quinze fécondés *5 le fécond , mordu peu
de temps après, périt au bout de deux’
heures dans des convulfions 5 le troi-
fième , mordu après une demi-heure ,
(a) M* Linné ùf M.. LauwiU
Q} TwifgSiims.fliibfopbigui^
Z 4 O Naturelle
n’offrit d'effets vifîbles du venin , qu'au
bout de trois heures.
Quatre jours après , un chien mourut
en une demi-minute, & un autre enfuite
en quatre minutes; un chat fut trouvé
mort le lendemain de Tcxpérience ; on
laiffa écouler trois jours, une- gre-
nouille mordue , mourut en deux mi-
nutes, & un poulet de trois mois, dans
trois minutes. Quelques temps après ,
on mit auprès du Boiquira un Serpent
blanc , fain & vigoureux : ils fe mor-
dirent fun l'autre *, le ferpent à fon-
nette répandit même quelques gouttes
de fang; il ne donna cependant aucun
fîgne de maladie , & le Serpent blanc
mourut en moins de huit minutes. On
agita affez le Boiquira pour le forcer
à fe mordre lui-même , & il mourut
en douze minutes {a) ; ainfî ce furieux
(û) « La morfure de cet animal eft tiès*dan-
gereufe dans toutes îes parties du corps : les
» chevaux & les bœufs en meurent prefque à
« Linfiant : fes chiens îa foutiennent mieux;
quelques-uns ont été guéris cinq fois : les
w hommes le font aulîi lorfqu’on y remédie à
n temps; mais quand la dent meurtrière a ouvert
w un gros vaifiTeau , an ineurt deux ou trois
Reptile
des Serpens. 241
Reptile peut tourner contre iui fes
armes danger eufes, & renger fes vidimes.
>9 minutes# Les bottines de ctiîr ne font pas im
w préfervatif affiaré ; ïa dent eft fi aiguë ^ qu’elle
9? les perce facilement, fur-tout quand la bottine
99 eft jufte à lajantbe : on prétend qu’il vaut mieux
» porter de grandes culotte-s de matelot, qui def-
» cendent jufqu’aux talons; iorfque le Serpent
99 y mord , il s’y fait des plis qui s’oppofent à
99 l’efFort de la dent & des mâchoires; mais i{
99 eft peut-être plus fûr de porter les unes.& les
w autres. »>. Kahn , Mém- Suède , Colle&:. acad^
tom, 1 1 ^ pag- 95.
« Le Serpent à fonnette n’eft nulle part fi
» commun qu’au Paraguay. On y obferve quç
» Iorfque fes gencives font trop pleines def venin,
99 il fouffre beaucoup ; que , pour s’en déchar-
99 ger , il attaque tout ce qu’il rencontre ; & que,
99 par deux crochets creux alTez larges à leur
99 racine & terminée en pointe, il inlinue, dans
99 la partie qu’il faifit , l’humeur qui l’incomino-!-
« doit. L’effet de fa morfure, & de celle de
9» pîufieurs autres du même pays , eft fore
99 prompt; quelquefois le fang fort en abondance
» par les yeux , les narines , les oreilles , les
•9 gencives & les jointures des ongles; mais les
99 antidotes ne nianquent point contre ce poifot\..
99 On y emploie fur-tout avec fuccès , une pierre
99 qu’on nomme Saint-Paul ; le bézoard de i’aij^
» qu’on applique fur la ^ilaie après l’avoir mâchà;
99 la tête de l’animal même & fon foie , q^’o^
99 mange pour purifier le fang, ïiç font pas
Strpens j Tome IV>, L
2 4.^ Hilaire Naturelle
Tranquilles habitans de nos contrées
tempérées , que nous fommes plus heu-
reux, loin de ces plages où là chaleur
& rhuinidité régnent avec tant de force!-
Nous ne voyons point un Serpent in-
feétcr beau au milieu de laquelle .il
nage avec facilité \ les arbres dont il
parcourt îes rameaux avec vîtefle , la
terre dont il peuple les cavernes les
bois folitâlres , où il exerce le même
çmpire que le tigre dans fes déferts
brûlans, & dont robfcurité livre plus
fûrement fa proie à fa morfure. Ne
regrettons pas les beautés naturelles de
ces climats plus chauds que le nôtre ,
leurs arbres plus touffus , leurs feuillages
plus agréables , leurs fleurs, plus fuaves ,
plus belles : ces fleurs , ces feuillages ,
ces arbres cachent la demeure du Ser-
pent à fonnette.
remède moins vanté \ cependant le plus fûr
èit de commencer par faire fur-le-champ une
« incifion à fa partie piqvée, & d’y appliquer
■?>r'du ibu-fre ; ce quffufïit même-quelquefois pour
M la guérifon* »* Hijlobe naturdU du Pérou Ù des
contrées poifînesb lîtR* siénéral* des Voy, édit* in- 13 «
^45
des Serpens,
LE MILLET (a).
Ci Serpent à fonnette a été obfervé
dans la Caroline par MM. Garden &
Catclby, nous allons le décrire d'après
un individu confervé dans le Cabinet du
Roi. Le deffus de fon corps eft gris ,
avec trois rangs longitudinaux de taches
noires *, celles de la rangée du milieu
font rouges dans leur centre , & fépa-
rées Tune de l'autre par une tache rouge.
Le deffus de la tête eft couvert de neuf
écailles plus grandes que celles du dos,
& difpofées fur quatrerangs la mâchoire
fupérieure eft garnie de deux crochets
mobiles & très-alongées *, écailles qui
revêtent le dos font ovales , & relevées
par une arête. Le Millet a ordinairement
cent trente-deux grandes plaques fous le
(a)\aQ, Miilet. M, d*Aubmton^ EticydopédU
thoâiqu€>
Crotalus Miliarius. Lînn. ampliih» Serp»
Catesèy ^ CaroL 2, îué. 42.
L ij
Z 44 Hijîoire Naturelle
corps , & trente-deux fous la queue.
L’individu , f^-it partie de la collec-
tion du Roi , a quinze pouces dix
lignes (le longueur totale , & fa iqueue
cft longue de vingt - deux lignes , fa
ibnnette eft compoîee de onze pièces ,
a une ligne de largeur dans fon plus
grand diamètre , & eft féparée des gran-
des plaques par ua rang de petites
içailles.
LE DRYINAS (a).
Presque tous les Serpéns à ronnetfe
ont les mêmes habitudes naturelles j
nous ne répétons pas ici ce que nous
avons dit à l'article du Boiquira , &
nous nous contenterons de rapporter
les traits principaux de la conformatio»
du Dryinas.
Ce dernier Reptile eft blanchâtre ^
avec quelques taches d'’un jaune plus
ou moins clair -, il a ordinairement
cent foixante-cinq grandes plaques fous
le corps , & trente fous la queue le
delfus de fa tête préfente deux grandes
écailles , 8c celles qui garniffent foa
dos font ovales , & relevées par une
arête. On le trouve en Amérique.
faj Le Serpent à fonnette- M-' d* Aubentait f
Miicycîofédie méfdiod'tqûe»
Crotal. Dryinas. Linn. amphih^ Serp.-
^mceîu academ» muf. princ» p, 578, 24.
Caudifona Dryinas, 2o6* Caudifona orieiîtalik^
à07« Launntl y Specimen Medicum,
SéUymuf a , tai. P5 yfig, j, 6* tak 96“, fig. r.
J 4^ î^ifloire Naturelle
LE DÜRISSÜS (a).
Ce Serpent a le deffiis du corps varié de
blanc & de jaune , avec des taches rhom-
boïdalcs , noires & blanches dans leur
centre. Le fommet de là tête eft couvert
de lîx grandes écailles placées fur trois
rangs •, le dos eft garni d’écailles ovales
& relevées par une arête. " L'individu
que nous avons décrit , & que nous
avons vu au Cabinet du Roi , n’avoit
qu’une pièce à fa fonnette •, fa longueur
totale étoit d’un pied cinq pouces lîx
lignes, & celle de fa queue d’un pouce
huit lignes. Il avoit des crochets à
venin, longs de quatre lignes, & dont
l’extrémité étoit percée par une fente
d’une ligne de longueur •, il paroiffoit
(a) Le Teuthlaco. â*Juhenton y Encydopédic
méthodique*
Crotai- Durifîus. Linn* amphih, Serpentt
Caudilbna Duriffus. 204 , Laurenti , Specimm
AJeéicum*
Séhû , muC- 2 J tüh, fg* 2. Teutlacotïowphi-
des s erpens. I47
que lorfqae l’animal étoit en vie , il
pouvoit faire avancer, au-delà des lè-
vres , les deux os de la mâchoire in-
férieure , qui n’étoient réunis que par
des membranes , & que l’on voyoit
armés de dents tournées en arrière , Sc
plus grandes vers le mufeau que vers le
gofier {a).
(fl) Le Duriffus a ordinairement cent foixante*-
douze grandes plaques fous le corps, 6c ^vingt 6c-une
fous ia queue.
L iy
€ 4 § Hijîoire Naturelle
LE PISCIVORE (a).
C'est Catesby qui a parlé le premier de
la conformation & des habitudes de ce
Serpent que Ton trouve dans la Caroline,
où il porte le nom de Serpent à fonnette.
Sa queue n'eft cependant pas garnie de
pièces mobiles & un peu fonores *, mais
elle eft terminée par unepointe de nature
^écailîeufe , longue ordinairement d'im
demi-pouce & dure comme de la corne.
Cette efpèce d'arme a donné lieu à plu-
lieurs fables. On a prétendu qu'elle
étoit auîTi dangereufe que les dents
de l'animai , qu'elle pouvoit égalemeiit
donner la mort, & que même, iorf-
qu'eile perçoit le tronc d'un jeune
arbre dont l'écorce étoit encore ten-
.dre , les fleurs fe fanoient dans le
même inftant , la verdure fe flétriflbit,
l’arbre fc defléchoit & mouroit. La
vérité , relativ^cment aux propriétés du
Pifeivore , efl , (iiivant Catelb/ , que
fa marfure peut être très-funefte. Sa
(û) The Water Viper. Vipère d'eau. Catahy
CawL 2 >^3^- 43 ? plàiiM 43;-
des Serpens, 24^
tête eft grofle , fon cou menu , fa mâ<-
cÆioire itipéricure , armée de grands
Crochets rhobiles. Le deflus de fon corps,
qui a quelquefois cinq ou fix pieds de
longueur , préfente une couleur brune *,
le ventre & les côtés du cou font noirs ,
avec des bandes jaunes , tranfverfaleï
& irrégulières. Il eft très-agile , & très-
adroit à prendre- des poiffoils •, on le
voit fouvent , pendant l’été , étendu
autour des Branches d’arbres qui pen-
dent fur les rivières •, il y faiftt , avec
rapidité ^ le moment de furprendre les
oifeaüx qui viennent fe repofer fur
l’arbre ou les poiflons qu’il appetboit
dans l’ean -, il s’élance fur. ces derniers,
les pourfuit en nageant & eir plongeant
avec beaucoup de vîteffe , en prend
d’alTcz gros qu’il entraîne fur, le rivage
8c qu’il avale avec avidité V & voilà
pourquoi nous l’avons nommé Pifciyore.
ïl fe précipite auflî quelquefois , dit-
Iraut des branches où il fe fufpend ,
fur la tête des- hommes qu’il voit palier '
au-defîbus de lui dans un bateau {a).
L.'Vf
(») Cttesivi à l^tndmt déjà «,ff.
2 JO Hijiûire Naturelle
QUATRIÈME GENRE.
SERPENS
Dont le dejfous du corps & de
la queue ejl garni d’écailles
femblables à celles du dos.
A N G U I S.
Les Serpens de ce genre font très-
difFérens des autres, par leur conforma-
tion extérieure. Au lieu d'avoir au-deffous
de leur corps de grandes plaques , faites
en formes de bandes tranfverfales , &
une ou deux rangées de ces mêmes
des Serpetts, z^i
plaques au-deflbus de îeur qiîeue , ils
font couverts par-tout de petites écaiiles
femblables à celles que les Couleuvres ,
les Boa , les Serpens à fonnette , & la
plupart des autres Reptiles ont au-
delfiis du dos. Les écailles de la rangée
du milieu du deflous du corps & de la
queue font cependant,, dans quelques
Ânguis , un peu plus grancfes que les
autr^î & c^eft celles-là qu'il faut alors
compter pour reeennoître plus aifément
i efpèce de -l’animal , de même que l’on
comptedans les Boa & dans IcsCouleuvres ,
les grandes pièces qui revêtent le deffous
de leiur corps. Ces grandes plaques ,
couchées les unes fous les autres fôus
le ventre & la qu^ue des Couleuvres &
des Boa, le redreffent contre le terrain
lorlque ces Serpens veullent aller en
arrière , 8c leur oppofcnt alors une ré-
liftance plus ou moins forte j auffi les
Anguis , qui n’ont pas de grandes pièces
peuvent-ils exécuter des mouvemens en
tout fens avec plus de facilité que la
plupart des autres Reptiles 8c c’eft ce
qui leur a fait attribuer, par des Voya-
geurs , le nom d’Amphilbène ou de
iyz Mifloîre Naturelle
double marcheur {a)\ maïs cette déno-^
mrnation nous paroît devoir mieux con-
venir au genre des Serpens à anneaux
auxquels^ en effet, M. Linné ba attaché
^xclufivcment.-
Comme Li plupart des exprcflîons
exagérées ont produit affez fouvent des
erreurs groffières ou des contes ridicules,,
on na pas •dit uniquement que les Aiv
guis pouvoient fe mouvoir en arrière
prefqaauffi aifément quen avant*, on a
prétendu encore qu'ils pouvoient fe con-
duire & courir peiadant long -temps
dans les deux fens , avec une égale faci-
lité*,, qu'ils avoient des yeux à chaque
extrémité du corps, pour difcerner leur
route en avant & en arrière*, qu'ils y
aveient même, une tête coniplctte *, qu'on
s'expofoit aux mêmes dangers , en les
faiffflant par run ou l'autre bout y qu'ils
étoîcnt très~à. craindre poiu*. les petits
animaux dont ils le nouir ifloient , parce
que jamais le fcnimcii ne les empêchoit
(a) Plufieurs Anguisont été envoyés d^Amérique
ou d’ail!eurs> au Cabinet du Roi, fous le nono;
é^jimp/usùèse^.
des Serpens, ^
de s'appcrccvoir du voillnage de îeur
proie que pendant qu/uiie tête dormoit j.
rautreveilloit, &g. Mais c'eft aflez rap^
porter les opinions que Ton ne doit pas
craindre d^e voir fe répandre , & que
par eonféquerrt on na pas befoiii de ^
combattre. Nous devons même convenir
que la conformation des Anguis eft une
des plus propres à faire naître ces er--
reurs leur queue eft , en effet , très--
greffe en comparaifon du corps , &
fon extrémité arrondie refîembîe d'au-
tant plus à une tête, même lorfqxron
la coiifidère à une petite diftance , que
les diverfes: taches , qui varient ordi-
nairement fa coiiîeur,^ font difpofées de
manière à repréfenter dès yeux , des
narines & une boucbe.D'ailleurs les yeux-
des Anguis étant très-petits, on a de là
peine à les diftingiier à rendroit ou ils'
font réellement , & on peut plus faci-
ment être trompé par leur apparence.
C'eft cette petiteffe des yeux des Anguis,
qui les a fait nommer Serpens aveugles^
par plulîeurs Voyageurs^, mais cette dé-
nomination , qui , à la rigueur, ne con-
vient à aucun Serpent , ne doit pas être
254 Hijîoire Naturelle
du moins appliquée aux Anguis , ni
aux Amphijbènes ou Serpens à anneaux ;
nous ne l’emploierons que pour défi-
gner les dimenfîons encore plus petites
des yeux des Serpens que M. Linné a
nommé Cœdlia , & que nous nommons
d’après lui Couiks-
7hm.jr.
F7 77U.Pa^.i
DtJiut Je l veM/6
^-LE LOKVET.^.LB ROUGE 2^. ^
i
des Serpens.
L’ OR V E T (a).
Ce Serpent eft très-commun en beaucoup
de pays. Il fe trouve dans prefque toutes
les contrées de l’ancien Continent , depuis
la Suède jufqu’au cap de Bonne-efpé-
rance. Il reffemble beaucoup à un Qua-
drupède ovipare dont nous avons déjà
(a) Couleuvre commune , en Picardie & dans
f lu fleurs autres Provinces de France»
Serpent de verre.
Anvôye.
Orvet. M. d^Auhenton^ EacychpéAk métà&Hqae*
Angujs Fragiiis. Limh ampfub» Serpem»
Aldr, Serp» 245. Cœcilia vuJgaris.
Imperat, nat. 916. Cœcilia Gefneri.
quadrup» 289. Cœcilia Typhlus.
Anguis Fragiiis, 125, taè, fig. 2, Laurmu ,
Spedmen Medicum.
Typhîops, Cœcilia^ a Biind Worm» Scotia ilkfl»
îrata^ Autore Roherto SihhalâQ,
Anguis Fragiiis, Biind Worm. Zoologie JBritati-»
mque^ voL 3, p.^ 33, planche 25, N.° 15.
Anguis Fragiiis, Wulf^ Ichthyologia cani amphibiis
ugni Boruffici»
Orvet DiBiomaire d^Hiftoire naturelle ^ par M» Fab»
mont de Bomare,
i 5 ô lîijioire I^aturelle
indiqué les rapports avec les Anguis , &
auquel nous avons confervé le nom
Seps*, il n'en diffère même en quelque
forte à Textérieur , que parce qtfii n'a
pas les quatre petites pattes dont le Seps
cft pourvu *, auffi fes habitudes font-
elles d'autant plus analogues à celles de
ce lézard ^ que le Seps ayant les pattes
extrêmement courtes 5 rampe plutôt qu'il
ne marche , & s'avance par un méca-
nifme affez femfalable à celui que les'
Anguis emploient pour changer de place.
La partie fupérieure de la tête eft cou-
verte de neuf écailles drfpofées fur quatre'
rangs, mais difFéremmentquellir laplupart
des Couleuvres. Le premier rang pré-
fente une écaille ^ le fécond deux ^ &
les deux autTes en offrent chacun trois.
Les écailles qui garnîflent le defîus &
le deffous de fon corps font très-petites,
plates , exagones , brillantes , bordées
d^lne Gouleiir blanchâtre , & rouffes
dans leur milieu v ce qui produit un
grand nombre de très-petites taches fur
tout le corps de l'animal. Deux taches
plus grandes paroiüent l'une au-deffus
du mufeau , & l'autre fur le derrière
des Sefpens, ''
dfe la tête 5 & il en part deux raies
îongitudiiiales 5 brunes oiî noires , qui
s'étendent jufqu à la queue , ainfi que
deux autres raies d'un brun châtain qui
partent des yeux. Le ventre eft d'un
brun très-foncé , & la gorge marbrée
de blanc 5 de noir & de jruinâtre. Toutes
ces couleurs peuvent varier fuivant le
pays , & peut-être fuivant I âge & le
fexe. Mais ce qui peut fervir beaucoup
à dîftinguer l'Orvet d'avec pltifîeurs
autres Anguis , c'eft ia longueur de fa
qi^eue qui égale & même furpade' quel-
quefois ceiie de foif corps v l'ouverture
de fa gueule s'étend iiîfqu'au-delà des
yeux 5 les deux os de la mâchoire infé-
rieure ne font pas féparés l'un de Taiitre
comme dans un grand nombre de
Serpens. ^ & en cela FOrvet reflemble
encore au Seps & aux autres lézards. Ses
dents font courtes, menues , chochues ^
& tournées vers le goder. La tangue
eft comme échaiicrée en croilfant. On a
écrit que fes yeux é toi eut (i petits qu'on
avoit peine à les dîftinguer*, cependant^
quorquils foient moins grands à pro-
portion que ceux de beaucoup d'autreà
jt j 8 I^ijloire Naturelle
Serpens , ils font très-vrfibles , & d’aü-
îeurs noirs & très-brillans {a). Il ne
parvient gnères à plus de trois pieds de
longueur. On a prétendu que fa mor-
fure étoit trè s-danger eufe {b) ; mais il
n’a point de crochets mobiles, & d’après
cela feul on auroit dû fuppofer qu’il
n’avoit point de venin i d’ailleurs les
expériences de M. Laurent l’ont mis
hors de doute (c). De quelque manière
qu’on irrite cet animal , il ne mord
point , mais fe contraéle avec force ,
& fe roidit , dit M. Laurent , au point
d’avoir alors l’inflexibilité du bois. Ce
Naturalifte fut obligé d’ouvrir par force
(a) Les écailles, qui recouvrent fes lèvres, ne
font pas plus grandes que celles qui revêtent fon
dos; aucunes de celles qui garniffent le deflbus de
fon corps , ne font plus grandes que leurs voilînes.
H en a ordinairement cent trente-cinq rangs fous
le corps. & autant fous la queue.
(b) Schwenckfeld , dans fon Hiftoire des Reptiles
de la Siléfie , a écrit que, dans cette Province,
on regardoit l’Orvet comme venimeux.
(cj M- Laurent, Ouvrage déjà cité, p. 179. Les
Auteurs de la Zoologie Britannique difent qu’en
Angleterre, l’Orvet n’eft point ragardé comme
dangereux*
des Serpens. 259
ia bouehe d’iiil Orvet, & dy intro-
duire ia peau d"un chien , que les dents
de l'animal trop courtes & trop menues
ne purent percer j. de petits oifeaux em-
ployés à la même expérience j & bieflés
par le Reptile , ne donnèrent aucun
ligne de venin : la chair nue d’un
pigeon fut auffi mife fous les dents de
l’Orvet qui la tint ferrée pendant long-
tems , & la pénétra de la liqueur qui
étoit dans fa bouche -, le pigeon fut
bientôt guéri de fa blelfure , fans donner
aucun indice de poifon.
Lorfque la crainte ou la colère con-
traignent l’Orvet , à tendre ainlî tous
fcs mufcles , & à roidir fon corps , il
n’cft pas furprenant qu’on puifle aifé-
ment , en le frappant avec un bâton ou
même une fîmple baguette , le divifer
& le calîer , pour ainfi dire , en plu-
fîeurs petites parties. Sa fragilité tient
à cet état de roideur & de contrac-
tion, ainlî que l’a penfé M. Laurent,
qui a très-bien obfervé cet animai , &
elle eft d’autant moins furprenante que
fes vertèbres font très-calîantes par leur
nature , comme celles de prefque tous
ié® Uijloin Nâtanllé |
les petits Serpens , & des petits lézards 'i ^
& que Tes miifcles font compofés de
fibres qui peuvent aifément fe féparer,'
C'cft cette propriété de TOrvet , qui
Ta fait appeîler par M. Linné , Anguis i
fragile , & qui Ta fait nommer par i
d'autres Auteurs Serpent de Verre. |
. On vient de voir que TPrvet (e trouve |
en Suède : il habite aüflî l^Ecofle {a) j i
& 5 d'après cela , il paroît qu'ri ne craint i
pas le froid autant que la plupart des, ;
Serpens ^ quoiqu'il foit en affez grande
nombre dans fa plupart des contrées
tempérées & même chaudes de l'Europe*,
il a pour ennemis ceux des autres Ser-
pens, & particulièrement les cicognes {b)
qui en font leur proie cf autant plus
aifément, qu’il né peut leur oppofer ni
venin , ni force ni même un volume
Confidérable.
Il s'accouple comme les autres Rep--'
tiles *, le mâle & la femelle s'entortillent
l'un autour de l'autre, fe ferrent étroi-
fementpar plufîeurs cantours & pendant
, 1,.. .1 .m .Mf , ■ ,1 I U .lia
{û) Sihbali , Æ rendroit déjà cité,
$çàmiickfeld ^ Hifioirc des Reptiles de laSHéJïèf
des Serpens. z6f
fln tenis allez long. On a vu des Orvets
demeurer ainfî réunis pendant plus
d’une heure (a). Les petits Serpens de
cette efpèce n’éclofent pas hors du Centre
de lejur mère , comme la plupàrt des
Couleuvres non venimeufes -, mais ils
viennent au jour tout formés (b). Un
très - bon Obfervateur (c) ayant ouvert
deux femelles, trouva dix Serpens dans
une qui étoit longue de treize pouces ,
& fept dans l’autre qui n’avoit qu’un
pied de longueur. Ces petits Serpens
ctoient parfaitement formés. Ils ne dif-
féroient de leur mère que par leur gran-
deur, Sc par leurs couleurs qui étoient
plus foihles •, les plus grands avoient vingt
& une lignes , îc les plus petits dix-huit
lignes de longueur. Le temps de la portée
des Orvets eft au moins d’un mois , &
M. de Sept-Fontaincs, que nous venons
de citer > s’en eft alîuré en gardant chez
(a) Notes manufirites communiquées par M- de Septf
Fontaines^
(J) Ray^ à l’endroit déjà cité} & Notes maiiupritti
M. de Sept-Fontaines.
Ç») M, de Seft-Fontgim*
i6z Hijloire Naturelle
lui , une femelle qui ne mit bas qti'un
mois après avoir été prife : elle ne parut
pas groflîr pendant fa captivité {a).
C'eft ordinairement après les premiers
jours de Juillet , que l’Orvet paroît
revêtu d’une peau nouvelle dans les Pro-
vinces feptentrionales de France. Son
dépouillement s’opère comme celui des
Couleuvres {b) •, il quitte fa vieille peau
d’autant plus facilement , qu’il trouve à fa
portée plus de corps contre lefquels il
peut fe frotter i il arrive feulement quel-
quefois que la vieille peau ne fe retourne
.que julqii’à l’anus , & qu’alors la queue
fort de l’enveloppe deuéchée qui la re-
couvroit, comme une lame d’épée fort
de fon fourreau (c).
L’Orvet fe nourrit de vers , de fea-
rabées , de grenouilles , de petits rats & |
même de crapauds -, il les avde le plus i
fouvent fans les mâcher -, aulîî arrive-t-ij
quelquefois que de petits vers viennent
(a) Lettre de M, de Sept-Fontaine$ à M. U Comte
it la Çepèie , du 7 Décembre ïySS*’
(i) Voyez l'article de la .Couleuvre d’Efculape*
(cj Notes manuferites M\ de Se ft-Fomtaines*
des Serperfs,
jufqu’à fon eftomac , pleins encore de
vie , & fans avoir reçu aucune blefliire.
M. de Sept-Fontaines a trouvé dans le
corps d’un jeune Orvet, un lombric ou
ver de terre long de lîx pouces, & de
la groffeur d’un tuyau de plume *, le
ver étoit encore en vie , & s’enfuit en
rampant.
Malgré leur avidité naturelle , les
Orvets peuvent demeurer un très-grand
nombre de jours fans manger , ainli que
les autres Serpeiis , & M. Desfontaincs
en a eu chez lui qui fe font laiffés
mourir au bout de plus de cinquante
jours , plutôt que de toucher à la nour-
riture qu’on avoit raife auprès d’eux,
Sc qu’ils auroient dévorée avec préci-
pitation s’ils avoient été en liberté.
L’Orvet habite ordinairement fous
terre dans des trous qu’il creufe ou qu’il
agrandit avec fon mufeau; mais comme
il a befoin de refpirer l’air extérieur ,
il quitte fouvent fa retraite. L’hiver même,
il perce quelquefois la neige qui couvre
les campagnes, & élève fon mufeau au-
deflus de la furface , la température affez
douce des trous fouterrains qu’il choifit
tîijîoin Naturelle
pour afyïe Tempêchant ordinairement de
s’engourdir complètement pendant le
froid. Lorfque fes chaleurs font revenues,
il paffe une grande partie du jour hors
fie fa retraite mais le plus fouvent il s’en
éloigne peu , & fe tient toujours à portée
de s’y mettre en sûreté.
Il fe drefle fréquemment fur fa queue
qu’il roule en .fpirale , qui lui fert d^
point d’appui & il demeure quelquefois
long-temps dans cette fituation. Ses mou-
vemens font rapides , mais moins que
ceux de la Couleuvre à collier. Il ne
répand pas communément d’odeur défar
gréablc {a),
(a) Perfonne n’a mieu?: étudié îes habitudes de
POrvet que M. dé Sept Fontaines^ à qui nou€
-devons la connoiflance de la plupart des détails
.que nous venons de rapporte^
L’ÊRYX.
dts Serpetis*
26 y
L’ É R Y X (a).
Cet Anguis a beaucoup de rapports,
avec l'Orvet , dont il n'eft peut-être
qu’une variété. Il a le defliis du corps
d’un roux cendré avec trois raies noires
très - étroites qui s’étendent depuis le
derrière de la tête , jufqu’à l’extréraité
de la queue. Ses yeux font à peine
vidbles. II. a la mâchoire fupérieure
un peu plus avancée que l’inférieure.
Ses dents font allez longues relative-
jnent à fa grandeur , égaies & un peu
courbées vers le golier. Ses écailles
font arrondies un peu convexes , lui-
fantes 8c unies. Sa queue eft un peu
plus longue que le relie du corps. Il
(a) Aberdeen , dans phjieurs endroits de V Augktene^
^ûTce qH*on U trouve dans Aberdeen Shire,
Eryx. M* d" Auhentoti ^ Encyclopédie méthodique^
Ang- Eryx. Linn» amphih- Serpent,
Gronov. muf o. , 35«> N.® 9*
Serpens , Torne JV» M
Hijloire Naturelle
a cent vingt- (îx rangs d’écailles aii-
deflous du corps , & cent trente-fîx aur
deflous de la queue -, on le trouve en
Europe , particulièrement en Angle-
terre -, & il habite auflî plufîeurs contrées
de l’Amérique.
i6y
des Serpens.
LA PEINTADE (aj.
Nous CONSERVONS ce nom à un
Anguis qui fe trouve dâns les Indes •,
if a cent foixante - cinq rangs d’écaiHes
fous le corps, trente-deux fous la queue,
& le deffus du corps verdâtre avec plu-
lîeurs rangées longitudinales de points
noirs ou bruns-
Il nous fembîe qu’on doit regarder
comme une variété de cette efpèce , un
Anguis que M. Pallas a obfervé fur les
bords de la mer Cafpienne , & qui a
à-peu-près la longueur d’un pied ; la
groffeur du petit doigt -, cent foixante-dix
rangs d’écailles fous le corps -, trente-
deux rangs fous la queue -, la tête grife
faj La Peintade. d^Juhnton , Encyclopédie
méthodqua>
Anguis Meîeagris. Linn* amphih. Serpent.
A-ïiguis Meîeagris, 124, Lauruiti , Spedmen. Me*
êictwu
Seba^ muf. 2 , tab* 21 , 4.
M ij
Hijloîre Naturelle
tachetée de noir ; le corps noir poini
tillé de gris fur le dos , & de blan-
châtre fur les côtés *, la queue longue
de deux pouces & variée de blanc {a).
.fa) Anguîs Miîiaris» Voyagis de M» Pallas daHê
diff'éreiius Pminces de VBmflT& de RuJJU, fupplémnt^-^
des Strpens, i
LE ROULEAU (aj.
Cet AnguïS fe trouve dans îes deux
Continens. II eft très-commUn en Amé'*
rique, ainfi que dans les grandes Indes j
mais c'eft toujours dans les pays chauds
qii’on le rencontre. Sa tête Un peu con-
vexe par-deflus , & convave en deflbits
eft à peine diftinguée du refte du corps
par trois écailles plus grandes que les
autres qui la Couvrent. Ses dents font
affez noxnbreufes ; & cornràe elles font
toutes égales , & qifil ixa pas de cro-
chets mobiles J l’on doit préfumer qu'il
n'eft point venimeux. Le corps & la
queue font gArnis par*deflus & par-
deffous d'é Ctiii les blanches bordées de
f'aj Le Rouleau. M» i* Anlenton y Encychp.à^
\Jnéthîd^qüe^
Anguis Schytaîe. Liniu amphih. Serpent*
Mu f, jid. fr. tah 6 ffig. 2.
Granoviusy mttf 2 , N."" 4. Anguis.
Séba^-muf. 2 , tab. 2 , fig. 1, 2, 3,4; tab^ 7.*
47 taâ, 20 7 fig. 3.
Anguis Schytaîe* Lm$ntiy Syedmen Meiiesm»
Miij
2 JO Hijîoire Naturelle
roux {a) y & tout îe corps eft varié par
des bandes tranfverfales , qui, en for-
mant des anneaux de couleur , gardent
leur parallélifme ou fe réuniiïent avec
plus ou moins de régularité. L"on ne
lait pas précifément à quelle grandeur
peut parvenir le Serpent Rouleau; mais,
d'après îes divers individus qui ont été
décrits par îes Naturaliftes , & ceux
qui font confervés au Cabinet du Roi,
nous préfumons qu'elle n'eft jamais très-
confidérable , que le diamètre de cet
Anguis n'eft ordinairement que d'un
demi-pouce, & que fa longueur n'excède
guère deux ou trois pieds {b).
II fe nourrit de vers , d'infeétes , &
fur - tout de fourmis , & voilà tout ce
que l'on connoît des habitudes de ce
Serpent.
(a) Le Roufeau a deux cent quarante rangs
d’écailles fous le corps , & treize rangs fous ia
queue-
(b) Sa queue eft très-courte en proportion du
corps ^ dont fa fongueur eft ie plus fouvent trente
fois plus confidèrable que celle de la queue*
des Serpens.
271
LE COLUBRIN (^).
M. Hasselquist a fait connoître cet
Atiguis que l’on trouve en Egypte ; ce
Serpent a le corps varié d’une manière
très-agréable, de brun & d’une couleur
paie -, on a compté ceiat quatre-vingt rangs
d’écaiiles fous fon corps, & dix-huit fous
fa queue.
(a) Le Colubrin. M- d’Juhenton » Encyclopédie
méthodiques
Anguis Coïubrina. Ijinn» ainphii% Serp^
Hafèlquifip iu 320, iV,® 65.
a 7» Hifioire Naturelle
LE TRAIT (a).
Cet Anguis habite en Egypte , ainfî
que le Colubrin , & c’eft aulli M. Haf-
felquift qui l’a fait connoître. Ce Serpent
a cent ^uatre-vingt-fix rangs d’écailles
fous le corps , &: vingt-trois fous la queue-
Celles qui garnilfent fon ventre , font un
peu plus larges que celles qui recouvrent
fon dos.
t'a) Le Tra’t. M. d’Aubenton, Encydopéiit mét
ÜiodigifC, ,
Angttis Jacuîas* Linn* amphib, Scvfcnf.
U, 319 6^^
des s erp'ens» 2 7 5
LE CORNU (a).
Cet Anguis a beaucoup de rapports
avec la Couleuvre Cérafte -, il a ^ comme
ce dernier Reptile , deux efpcces de
cornes fur la tête*, mais nous avons va
que dans'le Cérafte , ces éminences tien-
nent à li peau, & font de nature écail-
leufe , au 'lieu que , dans le Cornu , ce
font déùx- dents qui pèrcent la lèvre
fupérieure , & redemblent à deux petites
cornes. On trouve cet Anguis en Egypte
où il a été obfervé par M. Haffelquift ,
&c où vit auflî le Cérafte. Le Cornu a
deux cens rangs d'écaiiles fous le ventre ,
& quinze fous la queue.
Le Cornu. M, d* Anhenton , MncyciopédU mè^
Sltodiqaè,
Anguis Cerafies. Lîmi^ ampkib. Serpentes,
it, 32© j 66.
M r
2 74 HiJIoire Naturelle
LE MIGUEL (4
Tel est le nom que Ton donne à cet
Angiiis dans le Paraguay, & dans* plu-
fieiirs autres contrées de TAmérique
méridionale. Les écailles cjiit le coirvrent
font brillantes & unies. Le ^effus de
fon corps ed jaune, & préfente une
& quelquefois trois raies . longitudi-
nales brunes avec des bandes tranfver-
fales très-étroites, & de la cou-
leur. Le Miguel a deux, cens rangs
d’écailies fous le ventre , & douze foits
la queue -, on voit neuf grandes écailles
fur la partie fupér retire de fa tête. Un
individu de cette efpèce , confervé au
Cabinet du Roi, a un pied de longueur
totale , & fa queue eft longue de trois
lignes.
(a) Le Miguel. M. d*Auheutou^ Encyc^ mé^hodiqut*
Anguis Macuiata. Linn» amphib. S&rpenu
Nluf. Ad* fr, 1 J P* 21 , tah^ 21 , fi^. 3.
Anguis TeHellata. 142 , Laurenti , Spec» Meilcam,
Groiiov, muf, 2./?. 53, 5*
Miguel. Di&* d'HiJîmc naturelle, par M. Kalmont
de Bomare*
Sdèa, mnj\ ^ tah* 2,
des Serpens.
17$
LE RÉSEAU (a).
Cet Angetis a les éGailIes qui garniffent
le deffiis de fon corps brunes & blan-
ches dans leur centre , ce qui le fait
paroître comme couvert dun réfèaii
brun. On le trouve en Amérique. Il a
cent foixante-dix-fept rangs d'écailles
fous le ventre , & trente-fept fous la
queue •, le defîus de fa tête eft revêtu de
grandes écailles.
(a) Le Réfeau. M» i’^Aubenton > Encyclopédh
méthodique^
Anguis Reticulata* Lîim. amphih. Serpent.
Anguis Reticuia. 128. Laurenti j Specimen Me^
ikum.
Gronov. muf. 2 , p* 7.
Sc/ieuchier* Phyfic* Jacr> 747 j 4,
2 7^ H^oire Naturelle
LE JAUNE ET BRUN (a).
Gét Anguis Te trouve en grand nombre
dans ies bois de ia Caroline & de la
Virginie , où il a été obfervé par
MM. Catelb7 & Garden, & où on ne
.îe regarde pas somme dangereux. II
paroît moins fenlible au froid que les
autres Serpens des mêmes pays, puif-
qu’il fe montre beaucoup plutôt au
printems -, il eft , pour ainfl dire ^
auffi fragile que l’Orvet -, ies fibres
qui compofent fcs mufcles , peuvent
ie réparer très - aifément -, pour peu
qu’on le frappe , il fe partage comme
i’Orvét , en piufieurs portions , & il a
été appellé Serpent de verre , de même
que ce Reptile. Sa longueur n’excède
Le Serpent de verre. M. i’Jubenm , En-
cyclopéèie jnéthodigue,
Anguis Ventralis. Limu emphd- Serpent*
The Cjlafs Snake. Serpent de verre. Cateshyy
hifloire naîiiTtlU 4^ h Carolm , poU * j /. 59 ;
plmch S9*
des Serpens, ijj
guère cîix-huit pouces •, & fa queue eft
trois fois aufll longue que fon corps.
Son ventre eft jaune, & paroît comme
réuni au refte du corps par une future.
Le dos eft d’un vert mêlé de brun , avec
un grand nombre de très-petites taches
jaunes arrangées très-régulièrement. La
defeription de M, Linné femble indiquer
que les écailles qui garnirent le deffus
du corps, font relevées par une arête.
La langue eft échancrée par le bout ,
à-peu-près comme celle de l’Orvet. Le
Jaune & Brun a cent vingt-fept rangs
d’écailles fous le corps , & deux cent
vingt-trois fous la queue.
278 IJiJioire Naturelle
LA QUEUE-LANCÉOLÉE (à).
v^£T Anguïs diffère de ceux que nous
venons de décrire par la forme de fa
queue qui eft comprimée par les côtés*,
cette partie fe termine d'aiiieurs en
pointe 5 elle eft , ainfi que le dos ,
d\ine couleur pâle avec des bandes
tranfverfaîes brunes, & cinquante rangs
d'écaiiles en garniffent le deffous. On
compte deux cens rangs d'écailles fous
ie corps, La Queue-Lancéolée fe trouve
à Surinam. Il fe pourroit qu'on dût
rapporter à cette efpèce le Serpent à
queue aplatie vu par M. Bancks près
des côtes de la nouvelle Hollande , de
la nouvelle Guinée & de la Chine ,
nageant & plongeant' avec facilité pen-
dant les temps calmes , & décrit par
M. Vorfmaër (3).
(a) La Queue - lancéolée. d' JubentOM, En-
cyclopédie méthodique
i\nguis Laticauda» Linn, amphib. Serpent*
Muf- Jd. fr. ^2 . pag. 48,
Laticauda Imbiicata- 241, Laureiiti^ Spec* MeJic,
(b On peut confulter, à ce fiijet, l^article du
Serpent à large queue , dans le Dictionnaire d’Hifk)ire
Eaturelie , par M. V almont de Bomar e.
des Serpens.
27f
LE R O U G E.
Cet Anguis a été envoyé de Cayenne
au Cabinet du Roi , par M. de la Borde
les écailles du dos font d'un beau rouge,
ce qui lui a fait donner le nom de
Serpent de corail par les habitans de la
Guiane*, mais nous n^avons pas cru de-
voir lui conferver cette déno*mination ,
de peur qu'on ne le confondît avec la
Couleuvre le Corallin dont nous avons
parlé. Le defîous de fon corps eft d'un
rouge plus clair , toutes ces écailles font
hexigones & bordées de blanc*, & il eft
d'ailleurs diftingué des autres Anguis
par des bandes tranfverfales noirâtres
qui s'étendent non - feulement fur le
defliis , mais encore fur le deffous du
corps. Lorfque ce Serpent eft en vie , fes
couleurs font très-éclatantes*, mais autant
fon afpeét eft agréable, autant il faut
fuir fon approche. Sa morfure eft veni-
meufe & très-dangereufe fuivant M. de
la Borde : il porte le nom de Vipère
zîo m/îoiré Natiireïïe
à la Guiane, & ce qui prouve que ce
nom doit lui appartenir , c’eft que i'oii
a reçu au Cabinet du Roi, avec Tindi-
Vîdu que nous décrivons , deux ferpen-
taux de la même efpèce fortis tout formés
du ventre de leur mere.
Le Rouge a , ainfi que d^aiitres An-
guis , la rangée du milieu du deffus du
corps & de la queue compofée d'écaillcs
un peu plus grandes que leurs voifines.
Nous avons compté dans cette rangée
deux cent quarante pièces au-deflous du
corps 5 & douze feulement au-defibus
de la queue qui eft très-courte (û).
Il paroît que c"eft le même animal
que celui dont It P. Gumilla a parlé
fous le nom de Serpent coral , dans Ton
Hiftoire Natiurelie de rOrenoque , Sc
pour lequel nous renvoyons à la note
Suivante
fa) L^individu envoyé aw Cabinet du Roi avoît
un pied fix pouces de longueur totale, & fa queue
defix lignes.
(b) « Je ne puis pafler feus filence le Serpent
» Coral ^ qu^on nomme ainfi à caufe de fa cou-
•» leur intamate, & qui cû entremêlée de uebc?
^es Serpens,
2Sî
»5 noires, grrfes, bîanches & jaunes* Ce Serpent
w fiipporte également tous les climats , ce qui
î9 n^empêche pas que fes couleurs ne fe refîentent
» de leur variété; mais fon venin conferve tou«
n jours la même force, & il n^y en a point, fiPon
^9 en excepte la Couleuvre Macaurel^ dont la mor-
99 fure füit plus dangereufe. Parlons maintenant
99 des remèdes qu’on a trouvés contre la morfure
99 de ces Reptiles On peut fe fervir de la
99 feuille de tabac, qui eft un remède efficace contre
99 la morfure des Couleuvres, quelle qu’enfoitl’ef-
pèce; il fuffit d’en mâcher une certaine quan-
99 tité , d’en avaler une partie , & d’appliquer
w l’autre fur la plaie pendant trois ou quatre jours ,
li pour n’avoir rien à craindre. J’en ai fait l’elTai
*> piuf/eiirs fois fur des malades de même fur des
15 Couleuvres ; après lès avoir étourdies d’un coup
155 de bâton, je leur ai faifi la tête avec une petite
55 fourche, &leur ayant fait ouvrir la bouche en la
99 prelTant ,j’ai mis dedans du tabac mâché; êc auffi-
99 tôt elles ont été faifiesd’un tremblement générai
f* qui n’a fini qu’avec leur vie ; Couleuvre étant
99 refîée froide & roide comme un bâton.
*9 Un troifième remède dont on peut fe fervir,
55 c’eft la pierre orientale ; çlle n’eft autre chofe qu’un
M morceau de corne de cerf qu’on fait calciner
99 jufqu’h ce qu'il ait pris la couleur du charbon,
^5 il s’attache de lui-même à la plaie & attire tout
55 le venin qui eft dedans, mais il en faut quel-
39 quefois plus de fix morceaux , & le plus fur eft
§9 de mâcher du tabac en même-temps.
55 Lorfquel’endroit le permetjon appîiquefur la
99 plaie quatre ventoufes sèches dont la première
2 S i Hijîoire Naturelle
m. difpofe les chairs, la feconde attire une Irqueur
jaune, la troiüéme une pareille liqueur teinte
99 de fang J & h quatrième le fang tout pur; après
99 quoi ii ne relie plus de venin dans la plaie*
.. 99 V^oici un cinquième remède dont on a éprouvé
99 TefFet : il confiûe en une bonne quantité d^eau-
99 de-vie , dans laquelle on a délayé de la poudre à
99 canon, & à la troiféme dofe le venrn perd toute
99 fon acftivité. . . « Hifi* iiâtur» de rOnnoqutf
Tmd» franq* Lyon , 1758 > tome j j pêg, 89 & fu'ww
àes Serpens,
2S5
LE LONG-NEZ (a).
C'est M. Weigel , Naturaîifte AÎIemand,
qiH a fait connoître cette efpèee cI'An-
guis 5 remarquable par ralongement
de fon mufeaii. Ce prolongement eft
très-fenfible , la lèvre de deiîoiis étant
beaucoup moins avancée que la fupé-
rieure , contre le bord inférieur de
iaquelîe elle s'applique, & la bouche
étant par-là un peu fituée au-deflbus
du mufeàu. La longueur totale de i'in-
dividu , décrit par M. Weigel , étoit
à-peu-près d'un pied , une pointe dure
terminoit la queue , la couleur du
deffus du corps de cet Anguis étoit
d'un noir plus ou moins tirant fur le
verdâtre , on voyoit une tache jaune
fur le bout du mufeau , & à l'extré-
mité de la queue , fur laquelle on re**
(a) Anguis Roftratus , Languafige , Schup-
penfchlange , C- L. Weigel. Mew- i/es Cumux d& la
r^aiun de Berlin vqU 3 , 190»
284 U0oire Natureîîe
marquoît deux Bandes obliques de la
même couleur, qui ètoit auffi celle du
ventre , & s’étendoit même dans certains
endroits fur les côtés du corps. Ce
Serpent avoit deux cent dix-huit rangs
d’écailles fous le corps , & douze fous
la queue ) il avoit été apporté de Sli-
rinatn.
des Serpens, 2 8 j
LA PLATURE (a).
Ce Serpent a beaucoup de reflembîance
avec ia Queue-Lancéolée 5 il a , comme
ce dernier Angiiis 3 la queue compri-
mée Sc apktre par les côtés ; mars celle
de la Queue - Lancéolée fe termine
en pointe au lieu que la queue de
!a Plature a fon extrémité arrondie.
M. Linné a fait conuoître cette efpèce
de Serpent , dont un individu faifoit
partie de la colleétion de M. Ziervogelj^
Apothicaire , à Copenhague»
La tête de' la Plature eft alongée -,
fes mâchoires font fans dents , cet An-
guis a im pied & demi de longueur
totale 3 & deux pouces depuis raniis
julquà Fexirémité de la queue le
deffiis de fon corps eft noir, le def-
fous blanc , & la queue variée de
faj La Queue-pîate* M* d'Auhentouy Encydopéêit
méthodique,
Apguis Platura. Linn* aniphik* Ssrpent.
z8(î Hijioire Naturelle
blanc & de noir \ les écailles , qui re-
couvrent ce Serpent ^ font arrondies ,
ne fe recouvrent pas les unes les au-
tres, & font fî petites qifon ne peut
pas les compter.
7û7?i/, 77^,
Pl. IX . P ^
DeScve JcL ,
y. LE LOMBIUC;^, SERPENT MONSTRUEUX A DEUX TETES./'^,
des Serpens. i § 7
LE LOMBRIC (æ).
plus d’attention iorfqu’on examine le
Lombric , c’efl: la proportion générale
de fon corps, moins gros vers la tçte
,<ju’à l’extrémité oppofée , de telle forte,
que lî on ne confidéroit pas la poiition
des écailles de ces Anguis , on feroit
tenté de prendre le bout de fa queue
pour fa tête , d’autant pliis que cette der-
nière partie n’eft pas plus grofle que
l’extrémité du corps à laquelle elle tient,
& que les yeux ne font que de petits
faj Anilios , dans Flfle de Chypre»
Serpent d'Oreille , dans L*Iiide»
Le Lombric. iVf. d*Auhenton , Encyclopédie mé^
4jkodlque,
Anguis Lumbricalis. Linn» amphih. Serpent.
Anguis Lumbricalis^ 144. Laurenü , Specinien
Medicum,
Gronov. muf 2, p. 52, 3.
Brown. Jarn, 460, tab» 44 j jig. i, Ampbisbæna
Prr " '
188 Hi/ioire Naturelle
points très-peu fenfibles, & recouverte
par une membrane ainfi que ceux des
amphifbènes. Le mufeau du Lombric eft
très-arrondi & percé de deux petits
trous prefqu'invifibles ^ qui tiennent lieu
de narines "à ranimai -, mais il ne pré-
fente d’ailleurs aucune ouverture pour
la gueule. Ce n’eft qu’au - deflous du
mufeau , & à une petite diftance de cette
e^^trémité qu’on apperçoit une petite
bouche dont les lèvres n’ont que deux
lignes de tour , dans le plus grand in-
dividu des Lombrics confQrvés au Ca-
binet du Rol La mâchoire inférieure,
plus courte que celle de deffus , s’ap-
plique fi exactement contre cette mâ-
choire fiipérieure , qu’il faut beaucoup
d’attention pour reconnoître la place
de la bouche loiTquelie eft fermée.
Nous n’avons pu voir des dents dans
aucun des Lombrics que nous avons
examinés (a) , mais nous avons remar- .
(a) Le Lombric étort regardé, k la Jamaïque,
comme venimtiix : mais Brown dit qu'ii n^a jamais
pu confrater 1 exiftence du venin de ce Reptile^
Bifioirt üütmtlU de Ick Jamaïque y Londr, 1 756 , p» 460.
qué
des Serperis.
qüé dans tous une petite langue ap-
pliquée , & comme collée contre ta
mâchoire fupérieure.
Le corps entier du Lombric eft pref-
que cylindrique , excepté à l’endroit de
la tête qui eft un peu aplati par-deffus
Sc par-deffous. Ce Serpent eft entière-
ment recouvert de très - petites écailles
très-unies & trè%-îuifantes , placées les
unes au-deffus des autres comme les
ardoifes fur les toits, toutes de même
forme Sc de même grandeur , tant
fur le ventre que fur la queue & fur
le dos , & préfentant par - tout une
couleur uniforme d’un blanc livide , de
telle forte que le delîous du corps h’eft
diftingué du*deffus, ni par la forme, n£
par la pofition , ni par la couleur des
écailles. Le mufeau eft couvert par-
deflus de trois écailles un peu plus
grandes que celles du dos , & plac4es è
coté l’une de l’autre ; & trois .écailles
femblables en revêtent le delTous au-
devant de l’ouverture de la bouche.
L’anijs eft fttué très-près de l’extrémité
du corps dont il n’eft éloigné que d’une
ligne & demie dans un des individus que
Serpens) TomelV^ N
Hijloire Naturelle
îipus, avons déerits.. Cette ouverture ^
en forme de fente très - étroite ,
n'avqit, dans cet individu , qu’une demi-
.iigne de longueur, &: ne pou voit être
.^ipperçue, que lorfqu’on plioit le corps
de l’animal: du côté oppofé à celui où
étcit ranus. La très - courte queue du
Lombric eft terminée par une écaille
pointue & dure ; la manière dont nous
lavons vrie repliée dans plufieiirs Anguis
de cette efpèce , & la force avec laquelle
elle étoit roidie , ainlî que le refte du
eorps 5 prouvent la facilité avec laquelle
Je Lombric peut fe tourner & fe plier
en différens fens.
ignorons jufqu’à quelle gran-
deur les Lombrics peuvent parvenir
Le. plus gt^uid de ceux que nous avons
yiis,y avoit huit pouces onze lignes dç
ionguçur, & deux lignes de diamètre
dans l’endroit le plus gros du corps. Il
avoit. apporté de l’Ille de Chypre
fous le non d’Anilios, mais ce n’eft pas
lèuIçiTient dans cette Ifle qu’il habite
on lc trouve auiîî aux grandes Indes d’oii
on a envoyé au Cabinet du Roi un
très-petit Serpent long de quatre pouces-
d€s Serpetif, ift
neuf lignes, & n’ayant pas une ligne,
de diamètre , mais qui d’aiileurs eft eh--'
tièrement femblable au Lombric , & qui
évidemment eft un J^eune animal de I»
même efpèce^ II eft arrivé fous le noitt
de Serpent d’oreille ; nous ne favon»
pas ce qui peut avoir donné lieu à cette
dénomination.
La conformation du Lombric , la
grande facilité qu’il a de le replier
plulieurs fois fur lui - même & celle
avec laquelle il peut s’infinuer dans le*
plus petites cavités , doivent donner à
fa manière de vivre beaucoup de reC-
femblance avec celle de l’Orvet dont il
fe rapproche à beaucoup d’égards ,
ainli qu’avec celles de plulieurs vers pro-
prement dits que l’efpèce du Lombric
lie , pour ainli dire, à l’ordre des Ser-
pens par de nouveaux rapports, & par-
ticulièrement par la petitelîe de fon anus,
âinli que par la polition de fa bouche.
Nij
x^% HiJIoirc Naturelle
CINQUIÈME genre;
S E R P E N S
Vont k corps &*la queue font entourés
d’anneaux écailleux.
AMPHISBÊNES.
VEN FU ME (a).
Il est très- facile de diftinguer les
Amphifbèncs de tous les Serpens dont
nous ayons déjà parlç. Non-feulement
ils n’ont point de plaques fous le corps ,
(a) Ibijara, par Us Brafîiiens.
Bodty.
Cega, Cobre Vega, & Cobra de las Cabecas^
k$ f^Qrîu^ais^
^des Serpens. 195
ni fous la queue •, mais les écailles qui
les revêtent font prefque quarrées , plus
ou moins régulières» difpofées tranf-
verfalement & réunies Tune à côté de
l'autre de manière à former des an-
neaux entiers, qui environnant l’ani-
ftial. Le defliis & le deflous du corps
& de la queue fe refîemblent il fort
dans les Amphilbènes , que, îorfque
leur tête & leur anus font cachés , l'on
ne peut favoir s'ils font dans leur po-
litio.n naturelle ou renverfés fur le
dos. On pourroit même dire que ,
-fans la poution de leur tête , & celle
de leur colonne vertébrale , plus voi-
fine du deffus que du deflous du corps .
L^Enfumé. M. â* Juhenton , EncydopéâU métho*
iique,
Amphisbœna fuîiginofa. Liuiu amphih* S^jpent^
Gronov, muf 2, p. i, Amphisbœna.
Ray, (juaimp^ 289.
Ÿfafgobane. M. Valmont de Bemctte.
Sébâ^ muf. I, tah- 88, 3; muf 2, tah. i,
fg. 7, tab. 18, fig, 2, tab- 22, fig, lytab, 73,
fig* 4^ ef tab. 100, fig.
Amphisbœna vuîgaris , 119. Amphisbœna varia,
120, Amphisbœna magnifica, 121. Amphisbœna
fia va, 122, Lauretiîi J Spécimen Medicnm,
N iij
2p4 Hijîoire Natur^le
îls troiiveroient un point d’appui auflî
avantageux dans la portion fupérieure
de ces anneau^ , que dans
rieure , & qu"Hs poiirroient également
s'avancer en rampant fur leur dos &
fur leur ventre.. Mais s’ils font privés
de cette double manière demarcher5.pa1:
ïa fituation de leur tête > & par celle
de leur colonne vertébrale , cette forme
d’anneaux également conftruits au-deffus
& au-deffous de leur corps , leur donne
une grande facilité pour fe retourner ^
fe replier en différens fens comme les
vers, & exécuter divers mouvemens in-
terdits aux autres Serpens. Trouvant
d’aiileurs dans ces anneaux , la même
réliftance 5 loit qifils avancent ou qu’ils
reculent , ils peuvent' ramper preftjue
avec une égaie vîteffe en avant & en
arrière -, & de-Ià vient le nom de
Double Marcheurs ou à' Amphijbènes qui
leur a été donné. Ay^ant la queue tpès-
grade. & terminée par un bout arrondi,
portant , louvent en arrière cette extré-
mité grofle & obtufe , & lui faifant
faire dès . mouvemens que la tête feule
exécute communément dans beaucoup
des S erp eus, 29^
#autres Reptiles , il n’eft pas furprenant
que leur manière de fe mouvoir ait
donné lieu à une erreur femblable à
celle que les Anguis ont fait naître».
On a cru qu’ils avoient deux tête§
non pas placées à côté l’une dé
l’autre , comme dans certains Serpens
monftrueux, mais la première à unè
extrémité du corps , éc la lèconde à
i’aufte. On ne s’eît pas même contenté
d’admettre cette conformation extraor-
dinaire-, on a imaginé des fables abfurdes
que nous n’avons pas befoin de réfuter.
On a cru & écrit très-férieufement què
iorfqu’on coupe un Amphifbène en
deux par le milieu du corps , les deitSc
têtes fe cherchent mutuellement; que
lorfqu’elles fe font rencontrées, elles fe-
rejoignent par les extrémités qui ont
été coupées , le fang fervant de glu pour
les réunir ; que fi on les coupe en trois
morceaux , chaque tête cherche le côté
qui lui appartient , & que lorfqu’elle
sy éft attachée , le Serpent le trouve
dans le même état qu’avant d’avoir été
divifé -, que le moyen de tuer un Am-
philbène , eft de couper les deux têtes
Niv
zp6 Hifloîre Naturelle
- j^vec une petite partie du corps , & de
îés fufpendre à un arbre avec un cor-
deau j que même cette manière n’eft
pas . très-fûre ; que lorfque îes oifeaux
de proie ne ies mangent point , & que
le cordeau fe pourrit , l’Amphilbène,
defîéché par le foleil , tombe à terre *,
qu’à 4a première pluie qui furvient ,
il renaît par le fecours de l’humidité
qui le pénètre *, que , par une fui?l de
cette propriété , ce Serpent réduit en
poudre eft le meilleur Ipécifique pour
réunir & fonder les os caffés {d) , &c.
Combien d’idées ridicules le défaut de
lumières & le befoin du merveilleux
n’ont-ils pas fait adopter !
L’elpèce de ces Amphilbènes la plus
anciennement . connue , eft celle de l’En-
fumé. Le nom de ce Serpent lui vient
de fa couleur qui eft en effet très-foncée,
prefque noire , & variée de blanc. II
parvient communément à la longueur
d’un pied ou deux , mais fa queue n’ex-
cède prefque jamais celle de douze ou
(a) Voyez f’FIifioire naturelle de l’Orenoque,
traduction françoife, Lyon, 1758, tome 3rp»86*^
des Serpens. 297
quinze lignes {a). Ses yeux font non-
feulement très-petits , mais encore re-
couverts , & comme voilés par une mem-
brane', c’eft cette conformation fingu-^,
lière qui lui a fait donner , ainfi qu'aux
Anguis , le nom de Serpent avenue , &
qui établit un nouveau rapport entre ce
Reptile & les Murènes , les congres
& les anguilles qui d'ailleurs reffemblent
à beaucoup d’égards aux Serpens , &
que l'on a quelquefois même appellés
Serpens d’eau.
L'Enfumé habite les Indes orientales i
particulièrement l’Ifle de Ceyl*n, On le
rencontre aufli en Amérique on ignore
uhe grande partie de les habitudes »
mais l’on fait qu'il fe nourrit de vers de
terre, de mollafîes, de diverfes inféras,-
de cloportes , de fcolopendres , &c. Il
fait auflî la guerre aux fourmis dont il
paroi t qu'il aiiue beaucoup à fe nourrir;
bien loin de chercher à détruire ou
diminuer fon elpèce , en devroit donc
(aj On compte ordinairement deux cens an*
neaux fur le corps del’Enfumé, & ueate furÂ
queue,
2? 9^8 Hijîoke Naturelle
tâcher de îi multiplier dans les contrées
torrides fi foiivent dévaftées par des
légions innombrables de fourmis^ qui
s'avançant en colonnes preflées , & cou-
vrant un grand elpace , laiffent par-tout
des traces funeftes que Ton prendroit
pour celles de la flamme dévorante..
L'Enfumé fait aifément fa proie de ces
fourmis ainfi que des vers , des larves
d'infeéies , & de tous les petits animaux
qui fe cachent fous terre , la faculté
qu'il a de reculer ou d'avancer (ans fe
J3lefler lui donnant, ainfi que fa con-
formatîofi générale , une très - grande
facilité pour pénétrer dans lés retraites
fouterraines des vers , des fourmis, Sc
des infeéles. Il peut d'ailleurs fouiller
la terre plus profondément que pliir
fleurs antres Serpens , fa peau étant
très-dure, & fes imifcles très- vigoureux.
Quelques Voyageurs ont écrit qu'il étoit
venimeux*, nous avons trouvé cepen-
dant que fos mâchoires n'étoient gar-
nies çi^ucun crochet mobile. Qn voit
au-deffus de fon; anus huit petits tu-
bercules percés à leur extrémité , &.
qui conununiquent avec autant de per^
des Serpens. 2:9 9
tites glandes , ce qui lui donne un
nouveau rapport avec le Bipède Can-
nelé [a) , ainîî qu avet^ plufîeurs efpèees
de lézards {b).
(a) Voye2t l'article du Bipède Cannelé, à la fuite
deBhiftoire naturellfe des Quadrupèdes ovipares.
(b) L'Enfumé a le deffus de la tête garni de fix
grandes écaillés placées fur trois rangs.
K Y|
300
Nijîoire Naturelle
LE BLANCHET (a).
Cet Amphisbêne diffère principalement
de celui que nous venons de décrire par
ïe nombre de fes anneaux , & par fa
couleur j il eft blanc , & fouvent fans
aucune tache •, le delTus de fa tête eft cou-
vert , ainfi que celle de l’Enfumé , par
ïix grandes écailles difpofées fur trois
rangs , dont chacun eft compofé de
deux pièces. On compte communé-
ment deux cent vingt - trois anneàux
autour de fon corps , & feize autour de
fa queue. On voit au-deflus de l’ouver-
ture de l’anus , huit tubercules fémblables
à ceux que préfente l’Enfumé , mais
moins élevés & moins grands. Un Blan-
chet confervé au Cabinet du Roi, a un
pied cinq pouces neuf lignes de longueur
totale , & fa queue n'eft longue que d’un
pouce fix lignes. Nous n’avons pas vu de
crochets mobiles dans les Blanchets que
nous avons examinés.
(a) Le Blanchet. M. d*jiabenton , Encyclop, méîhod,
iimphisb. Alba* Làmu amphih» Serpent.
Mttj. Jd.ff. Z)* , tcL 4 J fig* 2-
AmphisI). Aiba- n8 Laurenti^ Spulmeu Midmvk
$iba, muf. 2 , tabu. fig* i.
n,/r.
3ûû
~ jP' Jûurcùtrit J^cuZ^
LE ELA]y[CHET. ;2 , L IBIARE •
des Serpens. 501
SIXIÈME GENRE.
SERPENS
#
Dont les côtés du corps préfintent une
rangée longitudinale de plis.
C (E C I L E S.
L’ 1 B ï A R E (a).
La forme de ce Serpent eft cylindriqnef
un individu de cette efpèce, décrit par
(a) L’ibiare* M. d^Aubenton , Encyckpidic mh
thoâique»
Cœciiia Tentacuîata. Linn» amfhib- Serp*
Jd* /rmmiu T , jP. 489, tah- 17 , 2.
Muf, Ad>fr- i^ p- 19 , tab. 5> fig> 2«
Gronoviüi ^ muf 2, p, §2, iV.® I*
Cœciiia Teniacdata. Ji6, Laumtis Spccimn
301 Hijiaire NatureUe
M. Linné , avoit un pied de longueur,
& étoit épais d'un pouce.^ L'Ibiare paroît
n'être couvert d'aucune écaille, on re-
marque cependant fur fon dos ^ de petits
points un peu faillants dont la nature
pourroit approcher de celle des écailles*
Le miifeau eft un peu arrondi *, la njiâ-
chpire fupérieure plqs avancée que l'in-
férieure , eft garnie auprès des narines
de deux petits barhilions ou tentacules
très-courts , & à peine lènfibles, ce qui
donne, à l'IMare un rapport de plus avec
plufieurs efpèces de poiffons. Ses yeux
iôftt très- petits 5 & recouverts par une
membrane , comme ceux de quelques
autres Serpens , & de plufieurs poiflons
de mer ou d'eau douce. Sa peau eft plifi-
fëe de chaque côté du corps , & y forme
ccwnmunément cent trente-cinq rides ou
plis affez fenfibles. Sa îjueue eft très-
courte*, elle préfente des rides annullaires
comme le corps des vers de terre ap-
peliés Lombrics, On le trouve en Amé-
rique. Il eft à defirer que les Voyageturs
©bfervent fes habitudes naturelleSé
des Serpens.
LE VISQUEUX (a).
Cette espèce de Gcecile habite les Indes j
elle a les yeux encore plus petits que
ribiare , & fes côtés préfentent un plus
grand nombre de plis. On en compte trois
cent quarante le long du corps , & dix le;
long de la queue. Sa couleur eft brune ,
avec une petite raie blanchâtre fur les-
côtés.
(aj. Le Vifqueux. M. i’Aubmton , EncycloféâU
méthodique»
Cœcil. Gîutinofa L/V//2* amphih» Serp».
Muf» Jâ, fr, I , p. 19 , tal. 4 , ï*
Cœcilia Giutinofa. ii7 > Laurrntip
dicuai.
304 Hijîoire Naturelle
-S»
SEPTIÈME GENRE.
SERPENS
Dont le , dejjbus du corps préfente de
grandes plaques , fr lefiueUes on voit
enfuite dés anneaux écailleux ^ & dont
l’extrémité de la queue ejî garnie par-
defàus de très-petites écailles.
L A N G AHA.
»>r-r;--rrgr>-.a^ "v
L ANGAHA
DE MADAGASCAR (û);
M. Brttgnière, de là’ Société Royale
de Montpellier, a pùMié le premier la
(a) Extraîu d'une Lettre de M. Bru^nière à M, Brouf*
fonnet de V Académie des Sciences , (f jfuiHée dans le
Journal de Phyjique^ Février 1784.
PI- XI . Pa^ . .
dive
LAN (lABAy de^ ^a&^oé'car - ^ • LA<CI1.0 CH ORDE , de^ Java-J^a^. Ùo3,
.JF.
des Serpens. 305
defcription de ce Serpent qu’il a obfervé
dans rifle de Madagafcar. Cette efpèce
réunit trois caradères remarquables ,
l’un , des Couleuvres , le fécond , des
Amphilbènes , & le troifième , des An-
guis v elle a, comme les Anguis , une
partie du deffous de la queue recou-
verte de petites écailles , des anneaux
écailleux comme les Amphifbènes , 3c
de grandes plaques fous le corps comme
les Couleuvres -, elle appartient dès-lors
à un genre très-diftinéfc & très-facile à
reconnoître , auquel nous avons con-
fervéle «omdeLangaha qu’on lui donnc^
à Madagafcar.
L’individu de l’elpèce du Langaha'de
Madagafcar , décrit par M. Brugnière ,
avoit deux pieds huit pouces de lon-
gueur totale i 3c fept lignes de diamètre
dans la partie la plus grofle de fon
corps. Le defîus de fa , tête étoit cou-
vert de fept grandes écailles , placées
fur deux rangs -, la rangée la plus voi-
fine du mufeau préfentoil trois pièces^
& l’autre rangée en préfentoit quatre.
Sa mâchoire fupérieure étoit terminée
par une appendice longue de neuflignesj^
Hijîoire Natuulîe
tendîneufe , flexible , très - pointue Sc
revêtue de très-petites écailles , ce qui
lui donnoit'iin nouveau rapport avec la
Couleuvre Nafique* Elle avoit, fuivant
M. Brugnière , des dents de même
forme & en même nombre que celles
de la Vipère. Les écailles , qui revê-
toient le dos , étoicnt rhomboïdales ,
rougeâtres 5 & ron voyoit à leur 'bafe,
un petit'cerde gris avec un point jaiine^
On comptoit fur la partie inférieure du
corps 5 cent quatre-vingt quatre grandes
plaques blanchâtres , luifantes , d'autant
pluslongues qu'elles étoientpîus éloignées
de la tête , & qui formoient enfin autour
du corps 5 des anneaux entiers au nombre
de quarante-deux. Après ces anneaux „
ou plutôt vers le milieu de Tendroit
garni par ces anneaux écailleux, com-
niençoit la queue apparente que recou-
vroient de très-petites écailles mais la
véritable queue étoit beaiicoup plus
îongue 5 puifquc Tanus étoit placé entre
la quatre-vingt-dixième & la qitatre-vingt-
onzième grande plaque, au milieu de
quatre pièces écailieufes.
M. Brugnière ayant vu trois Langaha,
des Serptns. 507
de Madagafcar, s"eft afïuréque le nombre
des grandes plaques & des anneaux étoÎÉ
variable dans cette efpèce : un de ces
trois individus , au lieu de préfenter les
couleurs que nous venons d'indiquer j
étoit violet , avec des points plus foncés
fur le dos.
Les habitans de Madagafcar cfargnènt
Beaucoup le Langaha ; & en effet , la.
forme de fes dents, femblables à celle d«
in Vipère , doit faire préfuraer qui! eâ
venimeux.
3 €> 8 H{//o i re N a tu relie
HUITIÈME GENRE.
SERPENS
Qui ont, le corps & la queue garnis de
petits tubercules.
ACROCHORDES.
»>r===rri=:r=====>^^:s==^ 1 ^4
L’ ACROGHORDE
DE JAVA (a).
M. Hornstedt a obfervé & décrit gc
Serpent qii'ii a cru devoir * placer dans
un genre particulier , & que nous fépa-
(fl) Mémoires de l* Académie des Sciences de Stockolm ,
an, 1787 y p. 306 ; & Journal de Phyfique, an* 1788 >
p, 284.
La peau de PAcrochorde de Java, décrit par
M.Hornitedt, a été dépotée dans le Cabinet d'Hit-
toire naturelle du Roi de Suède.
des Serpens. 309
ferons , avec lui , des genres dont nous ve-
nonsdeparler, jufqu ace quede nouvelles
obfervations aient fixé la véritable place
que ce Reptile doit occuper. Le corps
& la queue de ce Serpent font garnis
de vernies ou tubercules relevés par trois
arêtes, & qui devant refîembler beau-
coup à de petites écailles , rapprochent
l’Acrbchorde de Java , du genre des An-
guis , & particulièrement de la Plature
dont les écailles font très-petites & très-
difficiles à compter. Mais l’Acrochorde
de Java eft beaucoup plus grand que la
plupart des Anguis -, fiadividu décrit
par M. Hornftedt avoit à-peu-près huit
pieds trois pouces de longueur totale -,
fa queue étoit longue de onze pouces,
& fon plus grand diaiÿètre excédoit trois
pouces. Il étoit femelle -, & l’on trouva
dans fon ventjre cinq petjts tout formés ,
& longs de neuf pouces. ' ‘
L’Acrochorde dé Java ale defîus du
corps noir , le deffous blanchâtre, les
côtés blanchâtres tachetés de noir -, fes
couleurs ont donc beaucoup de rapports
avec celles de la Plature. Sa tête eft aplatie
§c couverte de petites «cailles j l’ouverturç
5 I © Hifioin Naturelle
de fa gueule eft petite j il n’a point de
crochets à venin •, mais uu double rang de
dents garnit chaque mâchoire j l’endroit
Je pius gros du corps eil auprès de l’anus
dont l’ouverture eft étroite, II a la queue
très-menue -, celle de l’individu , décrit
.par M. Hcrnftedt , n’avoit que fix lignes
de diamètre à fon origine.
G’eft dans une vafte forêt de poivriers, i
près deSangafan, dansl’llle de Java, que
cet individu fut trouvé. Des Chinois que
M. Hornftcdt avoit avec lui , mangèrent
la chair de ce Reptile , & la trouvèrent
excellente.
dts Serpent.
311
DES S E R P E N S
MONSTRUEUX.
Nous VENONS de préfentgr la defcription
des diverses efpcces dé Serpens , que les
Naturaliftes ou îes Voyageurs ont fart
eonnoître -, de mettre , fous les yeux ,
les traits de leur conformation extérieure ,
ainfî que les principaux points de leur
organifation interne *, de donner , pour
ainfî dire, du mouvement & de la vie
à ces repréfentations inanimées , en in-
diquant les grands réfultats de forgani-
fation & de la forme de ces Reptiles;
de comparer avec foin leurs propriétés
& leurs formes; de iaflembler les attri-
buts communs à toutes les" elpèces com-
prifes dans chaque genre; & d’en for-
mer les caractères diftin^tifs de chacun
de ces groupes. Nous ' élevant enfuite à
une conlidération plus étendue , nous
avons elfayé de réunir toutes les quali-
tés, toutes les facultés , toutes les habi-
3 I 2, Hijîoire Naturelle
tildes, toutes les formes qui nous ont paru
appartenir à tous les genres de Serpens ,
& d’en compofer le tableau général de
l'ordre entier de ces animaux , que nous
avons placé au commencement de notre
examen détaillé de leurs efpèces parti-
culières.
Nous avons recherché dans ces formes ;
'dans ces habitudes , dans ces propriétés ,
celles qui font conftantes , & celles qui
font variables. Parcourant , à l’aide de
l’imagination , les divers points du globe,
pour Y reconnoître les différentes ef-
pèces de Serpens , nous n’avons jamais
ceffé , lorfque nous avons retrouvé la
même efpèce fous différens climats, de
marquer , autant qu’il a été en nous,
l’influence de la température & des ac-
cidens de ratmofphère , fur fi confor-
mation ou fur fes moeurs^ Nous avons
toujours voulu diflinguer les facultés
permanentes qui appartiennent vérita-
blement à l’efpèce , d’avec les propriétés
paffagères & relatives produites par l’âge,
par les circonftantes des lieux ou par celles
des temps.
Il ne nous relie plus , pour donner
de l’ordre
des Serpens. 3 1 1
iâe l’ordre des Serpens , l’idée la plus étem
due & ia plus exaéle qu’il foit eu notre
pouvoir de faire naître, qu’à mettre ua
moment , fous les yeux , les grandes varié-
tés auxquelles les individus peuvent être'
fournis, les écarts apparens dont ils peu-
vent être l’exemple , les diverfes monff
trualités qu’ils peuvent préfenter.
'Qaelqu’ifolés que paroiffentces objets ;
quelque paffagers , quelqu’éloignés qu’ils
foient des objets ordinaires de l’étude
du Naturalifte qui ne recherche que les
chofes conllantes , ne confidère que les
eQaèces, & compte- pour rien les indivi-
dus, ils répandront une nouvelle lumière
fur l’enfemble des faits permanens 8c
généraux que nous venons de comldérer.
Au premier coup-d’œil, une monf'
truohté paroît une exception aux loix
de la nature-, 'ce n’eft cepeiKiant qu’une
exception aux effets qu’elles produifent
ordinairement. Ces loix , toujours im-
mtiables comme l’effence des chofes dont
elles dérivent, ne varient ni pour les
tems , ni pour les lieux -, mais , fuivant
les circonftances dans lefquelles elles
agiflent , leurs réfultats fo-nt accrus ou
Serpens Tome IV. ^ O
3 I 4 Hiftoire ^ Naturelle
diiTiinués *, leurs diverfes aâiôns fe com^
binent où ïe défunifleiit. Lorfque ces
aârions fe joignent rime à iautre , les
produits qui avoient toujours été féparés
fe trouvent réunis , Sc voilà comment fe
forment les monftres par excès, Lorfqirau
contraire: les différens effets de ces loix
confiantes fe féparent , pour ainfi. dire ,
& ne s’exécutent plus dans le même
fujet, les réfiîltats ordinaires des forces
de la nature font diminués ou difparoif-
fent, & voilà l’origine des monflres par
défaut.
Les monftres .font donc des effets
d’une compofition oir d’une décompofî-
tion opérées par la nature , dans fes
propres forces, & qui /bien fiipérieures
à tout ce que l’art pourroit tenter, peu-
vent nous dévoiler , pour ainfi dire, le
fccret de ces forces puifTantes & mer-
vciileufes, en les montrant fous de nou-
veaux points de vue*, de même que, par
Il fynthèfe ou l’analyfe , nous décou-
vrons , dans les corps que nous exami-
nons, de nouvelles faces ou dç noiN
vclîes propriétés, . . .
Letude des monftruolités, fur-tout'de
des s erpens, 51^
teUes qnl font les plusfirappantes & lespliis
extraordînaires, peut donc nous condaîre
quelquefois à des vérités importantes ,
en nous montrant de nouvelles appli-
cations des forces de la nature ^ Sc par
conféquent en nous découvrant une plus
grande étendue de fes loix,
Lorfque ^ en comparant ia durée de ,
ces réfiiîtâts extraordinaires avec celle
des réfultats les plus communs^ on cher-
chera combien la réunion ou le défaut
de plu (leurs eau fes particulières influe 3:
non- feulement fur ia grandeur des effets,
mais encore fur la longueur de leur
exiflence, on trouvera prefqiie toujours
que les monftres fubliftent pendant un
temps moins long que les êtres ordi-
naires avec lefquels ils ont le plus de
rapports 5 parce que les circonftances
qui occaiionneut la réunion ou la fépa^
ration des diverfes forces dont réfuite
la monftruofité , n'agiffent prefque jamais
également & en même proportion dans
tous les points de Fêtre monftriieux
qif elles prodiiifent *, & dès-lors fes dif-
férens refîôrts if ayant plus ehtrieiix des
apports convenables , comment leur
Oij
)t 6 Mijïoire Naturelle
jeu pourroit-il durer aufîi long-temps î
Rien ne pouvant garantir les Serpens
de l’influence plus ou moins grande -de
toutes les caufes qui modifient l'exiftence
des êtres vivans,Ieursdlverles efpèces doi-
vent préfenter 8c préfentent, en eftet,
comme celles des autres ordres , non-
feulement des variétés de couleur, conl-
tantes ou paflagères , produites par la
température , les accidens de l’atmof-
phère ou d’autres circonftances particu-
lières , mais encore des monftruofités
occafionnéespar ce qu’ils éprouvent , foit
avant d’être renfermés dans leur œuf,
& pendant qu’ils ne font encore que
d’informes embryons , foit pendant qu’ils
font enveloppés dans ce même œuf ou
après qu’ils en font éclos, & lorfqu’étant
encore trèsrjeunes, leur organifation eft
plus tendre & plus fufceptible d’être
altérée. Mais , comme ils n’ont ni bras ni
jambes, ils ne peuvent être , àl’extérieur,
monftrucux par excès ou par défaut que
dans leur tête ou dans leur queue -, & voilà
pourquoi , tout égal d’ailleurs , on doit
moins trouver de Serpens monflrueux
■que de quadrupèdçs s de poif:
fons, &e.
des Serpens,
fl arrive cependant afiez fouvent que 5’
îorfque les Sei*pens ont eu leur queue
partagée en long par quelque accident,'
Une portion de cette queue fe recouvre
de peau , demeure féparée 5 & forme
Une fécondé queue quelquefois con-
formée en apparence auffi bien que la
première , quoiqu’une feule de ces deux
queues renferme des vertèbres , ainfî
que nous l’avons vu pour les lézards#
Mais cette efpèce de monftruofité , pro*
duîte par une divifion accidentelle , eft
moins remarquable que celle que Ton a
obfervée dans quelques Serpens nés
avec deux têtes. L’exemple d’une monl^
triiofité femblable , reconnue dans pref-
que tous les ordres d’animaux , empê-
cher oit feul qu^on ne révoquât en doute
î’exiftence de pareils Serpens. A la vérité,
plufieurs Voyageurs ont voulu parler de
ces Serpens à deux têtes , comme d’une
efpèce confiante, induits peut-être en
erreur par ce qu’on a dit des Serpens
nommés Amphifbènes , auxquels on a
attribué , pendant long-. temps , deu x
têtes, une à chaque extrémité du corps ,
& dans lefquels on a fuppofé la facultç
îîîfloirQ Naturelle
de fe fcrvir indifféremment de Tuné ôlï
de l'autre [a) , ils ont confondu , avec
ces Amphîfbènes ^ les Serpens à deux
têtes placées toutes les deux à la mênic
extrémité du corps , & qui ne font que
des monftruofités paffagères. Plufieurs
-perfonnes , arrivées de la Louiliane ,
m'ont afîuré que ces Serpens à deux
têtes y formoient une efpèce très-perma-
nente , & qui fe multiplioit par la gé-
nération, ain{i que les autres efpèces de
Serpens. Mais , indépendamment de
toutes les raifons d'analogie qui doivent
empêcher d'admettre cette opinion ,
aucun de ces Voyageurs n'a dit avoir vu
:iin de ces Serpens femèle mettre bas
des petits pourvus de deux têtes commç
Jeui' mère, ou pondre des œufs dont Ic^
.fœtus préfentaffent la même conforma^»
lion extraordinaire ^ ces Serpens à
deux têtes ne doivent jamais être re-
gardés que comme des monftruofités
accidentelles , ainfi que les chiens, les
chats, les cochons, les veaux, & le$
PII ■ ■mil !>■«. I ■■■■■>■ Il mil
(a) 4a
des Serpe ns. jip
âutfes animaux , que Ton a égaiement
vus avec deux têtes très-diftmctes. Il
peut fe faire que des circonftances par-
ticulières , relatives au climat , rendent
ces monftres plus , communs dans cer-
tains pays que dans d'autres , . & des
Obfervateurs peu difficiles . n'auront eu
befoin que d'appercevoir deux ou trois
individus à deux têtes dans la mêpie
GQntrée , quoiqu'à des époques . très-
éloignées, pour accréditer tous les contes,
répandus au fujet de ces Reptiles , d'au-
tant plus que, lorfqivii s'agit de Serpeas
ou d'autres animaux qui demeurent pen-
dant long-tems renfermés dans leurs
retraites 5 qui fe cachent à la vue de.
l'homme , & quil eft^par conféquent
afîez difficile de* rencontrer , deux oii
trois individus ont faflî qaelquefois ^
certains Voyageurs pour admettre une
erpèce nouYelIe..5f peuvent 5 en effet.,
fuHire lorlqu il nè s'agit pas d'une coa^
formation des plus extraordiiaaires.
Les Anciens, ainfî que les Modernes J
ont parlé de l'exiftence de ces Reptiles
monftrueux , & . à deux tê-tes. Ariftota
$n fait mentiQUi Ælieu dit que , de fort
^Oiy
3’ 2 O Hijïoîre NatüreUe
temps 5 on en voyoit aflez foiiVent dans
ïe pays arrofé par ie'fleitvê Areas -, qiviîs
étoient longs de trois oii qaati^ coudées','
que la couîeur de ieiir corps étoit
noire , & celle de leurs têtes blanchâtre.
'Aîdrovande avoit dans fon Cabinet ^
à Bologne, un de ces Serpens à deux
têtes. Jofeph Lanzoni , & d’autres ob-
fervatcurs en ont vu (^.), & i^on eia
conferve maintenant un dans le Cabinet
du Rof. V
Ce dernier Reptile a , de îongnewr
vtotale, dix pouces deux lignes*, fa queue
eft longue d’un pouce fix lignes, & fa
4pirconfâ*ence eft d’un pouce une ligne,
îdans l’endroit le plus gros du corps.,
îles écailles , qui revêtent fon dos ,
ibnt ovales , & relevées par une arête-,
il n’a. qu'un feul cou, mais deux têtes
«égales , & longues chacune de huit
îign'es. Les écailles qui en garniflent
' {a) Mélange des Curieux de Id Nature de Vienne.^
fonr Vamüe 1690, /;• 318.
Voyez hmIR ies Tranfadîons philofcphiqnes ,
içs Obfervatiqns de François Rédi fur les animau3|
vîvans renfermés dans les animaux vivàns , 6cc/
àes S’ifpens, 3 i i
fa partie fupérieure, font fembîables à
celles du dos -, une grande écaille re-
couvre chaque œil les deux bouches
renferment une langue fourchue, aînfi
que des crochets creux & mobiles. Les
deux têtes font réunies de manière à
former un angle de plus de cent cin-
quante degrés , & , lorfque les deux
bouches font ouvertes , on peut voir le
jour au travers de ces deux boiiches^
èc des deux gotiers joints enfemble.
On peut obferver, un peu au-defrous
du cou, un pli affez confidérable que
fait le corps , &: qui eft produit par la
peau du côté gauche^ plus courte ^
daps cette partie ,, que la peau du
côté droit,
La couleur dii deffus dii corps a été
altérée par fefprit-de-vin j elle paroît
é\m brun plus ou moins foncé , & le
deffous du corps eft blanchâtre j noua
avons compté deuxcentvingt-fix grandes
plaques & foixante paires de petites^
Ce reptile monftriieux appartient évi-
demment au genre des Couleun'es; il
doit être piacé parmi les venimeufes, êc
peut-être étoit- il. de fepèce de la Vipèjrr
5 2 2 Hiftoire Naturelle
''Ferde-Lance. Nous ignorons d'où il $
été apporté au Cabinet de Sa Majefté,
Mais ce n'eft pas feulement dans letirs
collerions , que les Naturaliftes ont vu
ries Serpens à deux tctes. Rédi en a ob-
iervé un vivant. II bavoit trouvé , au
mois de Janvier, aux environs de Pife ,
6 étendu au foleil , iur les bords de
TArno' (a). Ce Reptile étoit mâle , fa
ongueur de deux palmes, & fa gro fleur
égaioit celle du petit doigt. Sa couleur
approchoit de celle de la rouille , il
avoit fur le dos & fur le ventre des
taches noires , moins foncées au-deflotis
du corps *5 une bande blanche formoit
une lorte de collier autour de fes deux
cous 5 & une bande de la même cou-
leur entouroit Textrémité de la queue,
qui étoit parfeméc de taches blanches»
Chaque cou étoit long de deux travers
de doigts *, les deux cous Sc les deux
têtes étoient entièrement femblables &
très-bien conformés *, chaque guçule
(^a) Ohferpations dê François Rédi fur les animaux
vivons trouvés dans Us animaux vivons^ ColUétion aca-i
démique , partie étrangère , voh 4 ^ 464»
des Serpeiu. 325
'fÉïnfermoit une langue fourchue à fon
extrémité, maïs ne préfentoit point dè
crochets mobiles & à venin (^î). Rédi
. faj Hous donnons , dans cette note, un extrair
de la delcription des parties^ intérieures de ce
Reptile , faite par Rédi. ( Voy ez dans îa collec-
tion académique , rarticle que nous venons de
citer..) a Ce Serpent avait deux trachées-artères^.
99 '& par conféqueht deux poumons, lefquels
99 étoicnt tout-à-fait féparés l'un de Pautre , i©
poumon droit paroifidit évidemment plus gros
99 que le gauche; la figure en étoit fembiabie %
99 celle des poumons des Vipères ,& dès autres
99 Serpens ; cMtoit une efpèce de fac mem-
99 braneux fort long, dont la furface intérieure
99 étoit femée de petites éminences répandues fans
99 ordre; il étoit manifeltement compofé de deux
99 différentes fubftances, & tout-à-fait fembiabie
99 au poumon du Serpent décrit par Gérard
99 Bîaflus. .
H fe trouva deux cœurs enveloppés chacun
99 de leur péricarde^ & ayant chacun leurs vaif-
99 féaux fanguins ; ces deux cœurs différgient en
99 cela feul que le droit , étoit plus gros que le
M gauche- ;
»> Il y avoit deux œfophages & deux eûomacs
99 afiez longs, comme dans tous les Serpens- Ces
99 eftomacs s'uniflbieUt dans un. feul inteftin qui
99 leur etoit commiin ; h l’endroit de leur 'réunion
99 Pon appe,rcevqit fur la furface interne de chacun ,
99 un petit amas pircuiaixe de glandes ou mamelons^
J 24 Hi/ïoire Naturelle
éprouva les effets de la morfure de ce
Reptile , fur divers animaux qui n'en
•y très-petits , aigus & rougeâtres , fembîabîes à
3} ceux qui, dans les volatiles, tapiffent le
dedans de la partie inférieure de l’œfophage;- . .
r» Une tlle de mameions femblaàies , mais beau-
#9 coup plus petits & qu^on ne pouvoit diitinguet
•? qu^'à l'aide du microfeope ^ régnoie^t fur touta-
♦J la longueur du canal qui compofoir iés deux;
41» œfophages & les deux eâomacs..
»» Uinteftin , après fes circonvolutions ordi-
naires > allok s^ouvrir dans le cloaque de Panus^*
î*» Les eftomacs étoient totalement vuides ; il y'
p9 avoir feulement , dans k canal des intefîins >
quelques petits rekes d^excrémens & un peu
de matière muqueufe , dans laqueife étoient
^ engagés & , pour aink dire , embourbés un grand
99 nombre de vers très-perics , lés uns d’un béait
99 blanc,, les autres rougeâtres & fou& pleins d®-
è». vie. J’avois cependant gardé ce Serpent en**
P» fermé pendant trois femaines dans un vaifîeau
3^9 de verre ^ où il ne^toulut prendre aucune forte-
>? de nourriture, comme c’eft fa coutume de
M. pluüeurs Serpent. Celui-ci uVoit deux foies
J99 dans le droit, qui étoit plus grand que le
.39 gauebe , il fe trouva cinq petites véficules
ï»î rondes & diftertdues,. dont chacune renfermoit
99 un ver de même efpèce que ceux qui étoient
B» dans là cavité des inteftins.
99 Chacun desdêiiX foies av oit fa veine propre quf
©♦s régîiioit f'ür toute fa longueur*, & comrne il y aVoït
» deji:^foiesyilyaYoitauffideu;^ véücules du bd.
àes Serpens. 3 î |
fefrÊntireiit aucun effet flcKeitx. Ce
Serpent ne vécut que jufqu’au com-
tï Ces véfîcuIesn’etoieBt point infixées ou incruitées^
n dans le foie , au contraire , elles en étoient féparéeS’
& même un peu éloignées, comme c^elt- l’ordi-
» naire dans les Vipères d: dans les autres Sepens*-
Dans le Serpent h deux têtes que je décris
99 la véiicule du fie! étoit beaucoup plus grande
>9 dans le foie droit que dans le gauche : eller
n communiqiioit par un petit conduit au lobe
droit du foie* Le canal cyfiique fortoit-du mi^
99 lieu de cette véiicule ou à-peu-près, 6c alloitî
99 verfer la bile dans les intefîins. Du bord d\M
9s foie droit naiifoic un autre petit conduit biliaire
99 qu’on nomme hépatique; H étoit ifolé, &. fana
99 S'approcher de la véiicule^ il alloit déboucher
99 dans les intefîins à quelque diltance du canal
99 cyftique* Ce fécond conduit biliaire ou conduk.
99 hépatique manquoit au foie gauche , du moins
99 je ne pus Py apercevoir. Ce foie avok feule-*
99 ment une véhcule du fiel d’cù partoit un canal
r» cyftique qui abouciffbit dans i’inteftin 6c y avok
99 Ton infertion féparément des deux autres con-t
99 duits : L^embouchure de ceiii-ci étoît marquée
99 dans lâ cavité intéfk ure de iinteûin par un ma-
99 melon fort gonflé.
. 99 Tous les males de Pefpèce des Serpens 6c de5
99 lézards ont deux; verges 6c deux teiicules il
5) fembioit donc que ce Serpent qui avoit deux^.
99 têtes , .&i dont les vifeères étoient doubles , dûi;
99 avoir quatre verges 6c qu tre tefiicules; .
» pendant il n'avoit que deu2^. tefticules^ 6c.
3 2(j Uijhire Naturelle
mancement de Février 5 & ce qu'il f
a d'ciflez remarquable , c'eft que la tête
droite parut mourir fept heures avant la
gauche.
verges. Les tefticuies étoient bfancs , comme à
99 {’ordinaire, un peu aiongés; ils avoient tous
99 leurs arppendices & fe trouvoient placés comme
99 ils ont coutume d’être , non pas à coté l’un
99 de l’autre, mais l’un un peu plus haut, c’eft-îi-
99 dire , plus près de la tête que l’autre. Les
99 deux verges , conformées à l’ordinaire, avoient
>9 leur pofitîon accoutumée dans la queue ; elles
99 étoient hérififées de pointes à leur extrémité,
*9 comme elles le font dans les Vipères & dans les
99 autres Serpens qui fe traînent fur le ventre.
: 99 En prenant les deux verges de ce Serpent à
99 deux têtes, j’en fis fortîr la liqueur féminale
99 ordinaire, dont l’odeur eft forte & défagréable* *
99 J’ai eu occafion d’obferver deux Serpens à
99 deux queues, 5e je ne leur ai trouvé non plus
99 qtte deux verges, & non pas quatre , 'de même
99 qu’aux le'zards verts & aux lézards à deux
99 queues.
99 Les deux cerveaux contenus dans les deux
99 têtes étoient femblables entr’eux, tant pour le
99 volume que pour la conformation. Les deux
99 moelles épinières , après avoir traverfé ref-
w peérivement les vertèbres des deux cous , fe
99 réuniflüient à fa naifiance du dos en un feul
n çronc qui régnoit jufqu’h l’extrémité de h
quevvev;^ <
ies'Serpens,
ADDITIONS
A L’HISTOIRE NATURELLE
DES
QUADRUPÈDES OVIPARES;
N ous CROYONS devoir placer ici les
articles fuivans, relatifs à quelques ef-
pèces de Quadrupèdes ovipares, dont les
individus ou les defcriptions ne nous
étoient pas parvenus lorfque nous avons
publié le volume qui précède celui-ci,
ou fur Icfquelles nous attendions des
détails plus étendus»
3 2 8 Hïjîoire NatureUe
VARIÉTÉ
DE LA TORTUE GRECQUE.
M. Arthaud, Secrétaire-perpétuel du
cercle des Phiiadelphes , a bien voulu
m'envoyer de Saint - Domingue une
grande Tortue terreftre , entièrement
îembiable à celle que j'ai décrite fous
le nom de Tortue grecque , à rcs:cep-
tion des écailles qui garnifloient fa teté ^
fes jambes & fa queue, •& dont le plus-
grand nombre ^^étoit d'un rouge afle3&.
des Se fpens.
5
LA TORTUE A BOITE (a):
M. Bloch a fait connoître cette
efpèce de Tortue au fiijet de laquelle
nous avons reçu des renreignemens de
M. - Camper (^). Elle habite rAmériqiie
feptentrionaîe 5 elle eft longue de quatre
pouces trois lignes, & large de trois
pouces. Le dilqiie de fa carapace eft
garni de quatorze pièces ou écailles ^
placées fur trois rangs longitudinaux*, la
rangée du milieu préfente lix pièces , &
chacune des deux autres rangées en
préfente quatre. Les bords de la cara-t
pace font revêtus de vingt-cinq pièces*
La carapace eft très-bombée , ainfi que
nous bayons vue dans la plupart des
Tortues de terre *, elle eft auffi échan-
crée par-devant, pour donner plus de
liberté a’iix inouvemens de la tête de
{aj Mémnies des Curieux de la Nature de Berlin
iom^^yparu i , aru ^,p. 13 1, 1786.
(b) Lettre de M* Camper^ Membre des Etats-Géné^
Taux, Ajp)cié étranger de B Académie des Sciences ds
Paris , a JVf. le Comte de la Cepède , 6* datée d&
%^,eenw(irdej^ eu Frife , le QQobre X787,
^3 3 0 HiJIoire Naturelle
i animal 5 & par-derrière ^ en deux
droits ÿ pour faciliter la fortie & le mol^
véiïïent des jambes. '
Le plaftron n’oHre aucune échan>
criire, mais fa partie antérieure & fa
partie poftérieure forment comme deux
battans qui jouent fur une efpèce de
charnière cartilagineufe, couverte d'une
peau très-élaffiique , & placée à rendroit
où le plaflron fe réunit à ia carapace*
La Tortue peut ouvrir à volonté ces
deux battans ou les. fermer, en les appli-
quant'contre les bords de la carapace, de
manière à être , alors renfermée comme
dans une boîte , & de-là vient le noiil
‘de Tortue à boîte, qui lui a été donné
par M. Bloçh.
Le battant de devant eft plus pettf
que celui de derrière. M. l^îoch n'a
point vu l'animal*, la couleur de la ca-
rapace eû brune & jaune*, celle duplaf-
tron d'un jaune pâle, tacheté de. noi-
râtre. Ces couleurs, ainii que la forme
de la Tortue à boîte, lui donnent beau-»
coup de rapports avec Celle que nous
avons nommée la Bombée , & dont le
plaftron eft auffifans échancrure , coiTÇiaiO
celui de la Tçrtue à boite*
■des Serpens. 3 3 ï
ADDITION
A L’ARTICLE DU LÉZARD GRIS.
M.de Sept-Font AINES 3 que nous
avons déjà cité piiifieurs fois , & qui ne
cefle de concourir à l'avancement de
THiftoire naturciie , nous a commu-
niqué robfervation fuivante , relative-
ment à la reproduéiion des lézards gris.
Le dix-fept Juillet 1783 , il partagea im
de ces animaux avec un infiniment dp
fer *, c'étoit une femelle , & à i'inftant
il fortit de Ion corps fept jeunes lézards^,
longs depuis onze jufqu à treize lignes 3.
entipi'ement formés , & qui coururent
avec autant d'agilité que les lézards
adultes. La portée étoit de douze-, mais
cinq petits lézards avoient été Méfiés par
rinftrument de fer, & ne donnèrent que
de légers figues de vie.
M. de Sept- Fontaines avoit bien,
voulu joindre à fa lettre un lézard de
i'efpççe de la femèle fur laquelle il ayoil
Hijfoire Naturelle
fait fou obfervation ,, & cet individu trù
différoit en rien des lézards gri§ que
nous avons décrits.
On peut donc croire qu^il en eft des
lézards gris comme des Salamandres ter-
reftres*, que quelquefois les femèles pon-
dent leurs œufs ^ & les dépofent dans des
endroits abrités ^ ainli que Vont écrit plu-
fleurs NaturalifteSj & que d'autres fois
ies petits éciofèiit dâirf U Vêtttre de 1$
Jiière.
LE LÉZARD CORNU.
'Ce Lézard , qui fe trouve à Sainte
Domingue, a ies plus gralids rapports
avec llguane ; il lui rciflemble par la
grandeur^ par ies proportions du corps ,
des pattes 8c de la queue , par la foiliie
des écailles , par celle des grandes pièces
écâilieufes , qui forment fur fon dos &
fur la partie fupérieure de fa queue ,
une crête femblable à celle de llguane.
Sa tête eft conformée comme celle de ce
dernier Lézard *, elle montre également
fur les côtés des tubercules très-gros ^
très-faiilants 5 & finiffant en pointe (a).
Les dents ont leurs bords divifés en
plufieurs petites pointes , comme celle
des Iguanes un peu gros. Mais le Lézard
Cornu diffère de flguane , en ce qifil
if a pas fous la gorge une grande poche
garnie d'une membrane , & d'une forte
(a) J’ai vu deux Lézards cornus; Pun de ces
dieux individus n'avoit pas dç gros tubercules
les côtés de h tête*
^34 HiJIoire j^atunlle
de crête écailleiife. D'ailleurs la partie
fiipérieure de fa tête préfente , entre les
narines & les. yeux, quatre tubercules de
nature écaiileufe , allez gros & placés
au-devant d'une corne olTeufe, conique,
& revêtue d'une écaille d'une feule
pièce {a). L'Amateur diftingué qui a bien
voulu nous donner un Lézard de cette
efpèce ou variété , nous a alluré qifon
îa trouvoit en très - grand nombre a
Saint-Domingue. Nous avons nommé
ce Lézard le Cornu , jufqii'à ce que
de nouvelles obfervâtionis aient prouvé
qu'il forme une efpèce diftinébe, ou qu'il
ji'eft qu'une variété de l'Iguane. M. l'Abbé
Bonnaterre, qui nous a le premier in-
diqué ce Lézard , fe propofe d'en pu-
blier la figure &• la defcription dans
l'Encyclopédie méthodique {b).
(a) L\in des deux Lézards cornus que j’ai exa^
minés & qui font maintenant partie de ia coiiecftion
du Roi, a trois pieds fept pouces de longueur totale ,
& fa corne eft haute de fix lignes-
(b) Si le Lézard cornu forint une efpèce dif-
il faudra le placer dans la troifiéme divi-
^on du genre des lézards , à la luite de l’iguaa^
LA TÈTE -ROUGE (a).
Cette -ESPÈCE de îézatd fe trouve dans
rille de Saint - Chriftophe ^ & c’eft
M., Badier qui a bien voulu nous en
communiquer la defcriptionj la Tête*r
Rouge a cinq doigts à chaque pied,
ê;: le deflous du ventre garni de demi-
anneaux écailleux / & par conféquent
elle doit être comprife dans la troifième
divifion du genre des lézards (^). Elle
eft d'un vert très- foncé & mêlé debruii jles
côtés & une partie du delîus de la tête
font rouges^ ainfi que les côtés du cou;,
la gorge eft blanche*, la poitrine noire j
le dos préfente pliîfieurs raies noires
tranfverrales & ondées,, fur les côtés du
(a) Pilori l Téta-rougCf , : ' ' • i '
Jnolis de terre. Ce nom d’AnoIis a e'té donné,
en Amérique, à plufieiirs Lézards,, ainfi que nous
Pavons vu dans PHiftoire naturelle des Quadru-
pèdes ovipares.
(èj Voyez notre Table méthodique des Qua^*
drupèdes ovipares»
53^ "Hiflotre Natureîtc
corps s’étend une bande longitudinaîe
compofée de pliifîeurs lignes noires trant
verfales. Le ventre eft coloré par bandes
longitudinales en noir, en Jbleu & en
blanchâtre.
Le defliis de la tête eft couvert d’écailles
plus grandes que celles qui garnifîent
le dos*, on voit, fous les cuifles, une
rangée de petits tubercules comme fur le
lézard gris , & plufieurs autres lézards.
L’individu , décrit par M. Badier , avoit
un pouce de diamètre dans l’endroit le plus
gros du corps , & un piedun pouce onze
lignés de longueur totale*, la queue étoit
entourée d’anneaux écailleux , & longue
de fept pouces huit lignes *, les jambes
de derrière mefurées jufqu’au premier
article des doigts , avoient vieux pouces
une ligne de longueur.
Suivant M. Badier , la Tête- Rouge
parvient à une grandeur trois fois plus
Gonfidérable ^ elle fe nourrit d'^inledes.
LE LEZARD
êis SerpenSt 13^
i,t
LE LÉZARD QUETZ-PALEO4
Xei, est lé nom que porte au BréiSî
cette efpèce de Lézard , dont M. TAbbé
Nélliii , Directeur des Pépinières du
Roi , a bien voulu m’envoyer un indi-
vidu. Ce Quadrupède ovipare eft repré-a
fenté dans Séba(yo/. l, planche
& M. Laurent en a fait mention fous le
nom de Cordyle du Bréjil{pag. ^a); mais
nous n’avons pas voulu en parler avant
d’en avoir vu un individu , & d’avoir
pu déterminer nous-mêmes s’il formoit
une efpèce ou une variété diftinéle du
Cordyle , avec lequel il a beaucoup de
•rapports, particulièrement par la con-;
formation de fa queue. Nous fommes
afliirés maintenant qu’il appartient à un©
efpèce très-différente de celle du Cor^
dyle •, il n’a point le dos garni d’écailles
grandes & carrées, comme le Cordyle,’
ni le veritre couvert de demi-anneaux
écailleux •, il doit donc être compris danà
la quatrième divifion des Lézards , tan-^
dis que l’efpèce de Cordyle fait partie
Serpens, Tom% JVf P
3 5 ? Hijiùire Naturelle
de la troificme. Sa tête eft aplatie pac^
deflus , comprimée par les côtés , d’une
forme un pieu triangulaire , & revêtue
de petites écailles {a) •, celles du dos
& du deflus des jambes font encore
plus petites , & comme elles font pla-
cées à côté les unes des autres , elles
font paroître la peau chagrinée. Le
ventre & le deflous des pattes préfen-
tent des écailles un peu plus grandes ,
mais placées de la même manière &
allez dures. Plus de quinze tubercules
percés à leur extrémité garnilîent le
deflous des cuiflcs -, d’autres tubercules
plus élevés , très-forts , très-pointus &
de grandeurs très-inégales , font répan-
dus fiir la face extérieure des jambes
de derrière •, on en voit auflî quelques-
uns très-durs , mais moins hauts , le long
des reins de l’animal & fur les jambes
de devant auprès des pieds.
La queue de ce Lézard eft revêtue de
(a) Les dents du Quetz-Paléo font plus petites
J mefure qu’elles font plus près du mufeau ; j’ea
ai compté plus de trente à chaque mâchoire j elle»
(bnt affez ferrées.
des Serpens. 35^
jkls - grandes écailles relevées par une
àrête , très-pointues , très-piquantes , &
difpofées en anneaux larges & très-difw
tinéts les uns des autres. Cette forme
qui lui eft commune avec le Cordyle
jointe à celle des écailles qui revêtenfc
fe deffus & le deflbus de fon corps
fufEfent pour le faire diftinguer d’avec
îes autres Lézards déjà connus. L’indi-
vidu que M. l’Abbé Nollin m’a fait
parvenir avoit plus d’un pied cinq
pouces de longueur totale , & la queue
étoit longue de plus de huit pouces;
Le delTus de fon corps étoit gris -, le
delîous blanchâtre , & la queue d’vu]^
brun très-foncé.
5.40 Hijioire Naturelle
ADDITION A L’ARTICLE
DE LA
SALAMANDRE TERRESTRE.
Nous PLAÇONS ici un extrait d’un©
lettre qui nous a été adreffée par Dom
Saintjulien , Bénédictin de la Congré-
gation de Cluni. On y trouvera des ob-
fervations intéreflantes relativement à là
jaaanière dont les Salamandres Terreftres
viennent au jour.
et Je trouvai à la fin du printemps de
I» l’année dernière 1787 une fuperbe
»j Salamandre Terreftre (de l’efpèce ap'-
»j pellée Scorpion dans la baffe Guienne
IJ & qu’on y confond même quelquefois
IJ avec cet infeéle). , . . Elle avoit un
IJ peu ^lus de huit pouces depuis le
JJ bout du muleaii jufqu’à l’extrémité
JJ de la queue. La groffeur de fon ventre
JJ me fit efpérer de trouver quelque
«J éclairciffemeiit fur la génération d@
diiS Strpens* ^41
Sj ce Reptile -, en conféquence, je pro»
ï5 cédai à fa diiïeétion , que je com-
îj mençâi par l’anus. Dès que j’eus fait
»} une ouverture d’environ un demi-,
îî pouce, je vis fortir une efpèce de fac,'
»j que je pris d’abord pour un- boyau,
jî mais j’apperçus bientôt un mouve-
ment très - fenlible dans l’intérieur ;
ÎJ je vis même à travers la membrane
ÎJ fort luince , de petits corps mouvâns s
ÎJ je ne doutai point alors que ce ne
•ÎJ fût des êtres animés, en un mot les
ÎJ petits de l’animal. Je continuai à faire
ÎJ fortir cette poche , jufqu’à Ce que
ÎJ je trouvai un étranglement ^ alors
ÎJ j’ouvris la membrane dans le fcns de
ÎJ fa longueur *, je la trouvai plciîae
ÎJ d’une efpèce de fanie dans laquelle
îî les petits étoient pliés en double , pré»
ÎJ cifémerit dans la forme que M. l’Abbé
ÎJ Spallanzani attribue aux petits de la
ÎJ Salamandre aquatique, lorfqu’ils font
ÎJ encore renfermés dans l’amnios. Bien»
ÎJ tôt cette fanie fe répandit, les petits
ÎJ s’alongèrent , lâutèrent fur la table êc
ÎJ parurent animés d’un mouvement très-
îî vif. Ils étoient au nombre de fept oi|
4 1 Mijloîre NatureUt
»3 huit. Je les examinai à ïa vue fimpléj
& un avec le fecours de la loupe*,
99 & je leur reconnus trcs-hien la forme
T9 de petits poiflbnâ avec deux fortes
99 de nageoires aflez longues du coté
99 de la tête , qui étoit groffe par rap-
99 port au corps , & dont les yeux ;
99 qui paroifloient très-vifs , étoient très-
99 faillans*, il n'y avoit rien à la place des
99 pieds de derrière. Comme la mère
99 avoit été prife dans Teau & paroif*
99 foït très-proche de fon terme , je
99 penfai que l'eau étoit Télément qui
99 convenoit à ces nouveaux-nés , ce qui
35 d'ailieurs fe trouvoit confirmé par
99 leur état pifciforme , c'eft pourquoi
55 je me prefiai de les faire tomber
55 dans une jatte pleine d'eau , où iis
55 nagèrent très-bien. J'agrandis encore
53 Touverture de la mère , & je fis fortir
99 une fécondé & puis une troifièmc
55 poches femblables à la première , &
55 réparées par des étranglemens. Ces
35 poches ouvertes me donnèrent des
X9 êtres femblables aux premiers &
15 à-peu-près auflî bien formés*, ils s'y
P trouy oient renfermés par huit ou di^ç
des Serpens. 543
« en pelotons, fans aucune réparation
IJ ou diaphragme, au moins fenhble,
IJ Une quatrième poche pareille me
IJ donna des êtres de la même nature ,
*j mais moins formés •, ils étoient pref-
j J que tous chargés fur le côté droit ,
sî vers le milieu du corps , d'une efpèce
ïj de tumeur ou protubérance d'un jaune
IJ foncé paroilîant un peu fanguinolent;
5j ils avoient néanmoins leurs mouve-
îj mens libres , pas aflez pour fauter
JJ d’eux-mêmes', il fallut les retirée de
JJ leurs bourfes avec des pinces. Enfin
JJ une cinquième poche pareille me
Jj fournit des êtres femblables , dont il
«J ne paroilioit que la moitié du corps
JJ depuis le milieu jurqu’aii bout de la
*j queue*, l'autre partie confiftoit feule-*
JJ ment en un fegment de cette ma-
jj ticre jaune dont je viens de parler i
JJ la partie formée avoit un mouve-
jj ment fcnfible. Je retirai ainfi vingt-
jj huit ou trente petits tout formés qui
93 nagèrent dans l’eau , & qui y vécu-
jj rent dans mon appai'tement , pendant
JJ vingt - quatre heures. Les avortons
M informes fe précipitèrent au fond ,
P iy.
3 44 HiJIoire Naturelle
i> & ne donnèrent plus aucun figne dé
ï> vie. La mère vivoit encore après que
w j’en eus tiré tous fes petits , formes
JJ ou informes. J’achevai de l’ouvrir ;
»î & à fuite de cette efpèce de ma-
>3 trice , qui paroifloit n’être qu’im
»3 boyau étranglé de diftance en diftance ,
33 je trouvai deux grappes d’œufs de
?3 forme fenfîblement fphérique , d’en-
33 viron une ligne de diamètre , & d’une
»3 matière femblable à celle que j’avois
33 vue adhérente aux deux différentes
33 efpèces d’avortons. Je ne comptai
33 pas le nombre de ces œufs , mais
^3 j’appelle leurs colleébions , grappes
’33 paree que réellement elles repréfen-
33 toient une grappe de raifîn. Leur tige
33 étoit attachée à l’épine dorfale, der*
33 rière une bourfe flottante fîtuée un
33 peu au-deffous du bras , de couleur
33 brune foncée : je reconnus cette
33 bourfe pour l’eftomac du Reptile»
33 parce que l’ayant ouverte, j’y trouvai
•3 de petits limaçons , quelques fearaj
t3. bées J ÔC du fable noirâtre, aj
des Serpens. 545
LAGRENOUILLE
ECAILLEUSE {a).
On DOIT à M. Wâllbaum ia defcriptioii
de cette efpèce de Grenouüie. Il ell
d’autant plus intéreflant de la connoître ,
quelle eft un exemple de ces confor-
mations remarquables qui lient de très-
près les divers genres d’animaux. Nous
avons vu en effet, dans i’Hiftoire Natu-
relle des Quadrupèdes ovipares , que
prefque toutes les efpèces de lézards
étoient couvertes d’écailles plus ou moins
feniîbles , & nous n’avons trouvé dans
les Grenouilles , les Crapauds , ni les
Raines , aucune efpèce qui préfentât
quelque apparence de ces mêmes écailles »
nous n’avons vu que des verrues ou des
tubercules fur la peau des Quadrupède^
ovipares fans queue. Voici maintenant
(a) Rana Squamigera- M- tVallbaum^ Mdmokes
des Curieux de k Nuturt de Berlin j aU’ 1784, tom.
fUg- 231.
^4^
Hijîoîre Naturelle
une fpèce de Grenouilie dont une piif«
tie du corps eft revêtue d'écailleS , àinfi
que celui des lézards & pendant que ,
d'un côté 5 la plupart des Salamandres >
qui toutes ont une queue comme ces
mêmes lézards , & appartiennent au
même genre que ces animaux , fe rap-
prochent des Quadrupèdes ovipares fans
queue, non- feulement par leur confor-
mation intérieure & par leurs habitudes ^
mais encore par leur peau dénuée d'é-
cailles fenfibles , nous voyons , d'un
autre côté , la Grenouille décrite par
M. Wallbaum ^ établir un grand rapport
'entre fbn genre & celui des lézards par
ies écailles quelle a fur le dos. M. Wall-
baiim n^a vu qu'un individu de cette
efpèce fingiilière qu'il a trouvé dans un
Cabinet d'Hiftoire Naturelle , & qui y
ctoit confervé dans de l'efprit-de-vin. II
n'a pas fu d'où il avoit été apporté, II
feroit intéreflant qu'on pût obferver
encore des individus de cette efpèce ^
comparer fes habitudes avec celles des
Lézards^ & des Grenouilles , & voir k
ïiaifon qui fe trouve entre fa manière de
yivre & k confermation particulière^
des Serpens, 347
Xa Grenouille écaiiieufe eft à-peu
près de la groXieur & de forme de
la Grenouilfe commune v là peau eft
comme pliflée fur les côtes 8c fous la
gorge j les pieds de devant ont quatre
doigts à demi-réunis par une memtranc,
& les pieds de derrière cinq doigts en-
tièrement palmés v ies ongles font aplatis i
mais ce qu’il faut fur-tout remarquer j,
c’eft une bande écaiiieufe, qui partant
de l’endroit des reins & s^étendant obli-
quement de chaque côté au-deffus des
épaules, entoure pardevant îè dos de
l’animal. Cette bande eft compofée
de très-petites écailles à ,demi-tranfpa-
rentes , préftntant chacune un petit
‘ fillon longitudinal , placées fur quatre
rangs ., & fe recouvrant les 'unes les
autres , comme les ardoifes des toits. II
•eft évident , par cette forme & cette
pofition, que ces pièces font de ^véri-
tables écailles ferabtables à celles des
lézards 8c qu’elles ne peuvent pas être
confondues avec les verrues ou tuber-
cules , que l’on a obfervés lur le dos
des Quadrupèdes ovipares fans queue.
'M. Waïïbaum a vu aulE iixr Ia| patte
348 Hijloire Naturelle y &c.
gauche de derrière, quelques portions
gauches garnies de petites écailles dont
îa forme! étoit d’un quarré long-, & ce
Naturaliftè conjeébure avec raifon qu’il
en auroit trouvé également fur la patte
droite , fi l’animal n’avoit pas été altéré
par l’efprit-dé-vin. Le defîôus du ventre
étoit garni de' petites verrues très-rap-
prochées. L’individu décrit par M. Wall-
Daum avoît deux pouces neuf lignes dé
longueur depuis le bout du mufeau juf^
qu’à l’anus -, fa çp.uleur étoit grife , mar-
brée, tachetée & pointillée en divers
endroits de brun & de mâtron plus ou
moins foncé -, lés taches étôient difpoféés
en lignes tortueüfes fiir certaines places |
comme, par exemple', fur le dos.
? m
TABLE ALPHABÉTHIQUE
Z)es divers Noms donnés aux Sefj
pens , & dont il ejl fait mention
dans cet Ouvrage.
A.
, Voyci Erix. *
Adder ,
>
Æfping,
Ak-Dskilan ^
Alp ,
Amiudutüs ,
Amphijbcena ,
Ampkijhœna alha ,
Amphijhcenaflava,
Ampk» fuliginofa ,
Amph. magnifie a y
Ampkijhœna prima fub*
argente a y
'Amphijb. varia y
Amph, vulgaris ,
Anguille de haie y
Anguille des haies y
Anguis Æ fculapii y
Anguis boa y
Anguis calapnazia y
Anguis çerafiesj^
Vipère communâif
Cérafte.
Cherfea.
C. Dione.
Cérafte.
Ammodyte.
Amphiib. enfumée
Blanchet.
Amphifb. enfumé,
Amphifb. enfumé»
Amphiib. enfumé*
Lombric,
Amphifb. enfumé.
Amphifb. enfumé#
Coul. à collier.
C. verte & jaune;»
Coul. d’Efculape^
Devin.
Calmar.
Anguis cornai
350 TABLE
Anguis colubrina , Voyez Anguis eolubrin*
Anguis crotalopkorus ,
Boiquka.
Anguis flagelli’formis J
FiL
Anguis fragilis ,
Orvet.
Anguis jaculus ,
Trait.
A^'énis laticmida ,
Queu e -1 an eéolée^
Anguis lumh rie ali s^
Fornbric.
Anguis maculata , '
Miguel.
Anguis mcleagns ,
Pdntade.
Anguis reticulata >
Héfeau.
Anguis rojkatus ,
Anguis long-wz^
Angah fckytale ^
Rouleau.
Anguis tejjellata >
MigueL
Anguis ventfaîis j
A. Jaune & brun.
Anilios ,
Lombric.
Anvoy t ;
Orvet.
Apac/iycoatî ^
C. Péralaife.
A/pic ,
Vipère d’Égypte.
Afpide dcl como
Ammodyte,
Ajpis Chopatrœ ,
Vipère d’Égypte*
Afph colore ferrugineo.
, Cherféa.
Afpis cornu*
Ammodyte.
Ayug.
Boiquira*
IBaliSalan-Botkit ^
Bali.
Blind Worm j
Orvet.
Boa 3
Devin.
Boa aurantiaca j
Bojobi.
Boa xanina , -
Bojobi.
Boa conflriâor ^
De-vin.
Btid cqmortrdx ^
Groicj*
jiLPHABÈTiqUE. 35 1
"Boa txîgua^ Hipnale,
Boa hortulana^
Broderie.
Boa murina ,
Boa Rativorc.
Boa ' thalaj^na ^
Bojobi.
Bodly,
Amphill). enftiîîîé^
Boicininga ,
Boîquira.
Boicinininga ,
Boiquira.
Boiguacu J
Devim
C
CacAdûrA 1
DÊvm.
Cœ cilla gefneri ,
Orvet.
Cœcilia glutinofa ,
Cœcilo vifqiieiix;
Ccecïl, ttntaculatay
ibiare-
Cœcilia typhlus ,
Orvet.
Cœcilia vulgaris ,
Orvet.
Carbon ,
Coul. à collier*
Carbonaiio ^
Coul. à collier*
Cafcavel ,
Boiquira.
Cafca vcla ,
Boiquira.
Caudifona dryinas.
Dryinas*
Càudifona durij[fuSy
Duriffus.
Caudifona orientalis
^ Dryinas.
Caudifona tefrïfca^
Boiquira.
Cega ,
Amphifb. etifumli
Ccnclioa ,
Cenco.
Ccnchria ,
Cenchris.
Ccnchrias ^
Animodyte;
Ccnchris ,
Devin.
Ccnchris tardigrada ma- DevilU
jor luttai. i maculis
mi^ris notât a ^
^^52 TABLE
Cencoail } fécondé ef- Voy* Cenco#
pèce ,
Ce rafle s agilis ,
Cerafles aurora ,
Cerafles Candi dus ,
Cerafles cohella ,
Cerafles laBeus ,
Cerafles Mexicanus ,
Cerafles nehalatus ,
Cerafles ^licatilis ,
Cerafles rhombeatus j
Cerafles feverus^
Cerc arias ,
Ceriflalis j
Chaffeiir^
Chain Snake y
Chayquarona ,
Coack-whip-Snake y
Cobra atropos y
Cobra de las 'cabecas y
Cobra de cabelo ,
Cobra de capello y
Cobra de corais y
Cobra de veado y
Coire vega y
Collier^
Col, œfcülapii y
Col, œflivus y
Col, agilis y
Col, ahatulla I
Col, albus y
CqL alidras y
C, agile.
Aurore.
C très-blanche;
Cobel.
Laélé.
C. pétai aire.
C. nébuleüfe#
Bali.
C. rhomboïdale#
C. Hébraïque.
Artimodyte.
Cérafte.
Devin.
Chaîne.
Chayque.
Fil.
Atropos.
Amphifb. enfumé#
Naja.
Naja.
Ibiboca.
Devin.
Ainphilb. enfumé#
Demi-collier.
C. bande noire.
Coul. verdâtre,
C. agile.
Boiga.
C. blanche.
Alidre.
-ALPHAB ÉTIQUE. 353
CùL ammodytes , Voyei Ammodyte.
Col, mgulatus ^ C, anguleufe.
Col, annulatus ^
Col, atrox y
Col, aulieus j
Col, herus y
Col, buccatus y
Col, carinatus y
Col. calamarius y
Col, candidus %
Col. canus y
Col, cobclla y
Col, carulefcens >
Col. cœruUus ,
Col. ceraftes ,
Col, cinereus ,
Col, conflriâor^
Col. corallinus >
Col. cornutus y
Col, cyaneus ^
Col. dipfas y
Col. doliaius y
Col. domefiicus y
Col, domiccllay
Col, exoletus y
Col.fafciatus y ,
Col. filiformis y
Col. fulvus y
Col. fufcUS y
Col. getulus y
Col. guttatus y
ÇoUguttatus^^ .
C. blanche &bruae;
CouL atroce.
Laphiati.
Vipère commuaci
C. jouflue.
C. carenée.
Calmar.
C. blanchâtre*,
Grifon,
Cobel. ^
C. bleuâtre#
Bluef.
Cérafte.
Coul. cendré^;
Lien.
CoralUn.
Cérafte.
C. verte & bleu«*;
Dipfe.
C. anneliée.
C. domeflique^
C. des dameSt
C. décolorée#
Vampum.
Fil.
C. noire & fauv^
C. fombre.
Chaîne.
Tyrie. ,
C. mouchetéil
154
TABLE
CoL hydrus ,
Hydre.
CoU jaculatrix ,
Dard. .
C. jugularisy
Rouge-gorge.
CoL laâcus ,
uaé.
CoLlati-caudatus^
C. queue-plate.
CoL Icbctinus ,
Lébetin.
CoL
C. galonnée.
CoL lincatuSf
C. rayée.
CoL maurus ,
G. maure#
CoL melanocephalus ^
Tête-noire.
CoL mïlians y
C. miliaire.
CoL mexicanus j
C. mexicaine.
CoL mimrvæ ,
C. de minerve.
Col. molurus y
Molure.
C. moniüsy
Demi-collier.
CoL mucofus y
C. muqueufe.
CoL my3eri[ans y
C. nafique.
Coluhcr natrix y
Coul. à collier.
CoL nebulatus y
C. nébuleufe.
CoL niveus ,
C. très-blanche^
Col. ordinatus y
Ibibe.
CoL üvivonis y
C. ovivore.
CoL padtra y
Padère.
Col, pallidus y
C. pâle.
CoLpeliasy
Pélie.
CoL pctalariuSy
C. Pétalairc.
CoL petoia y
Pétole.
CoLplicatilis ,
Bail.
CoLprefleVy
Vipère noire.
CoL pullatuy y
C. minime.
f^L puiiSatus
G. ponâuée.
"AL PHASE TIQUE. 35 j|
Co/. reptile , Voye^ Régine.
Col» rhomheatut % C. rhomboïdale*
Col, faturninus j
Col, fauritd ^
Col, Jcabefy
Col, fchytcL >
Col. fcutatus J
CoL feverus y
Col, fîbilans ,
CoL jïmus y
Col, jîrtalis >
CoLJîtula y
Col, ftolatas y
CoLfiriatulus y
Col, trifcalis j
Col, typhius y
Col, tyriay
Col, vipera y
CoL vipera angîorumy
Col, virîdiffimus ,
Col, vittatus y
Colübro nero y
CoaflriSor aufpexy
ConftriSor diviniloquuSy
Confiridor formojïjjz-^
mus y
Conjiriâor rex Jcrpen»
tUm y
Copper-helly fnake y
Coronella aufiriacuy
Coronella petoluy
Ççul* ckajf€ufe ^
C. faturnine.
Saurite.
C. rude.
Couleuvre fckyte,,
C. cuiradée.
C. hébraïque,
Malpole.
C. camufe.
C. iirtale,
Situle.
Chayqu€c;
C. flriëe,
Trifcale^
Typhie,
Tyrie.
Vipère d’Egypttl
Vipère noire.
C. verte.
C. rubannée.
Coul. à collier*
Devin.
Devin,
Devin,
Devin,
C. ftriéc,
Coul. liffe,^
î^étole.
Deviiî,
■5s6 ta
Cmleuv, commune y Voyi
Couleuv» commune y
Couleuv, commune^
Couleuv, communcy
Couleuv. commune^
Couleuvre jaune ,
Couleuvre roujfe y
Couleuv. vulgaire^
Courerejfe ,
Crotalus horriduSy
Crotalus miliaris y
Cmtalus mutus y
Cynchrias y
BLE
:i Couleuv. à collieft
Coul. d’Ëfculape,
Orvet,
Quatre-raies.
Coul.v€rte& jaune
Fer- de-lance.
Fer-de-lance.
Coui. Suifl'e.
Coureffe.
Boiquira.
Miller.
Boa muet.
Ammodyte.'
Bétot^s y
Dipfade y ^
JDi^fin dica i
Bouble-marckcur y
JDraco y
Draco ferpens y
jDruinus ,
Z>.
Devin.
Vipère noire.
Coui. atroce ,
Ainijhifb. enfuméi
Devin.
Devin.
Atnmodyte,
JScacoatz^
Embammaj
"Empereur y
Enydris >
E-
Boiquira.
Vipère commune fe»
ruelle.
V i père commune mâle •
Devin.
^ Devin.
Enydre.
iiLPHÂBÉ TTQUE.
‘ _F.
FEDAGOsa } Voyei Devin.
G.
Devin.
Gehbnds , Voyei
Giarende ,
Giboya ,
Gla^ Snake ^
Gorende ,
Grand hydre y
Grand ferp, d\eau.
Grande Couleuvre*
Green Snake ,
Guimpe y
Guinpuaguara y
Hog-nqfe Snake y
Hydrus ,
Devin.
Devin.
Anguis jaune & brun#
Devin.
Devin.
Devin.
Devin.
Couleuv. verdâtrei
C. ovivore.
C. ovivore»
IL
Groin.
Couleuv, à collierj
JSIBÙCA J
J.bijara j
Jacvlu's y
Jiboya y
Jurucucu y
Ibihe.
Amphift, enfuinli
7.
Aurore,
Devin.
Devin.
Kr
Çérafte.'
-358 T'A B L IÉ.
^Kokura^ "Voyei
Detni-collieK}
y
Lébetin.
£.
ZamAnda i
Devin.
Langnafige ,
Atoguis long-neR
Zaticauda imhricatd
, Queue-lancéoléei
Laticauda fcutaia ,
Queue-plate.
Zemnifque j
C. Galonnée^
Zofange ,
Laphiati.
M-
MAZTOZOTf ^
C. Afiatique^
Malpolon ,
Malpole*
Mamballa ,
Devin.
Mangé ur de chenilles
C. agile.
Mère de Veau ,
Devin.
Miliaiis ,
Ammodyte.
Minia ,
Devin.
Moqueur J
C. rubannée.
•
JV.
Naja Brajilienfs ,
Serpent \ lunettes
Pérou.
Naja fafeiata ,
Naja.
Naja liitejcens ,
Naja.
Naj amaculata y
Naja.
Naja non naj a ^
Naja.
Naja fl amen fh y
Naja.
Nalle pawbou y
Naja.
Nei retroujféy
C.^nafique;
r
’AtPHABÊTIQUE. 35^
TJ^aêri^ œfculapii ,
Natr/x ahætulla >
Natrix aulica y
Natrix cœrulefcens ,
Natrix exoleta y
Natrix fili formis ,
Natrix flagelli formis
Natrix hippocrepis
Natrix lemnifcatay
Natrix mucofa ,
Natrix longijjïma y
Natrix myâeriians
Natrix fatumina ,
Natrix tor quata ,
Natrix vittata ,
Natrix vulgarisy
Bande noires
Boiga.,
LaphiatL
C. bleuâtre.
C. décoloréei
Fil.
> C. nafique*.
Fer- à-cheval;
C. galonnée.
C. muqueufe.
Couleuv. à colKef}
C. nafique.
C. faturnine.
Couleuv. à collier;
C. rubannée.
Couleuw à (ÿUieri
O-
OPRRiAy
Oular Sawa >
fldtpeiA ^
Ophrïe.
C. jaune & bleue;
Coul. d’Efculapei
p.
PjRTEJiRE i
Polonga y
Polpogs y
Broderie^
Devin.
Devin,
P.
Rattle Snake ;
Regina ferpentum y
Rme dtsjcrpcnsy
Boîqniraî
Boiquira.
Devin. .
^60 , TABIB
Ringed Snake , Voyei Couleuv. à collî^'
Rpi des ferpeas > Devin»
S’
Schuppen-Scktange^ Anguis loMg-neaS
Serpe nero ^ Goiileuv.àCollicîi
Serpetis aquatilis , Devin.
Serpens domefticus ni^ Coijileuv. à collier;
gricans carhonarius^
Serpens indiens coro'
natus .y
Serpens indiens y gra^
cilis y viridis ,
Serpens palujîris ,
Serpens peregrinus;y
Serp, âpre ^
Serpent aveugle y
Serpent bai-rougCy
Serpent de bled y
Setpent h chaîne y
Sefpent a chapelet*
Serpenta chap eron >
Serpent à collier y
Serpent cotai y
Serpent cornu y
Serpent cornu ,
Serpent couronné y
Serpent des dames ,
Serpent fétiche ,
Serpent idole ,
Serpent impérial^
Naj3.
Boiga.
Devin;
Devin.
C. rude*
Amphifb. enfuméi
C.bianche & bruiifl^
C. tachetée.
Chaîne.
C. mouchetée.
Naja.
Couleuv. à collier;
Anguis rouge*
Ammodyte*
Cérafte.
Naja.
• C. des dames;
Daboie.
Daboie.
Devin.
ALPHABÉTIQUE. 361
Serpent h large queue ,
Serpent large^ queue
Serpent à lunettes ,
Serpent mangeur de rats^
Serpent nageur.
Serpent d'oreille ,
Serpent à queue-plat^ >
Serpent fans tache.
Sapent a fonnette ,
Serpent tigré ,
Serpent a ventre coU‘^
leur de cuivre ,
Serpent de verre ,
Serpent de verre ,
Sipedon ,
"'oyei Queue lancéolée#
Queue-plate.
Naja.
Boarativore.
Couleuv. à collier#
Lombric.
Plature.
C. très-bianche.
Dryinas.
Afpic.
C. Striée.
Anguîs jaune Si brun#
Orvet.
Sipède.
Tæ œbén ,
Tain ïcuiflalhiii lia >
Tangedor,
Tetraucho zlttleoa ,
Teuthlacû, .
Teuthlaco ^^aukqui,
Teuthlaco %puphy ,
T chu a ,
Tleoa , :
Trajgobane ,
Triangle ,
Typhlops ,
Tyrie.
Devin.
Boiquira.
Bojobi.
Duriffiï^..
Boiquira.
Duriffus.
Broderie,
Broderie.
Amphifb. enfumé.
C. Jouflue.
Orvet.
F-.
WaterStiake, Couleuv. à collier.
Serpens , Tome IV, Q
362
TABLE, êcc.
Jfater viper, Voyei Serpent à fonnette pii-
cir ore.
Vi'per ,
Vipère commune.
Viper a argile a nigri^
V ipère noire.
cans .
Viper a braJiUœ caudi^
Boiqnira.
Joli a ^
Vipera caudifona ,
Boiquira.
Vipera indica^ vittata
Naja.
gejücularia ,
Vipera maculata ,
Afpîc.
Vipera mojis ,
Vipère commune.
Vipera pile ata y
Naja.
Vipera ver a India
Vipère commune.
orientalU y ■
Vipère cornue ,
Vipère cornue d^Jlly-^
Cérafte.
Ammodyte.
ne y
Vipère d'eau y
Serpent à fonnette piC-
civore.
Vipère du Japon y
C. Hébraïque.
Vipère jaune de la
Fer-de- lance.
Martinique ,
X
Xalxalhua y
Devin.
Xaxathua ,
Devin. ^ *
Xequipiles ^
Dard. ^
r.
Yncu-mama ,
Devin.
Yellow^Snake y
Devin,
3^3
TABLE
DES MATIÈRES.
A
j^ccouPLEMENT, Manière dont s’opère Paccou-
plement des ferpens, Vol. III, pag» 29. Temps de
l’accouplement des vipères communes , p. 45.
Fables répandues à ce fujet , p»
Acrochorâe. ( defcription de i’ ) de Java , Vol. IV ,
pag- 309.
Adt'ivité intérieure^ Les ferpens ne cèdent en ac-
tivité intérieure qu’aux 'quadrupèdes vivipares &
aux oileaux , VoL III , pag, 41*
Agile ( la Couleuvre ) fe trouve dans l’Ifle de
Ceylan, VoL III, pag^ 388. Sa defcription,/?. 387.
Air» Les ferpens ont befoin de refpirer de temp$
en temps Pair de Patmofphère, VoL 111, /?j^.
10. Ils donnent cependant quelques lignes de vie^
après avoir été privés pendant long temps, &prel^
que entièrement , de Pair qui leur eû nécelîaixe
pour refpirer, 68. .
3(^4 Table
Aüirt. Sa defcription , VoL lll^^pag 401. lî a
Î3)s‘aucoup de rapport avec ia Couleuvre biauche,
Jdem, H fe trouve dans les Indes , pa^. 402.
Jlimens (les) de plulieurs efpèces de ferpens,
fe corrompent dans leurs intelîins, & répandent
une odeur très-forte qui pénètre le corps de l'ani-
mal, Vol. lll^pag 56. Manière dont les ferpens
avaient des aümens très- volumineux, 59.
Amérique» Tout ce qui appartient aux contrées
d'Amérique, voitines des Tropiques, attirera tou-
jours Tattention, VoL W ^pag. 8i-
Ammodyte» Pays où Pon rencontre cette vipère,
VolAlijpag- 236. Sa defcription, pa^- 237. Re-
mèdes contre fa moïÇuïe ^pag* 238. Ses habitudes ,
pag» 240 £5* fuiv.
Amphishènes, Caraétères diftinétifs de cesferpens,
yoL IV , png» 292. Fables auxquelles ils ont don-
né lieu, pag. 295.
Angiiis» Caracftéres diftinétifs du genre desanguis ,
Ko/* iV , pag» 250. Contes ridicules répandus au
iVjet des anguis , pag. 252.
Anguleufi. (Couleuvre) C'eft de PAûe que cette
Couleuvre a été apportée en Europe , Ko/. III ,
pag. 403. Sa defcription , /de/».
Aunellée. Defcription de la Couleuvre annellée ,
yoLiVypag. »i*
Arbres. Manière dont les ferpens peuvent grimper
fur les arbres , Vol. III , pag. i8*
Argus. Caracftéres diftincftifs de ce ferpent d'A-
fijque, Ko/* IV ^pag. 44. .
DES Matières.
Jrrihe-faix ( efpèce ) attaché au corps des
vipereaux, Vol. UVpag. 206.
Afiatique- ^defcription delà Couleuvre^ i^o/. IV j
25-
Afplc. Defcription de ce ferpent venimeux,
Vol lli , pa^* 221. Pays on le trouve, Ibid*
Âtroce» Defcription de la Couleuvre atroce.
Vol 111 , pa^. 292. Elle eft venimeufe , Ibid,
Atropos. ©efcription de cette Couleuvre veni-
meufequife trouve en Amérique, Vol, 318*
Aurore. Couleurs de cette Couleuvre, Vol.
pa^. 84. Pays qu^elle habite , lbid>
A\urie* ( Couleuvre ) Elle fe trouvre aux envi-
rons du Cap-vert, W IV, pag. 59* Defcription
d’un individu de cette efpèce , confervé au cabinet
du Roi, Ibid*
B
Bætæn. Courte defcription de cette Couleuvre
qui eft très-venimeufe , Vol IV ^ pug. 56,
Bdi. (le) Pays où on fe trouve. Vol, fil,
37l.Sa defcription. Idem. Dimenlions du
pag. 373.
Baude noire, Defcription de cette Couleuvre ,
Vol 111, pag, 385* Elle eft très-commune au
Chili, pag. 386.
Blanchâtre» ( Couleuvre) Sa defcription , Vol III,
pag* 394. Defcription d’une Couleuvre qui a de
très-grands rapports avec la blanchâtre Idem*
Q iij
}66 Table
Blanche ^la Coufeuvre ) habite les grandes Indes ,
f"oL ni, pag> 380. Sa defcription , Ibid.
• Blanche & hruné ( îa Couleuvre ) habite l’Ame'ri-
que, y^Ql> IV, pag^ IC7. Sa defcription , 108.
Blanchet* (\q) Caracftèfes dîftincftifs de cet am^
phrcbène , VeU IV , pag. 300*
Bleuâtre. ^Couîeuvre^ Son nom dédgne fa cou-
leur, VoUlY ^ pag* 12. Onia trouve dans les Indes,
P* 13-
, Bluet. Defcription de cette Couleuvre d'Améri-
que , Vol. IV ^pag. 75.
Boa /'les grands^ font les plus grands & lesplu^
forts des ferpens. Vol. IV ,p. 142.
Boiga. Que l’on fe repréfente les couleurs les plus
riches & les plus agréablement variées dont la na-
ture ait décoré fes ouvrages, &: l’on n’aura peut-
être pas une idée exagérée de la beauté du Tloiga,
Vol. III, png. 425. Defcription de cette Couleuvre,
Ihid. y fuiv. Habitudes de cette Couleuvre , p. 429*
On a voulu donner le nom de chant, au fifflement
du Boiga, 430* Familiarité de ce ferpent>
43Î*
Boiquîra. Frayeur que doit înfpirer !e Boîquira,
Vol. IV , pag. 209 y fiiiv. Dimenlîons de ce fer-
pent à fon nettes, 21 1» Sa defcription ,j[?. 212
y fuiv. Contrées qu’il habite , pag. 227. Ses habi-
tudes, pag. 228. Temps que les Nègres & les In-
diens choiiiflent pour fui donner la chaOe,;?. 233
y ftiip. Ennemis de ce ferpent , pag* 23^* Il nage
avec facilité, 237. Effets de fon venin, Ibid,
y fuiv.
des Matières. 367
Bojohl, Ce ferpent fe trouve dans îes deux con--
tinens , Vol ^pag 19 1* Beauté de fes couieurs’,
193» Dififérences des Bojobi de P Amérique avec
ceux de l'ancien continent, 194* Habitudes de ce
ferpent , Ibid»
Brafilimie^ ^defcription de la Couleuvre^ VoU
m, 299.
Broderie, (h ) Belles couleurs de ce Boa, VoU IV 5
pag. 198. Il fe trouve au Paraguay ,199*
c
C^^uciTÉ. L’on ne rencontre prefque jamais dV
lîimaî fauvage, avec les fgnesdela caducité, Vol.
1 54*
Cœciles, /^caraétères diftinétifs des J Vol. IV.,
pag- 301.
Calmar. (\q ) Defcription de cette Couleuvre
d^Amérique, ^0/ IV,;?* 115^
Camufe. (\^) Cette Couleuvre habite la Caroline
VoU IV 7 1 , Sa defcription , Uid.
CaraBères difcindifs des diverfes efpèces de fer-
pens ; nombre & permanence de ces caraétères,
VoU III , pag. 916’ fuip» C^eft uniquement d’après
ia réunion de plufieurs caraétères , que Pon doit pref-
que toujours fe décider fur Pefpèee d’un ferpent,
pag. 103.
Carénée. ^ la Couleuvre ) Pays où on la trouve,
VoU IV , pag. 4. Sa defcription, Ibid.
Cavernes. Manière dont les ferpens font entre-
lacés dans les cavernes où ils fe retirent en grand
nombre, VoU lll ^ pag. ^^3.
Q iv
568 Table
Cenchrîs f'h) fe trouve à Surinam 3 Vel, IV ^
pcg, 203. Couleurs de ce Boa, Ibid,
Cerjchrus» Ce ferpent fe trouve en Afie, FbA IV,
pag, 24» Sa defcription, Ibid.
Cencof'lejfe trouve en i^mérique, Fb/, IV ,
pag» Il 2. Sa defcription, Ibid*
Cendrée , f couleurs de la Couleuvre ) Voh IV ,
p. 10. Elle habite les grandes Indes , Ibid*
Cerafte. Pays où on trouve cette vipère, T^o/.IÎI ,
p. 242. Les Egyptiens ont employé fa figure dans
leurs. hiéroglyphes ,p. 243. Sa defcription, p. 244.
fy fulv» Nature & forme de fes cornes, p. 245 6^
fuip* Ses habitudes , p, 249-
Cercle* Quelquefois on voit de loin, les très-
grands ferpens repliés fur eux-mêmes, & formant
ainfi un cercle allez vafte & affez élevé, Vol* III,
p. 64 & 65.
Chaîne (\?L Couleuvre^ a été obfervée k la Caroline,
par Catesby ik M. Garden , Vol* IV , p. 89. Sa
defcription, Ibid*
Chaleur. Diffère nce des effets de !a chaleur du
printemps & de ceux de la chaleur de l’automnei
lur les .ferpens, Ko/* III , p- 45.
Chapelet. H ne faut pas confondre cette Couleu-
vre, avec celle que Catesby a nommée de même,
VcUW , p. 21. Sa defcription, Ibid. Ce ferpent
n’eft pas venimeux, p. 22. Dimenfions d^un indi-
vidu de cette efpèce , confervé au cabinet du
RoijiW.
Chatoyante ( la. Couleuvre ) fe trouve en Suiife ^
VoU IV 3 p. I2i« Sa defcription, Ibid*
î)Es Matières. 3(39
jfdefcription du ^ Vol- IIÎ , p, 286. Il
cft venimeux & fe trouve en Aüe , Ihid.^
Cherfea. Contrées où i^on trouve cette vipère ^
Vol- 111, p. 217. Sa defcripdon 5 Uid, Remèdes
Contre fon venin , JP. 218 6* flûp.
Cigognes fhsj font ennemies des ferpens , Voè*
IV , P- 94.
Ceèel. L^i Couleuvre Cobel fe trouve en Améri-
que, Vol- IV , pag- 78. Sa defcription, Ibid- ^
fuiv-
Collier ( fa Couleuvre à ) fe trouve en très-grand
nombre dans plufieurs provinces de France,
Vol. in , p- 335. EHe eft très -douce, Ibid, Sa
defcription, p- 336. Ses habitudes , jp. 338 Cf
fniv- Sa familiarité forfqidelfe eft dans une forte
d^état de domefticité , Ibid- Ennemis qu^elle a à
craindre, p, 343» Son goût pour le lait, jp. 346. On
alfure qu^elle tette quelquefois les vaches, Ibid. On’
a prétendu qu’elle entroit quelquefois par la bou-
che dansie corps de ceux quidormoientfurPherbe,
347. On a employé fa chair en médecine , p- 348»
Colubrin , ( defcription de l’An guis ) VoL IV ,
j?. 271.
Colubro Uccellatore- Nom donné à une Couleuvre
de Sardaigne , qui peut-être eft de i’efpèce de' la
verte & jaune, VoLlU^p- 334.
Conformation- Defcription de la conformation in"*
térieure des ferpens , Vol- III p. 6 & fniv-
Continents. Les ferpens paroiflent à-peii-prés éga-
lement répandus dans les deux continens en raifoa
de la chaleur^, de l’humidité de i’efpace libre ^
VoLlll, p. 23.
570 T ^ B L B
Contrées équatoriales ( ce n’eft qu’aux environs
des^ qu’on rencontre ces énormes reptiles, l’effroi
des Voyageurs, 'Ko/. III , p. 28.
Corallin^ defcription du ) VoL III 290. Il fe
Irouve dans les Indes , p» 291,
Cmm ^ rAnguis ) fe trouve en Egypte , Ko/. IV ^
f- 273. Ses caradtères diftindifs ,
Cornus ( ferpens delà Côte d’or.^ Il paroît qu’on
doit les rapporter à l’efpèce de l’ammodyte , KoA
III, j7. 240*
ro«/ez/rs. Nous n’einployons qu’avec réferve les
caradèrcs tirés des couleurs , pour faire reeonnoître
les différentes efpéces de ferpens , Ko/, lü , p* 97*
CoureJJè, Le nom de cette Couleuvre vient de fa
lapidité avec laquelle elle s’enfuit , lorfqu’elfe
apperçoit quelqu’un, Ko/. IV, 66. Sa defcrip-
lion , Ibid^ Pays où on la trouve , Uid,
Cryjcaux* C’eft dans les campagnesde l’Inde, où
les cryftaux & les pierres dures préfentent les
îiuances les plus vives, que la nature a réuni fur
fa robe du Boiga,une image fidèle de ces riches or*
nemens, Ko/. III, j:^. 428.
Cuira ffee* Rapports de la Couleuvre cuiraffée
avec la Couleuvre à collier, VoL IV , p^ 37. Sa
dêfcription, Ibid* Pays où on la trouve > Ibid*
D
DAnoTE. Ce ferpent eft la divinité dti ropume
de luida, Ko/. IV, 31. Sa defcription ,
Ses habitudes, j. 33- ii détruit les ferpens vcnw
DES Matières. 3:7 i
aïeux, Ihid. Origine du cuîte qu’on lui rend,
p, 34. On lui confacre des temples , de riches of-
frandes & de jeunes Négrefîes, p. 36 ô" fuiuantes»
Dames» ( Couleuvre des ) Sa defcription , VoL
in, j?. 374« Ses habitudes,/, 375* Sa familiarité ,
P» 376 y fuip.
Dard, Ce ferpent fe trouve à Surinam , Vol IV ,
/. 85. Sa defcription , Ihld»
Décolorée» Defcription de la Couleuvre décolorée.
Vol» IV,/. 5. On la trouve dans les Indes , Ibid^
Demi-<oUier» Defcription de cette Couleuvre,
Fb/. III, P» 368- Elle fe trouve non- feulement
au Japon, mais encore en Amérique , p» 369.
Dents crochues mobiles venin de la vipère
commune; leur defcription. Vol. lïl , /. 1646^
fuiv» Lorfque fanimal les perd, elles font fouvent
remplacées par d’autres , p, 176. Grandeur des
dents du devin , VoL IV , p» 151.
Dépouille d’un ferpent ; fa defcription , Vol» III ^
/• 363 y fnîp»
Dépouillement ( temps du ) de la vipère com-
mune, FoU III,/* 198. Les ferpens fe dépouil-
lent chaque année comme les quadrupèdes ovi-
pares, p&g, 47* Manière dont s’opère le dépouil-
lement des ferpens , pag» 363 6* fuin» Cette ma-
nière a beaucoup de rapports avec celle dont les
Salamandres à queue plate quittent. leur peau,
p> 365-
Développement fie) des ferpens a dû fe faire en
longueur plutôt qu’en groffeur , Fb/. XII,/. 20,
Devin (le J eû parmi les ferpens comme rélét
Q^j
3 7 i Table
phant, ou îe îion-'parmi îes quadrupèdes, Vol^ lY f
p, 143. Ses dimenllons, 1 44 S*. 149. Sa defcription ,
150. Ses eouleurs, /?. i53.'Sa force, 156.0114
lui a rendu ïe^ honneurs divins en Afrique, & en
Amérique & peut-être en- Aiie^j?- 157 6* fiTw. Pays
qu"if habite , p. 160. Il paroît que c’eft dans les
défe rts de {^Afrique ; qu'ii parvient à la longueur'
îa plus coniidérabfe , p. 164. Moyen d’arrêter fa
pourfuite^ p. 165. Il nage avec facilité i66- it
îe roule avec promptitude jufqu’au fommet des
arbres les plus élevés , p, 167. Manière dont il s’é-
lance d’un arbre fur un autre, ou fur la proie , Ibid.
Un coup de fa queue peut renverfer un animal
affez gros, p. 16g» Il dévore de grands animaux,
tels que des cerfs , des taureaux , &c. Ibid^ Ma-
nière dont il attaque fes viétimes^ p. 170. Il les
écrafe & les prépare pour ainfi dire, avant de les
avaler ,j?. 171 & fuiu» 11 eft un peu engourdi, lorf*^
qu’il a dévoré une proie un peu confidérable ,
j7. 172. Lorsqu’il eft afibupi, il eft pris quelque-
fois pour un tronc d’arbre., Ibid* On choifit
le tems de fa torpeur pour lui donner la mort ,
p. 177, Les Nègres & quelques Indiens mangent
fa chair ,p- 1 80. On a fait ufage de fa peau j p. 1 8 r.
Temps de fon dépouiilemeijt , p. 183, Sailun de
fes amours, Ibid* Il eft très-vivace , p. 187.
Dhara (h J habite l’Arabie heureufe , Fb/.
IV ,p. 53. Sa defcription , Ibid*
Dig^ftion, Dans la plupart des ferpens, la dî-
geftion eft très longue , Fol. III , p. 56.
Dioiie. Defcription de cctte Couleuvre, VoU
IV, p. iÇ* Ses couleurs font très-élégantes
^Ses habitudes font très-douecs, Ihïi* Pays où on
la tvOuve,p. 20,
DES Matières. 575
Dipfs,, Gn rencontre en Amérique ce ferpent
venimeux, Voi> III,;?. 317* Sa defcription ,
«Nous aurions defiré de pouvoir fermer
deux fous diVîlions dans la divifion des Coülea-,
Vres ovipares , VoU JII , 91.
Domejlkité. Quelques ferpens ont été réduits à
une vraie domeiticité, Vol III, p, 42.
Domefligua, ( Couleuvre ) Habitudes de ce fer-t
pent, & les caradères diftinétifs, Vol IV, p. 47,
Douhk-raie* ( Couleuvre ) Defcription de ce fer-»
pent , Vol III, 422. Ses dimeniions,;?. 423.
Douhk-tache> Les Couleurs de cette Couleuvre
fontauffi agréables que fes proportions font légères ^
Vol III,;?. 424. Sa defcription, Ibid.
Dry mas. Defcription de ce ferpent à fonnette
qui habite PAmérique , VuL IV, p. 245.
DutïJJus. Caractères diftinétifs de ce ferpent à
fonnette, VollV ^ p. 246.
E
üx. Les grands ferpens attendent leur proie
fur le bord des eaux , Vol, III , p. 65.
Écailles^ Diverfes formes des écailles des ferpens 5
Vol. III ,p. 5 & fuiv. & p^ 95-
Ecrivains facrés. Le ferpent employé comme fym--
bole par les écrivains facrés, Vol 111,^.78.
Egypte. ^ Vipère d’ Cette Vipère paroît être
celle qui donna la mort à Cléopâtre, Ko/. III,
p, 232. Sa defcription , p, 233. Effets de fon '
venin fuivant les Anciens, On peut croire quç
374 TABtM
èe ferpent eft l'afpic dont Püne a peint Rattache-
ment pour fa femelle,;?. 235.
EgvptUns, Opinions des Egyptiens relativement
âux (erpens, Ko/. III, ;?. 71 àf fuiv>
Elaflicité des diverfes portions du corps deâ
ferpens , Foi III, /?. 16.
Ele&rique (Iqïqw J elt un des grands agens dont
fe fert la nature pour animer les êtres vivans, VoU
III, jp. 47. Son abondance augmente les effets delai
chaleur fur les ferpens , Ibid-
Emblème de la candeur & de la confiance,
imaginé par les Anciens, FoL III,
Enfumé. fV ) Defcription de cette amphisbène.
Fol* IV y p- 296. Ses habitudes, 2^7. Son utilité
En^uT.diffkment, Les ferpens éprouvent pendant
l’hiver des latitudes élevées, un engourdifferaent
plus où moins profond , FoL III, p, 45-
Enydre, Le boa Enydre habite RAmérique,
Fol, IV , 206. Sa defcription , Ihii,
Eryx, Defcription de cet Anguis qui a beaucoup
de" rapports avec ROfvet, Fol. IV , p. 264.
Efiulape. Defcription de la Couleuvre d^Efcu-
îape,7^o/- III, p. 358. Pays où on la trouve,
p. 359. Ses habitudes , 360» Les charlatans fa mon-
trent fouvent au peuple auquel ils cherchent de
perfüader qu’elle eft très-venimeufe, 359-
Ejpèces* Nombre des efpèces de ferpens , FoL
III, p. 5. Les grandes efpèces de ferpens appar-
tiennent à un plus grand nombre de contrées
dilféréutes que les petites, /. 24.
nEs Matières. 37^
Eternités Pourquoi îes Anciens ont regardé îe
ferpent comme le fymbole de Péternké^ ÉoL 111 y
F-
' F
JFEit-yê^cHErAL (\q ^ habite PAmérîque, Vol IV,
p, 1 1 7- Sa defcription , 1 1 8,
Fer-de-Unce, Pays où l'on a obfervé la vipère
Fer-de-lance , Fol* III, 301. Sa defcription 5
pi %02 & y^/V. Variété de cette efpèce ,7?* 305.
Habitudes de cette Vipère,;?. 307. Durée de'
fa geftation , j[7. 309.. On a trouvé fa chair un mets
agréable, p. 312. Activité de fon venin, id* ^
fui;»
Fil(\Q) habite les Indes orientales & occiden--
taîes, JFqL, IV , ;?- 7. Sa defcription , 8.
Fluide éhâriqm (. le } répandu en abondance
dans Patmolphère paroît être favorable ^ même
néceflaire aux ferpens , Vol III, ;?.^28-
Force. Origine de la force des très-grands fer^
pena, VoL III, 67.
G
G^J-onnee^ f Coideuvre ) Defcription de cette
belle Couleuvre ^ Vo L \\l, p^ 399. Pays où on la
trouve,/?. 4G0, .
Gaielles ( les ) font fouvent la proie des très-
grands ferpens, Vol III,/?;
^ Genres* Nous avons réuni en huit genres îes-
diverfes efpèces de ferpens , VbUlll ^p* %2 &
Gîmdcs, Dans plufieurs efpèces de ferpens >vd^
Tabès
376
glandes particulières exhalent une odeur très*
?3rte , FoU III , 56.
Goût(^ le ) des ferpens peut être aflez aèlif,
Vol- III, 39.
GraiJJè. On trouve fouvent une matière graif^
feufe au-deffbuâ de la peau du ventre des fer-
pens, Vol- III,/?- 9»
Grandeur des ferpens , Vol. III, p. 19 ^ fuiu*
Grecs- Opinions des Grecs relativement aux
ferpens, Vol- III, /?• 71 ^ fuiv-
Gtenouilk écailleufe. Defcrîption de cette efpèce,
Vol. IV, p. 345.
Grifon. Sa defcrîption. Vol. III, /? 390. II fe
trouve dans les Indes , Ibid-
Groiii. ("le J Origine du nom de ce Boa, Vol-
IV,/?. 196. Sa defcription , Ibid. Pays où on le
trouve, Ibid.
Gronouius. Le ferpent décrit par ce Naturalifte,
f Nv® 22 J 2i beaucoup de lapports avec la Couleu-
vre lifle , Vol- III , p- 353. Piufieurs Couleuvres
décrites par cet Auteur, Vol- IV , p.
Grofjk-tête- Cette Couleuvre fe trouve en Amé^
rique. Vol- IV , p- 6^- Defcription d^un indivi-
du de cette efpéce , qui fait partie de la collec-
tion de Sa Majefté, Ibid.
H
Uæmjchate, Defcription de ce ferpent veni-
meux, Vol- III , 294.
Haje- Cette Couleuvre habile PEgypte , Vol- IV ^
UES Matières. 377
49* Sa defcription > On trouve en Egypte
une autre efpèce de Couleuvre , qui eft veni-
meufe , & qui fe nomme aufli Hnje, Ihid»
Hànnarch Æfu<ed. Defcription de cette Couleu-
vre ^ J^ol* IV , /. 57* Conte des Arabes au fujet
de ce ferpent , Ibid^
■' Hébraïque ( la Gouîetivre ) eft venimeufe , VoU
III, p. 284. Elle fe trouve en Afie, Ibid, Sa
, defcription ,
Hipnale, Ce Boa fe trouve dans le royaume de
Siam, Fol. IV, p. i88. Sa defcription , Ibid.
' llooiin. Efpèce de faifan, ennemie des ferpensî
Fo/. IV, j;. 93.
Hofleik. Cette Couleuvre fe trouve en Arabie ,
Vol. IV , p. 56. Courte defcription de ce fex-
pent , Ibid.
" Humidité. ^Uhumidité combinée avec îa chaleur
paroît très-favorabîe aux ferpens, Vol. III,p. 28’*.
Hydre* Defcription de cette Couleuvre que
M. Pallas a obfervée dans les environs de là mei
Cafpienne , Vol IV ^ p* 14.
J
Ibi^re. Defcription de ce Cœciîe^ Vol. IV, p» 301.
/y^/oe. Sa defcription , ^0/. IV ,p. 1 19. Ses ha-
bitudes, p. 120.
Ibiboca. Cette Couleuvre fe trouve au Brélil ,
Vol IV , p. 126. Sa defcription ,
Ihh (\t^) font ennemis des ferpens , Vol IV ^
/•93-
V
XI
57? T A 3 L
Indiens» Dès les temps les plus reculés , ïe fer-
pent a été regardé par les Indiens, comme le
fymbole de la divinité & de la fageffe éternelle ,
yoU III , note de la p. 76.
Tnfe&es. C^eft précifément dans les contrée®
brûlantes où pullulent des légions innombrable®
d^infedtes de vers que la nature a placé le
plus grand nombre de ferpens, VoL lll,/?. 412.
lnflin&. Force de Finftinét des ferpens , Fb/.III,
37 8* fuip^
Intelligence» VmtelWgence humaine a doublé,
pour ainli dire, la vie que la nature avoit accordée
à l’homme , Fol» III , p» 54.
/
J AU N B ET Bleue, ("h J Defcrîptîon de cette
belle Couleuvre de Java, Fifl. IV ^ p. 66- Elle
n’eft pas venimeufe,
Jaune ^ Brun ("PAnguisJl jfe trouve dans l'A-
mérique feptemrionale, Fol. IV ^p. 276. Sa def-
cripçion,/?. 277.
Jouflue» ( Couleuvre^ Defcrîptîon de cette Cou-
leuvre des grandes Indes , FoU III , p. 379.
Jupiter» Lesfcrpens confacrés , fuivant Hérodote ^
à Jupiter, ou pour mieux dire à la divinité Egyp-
tienne qui repréfentoit le Jupiter des Grecs ,
étoient peut-être de Fefpèce du Cérafte , Fol» III,
P- 254.
L
IjActL Couleurs du Laété , Fol III, p» 288. Sa
defcription^ J?. 289.
DES Matières. 379
Langaka, Caraâères diftindifs desLanga^a , Ko/.
IV^p» 305* Defcript. du Langaha de ÎV!adagafcar>
Uid, On peut préfumer qu^iieé venimeux ^ p» 307.
Langue (forme de !a) des ferpênS; Vol* III,
note de la 39* Defcription de la langue de la
Vipère commune, p* 193.
Laphkîl* Defcription de cette Couleuvre du-
Bréfil, VoL IV, p. 86.
Large •tète. Origine du nom de la Couleuvre
Lar^e-tête, Vol* IV , j:?* 137. Sa defcription,
Ihfd, & faïp,
Léheris^ ( defcription du ) Vol* III, p, 320*
Il le trouve au Canada, Ibid*
Lèhemu Defcription de ce ferpent venimeux^
Vol* III, p. 283. Pays où on le trouve, Ibid*
Làiard cornu, Defcription de cette efpèce & fes
rapports avec Piguane , Vol* IV, p, 335.
Léiard gtis (le J donne le jour quelquefois k
des petits tout formés, Vol* IV , p, 331.
Lien* La Couleuvre Lien habite la Caroline &
la Virginie, Vol* IV, p* 103. Sadefcription,
Ses habitudes, Ibid* é* fuip.
Lijfe* Defcription de la Couleuvre Lifîe qui fe
trouve dans pîuiîeurs contrées de PEurope , Vol* III,
/• 349* ^ Ses habitudes,/?. 352.
Lom/r/c. (le^ Defcription de cetAnguis, VoUlVf
p* 287.
Long-nex. (le ^Defcription de cet Anguis,de
Surinam, Vol* IV, p, 283-
Longueur, Le rapport de la longueur du corps ^
380 Table
à celle de îa queue, eft affez conftant dans pîti-
fîeurs efpèces de reptiles , VoU III , mtt de la
p‘ 100. Utilité de la ccnnoilTance de ce rap-
port pour diftinguer les efpèces de ferpens,
léid.
Lunettes ( le ferpent à ) ou le Naja fe trouve
dans les Indes orientales, VoU III , 255. Sa
defcription, p. 257. DeCcription de la femelle,
p. 2’^3. Habitudes du Naja, p, 264. Manière dont
les charlatans Indiens le domptent, & le font fer-
vir à amufer le peuple, p. 265. Remède contre
fa morfure,j7. 270. Refped religieux de plufieurs
peuples de l^Inde pour ce reptile, p* 271.
Lunettes ( ferpent à ^ du Pérou, Sa defcription,
VoL III , p, 279.
Lunettes ( ferpent à J du Bréfil. Sa defcription ^
Vol III, p^ 281.
Lutrix. Defcription de ce ferpent , Vol III ,
P* 370. Il fe trouve dans les Indes ,
M
Jld^CHOTRES. Manière dont les mâchoires des
ferpens font articulées. Vol III, p, 58. Defcrip-
tion des mâchoires delà Vipère commune ,p. 194*
Malpole^ ( defcript. du ) Vol III , /• 418 , Pays
où on le trouve , p. 419.
Maure ( la Couleuvre ) fe trouve aux environs
d’Alger, Vol IV,;?. 51. Ses caractères diftindifs,
Ibid.
Mélanis, Cette Couîeuvie venimeufe fe trouve
DES matières. 381
fur ïes bords du Voîga , FoL 111 j p. 228. Sa def-
cription, Ibid.
Mexicaine (h Couleuvre ) fe trouve en Améri»
que, Ko/. IV,p. 93- Sa^defcription ,p. 94.
Mexicains, Le ferpent employé comme emblème
par les anciens Mexicains, Vol, III, p. 73*
Miguel (\q) habite PAmérique, Voi IV, p.
274. Ses caractères diftinCtifs, Ibid,
Miliaire, ^defcription de la Couleuvre ) VoU
III, p, 41 1. On la trouve dans les Indes , Ibid,
Milieu Befcrîption de ce ferpent à fonnette,
quePon trouve da^s la Caroline , Vol, IV, p» 243.
Minime, ( Couleuvre ) Defcription & dimenfions
de ce ferpent. Ko/. 111,^*409. Pays où on le trouve,
Idem,
Mineri^e, ( Couleuvre de ) Defcription de ce
ferpent qui fe trouve dans lesindes ^ VoL 111 , p. 405.
Mohire, La tête de cette Couleuvre reflemble
beaucoup à celle dés Boa , Ko/. III , p. 420. Def-
cription de ce ferpent , Ibid^ Il fe trouve dans les
Indes, p. 421.
Monflruofités, De la nature des monftruofités ,
Vol, iV, p. 314. Leur étude peut conduire quel-
quefois à des vérités importantes, Ibid,
Mouchetée, Les habitudes de cette Couleuvre font
très - dfFérentes de celles du Boiga & d'auties Cou-
leuvres, Vol, IV, p. 68. Pays qu’elle habite, Ih*
Sa defcription, p. 69.
Mueu Rapports du ferpent muet avec les fer-
pens à fonnette , Ko/. IV^ p. 207. Sa defcription,
Ibid,
Table
382
Muqueufe. ^îa) Defcription de cette Couîeuvrè
que M. Linné a fait connoître, VoU lY ^p, 11-
N
Nageur- Nom d’un ferpent de Sardaigne qui
eft peut-être de Pefpècede la Couleuvre à collier,
^oL III , P- 348.
Nafique- ( Couleuvre J Defcription de cette
Couleuvre, VoL IV ^ p- 6o« Forme de fon mu-
feau, 61. Origine des noms qu’on lui a donnés ^
Ibid* Il paroit qu’file n’eft pas venimeule , Son
corps eft très-délié , j[7. 63. Ses habitudes, Ibid»
Pays où on la trouve , Ibid-
Nébuleüfe ^la Couleuvre ^habite PAmérique ,
VoL IV, jp. 99» Sa defcription ^ Ibid. Elle s’entortille
autour des jam^s de ceux qui paffent trop près
d’elle, p. 100.
Noire ( la Vipère ) fe trouve en Europe , VoL
ni, p- 224 Sa defcription, Ibid, Qualité de fon
p, 227» venin , Ses habitudes , Ibid*
Noire & Faiwt ^la Couleuvre^ a été obfcrvée
à la Caroline, VoL IV , /?. 88. Defcription defes
couleurs, Ibid- Nombre de fes plaques ,
^ Nourriturt. Les très-grands ferpens ont befoîii
d’entretenir leurs forces par une grande quantité
de nourriture fubftantielle , VoL 55* Les
ferpens peuvent palfer pluûeurs mois fans manger
i>- 68-
Odorat. L’odorat des ferpens ne doit pas être
très-fin, Vol* III, 38,
DES 'M ATI È R ES, 385
Œttf. Tous les ferpeos viennent d’un Oeuf, Foi^
lîl , P* 3p* L’on doit admettre deux fortes d^œuf,
ffofe de la P*
Œufs. Nombre des œufs de la Vipère commune,
Fol llî , P» 206. L-e nombre des œufs doit varier
dans les ferpens, fuivant les efpèces , 32* On
ignore s’il ^ diminue à proportion de la grandeur
des reptiles , Ibid, Dans quelques efpèces les œufs
ne fartent pas immédiatement l’un après l’autre,
P» 34 L’on ne-fait pas combien de jours s’écoulent
dans les diverfes efpèces, entre la ponte & le mcn
ment où le ferpent vient à la lumière , p» 35, Les
femelles des ferpens ne couvent pas leurs œufs,
p, 36. Endroits ou elles les dépolent , Ilndf &
fuiv^ Manière dont les ferpenteaux font ' pla' és
dans l’œuf , p, 37. Il fe pdurroit que les œufs dess
Céraftes n’éclolenf pas toujours dans le ventt-e de
la mère, p, 252. Defeription des œufs de la Cour
ïeuvre à collier, p, 341* L’ignorance les a quel-
quefois regardés comme des œufs de coq,/^i^/.Nom-p
bre de ces œufs, j:;. 343, Grande différence entre
la grofîeur des œufs du ferpent devin, & la longueur
àlaqueileil parvient, Fol» J V. p» 185* Ces œufs ne
font pas couvés,/. 186, Le nombre des œufs du
Boiquira eft peu confidérable, /. 232»
Orages ( les ) paroiffent augmenter l’aétivité d[u
Boiquira, FoL IV. /• 231.
Ordrt (V ) des ferpens eft très ^ nombreux,
fol. m, p. Si.
Orpet, Pays où on lie trouve. Fol, IV, p. 255.
Bes rapports avec le feps , 256. Sa defeription,
/^ref.lln’eft point venimeuXj/, 258, Ses os font très*
384 Table
caflTans, & il eft très-aifé de divifer fon corps en
plufieurs parties, p, 259. Ses ennemis^ /?. 260.
Manière dont il s^accouple , Ihid* Il met au jour
des petits tout formés, /?. 261. Tems de fa por-
tée, Son dépouillement, 262. Ses habi-
tudes, P* 263-
Ophrie- Defcriptîon du Boa Ophrie, Vol* IV f
p. 105.
Onie* Le* fens de Pouïe doit être très-obtus dans
îes ferpens. Vol- III, j?* 38. On a cru voir dans
la Vipère Fer -de -lance, des ouvertures exté-
rieures pour Porgane de l’ouïe , p. 303.
Oi^/pare. Propriété que cette exprefiion défigne,
Ko/- III, vote delà p- 31. Animaux auxquels cette
épithète convient, Ibid, Trois manières -dont les
animaux viennent au jour , note de la 3 3 ,Les deux
dernières manières font les mêmes quant au fond,
ihid. Les animaux qui viennent^ au jour de la fe-;
coude & de la troifiéme manièie, font de vyais
ovipares , Les autres font les vivipares pro-?
|)remèiit dits^ ^ ;
Qviÿore ( la Couleuvre J fe trouve en Amérique ,
Ko/. iV' ,“ /• 1 13. iSPombre dé fes plaques , p* 1 12.
r, P . .
'P yiDÈRE- Defcriptioh de bette Coùléuvre des
Indes orieiitales / Ko/, irr, 389- i
Pale , ( defcription de la Couleuvre ) Vol III \
où'ort là trôiPVer;'kfii6. ;
Parues fexuelles C defcription des ) d’une.Couleu-*
vfe Ibiboca mâle , ‘ Ko/, iv , ^
Pcintade.
DES MaTI E S, 5“§'5i
Pïmtaâe-- (\i} Câràfiiêr^s dîrtinftifs' dè cét A^-
guis des grandes Indes ^ J^oL IV j p- 267^
Pélk ({^ J fe trouve dans les Indes , Fol* IV *
/. 6. Sa defcnpxiôn,
Pétalaire* ( Couleuvre ) Sa defcrlption ^ FoU’
ill, ;z. 407. On la trouva éiï Aüe & en Amérique ,
P* 408*
Pe'ro/e* Caradères dJliîndtrfs de cettç Couleuvre'
d’Afrique ',' Fô/. IV ^ 45.
Pijfiïvere- {iej Caradères diftiqdifs & habitudes '
de ce ferpent. Vol. IV , /?• 248.
Planches. 1[ eft impolî^le de dohhèr dans déc
f>1anches noires , une idée de toutes les couleursfaril-
antés des ferpens , Fo/. III , note de la p. i©2« ,
Difficulté de faire des planches enluminées dcexac-^
tes des divérs reptile^ , Ibid. Les planches ne peu-
vent pas toujours indiquer la vraie forme des écail-
les, & préfentent quelquefois une diftribution de
couleurs , différente de ceile .que les delcriptions ^
indiquent , 103-
P/flfwre. f la/ Defcription de cef:^ Anguis qui a
beaucoup de rapport avec la queue Lancéolée,
Fb/.1V, p. 285.
Pondtuée (\?i Couleuvre J habite la Caroline , VoU
IV, p- 74‘ Sa defcription , Ihïd^
Poflf/«o«5 , /grandeur des^ dans pfulieurs efpéces
de ferpens , Fb/. dll jp. n,
Pmii Manière' dont les très-grands ferpensbrifent
les très-grands animaux dont ils font leur proie,
VolvWi y p. 59. Les cris des animaux de proie ne
font que des bruits de guerre ,/• 65.
Scipens , Tome IV. B
^36 Table
prunelle ( forme de !aj des ferpens, Fc/. lU
p- 39* . . >
Pfylles^ C’eft principalement des Céraftes que
îes Lybiens , connus fous le|nom de PJylles , pré-
tendoient maîtrifer ia force & le poifqn, Fb/- III ^
n ^
%^u^LiTés* De tous les temps, on a reconnu Tes
^aiités principales des ferpens , Fo/. III , p. 'ji.
Quatrè-rales, f hj Defcriptiqn de cette Cou-
îeuvre de Provence , Fb/. 111,^. 355.
Queti-Paléo. Defcription de ce Lézard , Fô/. IV ,
jP- 337- .
Queue- Lancéolée* (h) Caradtères dîftîndtifs de cet
Angüis, Fé)/« IV, p. 278.
Queue-plate* Sa defcription. Vol* III, p* 391 6*
^ Conformation finguiière de fa queue , Idem,
R
jR^r/roÆ JS* Defcription de ce Boa qui fe trouve
en Amérique, P'ol* IV , p* 196.
^JRayée. ( Couleuvre J Defcrigtion de cette Cou-
leuvre , Fol* III, p. 417. On la trouve en Alie ,■
Ibid.
Reflets* Beauté des reflets du Boiga , Fol* III ,
p* 428.
Remèdes employés contre îes fuites de la morfure
des Vipères communes, FoLlll,p, 184.
Répiue. Defcription de cette Couleuvre des
grandes Indes , Fb/. 384,
Reptile (\t nom de J nous a paru appartenir prin^
cipalemcnt au ferment , Vol* III > p* 4*
VES T lè RE s. 587
Jlefplratioti. Manière dont s^opère Ja refpiration
dès ferpens ^ Kô/* IH * p* n*
Réfeau. (h) Caruâères djftindtifs de cet A ng ail
d’Amérique > f^oLiV 9 F* 275*
Réticulaiiefh Couleuvre J relTembîe beaucoup
à ribiboca, Ko/. IV, F* 13'^- Ses caractères dif-
tindifs , Elle habite la Louifiane ^ Ibid.
RhmhoUaU. Couleuvre^ C’eft dans les Indes
qu’elle fe trouve , ^o/. 111 , 412. Sa defcriptîon^ .
p. 4TJ.
Rouge. (\q ) Defcription de cet Anguis Vipère^&
venimeux qui fe trouve aux environs de Cayenne,
VoL IV , P* 279*
'Rouge 'gorge. Defcripdon’ de cette Couleuvre,
Vol. IV , P* 58. Elle fe trouve en Egypte ^Ibid. n
Rouleau, f le J Cet Anguis fe trouve dans les
deux continehs. Ses caraCtëres diftiaCtifs, iToL ^
IV , p. 269.
Rouffe. La. Couleuvre roulTe n’eft pointvenr-
meufe , Fb/. IV, p, 136. Delcription de ce fer-
pent, Ibid.
Rubannée. Defcription de la Couleuvre rubannéé ,
yol. IV, p. 91. Sa tête reflTembie à celle de plu^-
fieurs Boa , 92.. Elle fait entendre un fifflement
alfez fort , Ibid, Pays où onia trouve , Ibid.
Rude. ( Couleuvre ) Pays où on la trouve , Ko/!,
III, j;. 396. S^ defcription , /dcw.
S
SjSLyiMANDRES UfTeJlrcs, Obfervatîons relatives
à la manière dont elles viennent au jour,
IV , p. 340*
T yîf- B Z E
&> moiivè-ment du fang :dàns îes
-ferpeus, FoL ill, /?. 9 & fub,
Scftûrnifie, Der<iriptiori de îa Couleuvre Satur-r.
nîne , Vol. IV , p. 3. Pays où ou la trouve , Ibid» -
lyawrixe. -Ce .ferpent de da Caraline a beaucoup,,
de rapports avec les lézards , , Kü4 IV ,, p, 10 1, Sa
defçription , Ibid»
SckoJiari^ Lieux «ù on trouve cette Couleuvre,
Vol. IV', p. 55. Sa defexiption , Ibid.
/le ^ doit parvenir à une grandeur con-
iidérable ; Ko/. IV , j». 204.. Deferiptioft de ce *
Boa d^Amérlque , Ibid.
Schytti' Dèfctiptîon de la Couleuvre Schyl»
que trouve en * Sibérie , Ko/- 1 1 1 >/?, 230*
'Sèn&é Force des fens dont les ferpens ont été
pourvus V Ko4 m , fv 38-
Senfibilité. Supériorité de celle des ferpens , fur
celie de toüsies ‘^animaux, excepté les oifeaùx &
les quadrapèder vivipares, Ko/.* III, ^. 421^
Sefpmtir^ pierre de^^ & pierre de ferp ent a cha-
preton. Nature de^ cette produétion artiftcieîlé, <& -.
farfesiprôpriétés qu^on. lui a attribuées Ko/* III ,
p. 274 & fuivit
Aé^o^c/le^iifuet^e^platie, vu par M. Baneks
près des côtes de la nouvelle M^lande ', étoi| ^
peut-être de la même efpèce quePAnguis àqueuç^
lancéolée, Ko/. IV,/- 278.
SerpMt menftrHeus ( defcrîptîph tPûn ) à deux -
tê^s\ VoVVT i /• 319- Defeription d^un ntOûftre
femblable , vu en vie par Rédi , /, 322*‘
DES MATii-iîES,
Serpeus*Les ariittauüfe qui côii^pofe^t î^ordrede^
ferpens , paroîiTent privés de tout moyen de 4e
mouvoir y VoL ill , p. i* Feu d^anirnafâX^-eepen-
■ dant fe^tranfportent; avec autant vîte?/e;q^e îes
ferpens ,/?. 2. Rapports des ferpent avec feSiqua-
drupèdes ovipares '■& les^ poiiTonS y 2 & fiiv.
Caracftères dîftmôifs. des ferpens 5 /?. 3. Defcription
, généraie des ferpens, p\ g.Diverfes manières dont îe^
' ferpens peuvent fbmou voir fuiv. Quelques
efpèces de ferpens paroiflCent jouir de la faculté de fe
s^ouvoir prefqu’aüfli aifément en arriére qif en
avantjp. î 7.Manière dont les ferpens peuvent sf’élan-
• .cerà dWez.grandesdlüaocesy pi .ÎL>es fer-
pens habitent de puscfêrence'ies.coîntrées eh au, de s 1&
tempérées, p- 2%, Il en oft des ferpens, comme
de pju,iîeurs autres ordres d’animaux ceux qui
font très-grands font rarement pludeurs enfemble y
f-43-
, *5’e,/'772?/s à /o// //erres. Explieation de îa manière
donc ils paroifiènt contraindre les- petits animaux
, qu’ils veulent dévorer^, à fe précipiter dans leur
gueule, Toi IV , /• 22:8'.'
SeTpentatix. Lorfque les petits ferpens font éclos
ou qu’ils font fortis tout formés du ventre de leur
mère, ils traînent feuls leur frêle exiftence, Toi
ÏII, p. g?.
Siheu, Ce ferpent a été ainli nommé par les
Hottentots , VoL \V y p. 52, Ses cara(^ères dii-
tinctifs , Ibid.
Sifflemens. Les grands ferpens préludent aux
combats qu’ils livrent, par des AfSernefis plus ou
moins forts, TgL III, p» 62. Les liSïemens des
R üj
35(0 T A B L s
très-grands ferpens font bien moins forts que îes
jügiilemeRS des grands quadrupèdes carnalïiers &
des oifeaux de proie , 64.
Sipède, Defcription de cette Couleuvre d^Amé-
lique, FoL IV , p, 96.
Sirtale, Ce ferpent a été obfervédans le Cariada ,
yol. IV , p, 106. Sa defcription , Ihîd,
•Si/w/e. Defcription de ce ferpent d^Égypte ^ Fb/.
IV , p. 41.
SociéPé» Efpèce de fociété , dont ies ferpens font
fufceptibles , Foi IH, p- 44.
Sombre, Coideur de la Couleuvre fombre . Fol*
IV J p- !• Ses rapports avec le Boiga, Ibid»
Sommeil» Les ferpens fortenc de leur foinmeiî an-
nuel, lorfque les premiers jours chauds du prin-,
temps fe font fentir , Foi lïl , p» 45.
Sonnette» Defcription de la fonnette du Boiquira,
& d'autres ferpens à fonnette. Fol» IV , p. 217
6* fnin» Manière dont les pièces de la fonnette du
Boiquira ,font emboitéesBune dans Tautre , p,2i%»
Ias diifèrentes pièces de la fonnette n'ont été
formées que fucceilivement , p, 221. Egalité ou
inégalité des pièces de la fonnette, fuivanc que
l'animai n'a pas grandi ou a cru dans les inter-
valles de la formation de l’une à la formation de
l’autre , p» 222. Rapport du nombre des pièces
avec celui des inues particulières opérées à l'extré-
mité de la queue du ferpent, p 223. Les pièces
des fonnettes font très-fragiles , /?. 225* Accidens
qui peuvent diminuer la longueur desfonnettes >
p» 226. Diltaiice à laquelle on peut les entendre,
Ibid.
DE s Mat I h RE s. 591
Striéei ( la Couleuvre J Sa defcrîption , Vol I
p. 72. Pays où on la trouve, Ibid* Gn doit peut-
être rapporter à cette efpèce un ferpent de la
Caroline figuré dans Catesby^ ( V&l* ^^pL 46^^.
73. Defcription de ce ferpent, Ihïd*
Snijjl ( la Couleuvre ) fe trouve' aux environs
du Mont-Jorat, p. defcription,
P* 124.
Symminique- ( Couleuvre ) elle n’eft pas veni-
meufe, Vol* IV ^ p* 26. Ses caractères diftinc-*
tifs, Ibid.
T
mèthodiquè* Elle ne devoît pas prèfenter
les diverfes efpèces de ferpens, dans le même
ordre que celui dans lequel on a expofé les traits
de leur hiftoire, VoL lîl , p, 97. Explication des
dix colonnes qu^eile renferme, p. 99.
Tachetée ('h Couleuvre J fe trouve h laLoui-
fiane, Val W , p* 128. Elle n^eft point veni-
meufe, Uid, Sa defcription , îbid.
Tète* Manière dont les ferpens portent leur
tête lorfqifiis changent de place, Vol UI ,-/• 15-
Tête- noire* Defcription des couleurs de cette
Couleuvre, Vol. IV‘,p. 80. Forme de fes écailles,
Ibid* Ce ferpent fe trouve en Amérique, Ibid*
Tête -rouge. ^lézard J Sa defcription , Vol IV,
P- 3T5-
Tète- triangulaire. Defcrîption de cette vipère de
Fille S. Euftache, Vol III, p. 315.
Riv
. T ui B L E
r Tlgt^ée, /^dçfçription de !a Couleuvre ) , VoL 111 $
'T’/^/^^. Gomfcats^ des tigres contre les très-grands
t^ferpeiis III , j7. 66-
Tortue à boîte. Sa delcripdon y VoU W y p» 3^9.
Tortue grecque^ Indication d^gne variété de cette
„«fpèce , envoyée de Saint- Dorningue, FoU W y
p, 328.
Tû//c,W( .îe ) des ferpens doit être alftz fort^
^.fV.QUl\iyp./^0.
Trachée-artère. Politiou de Couverture de la tra-
chée-artère, dans les ferpens, VoU III, p. 61.
Trait ( îe habite l’Egypte, Vol* IV, p, 272*
• Caractères dihinciifs de cec^Anguis, Ibid»
Traita [ divers ) fous lefqueis les ferpens ont
été montrés dans tous les tems y. Vol. 111, p. 79.
Très- blanche ia Couleuvre ) 'fe trouve en Ly-
bie , Vol. \\\, p, 297* Sa defcription /
Triangle C ia Couleuvre ) habite l’Amérique,
Vol IV, p. 130. Origine de fon nom, Ibid- Sa
defcription , Uid.
Triple- rangé Defcription delà Couleuvre triple-
tang, VoU IV, p. 131* Elle fe trouve en Amé-
rique , Ibid, ,
Trifcale. Cette ' Couleuvre fe trouve dans les
Indes orientales &. occidentales , VoL lllyp^ 397.
Defcription de ce beau ferpent, /dew.
Trois - raies ( la ) fe trouve en Afrique y VoU IV y,
p* 30* Caractères diftinCtifs de ce ferpent, Ibid*
UES M^TJÈRES.^^J^
'^uhercuhi* On < voi t au-dèlUis de i’an uS' de Pam- -
phisbène enfuroé , plufieurs; petits itufeercuje^çi-
blables à ceux que l’on voit auprès de l’anus de
“plüfieurs" lézards & du bipède eannèlé 5 ü. ^ IV ,
P- 300.
J kyfUé (.\^) h abiteles Indes orienta!^ Fçk HI ,
'p, 382. Sa dêlcription , Hid- Defçriptio.n -d’.uç
Gouleuvre de la colledlon cju Roi , qui a beau-
jceup de rapports avec le 'l^yphic, Uid, 383.
: Tyrk ( le ) i habite REgypte , FüUi IV ^ p. 42.
'Dôleription de ce ferpent, Ikd.
r
W^^MPUM, Origine du nom dé cette Couîeuvreç
Vol. iV y P* 76* Sa defçriprion , £5’ ////V.
Variété des ferpens tant par leurs dimenSons^^
que, par fa forme & la place de. leurs éçailies^'
les nuances & la- diftributÎQn de. leurs • couieurSj
Vol. Llly.p. 22.
Vtmn ( le ) des ferpens ne, ré-panKf pîîefqtie;;|a^
mais d’odeur fen fibie , . Vi)l. III , p,- £«58 •t'E’oî-dre’
'v^es ferpens^ paroit>êue celui rqui ^enfenmeie plus
d’efpèces venirneufes, jn 155. Véficuies danslif-
>quei{es elt contenu Je .venin de la, vipèfe com-
•‘<T)vine,-, p. ,:|.8r. Nature, de ce yenÎA , §es
effets, J?. 182. Manière il agit
.farce du venin, des ferpens, dépend beaucoup
de l’état de i’animà! ,. des faifons, & de divetfeg
autres caufes ioçafcs'& accidentéllesj.pi 190^
R
55)4 Table
Verdâtre, ( îa) Defcriptîon de cette Couleuvre y
Voh IV J p- 109. Ses habitudes^ iio-.
Verte* Couleuvre ) Caraâères diftirKfnfs de
cette efpèce, VoL lV^ p.iii*
Verte ô* bleue ( la Couleuvre ) fe trouve en
i^mérique , Vol* IV, p. 97. Sa defcriptîon, IhU*
Verte & Jaune ( !a Couleuvre J eft très- com-
mune dans pîufieurs provinces méridionales de
France, Vol. III, p, 325- Sa defcriptîon, p* 326
£y fuiv* Ses habitudes ,77. 328. Sadouceur,p« 330..
Les Charlatans s^en lervent pour amufer le peu-
ple , Ibid. Ardeur du mâle pour la femelle , p. 332*
Vie, On ignore quelle eft îa longueur de la
vie desferpens,, Vcl. III , 50- Cn peut préfu-
mer qu'elle comprend un grand nombre d'années,
p. 51. Il eft difficile d'ôter la vie auxfeipens^
p, 67.
Vieillejjfc* Làvïe des ferpens ,^aînfi que celle de
prefque tous les animaux fauvages, feroit bfen
plus longue qu'elle ne Peft , s'ils pouvoient paf-
fer par le véritable état de vieilielTe ySc fi le com-
mencement de leur dépéiiflément n'écoit pas pref-
que toujours ie terme de leur^^vie , /^oMII, p 52
^^ 53' .
^Violette* ^Couleuvre^ Sa defcriptîon, Vol.lll,
p* 368. Pays où on îa trouve, j?. 369* Elle n'éft
point venimeufe, Ibid*
Vipera difecco, Nom d'une Couleuvre de Sar-
daigne qui a de très- grands rapports avec la Cour
Icuvreiifle, VoL III; p. 3^3,
f)£s Mat là RES. 395
Vipère f ïa ) commune eft une de^ efpèce? de
ferpent , les plus anciennement & les mieux con-
nues, VoL HT,/. 158. Sa défcription ^ 159 ^
fuip. Défcription de la conformation intérieure
de ce ferpent , note de la p» 162. Animaux donc
elle ie nourrit, 195 Contes imaginéai relative-
ux foins naturels de la vipère commune#
'^Vlpère-d'eau» Nom d’un ferpent de Sardaigne,
qui appartient peut-être à l’efpèce de la Couleu-
vre k collier , Vol. lîl , p. 348-
Vipère commune. Pays qu'elle habite , Vol* III ,
j7*2o8- Utilité de fes fucs,/;. 209. Elle s’engourdie
pendant l’hiver des contrées un peu froides , p* 210.
IVIanière de ramper de ce ferpent 21 1. Manière
dont on prend la vipère commune. Durée
de fa vie, p, 212. Elle* eft très» vivace ,,213 & faiv.
Huiles qui lui font funeftes, ainfi que le tabac en
poudre 216.
Vipères. Différence des vipères aux vivipares
proprement dits, Ko/. III, p. 31. Caractères exté-
rieurs qui paroiffent diftinguer les vipères d’avec
les ferpens ovipares, 86 è* /üiV.
Vipères communes (\q%) peuvent paffer pîufîeurs
mois fans manger , Ko/. III,;;. 196. Elles paroif-n
fent fe rechercher mutuellement , ji?. 197.
Vifeères , ( des ferpens J Ko/. III , p» 12 6* fuiv*
Vifqueux* (fe^ Caractères diftinétifs de ce Cæcile#
VoLlV , p. 303.
Vue fhj des ferpens eft très-perçante^ Ko/,HI^
Rvj
S a b l EySic.
/^îa Çpulèiivre à/.n’çjft pas.venim^vife^
.i,3,5..:§a.cj«Jcrjptioiv„i>.,J34?
Fin de la Wàble Aés üdatières
des Volumes III (k IV>
DU C OMTE DE BUFFQN.
Je PtRiiE AR.,ois ce nouveau .volume
entrepris ..pour compléter VHifioirc'
mturdle., publiée avec tant de iuccès
par le grand homme gui fatlbitun des^
.plus beaux ornemens de la (France
lorfgu’il.aterminé fàgloricuiè carrière.
Routes les contrées .éclairées par la
dp noière ; des . fcièn qes , après avoi r re-
tenti pendant dà vie des applaudiilè''
; mens donnés à dès triomphes,, ont
répété plus haut encore après jpi nîorty^
les accens .de r-àdmiratipn , auxquels fe
.Jont, mêlés çeriX'des.rçgrçts & la pol-
térité a commencé J jpour ainfi dire,
i-de couronner là dïatue. ^Au milieu , de
tous les hommages rendus à. fa me*
moire , vgne .ne jpujsde.^ire entendre ■
une voix éloquente qui redife fon éloge
jdans le fànjâuaice imême çonlacré par
39^ L' L O C Ë
Lorfque Platon quitta fa dépouille
mortelle pour s’élever à f immortalité ,
fes difciples en pleurs fè raflTemblèrent
fur le promontoire fameux {a) , voifîn
de la célèbre Athènes , où ils avoient fî
fouvent entendu cette voix impofante
& enchantereffe ; ils répétèrent leurs
tendres plaintes fur ce même rocher
antique contre lequel venoient le brifer
les flots de la mer agitée , 8c où leur
maître alfis comme le maître des dieux
fur le fommet du Mont-Olympe, leur
âvoit fî fouvent dévoilé les fecrets de la
fcience 8c ceux de la vertu. Ils confacrè-
rent ce Mont à leur père chéri ; ils en
firent , pour ainfî dire , un lieu faint :
8c pour charmer leur peine, diminuer
leur perte , 8c fe retracer avec plus de
forcéles vérités fubümes qu’il leur avoit
montrées, ils chantèrent un hymne
funèbre, 8c peignirent dans leurs chants
trilles 8c lugubres 8c fon génie 8c leur
douleur.
Que ne pouvons - nous aulïî , nous
( û ) Le Promontoire de Sunium. Il eft décrit &
jrepréfenté da»s ie Voyage du jeun^ Anacharfisi
DE B U F F O N. 5^
tous qui Gonfacrés à i’étudc ds THii-
toire naturelle, avons reçu les leçons,
avons entendu la voix du Platon moder-
ne, chanter en Ton honneur un hymne
funéraire! Raüemblés des divers points
du globe où chacun de nous a con-
lèrvé cet amour de la nature qu’il
favoic infpirer fî vivement à fes difci-
ples , que ne pouvons - nous péné-
trer tous enlèmble jufqu’au milieu
des plus anciens monumens élevés par
cette nature puiflante, porter nos pas
vers CCS Monts fourcilleux dontles cimes
toujours couvertes de neiges & de fri-
mats , dominent fur les nuées & fem-
blent réunir le ciel avec la terre! C’eft
fur ces malTes énormes, fur ces blocs
immenfes de granits, que les fîèclesont
attaqués en vain & qui ièuls paroiiïbient
avoir réfîfté aux combats des élémens,
& à toutes les révolutions éprouvées
par le globe de la terre , c’efl: fur ces
tables refpeétées par le tems que nous
irions graver le nom de BufFon : c’eft
à ces antiques témoins des antiques
bouleverfemens de notre planète, quê
nous irions confier le Ibuvenir de nos
jÊ L O G E
regrets & de notre admiration ; totiir
autre monument fèroit trop périiïàble
pour une aufïi longue renommée.
Élevons-nous du moins par la penfée
au-deflus de ces rocs efcarpés,- avan-
çons fur le bord des profonds abîmes
cjiii les entourent, & parvenons jufqif au
fommet de ces- monts entafles’ fur
d’autres monts. La nuit -règne encore v
au-eun -nuage ne nous -dérobé le firma-
ment; 1-atmofpbère la plus pure lailTe
■refplendir les. étoiles à nos yeux; nous
voyons ees aftres fixes- briller des feux
'■qui leur font -propres , & les . affres er-
•ransnons renvoyer une doucélumière ;
-ravis -d'admiration 4 plongés dans une
•méditation; profor^ , nous eroyons
•voir le génie,de \la nature dans la content'
flatiort de.Vumv^rs {a) ,• tout nous rap-
pelle -ces vives images prodiguées par
«lïfTon avec -tant de magnificence , -et
■t-àbleau- mobile des deux , que dans ia
moble audâee,'ü:a-traeé'avec tant de
r(a)'»Vayezr}a. ÿlanôhoqui/ert. de frondipiee à
DE BUFFON. 40 1
grandeur (a) , & debout fur les lieux
les plus élevés du globe, nous enton-
nons un hymne en fon honneur.
Nous te faluons y ô Ba^on , peintre
Juhlime M ee Jpeclacle augujîe ; toi dont
le ginie hardi J non tonte nt de parcourir
Vimmenfité des deux , & de chercher les
limites de l’ejpace ^ a voulu remonter juj-
ques à celles du temps {b).
Tu as demandé à la matière par quelle
force pénétrante ees ajîres immobiles , ces
pivots embrafés de l’univers , brûlent des
feux dont ils refplendijjent.
Tu as demandé aux fiée' es , par quel
moteur puijjant^es autres aJlres errans, qui
brillentd' une lumiè re étrangère ^ & circulent
en ejelaves Joumis autour des Joie ils qui
les maitrifént , furent placés Jur la route
célcjle qui leur a été prejerite ^ & reçun nt
Le mouvement dont ils paroifènt animés-
Nous te Jaluons ,ô chantre immortel, des
deux ; que le Jîrmament femé d’étoiles
(fl) JfitrQdii&ioii c rHiJIoLre des Minéraux y par
M* de Buffon^
( ^ ) Article de la formation des Planètes ; première &
féconde Vues de la Nature,, par M* deBuffou*-
E L O' G E
que toutes les clartés répandues dans t es-
pace y que tout ce magnifique cortège de ta
nuit rappelle â jamais ta gloire!
Cependant les premiers feux du jour
dorent l’Orient ; Taftre de la lumière
le montre dans toute fa majeftë ; il
rougit les cimes ifolées qui s’élancent
dans les airs, & étincellè, pour ainli
dire, contre les immenfes glaciers qui
inveftiffent les Monts. Une vapeur
épaifle remplit encore le fond des
vallées J & dérobe les collines à nos
yeux. Une vafte mer paroît avoir en-
vahi le globe; quelques pics couverts de
glaces refplendi liantes fe montrent
feulement au-delfus de cette mer im-
menfe dont les flots légers, agités par
le vent, roulent en grands volumes,
s’élèvent en tourbillons , & menacent
de furmonter les roches les plus hautes.
Nous croyons voir avec Buffon , la
terre encore couverte par les eaux de
l’Océan^, & recevant au milieu des
ondes , la forme , fes inégalités , fes
montagnes ^ fes vallées ;• 6c notre
hymne continue.
Nous tt faluons J ô Bufibn, toi dont
DE BUFFON. 403
le génie après avoir parcouru îimmenfitê
de L’efpace & du tems , a plané au~dejfus
de notre ^obe & de fis âges {a}'.
Tu as vu la terre Jfortant du fiin des
eaux pies montagnes fecondaires s’élevant
par les efforts accumulés des courans du
vajle Océan ; les vallons xreufés par fis
ondes rapides ; les végétaux développant
leurs cimes verdoyantes Jur les premières
hauteurs abandonnées parles eaux;cés bois
touffus livrant leurs dépouilles aux flots
agités; les abîmes de l'Océan recevant ces
dépôts précieux comme autant de Jources
de chaleur & de feu pour les flècles à
venir , & les plaines fi la mer peuplées
d'animaux dont les débris forment de
nouveaux rivages ou exhauffent les
anciens.
Tu as vu le feu jailliffant avec violence
des entrailles fi la terre , fur le bord des
ondes qui fi retiroient , élevant par fin
effort de nouvelles montagnes , ébranlant
les anciennes ^ couvrant les plaines de
totrens ernflammés ; & les tonnerres re-
(û) Thiom de la tStre ô* Efoqim de la Nature, par
M* de Bujfoih
^414 JÈiL 0 G E
tentijfhns , les foudres rapides ^ les otages
des airs mêlant leur piâjfatice à celle des
orages intérieurs de la terre ^ ^ des
■-.tempêtes de la men
vMous te Jaluons , toi dont les chants
i ont -célébré ces grands objets : que le feu
. des volcans , ^ue les ondes agitées , que
les tonnerres des airs rappellent à jamais
■ ta gloire !
Mais la vapeur épaiflTe le diftîpe , &
. nous laiflè voir des gaines immenfes ,
■; des côteaux fertiles, des champs fleuris.r
des retraites tranquilles ; ô Nature , tu
te montres dans toute ta beauté ! Les
habitans des airs voltigeant au milieu
des bocages, faluent par leur chant
rallie bienfaifant lotTrcedela chaleur *,
l’aigle altier vole Jurqu’au-delTus des
plus hautes cimes ( a) v le cheval belli-
queux relevant là mobile crinière
s’élance dans les vertes prairies vies di-
ve' s animaux qui embellilTent lé globe,
(û) Voyez particulièremenc, dans i’ÏTiftoire
des Quadrupèdes & des Oifeaux, par M. deBuffon,
Jes articles du Cheval » du Ti^re , du Lion , du Cha^
u fiiecu^ ds Eléphant , du Cùflor , des Singes , de V Aigle ,
des Perroquets J de VOifeau Mouche^ du Kamichi,
DEBUFFOiN.. 405
paroifiTcnt en quelque force à nos yeùXé
Saifîs d’un noble enrhouliafrae , en-
traînés par l’efpèce de délire qui s’em-
pare de nos fens , nous croyons nous
ûécacher, pourainfî dire , delà terre,
df-voiri;ie gJobef roitlanc fous nos pkds
nous préfenter fucceffiveroent toute & '
furface. LeTigre'féroce , le Lion terrible *
régnant avec empire dans Ies_ iôlitüdes ■
embrafées de l’Afrique , le Chameau
fupportant la foif au milieu des fables
brûlans de l’Arabie , l’Éléphant des
grandes Indes , étonnant l’intelligence
humaine par l’étendue de foa inllinc^,
le Caûor du Canada j montrant par-
fbninduilrie ce que peuvent le nombre
& le concert, les Singes des deux mon-
des, imitateurs pétulans des mouve-
mens dé l’homme, les Perroquets ri-
chement colorés des contrées voifînes
dê réquateur , le brillant Oifeau-mou-
che & le Colibri doré du ncniveau ^
continent, le îÇamichi des côtes àdemi-^
noyées de la Guiane, tous paiïèntfoui?
nos yeux. Rien ne peut nous dérober
ancun de ces objets que BufTôn a revêtus
de fes couleurs éclatantes-, au milieu
406 ELOGE
des fujets de fes magnifiques tableaux ,
nous voyons fur tous les points de la
terre habitable , le chef-d’œuvre de la
force produ<Strice , l’homme qui par la
penfée, a conquis le fceptre de la na-
ture, dompté les élémens , fertilifé la
terje, embelli fon afile, ôc créé le bon-
heur par l’amour & par la vertu. De-
puis le Pôle fur lequel brille l’Ourfe,
depuis les bornes du vafte Empire de
la fouverain? de la Néva {a) y & cette
contrée fertile en héros , où Reinlberg
( b ) voit, les arts cultivés par des mains
viéforieufes , j ufques aux plages ardentes
(a) C'eft principaîement de la Ruffie , aînfi que
de l'Amérique feptentrionafe & méridionale , que
l^oB s'eft emprefré d'offrir à M. de Buffon, les
divers objets d'Hiftûire Naturelle qui pouvoient
î'intérçfl^r ; il en a reçu de plulieurs Souverains,
& fur^tout de l'Impératrice de toutes les Ruüies,
Château du Brandebourg, appartenant au
Prince-Penri de Pruffe. Avec quel plaifir M. de
Buffon neparloit-il pas de fon dévouement pour
«Prince 1 Combien ne fe plaifoit-ilpas à rappeiler
1 marques d'attachement qu'il en avoit reçues ,
ainfi qu'à s'entretenir de l'amitié que lui a toujours
téjmoignée la digne Compagne d'un grand ^ célè***
|)re Miniitre du meilleur des ^ois !
DE BUFFON-. , 407
da Mexique , ,& aüx fommets du Po-
tofi, quelle partie du globe ne nous
rappelle pas des tributs ofîerts au génie
de Buffon ?
Nous voyons au milieu de l’Athènes
moderne , ces lieux lameux confacrés à
la fcience ou aux arts fublimes de l’é-
lôquence & de la poéfie , ces Temples de
la Renommée qui parleront à jamais ,
de la gloire de Buffon , où il a laiffé
des amis , des compagnons de fes tra-
vaux , un fur-tout , qui , né fous le
même ciel, & réuni avec lui dès fa
plus tendre jeunelfe , a partagé fa gloire
& fes couronnes. Nous croyons enten-
dre leurs voix & ce concert de louanges
du génie & de l’amitié , retentiifant
jufques au fond de nos cœurs, nous
nous écrions de nouveau :
Nous te faluons , 6 Buffon , toi qui
as chanté les œuvres de la création Jür
ta lyre harmonieufe ; toi qui d’une main
habile as gravé Jur un monument plus
durable que le bronze , les traits augujles
du roi de la nature ; qui l’as fuivi d’urt
œil attentif fous tous les climats , depuis
le moment de fa riaiffance jufques à celui
ELOGE DE BÜFFON.
il dij^aroît de’ deffüs Id’tdtre : à ta v^ix ld<
nüturé a vqfftmhlt fis diffétentes produc-
tions; les diiférs dnimàtix fi ’fititiéunii
devant toi : ta leur as ajjîgné leur forme ,
leur phyfiortomié , leurs habitudes;, leur
caraÈère ; leur pays i leUr rtotn>: que par-
tout tes chants fiktte répétés- ; que tout
parie de toi j Pdétè fublime , tù as céUbfé '
é*' tous Us, ims & tàus leP temps»